Milieux prairiaux/Conservation et revalorisation par l’optimisation de l’exploitation : Différence entre versions

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* Adapter les dates de coupe au cas par cas en tenant compte du peuplement : avancer la première coupe si nécessaire. Libre choix des dates d’utilisation mais par contre détermination du nombre d’utilisations minimal et maximal ; en tous les cas fixer la date de la dernière utilisation la plus précoce admise.
 
* Adapter les dates de coupe au cas par cas en tenant compte du peuplement : avancer la première coupe si nécessaire. Libre choix des dates d’utilisation mais par contre détermination du nombre d’utilisations minimal et maximal ; en tous les cas fixer la date de la dernière utilisation la plus précoce admise.
 
* Adapter la fumure si nécessaire, solutions individuelles.
 
* Adapter la fumure si nécessaire, solutions individuelles.
* [https://biodivers.ch/de/index.php/Gr%C3%BCnland/Aufwertung_und_Neuschaffung_durch_Direktbegr%C3%BCnung_und_Ansaat#Botanische_Aufwertung_von_verarmten_Naturwiesen_mittels_Einsaaten Favoriser les nouveaux semis dans les prairies à fromental par l’enherbement direct].
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* [https://www.biodivers.ch/fr/index.php/Milieux_prairiaux/Revalorisation_et_cr%C3%A9ation_de_prairies_riches_en_esp%C3%A8ces_par_enherbement_direct_et_ensemencement#Revalorisation_botanique_par_semis_des_prairies_naturelles_appauvries Favoriser les nouveaux semis dans les prairies à fromental par l’enherbement direct].
  
 
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Version du 17 janvier 2021 à 16:09

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La période et la fréquence de l’exploitation ont une grande influence sur la biodiversité des prairies et pâturages.


Mesures générales

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La création de complexes d'habitats diversifiés est l'une des mesures visant à améliorer les milieux prairiaux, comme ici une coexistence imbriquée de prairies maigres, de haies et de forêts.

Le choix des mesures de conservation de la biodiversité à mettre en œuvre dans un habitat ne se fait pas en fonction des seules conditions de la station, mais aussi en fonction de son état de départ, incluant l’utilisation qui en a été faite jusque-là, et en fonction de l’état final souhaité. C’est pourquoi, outre les mesures spécifiques dans les différents types d’habitats, sont présentées ci-dessous, par thème, également des mesures globales qui peuvent être appliquées dans différents habitats. La pérennité de la plupart des types de milieux prairiaux dépend d’une utilisation régulière, étant donné qu’il s’agit de biotopes créés par l’être humain. La façon de les utiliser et de les exploiter exerce des impacts variés sur le cortège d’espèces végétales et animales (voir chapitre « Ecologie utile pour la pratique »).

Les mesures générales les plus importantes pour la promotion de la biodiversité sont les suivantes :

  • Assurer la pérennité des surfaces : les surfaces prairiales riches en espèces qui existent encore doivent être assurées durablement et une exploitation adéquate garantie.
  • Diminuer l’intensité de l’exploitation des surfaces utilisées intensivement : les experts estiment qu’il faut plus que doubler les surfaces actuelles de prairies et pâturages secs et de prairies et pâturages gras avec qualité OQE pour conserver à long terme la biodiversité et les services écosystémiques des milieux prairiaux (Guntern et al. 2013). Cela correspond à une surface de 98000 ha de PPS et environ 71000 ha de prairies et pâturages gras de qualité OQE (sans compter le besoin en zone d’estivage).
  • Définir la forme d’exploitation optimale et les mesures d’exploitation : il faut pour cela développer une vision avec des objectifs pour chaque surface et définir les buts en considérant les facteurs stationnels, l’histoire de l’utilisation et les conditions-cadres pour la mise en œuvre des mesures. Ce n’est que dans le cadre d’un système comportant des objectifs, avec des espèces cibles, et après avoir résolu les éventuels conflits d’intérêts qu’on peut définir des mesures ciblées et adéquates (p. ex. sous forme d’un concept d’entretien). Un usage optimal permet d’obtenir un état de conservation de l’habitat et de sa biocénose qui est bon voire excellent. Si une exploitation optimale du point de vue de la conservation n’est pas possible, il faut examiner la possibilité d’une utilisation décrite comme « minimale ». Ce terme décrit l’effort minimal nécessaire pour qu’un type d’habitat puisse être assuré au moins en regard de son cortège d’espèces. Selon les possibilités, il faut maintenir la forme d’exploitation d’origine qui a permis qu’apparaisse un herbage riche en espèces.
  • Variabilité et dynamisme de l’utilisation : la forme d’exploitation peut varier dans le temps et/ou dans l’espace. Une utilisation extensive la plus variée possible au niveau d’une région augmente la diversité globale (Boch et al. 2016, Poschlod 2011). Une variation spatiale crée une mosaïque de surfaces exploitées de façon différenciée à petite ou grande échelle, ce qui satisfait les exigences d’une faune variée. La variation temporelle consiste à modifier la forme d’exploitation au cours du temps, chaque surface étant ainsi soumise à des utilisations différentes en quelques années. Sur les surfaces pâturées, on peut par exemple faire varier la densité et le type de bétail, sur les surfaces de fauche la fréquence et les dates de coupe, et sur les herbages intensifs la quantité d’engrais. On peut bien entendu aussi combiner des mesures sur plusieurs années. Dans le cas d’une forme d’exploitation qui varie dans le temps, il faut prendre en compte les exigences des espèces, en particulier celles des espèces rares, et travailler au niveau de la région.
  • Connectivité : il faut connecter les surfaces et les structures prairiales (infrastructure écologique). Les habitats de transition entre les herbages et les milieux environnants ainsi que les structures imbriquées les unes dans les autres sont importants. Relier les surfaces permet à un réseau dense d’habitats adaptés d’exister, dans lequel, outre le déplacement actif des animaux et la dissémination des graines, la dispersion passive des petits animaux et des diaspores par le bétail et les outils jouent un rôle (Poschlod 2011). On trouve des propositions d’application concrètes pour les projets de mise en réseau dans le classeur « Projets de mise en réseau à la portée de tous – OQE » de la Station ornithologique de Sempach (2002).
  • Créer des structures et des habitats de transition (permanents et périodiques) : La présence de tas de pierres, de groupes de buissons, de fossés d’irrigation, de petits talus, de bosses et d’ourlets augmente la biodiversité dans les milieux prairiaux. Vous trouverez prochainement des informations détaillées dans l’article « Petites structures ».
  • Mener l’exploitation des surfaces en fonction des espèces cibles et lutter contre les espèces indésirables : Regioflora tient une liste des espèces potentiellement problématiques dans les milieux prairiaux. Dipner & Volkart (2010) présentent les mesures de régulation des plantes à problèmes les plus significatives dans les prairies et pâturages secs. Le thème global des espèces végétales et animales indésirables sera traité ultérieurement.

Conservation et revalorisation par la fauche

Dates et fréquence de fauche (au niveau des surfaces)

Il n’existe pas une seule et unique date de fauche qui convienne à toutes les espèces végétales et animales d’une prairie. Le choix des dates optimales et de la fréquence de coupe dépend des éléments suivants :

  • le peuplement actuel et le type de végétation
  • La productivité (vigueur) de la station et les conditions de croissance régnant actuellement sur place : la (première) coupe doit avoir lieu avant que la végétation soit trop mûre, mais après que la majorité des fleurs aient grainé et que les plantes typiques aient terminé leur reproduction sexuée (Guntern et al. 2013). Une coupe au stade pâteux est optimale pour un grand nombre d’espèces des prairies naturelles.
  • Le mode d’exploitation traditionnel resp. qui a existé jusque-là : c’est une indication importante.
  • Les objectifs formulés et les espèces cibles choisies pour la station : l’exploitation doit être définie en fonction des objectifs à atteindre ; le choix de la date optimale de coupe est souvent un point de conflit d’intérêt entre les objectifs botaniques et zoologiques.
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Les critères de détermination de la date de coupe pour des prairies et pâturages secs sont présentés en exemple (zones de plaines et de collines). Source : Dipner, M., Volkart, G. et al. 2010 : Prairies et pâturages secs d’importance nationale. Aide à l’exécution de l’ordonnance sur les prairies sèches. L’environnement pratique no 1017, Office fédéral de l’environnement, Berne. 83 p.

Tirées de Schmid et al. (2007), Oppermann & Gujer (2003), Dipner & Volkart (2010), Landolt & Lüthy (2018), Schiess-Bühler (2011) ainsi que des directives OPD et, pour la comparaison historique, de Kapfer (2010b), les dates d’exploitation optimales pour les herbages extensifs sont représentées graphiquement ci-dessous :

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Tableau récapitulatif des périodes d'exploitation dans les différents types d'habitat; Téléchargement du document PDF

Vous trouverez d’autres informations concernant les dates d’utilisation dans les chapitres correspondant à chaque type d’habitat.
Dans certains cas, dépendant des objectifs qui ont été fixés, une coupe tardive est privilégiée dans les prairies ad hoc, pour promouvoir la biodiversité : le point de vue faunistique met l’accent sur le bénéfice pour les oiseaux qui nichent dans les prairies (Tarier des prés, Alouette des champs et Pipit des arbres) et sur la possibilité pour de nombreux arthropodes de terminer leur cycle de reproduction si les prairies extensives sont fauchées tardivement. Une telle coupe tardive modifie cependant la végétation à moyen et long terme, ce qui provoque aussi des changements dans le cortège d’espèces animales. Les résultats (en partie controversés) des études sur ce thème, montrent une fois de plus qu’on ne peut pas faire de recommandations de portée générale concernant la date de fauche optimale, et qu’il convient de respecter les critères de décision mentionnés au début de ce chapitre. Indépendamment du choix de la date de coupe, il est important que la dernière pousse soit exploitée afin que la végétation ne devienne pas trop haute en hiver.
Outre le choix de la date optimale de la (première) coupe, l’intervalle entre deux ou plusieurs utilisations compte aussi pour la composition floristique et donc la promotion de la biodiversité. Un long intervalle d’au moins huit – voire, encore mieux, douze – semaines est recommandé dans la majorité des cas entre la première et la deuxième coupe (Poschlod 2011, Grün Stadt Zürich 2010). La fauche échelonnée est également bénéfique pour la biodiversité : on décale chaque fois dans un sens ou dans l’autre les dates les plus précoces resp. tardives. Une autre façon d’introduire de la variété consiste par exemple à faire varier l’exploitation d’une surface sur trois ans (2 ans avec utilisation tardive, un an utilisation précoce).
Lors de la récole, il est important de ne pas exporter tout de suite la matière coupée, mais de la laisser sécher au sol sur la parcelle afin qu’elle finisse de mûrir, que davantage de graines restent sur la parcelle et que la petite faune puisse trouver d’autres habitats appropriés. Il faut de plus veiller à ne pas remplir d’herbe coupée les zones de sol plus basses (en particulier lors de l’usage d’une débroussailleuse) – les secteurs de germination, importants pour le succès de reproduction des plantes de prairies, doivent rester ouverts. Renoncer au broyage des prairies et des pâturages.


Dates de fauche : à fixer d’après le calendrier ou la phénologie ?
Dans les zones de plaine de notre pays, les prairies extensives sont généralement fauchées dès le 15 juin (directives OQE) – dès le 15 juillet aux altitudes plus élevées. Ces dates fixes définies par le calendrier font l’objet de plus en plus de critiques ces dernières années, et on discute la possibilité de dates de fauche définies par la phénologie. Poschlod (2011) explique en détail les avantages et inconvénients des dates de fauche définies par le calendrier respectivement la phénologie : en raison des conditions météorologiques changeantes tout au long de l’année, la plupart des espèces se reproduisent de façon végétative, ce qui parle en faveur de dates de fauche fixes ; en outre, celle-ci sont plus faciles à contrôler. L’étude arrive à la conclusion que des dates de fauche basées sur la phénologie peuvent cependant représenter des avantages considérables par rapport aux dates fixes : les pertes d’espèces sont réduites dans les prairies à deux coupes, dans la mesure où il n’y a pas de fauche trop précoce, ni trop tardive après que la biomasse a atteint son premier maximum au début de l’été, et dans la mesure où les espèces peu concurrentielles peuvent par conséquent se maintenir. Dans les prairies à une seule coupe, une fructification suffisante est assurée avant la première coupe. De plus, il arrive avec le système des dates fixes que, certaines années, toutes les prairies de qualité d’une région soient fauchées en quelques jours. Définir la date de fauche sur la base de la phénologie (p. ex. floraison du sureau, maturation des graines des graminées cultivées), promeut tant la biodiversité que la valeur de la végétation coupée. Les conditions météorologiques changeantes au cours de l’année et les conséquences du changement climatique font également pencher la balance du côté de dates de fauches définies sur la base de la phénologie.

Poschlod (2011) passe en revue différentes approches pour fixer une date de fauche sur une base phénologique (corrélation des stades de floraison avec les étapes du développement de certains groupes d’espèces présentant un intérêt pour la protection de la nature) et présente des recommandations pour le Bade-Wurtemberg. On trouve ici (en allemand) une illustration concrète du travail avec des dates de fauche flexibles en Autriche.


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Prairie maigre à dominance de graminées et biologiquement appauvrie en raison d'une première coupe tardive à partir de la mi-juillet.

Fauche et récolte respectant et ménageant la faune

La conservation et la promotion de la diversité des invertébrés nécessitent des méthodes de fauche et de récolte respectueuses de la faune. A cet effet, on recommande de tenir compte des points suivants, présentés par efficacité décroissante des mesures :

  • Le plus efficace est de renoncer à faucher sur certains secteurs ou à certains moments. Des bandes ou bordures non fauchées ou fauchées de manière alternée, ou une fauche échelonnée spatialement (fauche en mosaïque) offrent aux invertébrés des zones de repli, des endroits pour passer l’hiver et la possibilité de recoloniser les surfaces fauchées. Des zones plus ou moins temporaires de jachère peuvent simuler l’exploitation traditionnelle, qui consistait à faucher des petites parcelles et de manière échelonnée dans le temps. De manière générale, on recommande de laisser la végétation sur pied sur 10 à 20 % de la surface (selon la végétation), et deux zones refuges voisines ne doivent pas être éloignées de plus de 30 m l’une de l’autre (Humbert et al. 2010, van de Poel & Zehm 2014). Les jachères tournantes ne doivent pas être installées dans les stations correspondant aux extrémités des gradients principaux (humidité, exposition, etc.), mais le long de ceux-ci. La planification concrète de l’entretien doit être définie en fonction des surfaces et des espèces cibles, les problèmes qui peuvent en découler (enrichissement en nutriments, feutrage, risque d’embroussaillement) doivent être pris en considération, et les endroits non fauchés différer d’une année à l’autre. Diverses études montrent que les bandes d’herbe non fauchées et, surtout, les jachères tournantes pluriannuelles, représentent des zones refuges importantes pour de nombreuses espèces menacées (papillons diurnes, orthoptères, insectes logeant dans les tiges) (Müller & Bosshard 2010, Rothenwöhrer et al. 2013, van de Poel & Zehm 2014).
  • Echelonner la fauche : idéalement, il s’agit de faucher une surface en plusieurs fois, sur quelques jours. Cette mesure est gourmande en temps, mais ne nuit quasiment pas à la qualité nutritionnelle du fourrage (Graf et al. 2016). Une fiche du service de protection de la nature du canton de Zurich (2017) explique l’utilité et la planification d’une fauche échelonnée.
  • Réduire au minimum le nombre de passages. Le fait de rouler sur une surface influence directement la survie des animaux qui vivent au sol (roues du tracteur) et influence également la qualité du sol (compactage), donc les conditions de la station. Selon le parc de machines employé, entre 64 % et 83 % de la surface totale est parcourue et, selon le circuit adopté, autant de petits animaux immobiles tués (Poel & Zehm 2014). L’usage de véhicules et de machines légers est recommandé, de même que des bandes de travail plus larges et des outils de fauche « doux ».
  • Employer des techniques de récolte respectueuses de la faune : les étapes de récolte succédant à la fauche (conditionner, rassembler, exporter) ont sur la faune une influence tout aussi négative, voire plus, que la fauche elle-même. De nombreux insectes sont exportés avec l’herbe (jusqu’à 70% des orthoptères avec les balles d’ensilage, p. ex.). Il est donc conseillé de renoncer aux faucheuses-conditionneuses (interdites sur les SPB de qualité II selon l’art. 59 de l’OPD) et de récolter le produit de la coupe sous forme de foin séché au sol. Un nombre significativement plus faible d’animaux est enlevé lors du chargement si le foin est laissé à sécher quelques jours sur la surface (Humbert et al. 2009). Lors de regains et de troisième coupe dans des sites à l’ombre ou des périodes humides, on peut envisager l’ensilage afin de ne pas renoncer à une exploitation. Il faut procéder à l’ensemble de la récolte avec le moins d’étapes et de passages possible. Idéalement, on fane et on andaine une seule fois, et, si c’est possible, on laisse complètement tomber le fanage (van de Poel & Zehm 2014). Il importe avant tout que toute la matière végétale coupée soit exportée hors des prairies maigres et qu’un nettoyage soit entrepris après coup, le long des bords par exemple. Il faut renoncer aux broyeurs, car, tout comme les faucheuses-conditionneuses, ils sont mortels à presque 100% pour la petite faune qui se tient dans la végétation.
  • Utiliser des outils de fauche adaptés à la faune : faucheuses à barre de coupe au lieu de faucheuses rotatives (diminuent de moitié le taux de mortalité des invertébrés). Les faucheuses à barre de coupe sont à privilégier également du point de vue de la végétation des prairies : celle-ci se régénère plus vite si elle est coupée plutôt que cassée (van de Poel & Zehm 2014, voir illustration ci-dessous). Une coupe manuelle à la faux est judicieuse pour une fauche particulièrement respectueuse de la faune et pour favoriser certaines espèces.
  • Il n’existe pas d’études concrètes sur les conséquences sur la faune d’autres étapes de l’exploitation des prairies telles que rouler, herser, étriller. L’aide à l’exécution PPS (Dipner & Volkart 2010) recommande de renoncer en principe à passer la herse, l’étrille et le rouleau sur les prairies afin de ménager les petites structures – et au cas où cela n’est pas possible, à procéder selon l’aide à l’exécution.
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Classement des techniques de fauche selon leur nocivité pour la faune des prairies (croissante du haut vers le bas).

Hand-Motorbalkenmäher = Motofaucheuses à barre de coupe, Schlepper-Balkenmähwerke = Faucheuses à barre de coupe montées sur tracteur, Sensen = Faux, Trommel-/Scheibenmähwerke = Faucheuses à tambour / à disques = Mähwerke mit Aufbereitern = Faucheuses avec conditionneuse = Mulchgeräte = Broyeurs

Source : Van de Poel, D., Zehm, A., 2014. Die Wirkung des Mähens auf die Fauna der Wiesen – Eine Literaturauswertung für den Naturschutz. Anliegen Natur 36 (2), 16.

Pour réduire les impacts négatifs de la fauche sur la faune, on peut de plus tenir compte des recommandations ci-dessous pour mener cette opération dans les règles de l’art. Ces mesures n’amènent que des améliorations de faible ampleur, mais peuvent, dans certaines circonstances, être décisives pour la survie d’une population :

  • Faucher de l’intérieur vers l’extérieur, ou en direction des refuges – en général de sorte que la petite faune mobile puisse s’échapper vers les zones non fauchées. Graf et al. (2016) montrent des exemples de techniques de fauche préservant la faune (voir illustration ci-dessous).
  • Hauteur de coupe : plusieurs études ayant porté sur les amphibiens, mollusques ou tenthrèdes ont conduit à recommander une hauteur de coupe minimale de 8 cm, ou mieux, 10 à 12 cm depuis le sol (van der Poel & Zehm 2014). Graf et al. (2016) préconisent même une hauteur d’au moins 14 cm pour ne pas faucher les nids et les poussins des oiseaux nichant au sol (Alouette des champs (Alauda arvensis), Pipit des arbres (Anthus trivialis), Bruant proyer (Emberiza calandra)).
  • Effaroucher la faune sauvage avant la fauche dans les prairies voisines de forêts revêt toute son importance : en mai-juin, on peut éviter des pertes de faons et de jeunes lièvres bruns si la surface est parcourue auparavant avec le garde-chasse responsable (ou à l’aide de drones). Un jour avant la coupe, les prairies peuvent être équipées de banderoles ou de chiffons (Graf et al. 2016).
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Pratiques de fauche préservant la faune sauvage


On ne peut pas faire de recommandations globales quant à la vitesse du travail et au moment de la journée
Quelques études montrent que les taux de survie augmentent avec la vitesse (amphibiens), ce qui serait dû au passage plus bref des lames sur les individus. Pour les espèces mobiles qui peuvent s’enfuir, les vitesses de fauche plus faibles sont plus avantageuses. L’influence des conditions météorologiques et du moment de la journée semble différente selon les espèces ou groupes d’espèces : pour ménager les insectes visitant les fleurs et les reptiles lents, on conseille de faucher par temps couvert et frais, et en début ou fin de journée. D’autres auteurs, au contraire, mentionnent que les espèces mobiles s’en sortent mieux si la fauche est effectuée par temps chaud – en s’échappant plus facilement et en subissant moins de dommages. Sources : Dullau et al. 2012, Humbert et al. 2009, van de Poel & Zehm 2014, Diacon et al. 2011, Humbert 2010, Schiess-Bühler et al. 2011.


Exemple pratique : Régime de fauche alternatif pour promouvoir la biodiversité dans les prairies SPB (Humber et al. 2018)
Essai pluriannuel sous différentes conditions : faucher selon les directives OPD (« contrôle »), décaler la première coupe du 15.6 au 15.7 (« coupe tardive »), effectuer au maximum deux coupes par an avec un intervalle d’au moins huit semaines entre les deux passages (« 8 semaines »), laisser une bande refuge non fauchée (« bandes refuges ») dans une prairie fauchée à mi-juin, durée de l’essai 2010-2015, 48 prairies extensives des zones de plaine et de collines. Conclusions : une coupe tardive et des bandes refuges ont un effet positif tant sur le nombre que sur la diversité des espèces d’un large éventail d’invertébrés. La réaction de la végétation est par contre minime. L’installation de bandes refuges a produit une augmentation significative de la diversité des orthoptères, des syrphes et des papillons spécialisés. Le régime « 8 semaines » n’a pas montré d’effet positif sur la biodiversité, parce que cet intervalle de huit semaines entre deux coupes correspond déjà à peu près à la pratique usuelle dans les prairies extensives SPB.


Le tableau suivant (Téléchargement du document PDF) présente les exigences de plusieurs espèces et groupes d’espèces au regard des techniques de fauches et de récolte douces, selon différentes sources. Comme mentionné dans le texte, il est important de considérer au cas par cas les conflits d’intérêt potentiels et les conditions locales lorsqu’on établit un régime d’entretien.

Groupe d’espèces Hauteur de coupe minimale Moment de la journée adéquat Période adéquate Période critique Autres remarques Sources
Flore Dès 7 cm
Faune / insectes en général 10-12 cm Coupe précoce mai/début juin
Oiseaux nichant au sol 14 cm Date de coupe tardive, été De l’intérieur vers l’extérieur
Reptiles 10-15 cm Début et fin de journée (avant 7h / après 18h) Faucher lentement
Amphibiens 10-12 cm
Orthoptères 10 cm Pertes surtout lors du chargement
Papillons diurnes 10 cm Printemps/automne Eté
Papillons diurnes, chenilles Eté Coupe précoce mai-/début juin Faucher lentement, pertes surtout lors du chargement, pas d’ensilage
Espèces mobiles Toute la journée dès 9-10h
Abeilles mellifères En début / fin de journée (avant 7h / après 18h)
Punaises, araignées, coléoptères Printemps / automne Eté et début d’été Critique en automne pour les araignées à toile géométrique, bandes et ourlets herbeux
Micromammifères, faons, lièvres bruns Installer des réflecteurs, recherche par drones

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Revalorisation par l’amaigrissement

Pour promouvoir la biodiversité, on peut restaurer des conditions pauvres en nutriments, en mettant en place un amaigrissement de la surface par la coupe ou la pâture : l’exportation de la matière végétale coupée permet de retirer des macronutriments (azote, phosphore, potassium, p. ex.) d’une station. Le processus d’amaigrissement est très lent, quoique plus rapide sur les surfaces moins productives que sur celles dont la nappe phréatique est proche de la surface et/ou qui présentent une végétation vigoureuse. C’est sur les prairies de fauche de basse altitude que cette opération a le plus de chances de succès ; dans la majorité des cas toutefois, cela prend beaucoup de temps pour que les espèces cibles souhaitées s’installent sans mesures supplémentaires. Cette méthode pour promouvoir la biodiversité est la plus susceptible de réussir dans les habitats modérément riches en nutriments. Pour restaurer les milieux prairiaux riches en espèces, il faut réduire la teneur en phosphate – moins mobile – des sols. On ignore encore largement quelles sont les teneurs en nutriments à partir desquelles une végétation riche en espèces se développe (Guntern 2016a) ; les concentrations de phosphate biodisponible dépassent souvent 80 µgPOlsen/g sur les surfaces agricoles, alors que les valeurs typiques pour des milieux prairiaux riches en espèces se situent souvent en-dessous de 10 µgPOlsen/g.
En partie sujettes à controverse, les questions de savoir si l’amaigrissement est efficace, où cette mesure peut être appliquée, quelle durée il faut prévoir selon l’histoire de l’exploitation et selon les concentrations en nutriments du sol, sont encore insuffisamment clarifiées. La capacité naturelle d’enrichissement en nutriments des sols (humifères p. ex.) est la plupart du temps plus grande que le retrait obtenu par l’amaigrissement. De nombreuses espèces végétales souhaitées ne colonisent que très lentement des nouvelles surfaces dans les paysages uniformisés – si elles le font – et ceci non à cause des nutriments, mais du fait d’une capacité de dispersion réduite et d’une concurrence trop importante de la végétation établie (A. Bosshard, comm. pers.). Exporter des nutriments par la pâture avec pour objectif la conservation de la nature est une opération difficile qui ne peut être entreprise que dans le respect de strictes conditions : le bétail ne doit pas rester sur le pâturage en milieu de journée ni la nuit (c’est-à-dire de façon générale pendant le repos des animaux), sous peine qu’une grande partie des nutriments consommés se retrouve sur la parcelle par le biais des excréments. Il faut de plus éviter toute distribution complémentaire de nourriture – le choix de l’espèce animale et de la classe d’âge est donc important. Conduire correctement une pâture – y compris l’entretien – n’est en tout cas pas moins exigeant qu’exploiter par la fauche (voir chapitre « Conservation et revalorisation par la pâturage ».
Une option envisageable lors de la renaturation ou de la création d’un pâturage ou d’une prairie riche en espèces est de décaper la couche supérieure du sol riche en nutriments (nécessite une autorisation du service de la protection des sols). Le décapage de la couche supérieure du sol est une mesure établie pour la restauration de prairies maigres riches en espèces sur les sols minéraux (voir chapitre « Revalorisation et création de prairies riches en espèces par enherbement direct et ensemencement ». Cette mesure ne semble pas aussi efficace sur les sols organiques (Guntern 2016a). L’un des désavantages de cette méthode sur le plan écologique est qu’une grande partie du stock grainier ainsi que la microfaune, les mousses, les lichens et les micro-organismes sont aussi exportés avec le sol.

Informations complémentaires :

  • Dans son annexe, Guntern (2016a) dresse la liste des exportations de nutriments des prairies et pâturages sous des régimes d’exploitation d’intensités différentes. Dans la même publication, une vue d’ensemble de Zerbe & Wiegleb (2009) montre dans quelles conditions une exportation est une option.
  • Un rapport du service de la protection de la nature du canton de Zurich compile les résultats de 25 ans de projets impliquant un décapage du sol (Reutemann 2005).
  • Fiche pratique de BirdLife Suisse (2010) (en allemand)
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Extensification des prairies autrefois utilisées de manière intensive et pauvres en espèces par l'élimination de la couche d'humus riche en nutriments.

Réduire les apports de nutriments

Pour conserver des milieux prairiaux de valeur du point de vue de la protection de la nature, les apports de nutriments doivent être réduits. Les principes de base y relatifs sont exposés dans le chapitre « Quantité et qualité – et leur évolution ».
Au niveau de la surface individuelle, les mesures suivantes sont indiquées à cet effet :

  • Pas de fertilisation : de manière générale, il faut s’abstenir de fertiliser les prairies riches en espèces et ne pas donner de compléments alimentaires au bétail sur des pâturages riches en espèces. Selon Bosshard (2016), on peut éventuellement pratiquer des exceptions dans certains cas dans les prairies de fauche de basse altitude. Une fertilisation légère avec du fumier (selon le potentiel de la station) toutes les quelques années, ou une fumure de fond occasionnelle au P, K et calcaire, peut s’avérer judicieuse.
  • Exportation de la récolte : il faut également veiller à exporter systématiquement le fourrage.
  • Création de zones et bandes tampons : dans des conditions pédologiques humides, des zones tampons de 10 à 60 m sont nécessaires (d’après la clé des zones tampons pour les biotopes marécageux 1). On peut ainsi, dans la plupart des cas, retenir la part excédentaire des apports de nutriments dans et sur le sol. Dans les prairies et pâturages secs, des zones tampons trophiques sont nécessaires surtout pour contrer les apports directs depuis les parcelles voisines plus élevées. En raison du transport très faible de nutriments dans les sols secs, des zones tampons d’une largeur de 3 à 6 m, voire 10 m, suffisent presque toujours. Pour toute la Suisse, cela correspond à une surface totale de 3700 ha de zones tampons trophiques pour protéger les PPS (Guntern et al. 2013).

1 Marti, K., Krüsi, B.O., Heeb, J., Theis, E., 1997. Clé de détermination des zones-tampon. Guide pour déterminer des zones-tampon suffisantes du point de vue écologique pour les marais. Série L'environnement pratique. Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage (OFEFP).

Conservation et revalorisation par la pâture

La large thématique d’un pâturage adéquat permettant de favoriser la richesse des espèces sera traitée ultérieurement. Pour les habitats LPN, infohabitat (Martin et al. 2018) donne un bon aperçu avec les recommandations actuelles (en allemand).

Fauche et pâture combinées, pâture précoce de printemps

On peut combiner de multiples manières la fauche et la pâture : il est habituel de pratiquer sur les prairies de fauche une pâture d’automne la même année. Dans les temps anciens, la combinaison de la pâture précoce et d’une exploitation ultérieure en prairie de fauche était largement répandue (voir chapitre « Origine des milieux prairiaux » (encadré sur la pâture précoce).
Il est aussi possible d’alterner plus ou moins régulièrement un régime de coupe et un régime de pâture sur plusieurs années. Cette variante suscite la controverse : certains spécialistes y voient un cumul des avantages des deux formes d’utilisation en même temps qu’une annulation mutuelle de leurs inconvénients, par le fait que les avantages concurrentiels de chaque espèce sont supprimés ; d’autres voix expriment un avis inverse, à savoir que les inconvénients de la coupe et de la pâture s’additionnent. Que cette alternance des formes d’utilisation ait oui ou non un sens sur plusieurs années, dans quel cas, et comment, sont des questions qui sont encore trop mal résolues : de temps en temps, et lorsqu’on connaît la composition actuelle de la végétation et/ou le type de végétation qu’on cherche à obtenir, on peut évaluer si une combinaison d’utilisations est pertinente. Pour une végétation très riche en espèces, avec de nombreuses espèces spéciales, il est recommandé de maintenir la forme d’utilisation qui a permis cette richesse spécifique ou la présence des espèces spéciales.
La combinaison de la coupe et de la pâture (soit sous forme de pâture précoce au printemps, soit comme pâture d’automne) dans la même année d’exploitation est cependant assez répandue. La pâture précoce est une méthode efficace pour augmenter la biodiversité spécifique dans les prairies de fauche extensives et peu intensives, en particulier dans les herbages plutôt luxuriants. L’effet fertilisant des excréments du bétail dans les milieux prairiaux riches en nutriments est négligeable, et la crainte de nuire aux espèces végétales et animales individuelles en pratiquant une exploitation précoce (fauche ou pâture) est en général disproportionnée. La plupart des espèces végétales se développent d’autant plus vite après une utilisation précoce (Bosshard 2015b). Sur les surfaces protégées, il faut appliquer les recommandations spécifiques aux surfaces visant les objectifs de protection, recommandations qui diffèrent souvent des principes énoncés ici. Un projet de l’OFEV et de plusieurs cantons, qui étudiera la pâture précoce sur différents types de surfaces, est en préparation – nous ferons part de ses résultats sur le site internet. La pâture précoce nécessite une autorisation sur plusieurs surfaces (surfaces LPN, surfaces SPB).

Kapfer (2010a) et Bosshard (2015b, 2016) donnent les recommandations pratiques suivantes pour la pâture précoce :

  • Une pâture précoce d’intensité différenciée dans l’espace, de courte durée, détention surveillée : passage de quelques jours à maximum deux semaines avec une forte charge en bétail.
  • Selon les objectifs visés et les conditions de croissance de la végétation, adapter l’intensité de la pâture.
  • Moment de la pâture : pas plus tard que fin avril à basse altitude, pas plus tard que le début de la saison d’alpage en altitude.
  • Moment de la première coupe : pour les types de prairies à croissance plus vigoureuse, la date de coupe prescrite par l’OPD est adéquate dans la majorité des cas. Selon le dynamisme de la végétation, la situation et la zone, on peut le cas échéant repousser de quelques semaines la première coupe (on recommande d’établir des règles pour chaque surface dans le cadre de projets de mise en réseau). Après la première coupe, la troisième utilisation – dans les prairies jusque-là soumises à deux coupes – peut avantageusement prendre la forme d’une pâture d’automne soignée, ou de regains, à partir du 1er septembre. Pour des raisons économiques et écologiques, il convient de ne pas dépasser trois utilisations.
  • Ce sont en premier lieu les surfaces SPB QII à forte croissance végétale et les prairies extensives qui n’atteignent pas la qualité QII qui conviennent à la pâture précoce. Une option consiste à conduire une pâture précoce également sur les surfaces extensives pauvres en nutriments et riches en espèces : la coupe s’en trouve décalée vers la fin de l’été.
  • Les exploitants devraient avoir chaque année le choix de conduire ou non une pâture précoce (en particulier en fonction des conditions météorologiques).
  • Il serait souhaitable que des contrôles de l’efficacité de la pâture précoce soient menés par une instance supérieure.

Lorsqu’une pâture précoce est souhaitée mais pas réalisable, on peut envisager une première coupe (« Frühjahrsschröpfschnitt ») à la place : cette coupe de printemps se pratique en fauchant par bandes, alternées d’une année à l’autre, sur une végétation idéalement haute de 10 à 15 cm. Pour réduire les conflits d’intérêts avec la faune (oiseaux nichant au sol, surtout), un procédé différencié est important. Plus la première utilisation intervient tard en mai, plus l’effet sélectif est fort sur certaines plantes, et plus les foins peuvent par conséquent avoir lieu tardivement.

Mesures d’exploitation spéciales de valeur pour la protection de la nature

Prairies irriguées

Au Moyen-Age, on pratiquait l’irrigation des prairies pour augmenter leur rendement. L’eau déviée des ruisseaux et des rivières contenait une grande quantité de minéraux et de substances organiques. Ces engrais naturels se déposent lorsque les prairies sont irriguées. Les prairies irriguées ne sont globalement pas considérées comme des habitats riches en espèces, vu qu’elles subissent justement par cette irrigation une fumure constante. Elles représentent toutefois des milieux dignes de conservation en tant que forme d’exploitation traditionnelle dans notre paysage cultivé.

Informations supplémentaires (en allemand)

Exemples de projets :

Exploitation du foin sauvage

Ces prairies riches en espèces, souvent très raides, situées en zone d’estivage, sont exploitées manuellement à la faux à partir du mois d’août. La Suisse porte une responsabilité internationale pour la conservation des surfaces à foin sauvage ; dans nul autre endroit de l’espace alpin cette ancienne forme d’exploitation n’a pu se maintenir aussi bien. C’est dans le canton d’Uri qu’elle est encore pratiquée le plus intensément aujourd’hui : une centaine de paysans de montagne y exercent encore cet art ancestral.

Informations supplémentaires :

  • Hedinger (2006) : Wildheu. Vollzugshilfe Trockenwiesen und -weiden, OFEV. (en allemand)
  • Jenny (2014) : Nutzung ehemals brachliegender Wildheuflächen im Erstfeldertal, Kt. Uri. Eine Bilanz nach 10 Jahren. (en allemand)

Exemples de projets :

Recommandations d’exploitation spécifiques pour les différents types d’habitats des milieux prairiaux

Pelouses sèches thermophiles et pelouses et pâturages maigres d’altitude

Les pelouses sèches thermophiles sont un groupe d’habitats réunissant les pelouses mi-sèches liées à une utilisation agricole extensive ainsi que les pelouses sèches à proprement parler. Ces dernières sont considérées comme impossibles à régénérer, tandis que les pelouses mi-sèches sont difficiles à régénérer (15 à 50 ans).
Les pelouses et pâturages maigres d’altitude forment, à l’étage alpin, des paysages herbeux ouverts uniques qui existent indépendamment du déboisement par les humains (habitats primaires). Ils se distinguent par des espèces à port bas et formant des touffes, qui sont particulièrement bien adaptées à la période de végétation courte, à la rudesse des conditions climatiques et à l’aridité du terrain. La classification des habitats au sein de ce groupe est fonction de facteurs pédologiques (acidité, humidité et teneur en matière organique) et climatiques (bilan thermique, continentalité).
Les caractéristiques de chaque type d’habitat et les mesures les plus importantes pour favoriser et conserver ces surfaces sont présentées ci-dessous. Les types d’habitats primaires marqués d’un P dans la vue d’ensemble de la typologie du chapitre « Habitats des milieux prairiaux » ne sont pas listés.

Type d’habitat (TH) et caractéristiques : Mesures de conservation & promotion : Autres informations et sources :
Recommandations générales pour les pelouses sèches thermophiles et les pelouses et pâturages maigres d’altitude Conservation des surfaces existantes :
En général, il faut si possible éviter de changer le type d’exploitation (prairie-pâturage, espèce animale) et orienter l’entretien autant que possible sur l’utilisation traditionnelle.
Pas de fumure.
Autrefois ces surfaces recevaient occasionnellement du fumier. Il faut aujourd’hui s’en passer, en raison des apports de nutriments par l’air. Regrouper les parcelles pour atteindre la taille minimale (1 ha).
Assurer une utilisation minimale :
Protection contre le retour à la friche et l’embroussaillement par une exploitation minimale (evt, toutes les quelques années seulement pour éviter le retour à la friche). Sur les sites à foin sauvage (« Wildheuplanggen »), l’embroussaillement peut d’abord être contenu en fauchant tous les 5 à 7 ans, toutefois l’entretien devient de plus en plus laborieux et compliqué.
Utilisation de chèvres pour lutter contre l’embroussaillement (travaux de pose de clôture).
Régime de fauche dans les prairies sèches :
Echelonnement de la fauche sur des petites surfaces, mosaïque. Technique de fauche préservant la faune. Dates de fauche dépendant de l’étage et du groupe de végétation voir Dipner & Volkart 2010. Choisir une date de première coupe de telle sorte que les plantes typiques des PPS aient terminé leur développement. Une fauche précoce ou tardive peut être pertinente.
Ne pas employer de herse ni de rouleau : les plantes dignes de protection se font arracher et les microstructures intéressantes pour la faune sont détruites ou les animaux subissent des dommages par le rouleau.
Régime de pâture sur les pâturages secs :
Entretien des pâturages : coupe de nettoyage en cas de problématique de plantes indésirables. Part de buissons entre 15 et 20%. Faire pâturer des moutons sur les prairies et pâturages maigres secs (détention surveillée = garde par des bergers).
Utilisation mixte (combinaisons de coupe et de pâture) :
Non souhaitable du point de vue biologique ; exception : Pâture précoce. Une pâture d’automne légère limitée à quelques jours peut être pertinentes dans certains cas.
Irrigation :
Ne poursuivre l‘irrigation (par ruissellement) que sur les surfaces traditionnellement irriguées.
Agrandissement et création de nouvelles PPS :
Les deux facteurs suivants sont décisifs : le soin apporté à la sélection des sites appropriés, le choix correct et la bonne conduite du processus dans le respect des objectifs concrets fixés et des possibilités de mise en œuvre sur place (et en particulier l’acceptation de la part des autorités).
* Aide à l’exécution PPS (Dipner & Volkart 2010), y. c. indications quant à l’exploitation selon les groupes de végétation.
* Détermination des actions requises lors du retour à la friche (Dipner & Volkart 2010)
* Fiche sur l’exploitation des PPS (Pearson et al. 2006).
* Rapport de synthèse exploitation des PPS (Diacon et al. 2011)..
* Feuille d’information sur les prairies maigres à foin d’Appenzell Rhodes-Extérieures (en allemand)
* Fiche sur l’irrigation des PPS (Volkart 2008).
* Recherche de littérature complète sur le thème (Marbot et al, 2013) « Irrigation des prairies dans l’espace alpin » (Marbot et al. 2013) (en allemand)
* Fiche soin au pâturage avec des chèvres dans les PPS (Perrenoud & Godat 2006).
* Pro Natura a synthétisé dans un manuel les connaissances obtenues depuis 2006 dans le projet « Allegra Pierre le Chevrier » (Dipner et al. 2016).
Pelouses sèche médio-européennes (Xerobrometen)
Herbe très clairsemée, riche en plantes et animaux hélio- et thermophiles. Habitat irremplaçable pour de nombreuses espèces (dont des menacées). Souvent imbriquées dans d’autres habitats, grande richesse structurale. Font partie des rares types d’habitats de plaine dépourvus de forêt à l’état naturel. Elles se trouvent sur les versants ensoleillés, rarement sur les terrasses graveleuses des zones alluviales, et, de façon fragmentée, également en bordure des voies de communication.
Voir ci-dessus
Pelouses mi-sèches médio-européennes (Mesobrometen)
Dominance du Brome dressé (Bromus erectus). Nombreuses orchidées protégées, habitat important pour de nombreux groupes d’insectes.
Une fois coupe annuelle, une fois pâture annuelle, en général pas de fumure. Lien entre l’historique de l’exploitation et la diversité spécifique des pelouses mi-sèches (Bürgi et al. 2013).
Pelouses sèches thermophiles (continental)
Vallées internes du Valais et des Grisons. Végétation à structure très lâche, imbriquée avec des éléments des pelouses pionnières des dalles rocheuses. Grand nombre d’espèces végétales et animales rares. Les incendies et le pacage par les moutons ont conduit à l’expansion des pelouses steppiques. Pelouses mi-sèches continentales avec dominance du Brome dressé (Bromus erectus) et du Brachypode penné (Brachypodium pinnatum), dans les sites de plaine à climat subcontinental. Grand nombre d’espèces rares d’origine orientale.
Pâture.
Pelouses mi-sèches continentales : pâturage à mouton itinérant.
Pelouses sèches insubriennes
Sud des Alpes
Multitude de graminées thermophiles, liées aux versants rocheux de plaine.
Pâture
Pelouse calcaire sèche à seslérie
Habitat primaire (étage alpin).
Pelouse alpine riche en fleurs à grande diversité floristique. Grande diversité de microstructures. En partie perturbées par l’aplanissement des pistes de ski.
Etage alpin : entretien pas nécessaire.

Etages montagnard et subalpin, entretien minimal : pâture très extensive, débroussaillement occasionnel. Pâture plutôt tardive, après la floraison des plantes en rosettes.
Utilisation : souvent utilisé comme pâturage à moutons ou à bovins, rarement fauché.

* Fiche Agridea « Surfaces herbagères et à litière riches en espèces dans la région d'estivage. Une aide à l’évaluation de la qualité biologique pour les exploitants » (Hedinger 2014).
* Foin sauvage. Exécution PPS (Hedinger 2006).
* Exemples pratiques foin sauvage (en allemand)
Pelouse calcaire fraîche
Habitat primaire.
Herbacées de type graminées, à long chaume, avec une flore compagne riche en espèces.
Utilisation : souvent en prairies à foin sauvage, peut s’embroussailler très rapidement en-dessous de la limite de la forêt (dépendant de la topographie).
Entretien optimal : coupe tous les 1 à 2 ans.
Entretien minimal : coupes tous les 3 ans (anciennes prairies).
Pâturage maigre acide
Habitat primaire.
Espèces végétales rares et protégées.

Les pâturages maigres acides fauchés sont particulièrement précieux ; risque d’embroussaillement, surtout par lande à arbustes nains.
Entretien optimal : coupe tous les 1 à 2 ans ou pâture très extensive (sur sols maigres). Empêcher l’expansion des arbustes nains, exploiter précocement de temps en temps et si possible par petites parties.

Entretien minimal : coupe tous les 3 ans ou pâture extensive (la plus précoce possible).

Pelouse rocheuse acide
Habitat primaire sur les sols siliceux des versants ensoleillées. Utilisation occasionnelle comme pâturage. Valeur particulière comme prairie (avec Poa violacea)
Entretien optimal : coupe tous les 1 à 2 ans ou pâture très extensive.

Entretien minimal : coupe tous les 3 ans ou pâture extensive.

Prairies et pâturages gras peu intensifs (riches en espèces)

Les groupes d’habitats décrits dans ce chapitre et dans les deux chapitres suivants recouvrent des unités de végétation qui poussent sur des sols fertiles et qui reçoivent de l’engrais. En dessous de l’étage alpin, il est nécessaire de pratiquer des coupes ou une pâture régulière pour enrayer le développement de la forêt. Les espèces dominantes de ces habitats possèdent une grande capacité de régénération et d’expansion, mais ne s’imposent que sur des sols dont l’approvisionnement en nutriments et en eau est suffisant. Selon Bosshard (2016) les prairies et pâturages gras peu intensifs comprennent la prairie à fétuque rouge et agrostide, le pâturage à crételle, la prairie à fromental et la prairie à avoine doré. Les descriptions et délimitations de ces types d’habitats sont en grande partie repris de Bosshard (2016, p. 105 ss.).

Prairies à fromental : le fromental (= Fenasse, Arrhenaterum elatius) forme des peuplements dans les stations moyennes de plaine en cas de fumure régulière mais modeste (surtout par du fumier). Traditionnellement, la prairie à fromental est utilisée comme prairie de fauche à deux coupes et souvent pâturée à l’automne. Elle est adaptée à des conditions relativement riches en nutriments (fumure) et la fréquence de coupe a une influence capitale sur la composition botanique. En plus de la très productive Fenasse, d’autres graminées fourragères de valeur, ainsi qu’une foule d’herbacées et de légumineuses souvent attractives s’épanouissent dans cet habitat très coloré.
La majorité des prairies à fromental actuelles sont exploitées comme surfaces de promotion de la biodiversité (SPB, type « prairie extensive » ou « prairie peu intensive ») avec un certain niveau de qualité. D’un point de vue écologique, les déficits concernant les exigences de bases pour la qualité des SPB ont été corrigés avec l’instrument des projets de mise en réseau. Les prairies à fromental peuvent être régénérées en quelques années au niveau de qualité SPB QII dans 90% des cas (selon le type de sol et les nutriments stockés).
Les mesures pour favoriser les prairies à fromental et les praires à avoine doré sont décrites en détail dans la fiche Agridea (Bosshard 2015a) :

  • Cartographier les prairies existantes et fixer des buts de conservation au niveau régional.
  • Fixer des valeurs cibles à l’échelle de chaque exploitation pour les prairies à fromental et les prairies maigres, créer des incitations.
  • Thématiser l’importance des petites reliques de prairies à fromental en périphérie, les conserver et les promouvoir de manière ciblée.
  • Concevoir les exigences et les conditions de base que doit remplir l’exploitation de manière efficace en vue de la conservation et de la promotion, discuter une prise en compte global des exploitations et des contributions optionnelles plus élevées.
  • Promouvoir la pâture précoce.
  • Adapter les dates de coupe au cas par cas en tenant compte du peuplement : avancer la première coupe si nécessaire. Libre choix des dates d’utilisation mais par contre détermination du nombre d’utilisations minimal et maximal ; en tous les cas fixer la date de la dernière utilisation la plus précoce admise.
  • Adapter la fumure si nécessaire, solutions individuelles.
  • Favoriser les nouveaux semis dans les prairies à fromental par l’enherbement direct.

Informations supplémentaires :

Dans le tableau suivant vous trouverez les caractéristiques de chaque type d’habitat ainsi que les mesures les plus importantes pour la promotion et la conservation de ces surfaces.

Type d’habitat (TH) et caractéristiques : Mesures de conservation & promotion : Autres informations et sources :
Prairie à fétuque rouge et agrostide

Le fromental et d’autres graminées fourragères ne peuvent pas s’établir dans les stations ombragées et / ou légèrement acides, la plupart du temps fraîches ; parfois légèrement engraissées par du fumier, parfois non fumées, fauchées ou pâturées, ce sont des prairies à fétuque rouge et à agrostide qui se forment. Quasi disparu des sites de plaines, ce type d’habitats est encore bien répandu dans les Préalpes et en zone de montagne, même s’il est le plus souvent seulement de petite taille.

Fumure :

Lorsque le pH du sol est bas, une fumure modérée (fumier) peut être judicieuse pour garder une garniture minimale (herbes non graminées et légumineuses surtout).

Pâturage à crételle

Le pâturage à crételle correspond aux deux types prairies à fromental et à avoine doré : il apparaît aux deux niveaux de végétation, dans les mêmes conditions et avec une même intensité d’exploitation, mais avec une dominance de pâture. Les espèces de graminées pérennes et résistantes au piétinement dominent. Ne présente pas d’intérêt biologique.

Utilisation :
adaptée à une utilisation permanente.
Prairie à fromental

Fenasse (= fromental, Arrhenaterum elatius) dominante. Prairie de fauche riche en fleurs, la diversité chute rapidement en cas de surexploitation. Déclin des prairies à fromental typiques principalement dû à la fumure dans les prairies grasses pauvres en espèces.

Du point de vue de la protection de la nature, la qualité écologique des prairies à fromental couvre un large spectre – des variantes quasi « sans valeur », comprenant de nombreuses espèces de praires grasses, aux prairies riches en espèces enregistrées dans l’inventaire des PPS. L’exploitation doit être adaptée au cas par cas et selon le peuplement végétal (fréquence et date de coupe).

Régime de fauche :

  • fauche ménageant la faune voir chapitre Fauche et récolte respectant et ménageant la faune
  • Fauche échelonnée avec dates de fauche avancées et repoussées.
  • Varier les surfaces fauchées précocement.
  • Fanage au sol.
  • Dates de fauche (voir chapitre Dates et fréquence de fauche) adapter au cas par cas et selon le peuplement végétal. La date de coupe selon l’OPD est souvent trop tardive dans les stations à forte croissance. Deuxième coupe en général pas avant fin août, selon la météo.

Pâture précoce : Favoriser dans le cadre des projets de mise en réseau.
Fumure :
Régler au cas par cas (traditionnellement fumure légère). Ne pas engraisser les stations riches en nutriments. Le cas échéant, apports légers (max 8-10 t par ha et par an, selon l’altitude) de fumier bien décomposé uniquement.
Revalorisation de stations pauvres en espèces voir chapitre " Revalorisation et recréation par enherbement direct et ensemencement " (en cours d’élaboration).

La situation des prairies à fromental et le besoin en surfaces sont exposés dans Guntern et al. (2013).

Bosshard (2016) y dédie un chapitre avec de nombreuses informations de base et des indications concrètes pour les favoriser.
Schémas d’utilisation détaillés pour différents types de prairies (Schmid et al. 2007).
Fiche d’Agridea « Pour obtenir des prairies riches en espèces » (Koch et al. 2010).
Oppermann & Gujer (2003, dès p. 116) donnent des recommandations pour favoriser la biodiversité par une exploitation ciblée.
La fréquence et les dates de coupe des prairies à fromental et à avoine doré sont expliquées ici (en allemand) plus en détail.
Des essais concernant les dates de coupe ont notamment été menés dans le programme « Labiola » du canton d’Argovie (en allemand).
Le manuel « La biodiversité sur l’exploitation agricole » (Graf et al. 2016) et le site internet qui y est lié donnent des informations pratiques sur l’importance agronomique et écologique des SPB dans les herbages de plaine et de la zone d’estivage, sur les possibilités de revalorisation, et des conseils pour une exploitation et un entretien des prairies et pâturages SPB ménageant la biodiversité.
Lien entre eutrophisation et biodiversité, des prairies à fromental notamment (Guntern 2016a).

Prairie à avoine doré

Le fromental, thermophile, est remplacé au-dessus d’environ 900 m par l’avoine doré (Trisetum flavescens). Ce type de prairies montre lui aussi une multitude de fleurs aux diverses couleurs.

Utilisation :

Ces prairies fourragères d’altitude sont traditionnellement fauchées une à deux fois par an, certaines pâturées en plus et régulièrement engraissées par du fumier solide. Elles ne tolèrent pas une exploitation avec plus de coupes ni des interventions plus précoces.

Prairies et pâturages gras mi-intensifs à très intensifs

Selon Bosshard (2016), la prairie à dactyle, la prairie à vulpin, la prairie/pâturage/prairie pâturée à ray-gras anglais et la prairie à ray-gras italien font partie des prairies et pâturages gras mi-intensifs, intensifs et très intensifs.

En cas d’intensification modérée (fumure et coupe plus fréquente), les prairies à fromental, resp. à avoine doré dans les stations de basse altitude, se transforment – quand les conditions sont favorables – en prairies à dactyle. Elles sont exploitées de façon moyennement intensive, engraissées avec du purin et le cas échéant du fumier, et fauchées trois fois par an. Si l’exploitation est encore intensifiée dans des conditions favorables, on voit apparaître la prairie à ray-gras italien sur sols secs, la prairie à vulpin, particulièrement productive, dans les stations plus fraîches, et en cas de pâture, la prairie à ray-gras anglais.

La végétation de ces prairies est composée de peu d’espèces de graminées (ou de plantes à fleurs lorsque la charge en nutriments devient trop élevée) formant un peuplement très dense, et peu d’espèces végétales s’y développent. Les prairies grasses sont fumées régulièrement et les parcelles favorables peuvent subir plus de cinq coupes par année. Du point de vue de la biodiversité floristique et faunistique, elles ne présentent quasi aucun intérêt.

Les prairies intensives de légumineuses peuvent être attirantes pour les abeilles et d’autres pollinisateurs ; renoncer à la faucheuse-conditionneuse peut dans ce cas être utile. De même, des bandes-abris restant sur pied deux à quatre semaines jusqu’à la prochaine coupe peuvent, grâce à leur richesse en fleurs, constituer une source de nourriture appréciable pour ces insectes. L’installation de bandes-abris pluriannuelles n’est pas judicieuse sur les surfaces riches en nutriments des prairies intensives (feutrage) ; mais elle est indiquée dans les zones plus maigres d’une parcelle (Graf et al. 2016). Si les prairies ne sont plus engraissées et sont fauchées moins souvent, diverses espèces animales et végétales peuvent s’installer.

Pâturages gras subalpins et alpins

Aux étages alpin et subalpin supérieur, le type d’herbages le plus productif et intéressant du point de vue fourrager est représenté par les pâturages gras. Comme ces herbages se situent en général dans la zone d’estivage, ils sont la plupart du temps pâturés, comme leur nom l’indique ; dans de rares cas, ces milieux sont fauchés. On n’y trouve pas d’espèces végétales rares, mais la diversité spécifique est cependant variable (Delarze et al. 2015).

Ces pâturages couvrent une surface très importante ; plus de 500000 ha d’herbages sont situés dans la zone d’estivage en Suisse (voir chapitre « Quantité et qualité – et leur évolution ». On peut supposer qu’ils ont une importance également sur le plan de la protection de la nature, bien que ce type d’habitats ne soit pas considéré comme menacé. Une intensification de l’exploitation (eutrophisation) peut avoir pour effet un appauvrissement de la flore. Si la pâture annuelle est abandonnée, les surfaces de l’étage subalpin s’embroussaillent. Vous trouverez dans les chapitres correspondants des indications sur la possible disparition des herbages riches en espèces dans la zone d’estivage et sur les connaissances qui manquent encore.

Informations supplémentaires :

  • Biodiversité dans les alpages embroussaillés : Recommandations pour l'exploitation des alpages riches en espèces connaissant des problèmes d'embroussaillement (Koch et al. 2013).

Pelouses artificielles

Delarze et al. (2015) classent toutes les surfaces prairiales qui sont semées sur des sols préparés mécaniquement (labourés p. ex.) dans la catégorie des pelouses artificielles. En font donc partie les gazons de places de sports, parkings, surfaces assolées ou zones remises en herbe après que la terre en ait été déplacée (talus de route, pistes de ski, etc.). Pour notre part et pour des raisons pratiques, nous utilisons la répartition suivante :

  • Prairies artificielles : les prairies artificielles semées sur les terres assolées sont pauvres en espèces. Un article à part entière traitera ultérieurement des surfaces d’assolement.
  • Surfaces prairiales des agglomérations et des infrastructures de transport : traitées au chapitre suivant.
  • Enherbement : voir chapitre « Revalorisation et création de prairies riches en espèces par enherbement direct et ensemencement » (en cours d'élaboration).

Milieux prairiaux en zone urbaine, espaces verts des infrastructures de transport

Les espaces verts dans les agglomérations et le long des routes et des voies de chemin de fer subissent souvent un entretien intensif et peinent à offrir un habitat pour la biodiversité indigène. Le potentiel de valorisation est de taille (renoncement aux engrais, extensification) – les recommandations dans ce sens seront traitées ultérieurement.

De même, l’aménagement et l’entretien adéquats des espaces verts des infrastructures de transport recèlent un grand potentiel pour la biodiversité (voir chapitre « Revalorisation et création de prairies riches en espèces par enherbement direct et ensemencement », en cours d'élaboration) : on trouve 4236 ha d’espaces verts le long des 1820 km de routes nationales, dont 20% présentent un potentiel comme surfaces prioritaires pour la biodiversité, selon les chiffres de l’OFROU. Les CFF quant à eux gèrent au total 2700 ha de talus, et une sélection de tronçons d’une certaine longueur doit, selon le concept d’entretien des talus ménageant la nature de l‘ex-régie fédérale (Nateco 2009), recevoir sur une grande partie de sa surface un entretien qui suive des principes écologiques. Ces surfaces couvrent aussi environ 20% de tous les talus CFF dans la zone d’entretien extensif. De plus, en 2017, les CFF disposaient le long des voies de 24 ha de surfaces faisant partie de l’inventaire PPS, qui sont fauchés et non broyés (CFF 2017). L’aménagement et l’entretien adapté des talus comme stations maigres permettent ainsi de créer de précieux habitats, en particulier sur le Plateau suisse ; la superficie potentielle se monte au niveau suisse et sur la base des données ci-dessus à environ 1400 ha.

Les espaces verts le long des voies de communication ne font pas l’objet d’une grande concurrence pour leur utilisation et, lorsque l’entretien est approprié, ils peuvent jouer un rôle important pour la conservation des espèces des milieux prairiaux grâce à leur superficie (4% de la superficie des agglomérations) – cela malgré que la qualité de l’habitat le long des infrastructures de transport soit souvent diminuée par un taux de mortalité plus élevé et par la pollution sonore et celle due aux substances toxiques (Guntern et al. 2013). Il faut prendre garde à ne pas créer de pièges le long des infrastructures routières et ferroviaires, par exemple en empêchant le moins possible le déplacement des animaux. L’atteinte et le préjudice subis par les petits animaux, en tous les cas concernant le succès de reproduction des oiseaux, est un fait, surtout à proximité du trafic. Pour autant, les surfaces de valeur en bordure de routes et voies ferrées qui sont reconnues comme prioritaires pour la biodiversité sont en mesure d’offrir un habitat aux amphibiens, reptiles, papillons de jour, abeilles sauvages, mollusques, orthoptères, chauves-souris, orchidées et autres espèces animales et végétales rares. La qualité de ces milieux de transition dépend aussi de celle des habitats voisins.

Les facteurs de réussite de la mise en œuvre de mesures de promotion sur les espaces verts des infrastructures de transport sont les suivants (H. Buser comm. pers., Gnägi 2018) :

  • Sensibilisation et formation des responsables de l’entretien ou des personnes effectivement impliquées dans l’entretien (équipes de fauche).
  • Il faut inclure les nombreux acteurs concernés : services des travaux publics, centres d’entretien communaux, représentants de la commune, corporations forestières, agriculteurs, propriétaires fonciers, riverains, entreprises ferroviaires, entrepreneurs privés / preneurs d’ouvrage.
Type d’habitat (TH) et caractéristiques : Mesures de conservation et de promotion Autres informations et sources
Surfaces en bordure des voies de communication (talus de route, y. c. corridors faunistiques et surfaces de compensation). A prendre en compte lors de nouveaux aménagements autour des routes nationales (pour les routes nationales : secteurs prioritaires pour la biodiversité) :
  • Renoncer au broyeur à fléaux (épareuse), employer une faucheuse à barre de coupe ou des outils de fauche manuelle.
  • Rassembler le produit de la coupe et l’évacuer autant que possible.
  • Fauche ménageant la faune.
  • Déterminer l’intervalle d’intervention sur les néophytes invasives et les autres plantes à problème.
  • Laisser sur pied des surfaces refuges.
  • Augmenter la diversité structurale.

Recommandations pour les surfaces liées aux voies de communication qui ne sont pas exploitées spécifiquement selon des critères écologiques :

  • Ne faucher les prairies grasses à plantes à fleurs (bords de route) qu’après la floraison.
  • Evacuer le produit de la coupe.

A prendre en compte lors de nouveaux aménagement autour des routes nationales :

  • Ne pas recouvrir les sols d’humus
  • Choisir des espèces nécessitant peu d’entretien, à croissance lente.
  • Considérer les aspects de sécurité, et la tolérance au sel et à la pollution.
  • Prévoir les petites structures proches les unes des autres (entretien facilité).
  • Assurer l’entretien à long terme.
  • Rendre étanches les bas-côtés.
  • Enherbement direct ou semis de graines récoltées lors de fauches.
  • Sur les substrats maigres du Plateau, utiliser un mélange de graines optimisé pour les abeilles (« TBA Kt. BE Strassenrand Bestäuber »).
  • Création de milieu : voir « Revalorisation et recréation par enherbement direct et ensemencement » (en cours d’élaboration)
* Espaces verts le long des routes nationales. Aménagement et entretien courant (Trocmé et al. 2015a) ainsi que Espaces vers le long des routes nationales. Méthodologie et critères pour déterminer les zones prioritaires pour la biodiversité au sein des routes nationales (Trocmé et al. 2015b) : Lien

Remarques concernant les types de végétation ne nécessitant pas d’entretien

Dalles rocheuses et lapiez

Avec leur végétation en gazon lâche et dispersé, les dalles rocheuses et lapiez ouverts et ensoleillés sont l’habitat de nombreux insectes et autres arthropodes, habitant à l’origine le bassin méditerranéen. Ces habitats primaires doivent être laissés à eux-mêmes dans leurs stations naturelles, une exploitation diminuant souvent leur diversité spécifique.

Type d’habitat (TH) et caractéristiques : Remarques :
Végétation des dalles calcaires de basse altitude
Habitat primaire : dalles calcaires ouvertes, maigres et sèches. Habitats secondaires : ballast, toits plats couverts de gravier, ou bordures maigres et pierreuses des champs. Flore diversifiée.
En dehors du Valais et de quelques sites particuliers, on ne la trouve que dans des stations secondaires (ballast, toits plats) ou sous forme de sites pionniers en cas de pâture extensive (automnale) de pelouses maigres.
Végétation des dalles calcaires et lapiez de montagne
Ces derniers étant des habitats primaires, correspond à la forme pionnière sur substrat rocheux de la pelouse calcaire sèche à seslérie.
Végétation des dalles siliceuses
Habitat primaire, qu’on trouve à basse altitude la plupart du temps sur des surfaces ne subissant pas d’influence humaine. Habitat secondaire : bords de voies de chemin de fer, surfaces sableuses et couverture des chemins. On y trouve plusieurs espèces végétales menacées.
Impacts négatifs des traitements par herbicides sur les stations secondaires.
Végétation des dalles siliceuses de montagne
Habitat primaire, cette végétation pionnière qui se développe lentement forme des associations durables sur les éminences rocheuses.

Combes à neige

Les associations végétales des combes à neige se trouvent dans les ravins et cuvettes longtemps enneigées ; les saules rampants, les dicotylédones à fleurs et les cryptogames dominent ces formations. L’acidité du sol et la durée de l’enneigement déterminent la composition floristique de la végétation des combes à neige.

Type d’habitat (TH) et caractéristiques : Remarques :
Combes à neige (calcaires ou siliceuses)
Habitat primaire.
Flore hautement spécialisée.
La tendance est au comblement de ces creux de terrain naturels lors du nivellement des pistes de ski.

Autres chapitres sur les milieux prairiaux

Auteures

Texte Karin Loeffel faunatur
Review Andreas Bosshard Ö+L GmbH
Jean-Yves Humbert Universität Bern, Conservation Biology
Heiri Schiess
André Stapfer
Markus Staub Projekte Ökologie Landwirtschaft
Gaby Volkart atena
Traduction Sandrine Seidel Filoplume Traduction