Champignons

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Tronc mort colonisé par des champignons décomposeurs du bois (saprophytes) dont probablement la Stérée pourpre (Chondrostereum purpureum) et la Collybie à pied velouté (Flammulina velutipes).
Texte Association biodivers
Interview PD Dr. Beatrice Senn-Irlet
Review Dr. Andrin Gross, Peter Karasch, Helen Küchler und Dr. Nicolas Küffer
Publication Juillet 2017


Résumé

Les champignons sont extraordinairement diversifiés et nombreux. Rien qu’en Suisse, on connaît plus de 5 000 macromycètes avec un corps de fructification d’un diamètre supérieur à 2 mm. Les champignons supérieurs se rencontrent dans tous les habitats, mais ils sont le plus fréquent dans les forêts, les prairies et pâturages exploités extensivement et le milieu urbain. La conservation des champignons se fait avant tout en protégeant leurs habitats. Même si les champignons produisent de très petites spores et que leurs corps de fructification croissent rapidement, ils n’ont qu’une faible distance de dissémination. En outre, le mycélium caché croît souvent très lentement. Un élément central pour les champignons est donc la constance de l’exploitation de leurs habitats sur des décennies.

Parmi les mesures importantes dans tous les habitats figurent la conservation des arbres biotope et des peuplements de vieux arbres, ainsi que le maintien d’une haute diversité en plantes indigènes. En forêt, la délimitation de réserves et l’augmentation de la quantité de bois mort jouent également un rôle central pour la conservation des champignons. En milieu agricole, il faut veiller à la continuité de l’exploitation et, dans le milieu urbain, la conservation des arbres est essentielle. Avec ses 900 espèces, la Liste rouge des champignons supérieurs est très longue. Trois axes de priorités ont donc été formulés pour la conservation. Les données sur les populations et leurs distributions ainsi que des fiches informatives aident à la mise en œuvre.

Cet article présente des mesures pour la protection des champignons décomposeurs de litière et de bois (saprophytes) et des champignons symbiotiques (mycorhizes). Les lichens sont traités dans un article séparé.

Systématique

Tout comme les plantes et les animaux, les champignons forment leur propre règne appelé règne fongique (Fungi ou Mycota ou Mycètes). Nos champignons supérieurs indigènes font soit partie des basidiomycètes (Basidiomycota), soit des ascomycètes (Ascomycota) qui se différencient dans la production des spores. Les basidiomycètes forment leurs spores sur une structure en forme de massue (baside), tandis que les ascomycètes forment leurs spores à l’intérieur d’une enveloppe en forme de tuyau ou de sac (asque). Vous trouverez plus d’informations sur la systématique des champignons sur les sites internet Pilzfreundetreff et Arbeitskreis Pilzkunde Ruhr.

Eléments d’écologie pour la pratique

La plus grande partie d’un champignon, le mycélium, est caché dans le sol ou dans le bois. C’est uniquement pour la reproduction que les champignons font des corps de fructification qui sont visibles à l’air libre et dans lesquels les spores arrivent à maturité. Les spores sont disséminées par le vent et l’eau ou à l’aide d’insectes, d’escargots ou de mammifères qui se nourrissent de champignons. Pour la germination des spores, le microclimat (humidité de l’air, lumière) et la composition du sol sont déterminants. Les champignons ne font pas de photosynthèse et dépendent donc de sources externes de carbone. Leur régime alimentaire est hétérotrophe, ils se nourrissent en décomposant des organismes morts (plantes ou animaux), en parasitant des organismes vivants ou en vivant en symbiose avec eux.

Habitats et substrats

Les forêts sont l’habitat le plus important des champignons supérieurs. Elles abritent pratiquement trois quart des espèces. Les forêts de feuillus mixtes naturelles sont les habitats forestiers les plus riches en espèces. Dans les forêts, les espèces de champignons rares dépendent des vieux arbres et de suffisamment de bois mort (aussi appelé bois biotope). 16% des champignons supérieurs vivent en milieu agricole. Beaucoup de champignons rares croissent dans des prairies et pâturages maigres exploités extensivement. Dans les villes et les villages, on peut parfois trouver des espèces rares sur de vieux arbres et dans des sols maigres, par exemples dans les parcs et les cimetières. Peu d’espèces de champignons vivent dans les marais et en région alpine.

Chez les champignons supérieurs, on distingue trois grands groupes selon leur source de nourriture : les champignons décomposeurs de litière et de bois, qui se nourrissent de matériel végétal mort, les champignons symbiotiques, qui vivent en symbiose avec des plantes, et les champignons parasites qui se nourrissent d’organismes hôtes vivants.

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De gauche à droite : Le Marasme petite roue (Marasmius rotula), un champignon saprophyte, décompose la litière de conifères. Le Bolet satan (Boletus satanas) forme des mycorhizes notamment avec les hêtres (Fagus sp.). Gymnosporangium cornutum fait partie des Pucciniales et vit ici en parasite sur les feuilles du Sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia).

Champignons décomposeurs de litière et de bois (saprophytes)

Les champignons décomposeurs de litière et de bois forment le plus grand groupe des macromycètes. Ce groupe comprend environ la moitié des espèces de champignons de Suisse. Ceux-ci se nourrissent de bois mort, d’humus et de litière. Les saprophytes sont importants pour l’écosystème forêt, puisqu’avec la décomposition du matériel organique des plantes, les nutriments qui y sont contenus sont libérés.

Au sein des saprophytes, il existe des différences dans leur spécificité vis-à-vis du substrat du bois mort. Certaines espèces sont des généralistes, d’autres ne vivent que sur le bois des feuillus ou des conifères ou sont spécialisées sur une seule essence. Les saprophytes montrent aussi des spécificités en ce qui concerne le type de bois, la quantité de bois mort, le degré de dégradation et la taille. Le bois mort récent qui résulte des tempêtes ou d’une coupe de bois ne favorise souvent que les généralistes qui peuvent rapidement coloniser de grandes quantités de bois mort avec leurs spores. De nombreuses espèces devenues rares dépendent de bois mort couché ou debout de grande taille ayant au moins le diamètre et la longueur d’un bras.

Quelques saprophytes rares colonisent les vieux arbres encore vivants, pénètrent dans le bois par de petites blessures de l’écorce et y restent pendant des années. Ils passent plus ou moins inaperçus jusqu’à ce que l’arbre s’affaiblisse en raison de l’âge ou des conditions environnementales. Pour la décomposition du bois, les espèces menacées ont souvent besoin de décennies, puisqu’elles sont adaptées à des communautés forestières naturelles abritant des arbres pouvant atteindre 200 à 800 ans.

Champignons symbiotiques (mycorhizes)

Il existe en Suisse environ 2 000 espèces de champignons mycorhiziens dont font partie de nombreux champignons comestibles comme les truffes, les bolets et les chanterelles. Les hyphes des champignons entourent les extrémités des racines de la plante et favorisent l’adsorption d’eau et de sels minéraux, en particulier de l’azote, par la plante. En outre, les champignons filtrent certaines substances toxiques du sol. En contrepartie, les champignons mycorhiziens reçoivent du glucose de leurs plantes partenaires.

Une étroite dépendance existe entre le champignon mycorhizien et la plante, puisque certaines espèces de champignons ne peuvent s’associer qu’avec des espèces de plantes bien précises. La diversité des arbres est donc très importante en particulier pour les champignons mycorhiziens rares. La quantité d’azote dans le sol a une grande influence sur la symbiose. Des concentrations d’azote plus élevées peuvent influencer négativement l’échange entre la plante et le champignon, ce qui conduit à un recul de la diversité des champignons, de la croissance du mycélium et de la formation des corps de fructification.

Champignons parasites

Pendant certaines phases de leur croissance, les champignons parasites dépendent d’hôtes vivants (plantes, animaux ou autres champignons) comme source de nourriture. La plupart des parasites de plantes dépendent d’un hôte spécifique, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent survivre que sur une ou quelques rares espèces de plantes hôtes. Quelques espèces telles que les armillaires (Armillaria) sont moins spécialisées et peuvent coloniser pratiquement toutes les essences feuillues et de conifères affaiblies. Les différentes espèces parasites ont une « puissance » différente : certaines ne provoquent que de petites nécroses sur les feuilles, d’autres causent des dommages lourds allant jusqu’à la mort complète de la plante.

Les connaissances sur les champignons parasites sont encore trop lacunaires et la plupart ne figurent pas sur la Liste rouge. Il n’est donc pas possible d’établir des mesures de conservation concrètes pour le moment.

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Le rare Polypore officinal (Laricifomes officinalis) croît et se répand très lentement.

Reproduction et dissémination

Les taux de reproduction et les capacités de dissémination diffèrent fortement d’une espèce de champignon à une autre. Certaines espèces de champignons produisent de grandes quantités de spores comme p. ex. le Polypore aplani (Ganoderma applanatum) ; d’autres par contre en produisent beaucoup moins comme certaines espèces d’amadouviers. La production de spores a une influence sur la probabilité de dissémination qui peut se réduire fortement après quelques mètres déjà dans une forêt fermée. La dissémination dépend aussi de la spécialisation des champignons. Les champignons qui sont spécialisés sur une ou peu d’essences d’arbres auront plus de peine à tomber sur un nouveau substrat adéquat que des généralistes. Les espèces rares ont parfois une croissance très lente. Chez le Polypore officinal (Laricifomes officinalis), les corps de fructification peuvent devenir vieux de quelques décennies ; chez d’autres espèces, le mycélium croît sur de très longues périodes. La spécialisation sur certaines essences, une croissance lente et des distances de dissémination des spores courtes rendent difficile la formation de nouvelles populations de champignons.

Conservation et promotion

Mesures générales

Pour conserver les champignons supérieurs, il est primordial de protéger les populations existantes en protégeant leurs habitats. Il vaut la peine de prendre des mesures de protection aussi pour de petites populations, car elles ont de bonnes chances de survie et peuvent contribuer à la fondation de nouvelles populations.

Les mesures suivantes favorisent la protection et la dissémination des champignons supérieurs dans tous les habitats :

  • Formes d’exploitation extensives en forêt et dans l’agriculture, en particulier dans les sites comprenant de nombreuses espèces de champignons ou des espèces rares
  • Continuité du type d’exploitation sur des décennies
  • Promotion et conservation d’une diversité naturelle de plantes indigènes
  • Conservation et remise en état des régimes d’eau naturels et du niveau de la nappe phréatique
  • Conservation de sols minéraux et d’une végétation clairsemée p. ex. dans des pelouses maigres, prairies et pâturages secs, le long de lisières, dans les clairières et le long de cours d’eau.
  • Maîtrise des néophytes (p. ex. Impatiente glanduleuse Impatiens glandulifera) et des plantes fortement dominantes sur les surfaces ouvertes telles que les orties (Urtica sp.) ou les mégaphorbiaies

Liens

Forêt

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La forêt est l’habitat principal pour les macromycètes. Les peuplements de vieux arbres et les troncs morts sont essentiels.

Informations sur l’habitat forestier

Mise en place de réserves

La mise en place de réserves forestières est une mesure efficace pour la conservation d’espèces rares. Les forêts ayant une longue continuité, c’est-à-dire celles qui comprennent de vieux arbres, des sols de forêt non perturbés et une exploitation faible ou absente, hébergent souvent une diversité fongique hautement spécialisée. Il faut impérativement protéger ces forêts pour conserver le développement des processus naturels.

Pour la protection de populations d’espèces menacées, on peut mettre en place des réserves de champignons. Celles-ci peuvent comprendre des surfaces exemptes de tout entretien et permettant donc la protection des processus (protection absolue des processus d’évolution naturelle) et des sites avec un entretien extensif. Cet entretien doit se faire en fonction des besoins des champignons qu’on y trouve. Une interdiction de quitter les chemins, au moins pendant l’automne, ainsi qu’une interdiction de cueillette des corps de fructification favorisent la reproduction des champignons menacés et rares, en évitant le piétinement et en maintenant les corps de fructification.

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Augmentation de la quantité de bois mort

En ce qui concerne le bois mort, il faut tenir compte du fait que les stades de décomposition moyens et les bois tendres abritent la plus grande diversité en champignons. En outre, de nombreuses espèces rares et menacées vivent uniquement sur du bois mort grossier, ayant un diamètre d’au moins 12 cm. Le bois mort dans les couronnes des arbres devrait si possible y être laissé, les arbres morts être maintenus sur pied et les arbres morts renversés ne devraient pas être coupés en tronçons. Les valeurs minimales en bois mort n’ont pas encore été suffisamment étudiées. Pour les forêts exploitées, la valeur de 60 m3/ha indiquée par BirdLife Suisse semble être suffisante selon les connaissances actuelles. Pour les réserves forestières naturelles, Beatrice Senn-Irlet recommande jusqu’à 150 m3 de bois mort par hectare.

Liens

Informations générales

Le manuel comprend des recommandations pour l’entretien de nombreuses espèces vivant sur les arbres. Malheureusement, il n’y a pas de mesures concrètes pour la promotion des champignons.

Conservation de vieux arbres biotope et de surfaces de bois sénescent

Les vieux arbres qui sont déjà colonisés par des champignons rares doivent être conservés avec leur environnement racinaire. Dans les alentours de places de pique-nique et le long de chemins forestiers, il faut toutefois veiller à la sécurité. Les arbres biotope sont particulièrement importants dans les forêts et les boisements vieux de quelques siècles. Pour la promotion des champignons dans les forêts exploitées, le nombre recommandé d’arbres biotope se situe entre 5 et 10 par hectare. La densité des arbres biotope dépend de la distance entre les populations de champignons, les essences d’arbres et l’âge des arbres. Les arbres biotope adéquats sont typiques de la station, indigènes et âgés d’au moins 80 à 120 ans. Pour la protection des champignons du sol, il faut protéger des surfaces de bois sénescent de tailles allant de 1 à 20 ha.

Liens

Informations générales

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Creolophus cirrhatus, Flammulaster limulatus et Skeletocutis lilacina vivent surtout sur des troncs morts de gros diamètre et sont donc rares ou totalement absents des forêts exploitées.

Augmenter la lumière et la diversité des espèces dans les peuplements d’arbres et d’arbustes

La diversité des champignons mycorhiziens et des saprophytes dépend fortement de la diversité des arbres et arbustes indigènes. Les champignons peuvent également être favorisés par l’éclaircissement des peuplements denses. Les coupes d’éclaircie doivent se faire de façon à préserver le plus possible le sol et sur de petits surfaces pour ne pas endommager le mycélium résiduel. Il faut en outre épargner les arbres biotope et le bois mort.

Liens

Le long des cours d‘eau : favoriser et conserver les bois tendres

Les champignons forestiers colonisent de préférence les bois tendres tels que les aulnes (Alnus), saules (Salix) et les sorbiers (Sorbus). Pour promouvoir les champignons, il faut protéger et favoriser de façon ciblée les bois tendres dans les zones alluviales.

Informations de base

Agriculture

En milieu agricole, les champignons colonisent aussi bien les prairies maigres exploitées extensivement que les prairies grasses naturelles et les pâturages avec une faible densité de bétail. Les espèces rares habitent surtout les prairies et pâturages secs et les prairies de fauche sur sol acide. Selon les connaissances actuelles, il ne semble pas faire de différence pour les champignons du sol que la surface soit pâturée ou fauchée. Le type d’exploitation devrait si possible être maintenu pendant des décennies. Pendant la formation des corps de fructification en automne, les champignons des prairies ne devraient pas être dérangés, le pâturage ou la fauche devraient être adaptés en conséquence.

Senn-Irlet, B. & Scheidegger, C. (2006). Prairies et pâturage secs : Lichens et champignions
Winterhoff, W. (1996). Die Pilzflora der Magerrasen - Gefährdung und Schutz

Milieu urbain

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Dans le milieu urbain, tout comme en forêt, les vieux arbres sont des habitats importants pour les champignons.

De petites surfaces au sein de milieu urbain peuvent offrir un habitat à de nombreux champignons supérieurs si elles sont entretenues de façon extensive. Les vieux arbres et arbustes doivent être maintenus et il faut veiller à ne planter que des essences indigènes. De manière générale, il faudrait éviter de faucher en automne lorsque les champignons forment les corps de fructification. Plus les habitats à champignons sont maintenus pauvres en nutriments, plus ils sont importants pour les espèces rares. Il faut donc renoncer aux engrais, au paillage avec l’herbe coupée et aux copeaux de bois. Si on ne peut pas y renoncer, utiliser uniquement l’herbe ou le bois provenant de plantes indigènes.

  • Source pour toutes les mesures : Senn-Irlet, B. (2014). Pilze im Siedlungsgebiet. Bulletin Suisse de Mycologie BSM 3, p. 14–18.

Haies d‘arbres

Les champignons forestiers peuvent pousser dans les [Haies|haies d’arbres] si des conditions similaires à celles des forêts y règnent. Cela signifie que les haies doivent être composées d’arbres et arbustes indigènes et être entourées de larges ourlets herbeux..

Conseils d‘entretien :

  • Conserver les vieux troncs, respectivement sélectionner certains arbres qui ont le droit d‘atteindre un âge avancé
  • Laisser autour des arbres un ourlet qui correspond au moins à la taille de l’espace racinaire, c’est-à-dire le diamètre de la couronne ou la hauteur de l’arbre * 2,5
  • Renoncer aux engrais et aux pesticides

Parcs et jardins

Dans les parcs et les jardins des villes, on trouve souvent encore de vieux arbres ayant des troncs à gros diamètre, comme on ne les trouve plus que rarement dans les forêts. Si ces arbres croissent sur des sols maigres non fertilisés, ils vivent souvent en symbiose avec des champignons mycorhiziens rares. Plus les sols sont pauvres en nutriments, plus la diversité des champignons est grande. Dans la zone où tombent les gouttes des feuilles, la colonisation est la plus diversifiée.

Conseils d‘entretien :

  • Planter des arbres adaptés aux symbioses mycorhiziennes : bouleau (Betula), charme (Carpinus betulus), chêne (Quercus), épicéa (Picea), hêtre (Fagus), noisetier (Corylus), pin (Pinus) et tilleul (Tilia); les essences non adaptées sont : érable (Acer), marronnier (Aesculus hippocastanum), platane (Platanus) et robinier (Robinia pseudoacacia)
  • Maintenir le plus possible les vieux arbres, à partir de 60 ans, ils peuvent être intéressants pour les champignons rares
  • Faucher les surfaces vertes de façon extensive et enlever l’herbe fauchée
  • Ne pas mettre d’engrais sur le gazon et dans l’environnement des arbres, ne pas utiliser de pesticides

Allées d‘arbres

Les arbres isolés dans les allées n’ont souvent pas ou très peu de surface de sol nu autour de leur tronc et sont donc très peu colonisés par les champignons du sol. Les gaz d’échappement, les particules d’abrasion des pneus et le sel de déneigement font que les troncs sont souvent aussi pratiquement dépourvus de champignons. Les allées avec de vieux arbres peuvent être un habitat pour des champignons rares si :

  • Des chênes (Quercus), hêtres (Fagus) ou tilleuls (Tilia) ont été plantés
  • Il existe une bordure d’environ 2-5 mètres non fertilisée, fauchée régulièrement et d’où on enlève l’herbe fauchée. En outre, on évite l’apport de nutriments par les crottes de chiens.
  • L’apport en sel est faible en hiver
  • Il existe des surfaces de sol nu autour des arbres et qu’elles ne sont pas plantées

Murs recouverts de mousses

Sur les murs ombragés en pierres naturelles, poussent souvent de grands tapis de mousses qui forment un habitat pour des champignons vivant dans les mousses. Il faut de nombreuses années pour constituer une couche continue de mousses et pour la colonisation par les champignons. Les murs devraient donc être maintenus pendant longtemps et ne pas être entretenus. Si un entretien ou une réparation deviennent nécessaires :

  • Enlever les tapis de mousses que par endroits
  • Réparer les interstices avec du mortier de chaux et non pas avec du mortier synthétique

Sites industriels et milieux rudéraux

Les sites industriels et les milieux rudéraux avec un sol sablonneux ou graveleux (aussi places de parc) ou un gazon maigre sont des surfaces adaptées aux champignons. Même quand elles sont de petite taille, ces surfaces ont de la valeur et devraient être entretenues de façon extensive.

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De gauche à droite : Le Bolet chauve (Boletus depilatus) croît surtout sous les charmes. Omphalina subglobispora vit sur les mousses et notamment aussi sur les murs recouverts de mousse. Le Tulostome des brumes (Tulostoma brumale) montre une préférence pour les sols maigres, sablonneux, secs et chauds. Il peut trouver des sites de remplacement adaptés dans les villes.

Marais

Lors de mesures d’entretien dans les marais, les champignons sont souvent oubliés. Pour la protection des champignons mycorhiziens et des saprophytes, il est important de laisser sur pied les forêts marécageuses ou les forêts de pins au bord des hauts-marais. Dans ces derniers, il s’agit de conserver une partie du vieux bois et du bois mort, afin qu’il puisse être colonisé par les champignons rares. Dans les bas-marais, les arbres sénescents doivent être conservés et la quantité de bois mort augmenté. Souvent, les surfaces (de marais) restantes sont trop petites pour la conservation des populations de champignons encore existantes ou pour permettre une recolonisation. Il est d’autant plus important de conserver l’habitat des populations existantes avec les mesures citées ci-dessus.

A l’étage alpin

Pour les champignons menacés de l’étage alpin, la conservation des surfaces ouvertes à caractère pionnier (p. ex. avec espèces de saules nains), des grandes marges proglaciaires et des régions morainiques naturelles est primordiale. Le piétinement de ces sites devrait être évité.

Protection des espèces

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Le Plutée orangé (Pluteus aurantiorugosus) fait partie des espèces de champignons pour lesquelles il faut impérativement prendre des mesures.

De nombreuses espèces de champignons supérieurs nécessitent des mesures pour leur protection. Les informations actuelles sur la répartition et le statut de protection des espèces suisses de macromycètes sont publiées sur le site internet Swissfungi et sont à disposition du public. La banque de données du projet «Virtual Data Center» VDC est remplie depuis 2014 avec les observations de tous les groupes d’organismes afin d’en tenir compte lors des projets ayant un impact sur la protection de la nature. La banque de données doit en particulier couvrir les besoin des services cantonaux. Ces données ne sont pas à disposition du public.

Pour la mise en oeuvre de mesures de protection concrètes, nous conseillons la liste des priorités suivante :

  1. 35 espèces ayant un urgent besoin de mesures sont prioritaires pour la conservation. Il existe déjà des fiches de protection des espèces pour 12 d’entre elles, d’autres fiches sont planifiées.
  2. 300 autres espèces viennent en deuxième priorité. Selon la Liste des espèces prioritaires au niveau national (2011), elles ont le degré de priorité 1 et 2.
  3. De manière générale, 900 espèces de champignons supérieurs nécessitent des mesures. Ces espèces figurent dans la Liste rouge des champignons supérieurs de Suisse (2007).

Menaces

Les champignons supérieurs sont surtout menacés en raison de la perte de leurs habitats et de la modification de l’exploitation des forêts et des zones agricoles. Selon la Liste rouge suisse (2007), les marais abritent la plus grande proportion d’espèces de champignons menacées (30%), suivis des forêts (26%) et des prairies et pâturages maigres (20%).

Les principales causes du déclin des champignons supérieurs sont :

  • Diminution et fragmentation de l‘habitat
  • Extension des zones d’habitation et imperméabilisation du sol
  • Plantation de monocultures d’arbres, en particulier de conifères, au lieu de forêts mixtes
  • Diminution du bois mort (grossier) dans les forêts exploitées, surtout sur le Plateau suisse
  • Diminution des peuplements de vieux arbres et des veilles forêts
  • Diminution des prairies et pâturages exploités extensivement
  • Diminution des zones humides et drainage toujours plus complet du sol
  • Apport croissant d’azote dans le sol
  • Réchauffement climatique
  • Pollution de l‘air

La menace pour les champignons supérieurs indigènes découlant d’espèces introduites, par exemple en raison de la concurrence de ces dernières, n’a pratiquement pas été étudiée jusqu’à présent. Des études actuelles montrent que la plupart des néomycètes sont des parasites souvent dépendants de plantes non indigènes. Les néomycètes arrivent chez nous principalement par le commerce global de plantes et de matériel organique. Les milieus urbain sont réputées pour être les centres de répartition des néomycètes, car elles abritent de nombreuses plantes exotiques. Vous trouverez plus d’informations sur les néomycètes en Suisse dans WSL Bericht 50 (2016). Neomyceten in der Schweiz

Ce qu’on ignore encore

  • Améliorer les connaissances sur la promotion des espèces, particulièrement des espèces rares
  • Améliorer les connaissances sur la présence et la répartition des espèces encore peu étudiées
  • Est-il possible de vacciner les arbres avec des saprophytes pour créer de nouvelles populations ?
  • Quantité suffisante de bois mort
  • Influence des néomycètes sur les champignons indigènes
  • Elaboration de nouvelles fiches de protection des espèces

Exemples pratiques

Nous ne connaissons pratiquement pas d’exemples de projets de protection de la nature visant la conservation ciblée des champignons. Nous nous réjouissons donc de vos retours et propositions par courriel.

Liens généraux

Littérature recommandée

Littérature concernant la pratique

Nous n’avons connaissance que de trois livres sur la protection des champignons. Si vous connaissez un autre livre lié à la mise en œuvre, nous vous prions de nous envoyer votre proposition par courriel.

  • Lüderitz, M. & Gminder, A. (2014). Verantwortungsarten bei Großpilzen in Deutschland. Zeitschrift für Mykologie, Beiheft 13.
L’édition spéciale de ce magazine allemand contient les fiches de 19 espèces rares de macromycètes pour la conservation desquels l’Allemagne a une grande ou une très grande responsabilité. Les fiches comprennent des données sur la répartition, sur les facteurs de menace et le statut de protection, ainsi qu’une description détaillée de l’habitat. La publication peut être commandée auprès de la Deutsche Gesellschaft für Mykologie e.V..
  • Moore, D., Nauta, M. M., Evans, S. E. & Rotheroe, M. (2001). Fungal conservation – issues and solutions. Cambridge University Press. Recording and Conservation.
Une documentation détaillée sur 19 espèces à responsabilité qui montre comment pourraient être mis en place des programmes de conservation. Pour chaque espèce, le livre discute les facteurs de menace et les responsabilités. Les mesures d’exploitation possibles et les autres types de mesures sont listés, p. ex. la protection du site ou des programmes de conservation spécifiques, le tout accompagné de mesures d’entretien et l’indication du besoin en études ou en suivis. Les mesures de protection comprennent toujours des indications sur la façon de protéger l’habitat.
  • Keizer, P. J. (2003). Paddenstoelvriendelijk natuurbeheer. Utrecht, KNNV Uitgeverij.
Un livre hollandais avec des conseils généraux sur une protection de l’environnement favorable aux champignons.

Livres de détermination

A venir.

Auteurs

Texte Association biodivers info@biodivers.ch
Interview PD Dr. Beatrice Senn-Irlet Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL
Review Dr. Andrin Gross Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL
Peter Karasch Deutsche Gesellschaft für Mykologie
Helen Küchler Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL
Dr. Nicolas Küffer Botanischer Garten Bern