Petits plans d’eau/Entretien

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Les petits plans d’eau s’atterrissent progressivement et ont donc besoin de mesures d’entretien définies en fonction des objectifs. Il est recommandé de prendre en compte le schéma d’évaluation.

Introduction

Les petits plans d’eau s’atterrissent et les nutriments s’accumulent (voir « Processus naturels »). Ce processus transforme les habitats et les biocénoses animales et végétales, et modifie par conséquent la répartition et la fréquence des habitats cibles et des espèces cibles que l’on cherche à favoriser.

On connaît relativement peu de choses sur les biocénoses des petits plans d’eau – et généralement rien sur la présence des groupes rarement étudiés tels que les coléoptères aquatiques, les éphémères, les trichoptères ou les escargots. Il est donc recommandé de bien réfléchir à l’entretien adéquat, d’en prendre en compte les principes et de l’adapter aux objectifs. Un plan de gestion doit être établi, au moins pour les plans d’eau d’une certaine taille et pour les groupes de plans d’eau.

Ce chapitre aborde les différents aspects et mesures d’entretien. L’exemple pratique présentant l’entretien par rotation (en cours d’élaboration) montre comment on conserve et on favorise la flore et la faune typiques d’un complexe de plans d’eau de petites fosses de tourbage. Les responsabilités concernant l’entretien doivent être définies.

Principes

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L’entretien doit être effectué en automne, idéalement entre fin septembre et fin octobre, quand les animaux sont encore actifs.
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Les interventions doivent être réparties sur plusieurs années. Les exceptions ne sont envisageables que pour les groupes de plusieurs petits plans d’eau, lesquels doivent à l’occasion être soumis à un entretien simultané. La moitié antérieure de l’étang illustré ici a été soumise à un entretien.
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Entretenir le bord du plan d’eau et les milieux terrestres à la faux ou avec une faucheuse à barre de coupe.

L’entretien doit être orienté sur les objectifs. Dans l’idéal, on fait précéder l’intervention d’un recensement des populations. Comme les contraintes financières ou temporelles l’empêchent souvent, et que les connaissances sur les espèces présentes se limitent en général à quelques groupes), le respect de principes d’entretien définis au préalable est important.

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L’entretien doit être défini en fonction des habitats cibles et des espèces cibles. Le Triton crêté (Triturus cristatus), par exemple, a besoin d’une surface d’eau libre d’environ 25%. Les libellules – ici un Sympétrum fascié (Sympetrum striolatum) – sont aussi inféodées à l’eau libre. Pour favoriser les plantes aquatiques rares d’un plan d’eau, il faut éventuellement en éliminer les plantes concurrentes. La concurrence peut en effet conduire à l’éviction du Nénuphar nain (Nuphar pumilo) par le Nénuphar jaune (Nuphar lutea) ou le Nénuphar blanc (Nymphaea alba), ou à la formation d’hybrides.

Concevoir l’entretien selon l’évolution des plans d’eau. L’eutrophisation et l’atterrissement influencent largement le coût et la fréquence de l’entretien. N’entretenir les plans d’eau oligotrophes qu’avec retenue, voire pas du tout.
Plusieurs petites interventions sont préférables à un petit nombre d’interventions conséquentes, et il faut privilégier l’entretien manuel.

Echelonner l’entretien : entretenir les étangs d’un même groupe de plans d’eau par rotation, ceci afin qu’une mosaïque apparaisse grâce aux différents stades de succession. Dans le cas d’un plan d’eau unique, n’en traiter qu’une partie, vu qu’on ne peut éviter de causer des dommages aux plantes et aux animaux. La flore et la faune peuvent recoloniser les surfaces entretenues à partir des surfaces non touchées. Remarque : on peut au besoin entretenir de manière différenciée chaque plan d’eau d’un ensemble. Les mesures pour chacun doivent cependant être appliquées de façon constante (cf ci-dessous).
Entretenir autant que nécessaire mais aussi peu que possible. Laisser sa place au « désordre ».
Entretenir les alentours des étangs et les habitats terrestres avec ménagement. Voir ci-dessous pour la fauche des berges.
Travailler prudemment dans la zone où le niveau varie et faire attention aux microstructures.
Constance dans la gestion : les espèces sont adaptées à des conditions particulières. Certaines préfèrent les plans d’eau permanents, d’autres des gouilles avec le moins de végétation possible, d’autres encore des plans d’eau plutôt froids. Le caractère d’un plan d’eau est souvent influencé voire déterminé par l’entretien et la gestion.
Les auteurs de « The Pond Book » ont élaboré un schéma d’évaluation pour l’entretien, qui aborde la situation d’un plan d’eau et montre une voie pragmatique entre ne rien faire et une action raisonnée. Nous l’avons traduit et y avons apporté des changements minimes, afin qu’il corresponde à la situation en Suisse. Comme les données biologiques concernant les petits plans d’eau sont plutôt rares chez nous, nous recommandons de suivre ce schéma pour une évaluation de l’entretien. La meilleure période pour entretenir les étangs est l’automne. C’est l’époque de l’année où les plans d’eau abritent le moins d’animaux. En outre, les températures automnales sont encore assez élevées pour que les animaux qui restent soient encore actifs et puissent s’enfuir. En fonction des conditions météorologiques, la période entre fin septembre et fin octobre est idéale.
Certains travaux d’entretien doivent être entrepris chaque année, pour d’autres, l’intervalle peut être plus long (quelques années voire décennies). Il faut évaluer au cas par cas ce qui est nécessaire et quand, selon les objectifs et l’état du plan d’eau. En général, les mesures concernant le bord du plan d’eau et les environs (fauche, pâture) sont à mettre en œuvre chaque année, celles concernant la taille des ligneux toutes les quelques années.

Indications générales

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Plan d’eau récemment aménagé, ne nécessitant que peu d’entretien les premières années. Il est important de gérer dès le début les espèces indésirables telles que les néophytes ou les espèces à croissance rapide.
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Les petits plans d’eau connaissent souvent une croissance rapide de la végétation et nécessitent par conséquent un entretien plus fréquent. On peut aussi, à la place, créer un nouveau plan d’eau à proximité.
  • Il faut réfléchir à l’entretien déjà lors de la planification et lors de la réalisation du plan d’eau .
  • Plus le plan d’eau est petit, plus la fréquence d’entretien doit être élevée. Dans les étangs de jardin à faible volume d’eau, l’élimination régulière des plantes subaquatiques mortes et des feuilles mortes tombées au fond prévient le manque d’oxygène durant les mois d’hiver et freine l’eutrophisation.
  • Généralement l’entretien n’est nécessaire que toutes les quelques années.
  • Durant les premières années après la réalisation du plan d’eau, l’entretien n’est en général pas nécessaire. Il faut par contre contrôler chaque année la présence de néophytes. La situation est différente pour les plans d’eau pionniers, dans lesquels on veut éviter la venue de la végétation. Il vaut dans ce cas la peine d’entreprendre un entretien régulier, p. ex. en arrachant les pousses de saules, le Roseau commun (Phragmites australis) et la Massette à larges feuilles (Typha latifolia), ce dès la première année. Il faut ensuite poursuivre l’opération chaque année.
  • Dans leurs premières années, les petits plans d’eau sont souvent en déséquilibre, avec des populations importantes de certaines plantes aquatiques, p. ex. la Petite lentille d’eau (Lemna minor). L’équilibre s’installe après un certain temps, il faut donc faire preuve de patience. Il faut par contre agir rapidement en cas d’apparition d’espèces indésirables (voir Gestion des néophytes et des espèces invasives.
  • Déterminer avant l’entretien si le plan d’eau est ou non étanche, l’étanchéité pouvant être endommagée lors des travaux
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La série de photos montre l’évolution d’un plan d’eau créé en 2010.

Entretien du plan d’eau et de ses berges

Végétation / Entretien des plantes

Les plantes aquatiques abritent la plupart des animaux des milieux aquatiques. De façon très générale, on considère que plus le degré de couverture végétale est élevé et plus il y a de types de végétation, plus la diversité spécifique est grande. Si on souhaite cependant favoriser les espèces pionnières, il est indiqué d’avoir une couverture végétale plus éparse. Dans un plan d’eau, on n’entretiendra que partiellement les différents types de végétation. Ne jamais traiter un type dans sa totalité. Lorsqu’on a beaucoup de plantes à feuilles flottantes, n’en enlever qu’une partie. Sur un ensemble de plans d’eau, viser la diversité des types de végétation (si possible également sur un même plan d’eau), voir à ce sujet l’exemple pratique de l’entretien par rotation (en cours d'élaboration!.

Entretien manuel

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Entretien respectueux grâce au travail manuel

Selon les situations, les outils tels que râteau, fourche, etc. conviennent bien. Certaines plantes peuvent être arrachées à la main, p. ex. la Massette à larges feuilles (Typha latifolia') (voir Gestion des néophytes et des espèces invasives).

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Nous considérons que l’emploi de machines portatives fait partie de l’entretien manuel. Les roseaux peuvent par exemple être taillés sous l’eau à la débroussailleuse équipée d’un taille-haie.

Dépôt temporaire de matériel végétal

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Le matériel végétal doit être laissé quelques jours à proximité des berges pour permettre aux animaux de retourner à l’eau.

Remarque : les auteurs de « The Pond Book » trouvent louable de laisser le matériel végétal sur la berge pour permettre aux animaux de s’en extraire, mais pensent que ce ne sont que les plus robustes qui en profitent, et que les animaux plus lents ou plus sensibles par contre, tels que les escargots, les éphémères et les demoiselles, ne survivent pas. Ils proposent dès lors de rincer les plantes dans l’eau. Ils insistent surtout sur le fait que l’élimination des plantes supprime l’habitat de ces animaux. Faites-nous part de votre expérience personnelle concernant les dépôts transitoires de matériel végétal : info@biodivers.ch.

Fauche

Ne faucher les berges qu’à partir du 1er septembre. Laisser une partie en friche. Selon le niveau d’eau et les besoins, on peut aussi faucher la végétation de la zone dans laquelle le niveau varie. La fauche doit en tous les cas se faire à la faucheuse à barre de coupe ou à la faux, et pas trop bas, les pertes animales dans ce cas étant bien plus faibles qu’avec une faucheuse rotative ou à fléaux. Il est bénéfique de ne pas faucher les alentours du plan d’eau (habitat terrestre des animaux) pendant la phase où les jeunes amphibiens gagnent la terre ferme (métamorphose). Cela vaut aussi pour les alentours des étangs de jardin situés en zone urbaine. On doit renoncer à tondre l’herbe durant cette période. Sur le Plateau, la métamorphose a lieu dès mi-mai chez la Grenouille rousse (Rana temporaria) et le Crapaud commun (Bufo bufo), dès juin-juillet chez les espèces qui pondent plus tard.

Pâture

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Pâture des surfaces marécageuses et des plans d’eau au marais de Neerach.

Le sujet de la pâture sera approfondi ultérieurement sur ce site, car elle revêt une importance pour différents habitats, et en particulier pour les milieux prairiaux. Nous traitons donc le sujet de façon plutôt sommaire pour l’instant. Les projets faisant intervenir la pâture demandent de faire appel à des spécialistes expérimentés.

Les deux ouvrages les plus complets sur les petits plans d’eau (« The Pond Book » et « Mares et étangs ») donnent les indications suivantes :

  • Les bovins et les chevaux sont adaptés, les moutons ne conviennent pas à cause de leur façon de saisir leur nourriture et parce qu’ils ne vont pas dans l’eau (risque d’atterrissement).
  • La gestion de la pâture est importante :
    • Durée et moment
    • Régler l’accès
    • Clôturer et entretenir la clôture, év. exclure une partie du plan d’eau
    • Faire attention à la santé des animaux : protection, mise à disposition d’abris, mise à disposition d’abreuvoirs, suivi
    • Charge en bétail très faible (selon les auteurs de « Mares et étangs » inférieure à 0.3-0.5 UGBF1/ha/an)
  • Avantages :
    • Les animaux créent une mosaïque de micro-habitats
    • Pas d’émissions polluantes par les machines de coupe
  • Risques de la pâture :
    • Eau devenant turbide
    • Enrichissement en nutriments par le fumier (ammoniac, év. autres substances)
    • Trop de végétation émergée broutée
  • Divers :
    • Appliquer un entretien sous forme de pâture permet la création d’un modèle à petite échelle de plans d’eau de différentes taille et profondeur lors de la planification. La pâture conserve ce modèle, tandis qu’avec d’autres formes d’entretien ou en son absence, la végétation envahit rapidement les eaux peu profondes.
    • Proposition : alterner la fauche et la pâture (ou la fauche, la pâture et la jachère).

1 Unités de gros bétail-fumure

Ligneux

Les ligneux structurent le milieu et de nombreuses espèces profitent d’un certain pourcentage de bois. Certains ligneux sont un habitat important. Le Leste vert (Chalcolestes viridis), par exemple, pond ses œufs dans les rameaux de saule. Les souches offrent un abri et un lieu pour passer l’hiver.
Directives pour l’entretien des ligneux :

  • En principe, l’entretien des ligneux doit se faire par petites étapes réparties sur plusieurs années. On doit s’abstenir de grosses interventions.
  • Lorsque la densité de ligneux est faible dans l’habitat terrestre, ne pas le réduire (cf. pourcentage optimal de forêt de l’article « Ligneux » (en cours d’élaboration)).
  • Faire preuve de retenue pour l’entretien des peuplements de ligneux âgés (> 50 ans). Les dénombrer auparavant. Une attitude un peu moins prudente est autorisée pour les peuplements plus jeunes (< 20 ans).
  • Favoriser notamment les saules (Salix sp.) et év. les aulnes (Alnus sp.) lors de l’entretien (plantes hydro- et hygrophiles). Tenir compte du fait que les aulnes colonisent aussi volontiers les prairies marécageuses et peuvent y devenir envahissants.
  • Laisser les souches arrachées sur place pour l’hiver, les animaux peuvent s’y abriter (Triton crêté notamment). Effectuer ces travaux en automne (voir Principes).


L’article sur les haies donne aussi de nombreuses indications sur l’entretien des ligneux. La principale différence réside dans le fait que des arbustes et arbres aimant les conditions humides et mouillées sont à favoriser.

Dragage

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Echelonner les travaux est particulièrement important lorsqu’on utilise une pelle mécanique pour l’entretien d’un plan d’eau.

Dans un plan d’eau, le dragage est une intervention forte, mais qui peut être indispensable selon la situation des espèces et habitats cibles. Il est important d’échelonner le processus (voir Principes), et nécessaire de procéder à un recensement des populations auparavant. Si des éléments nutritifs s’écoulent dans le plan d’eau, on ne devrait draguer que si on élimine en même temps la source de ces éléments nutritifs.
Il faut prêter attention aux points suivants lors du dragage :

  • Si le plan d’eau est imperméable, les possibilités de dragage sont restreintes (possible si le substrat est épais, problématique s’il est mince)
  • La mesure est-elle indispensable ou peut-on choisir des solutions manuelles ?
  • Faire attention à la diversité structurelle et à la morphologie du plan d’eau et les améliorer en fonction des possibilités (voir Morphologie).
  • Avant d’utiliser une pelleteuse, il faut définir les voies d’accès pour la machine, son type et sa taille (un engin à chenilles est-il envisageable ? Envergure ? Charge au sol ?), le dépôt de matière et son élimination
  • Définir les surfaces à travailler et les profondeurs
  • La qualité du suivi de chantier et l’expérience des conducteurs de pelleteuses revêtent une grande importance.
  • Est-il urgent d’intervenir ? Est-ce qu’on a le temps et vaut-il éventuellement la peine d’attendre un automne sec avec un bas niveau d’eau (dans le cas d’un plan d’eau dont le niveau ne peut pas être régulé) ? Travailler les plans d’eau qu’on peut vidanger une fois à sec.
  • Ne pas transformer les plans d’eau temporaires en plans d’eau permanents, p. ex. les étangs se situant dans la fourchette de variations de niveau de la nappe (voir Principes).


Entretien des environs du plan d’eau (habitat terrestre)

Pour entretenir l’habitat terrestre, il faut un plan d’entretien. Les exigences des espèces des plans d’eau fréquentant l’habitat terrestre doivent être prises en considération, p. ex. l’ensoleillement ou la part de ligneux (la rainette, par exemple, a besoin de buissons ensoleillés, en-dehors de la période de reproduction). Vous en apprendrez plus sur les exigences des libellules quant à leur habitat terrestre dans l’article correspondant. La présence de cachettes et d’abris dans les microstructures, une exploitation sur de petites surfaces et échelonnée, ainsi que les principes décrits plus haut sont importants.

Mise à sec régulière

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L’étang de Haslach, en Haute Souabe (Bade-Wurtemberg), mis à sec en été, montre une végétation de fond très dense.

Les différents types hydrologiques de plans d’eau sont abordés dans le chapitre « Notions d’écologie utiles pour la pratique »). L’assèchement des petits plans d’eau qui se produit régulièrement dans la nature peut être imité avec des plans d’eau dont on peut réguler le niveau. Pour ceux-ci, on détermine la durée des phases en eau et des phases à sec en fonction des exigences des espèces et des habitats cibles. La mise à sec régulière des plans d’eau qui visent à abriter des espèces pionnières est indispensable pour réduire la présence des concurrents et des prédateurs. L’une des applications de ce système est le régime traditionnel qui a présidé pendant des siècles à la gestion des étangs de pêche. Les modifications apportées au régime hydrologique des plans d’eau doivent se faire avec prudence et en fonction des objectifs (voir Principes).

Mises à sec hivernales et estivales des plans d’eau

La mise à sec « hivernale » d’un plan d’eau consiste à le laisser à sec entre octobre-novembre et février-mars ; la mise à sec « estivale » à le laisser à sec au maximum 18 mois, d’octobre-novembre à février-mars deux années après. La « mise à sec hivernale » est généralement pratiquée avec une période de quelques années, tandis que les « mises à sec estivales » interviennent à plus de 10 ans d’intervalle. La première est utilisée en premier lieu pour éliminer les poissons, la seconde pour réduire la couverture végétale et l’atterrissement (on enlève souvent une partie des sédiments).

De nombreux plans d’eau à niveau réglable sont régulièrement mis à sec pendant l’hiver, en particulier les plans d’eau dévolus à la pisciculture. Les plantes et animaux adaptés à ce phénomène profitent de cette mesure (remarque : à l’état naturel, de nombreux plans d’eau sont temporaires et asséchés surtout en été et en automne. L’assèchement pendant l’hiver détruit les feuilles et les boutons des plantes, mais pas leurs racines. La constance dans l’entretien est importante, c’est-à-dire que soient mis à sec toujours les mêmes plans d’eau (voir Principes).

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Un étang partiellement vidé dans la Dombes, en France. La mise à sec détruit complètement les plantes présentes, mais des plantes annuelles rares peuvent s’établir sur les sédiments mis à nu. Grâce à l’immense réseau de plans d’eau, ce type d’entretien n’a pas d’impact biologique négatif – au contraire : il s’agit là d’un paysage de grande valeur écologique et à grande diversité biologique.

La mise à sec comporte plusieurs avantages :

  • Les poissons sont éliminés
  • L’éventuel atterrissement est contré
  • Il est plus facile de curer un plan d’eau à sec que d’en draguer un en eau
  • Pas de décomposition anaérobie, mais minéralisation des sédiments
  • Les plantes aquatiques invasives ne peuvent pas prendre le dessus, ou peuvent être facilement éliminées.
  • Le contrôle des ouvrages est facilité (digues, berges, etc.).

Lors du processus de vidange, il faut veiller à ce que les plans d’eau situés en aval ne soient pas pollués par des boues putréfiées, notamment.

Les erreurs d’entretien

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Les plans d’eau temporaires sont rares. Il faut éviter de les transformer en plans d’eau permanents, car cela modifie en profondeur leur biocénose. Illustré ici, un milieu qui n’est en eau qu’après des précipitations, et dans ce cas le plus souvent modérément.

Un entretien inadapté ou manquant réduit la valeur biologique d’un plan d’eau. ▪ L’entretien ne doit en aucun cas être effectué entre la fin de l’hiver et la fin de l’été : les amphibiens migrent tôt vers leurs sites de ponte au printemps, en février déjà selon les conditions météorologiques (cf. aussi chapitre « Bases »).

  • Un entretien au milieu de l’hiver élimine les animaux qui passent l’hiver dans le plan d’eau. Un exemple en est le Triton crêté (Triturus cristatus) qui passe l’hiver à proximité des berges.
  • Entretenir toute la surface du plan d’eau voire plusieurs plans d’eau en même temps et sur toute leur surface. On peut provoquer la disparition des espèces en draguant complètement ou en fauchant le fonds dans sa totalité. Il en est de même si on élimine complètement un ourlet de ligneux autour d’un plan d’eau.
  • Notre paysage manque de plans d’eau temporaires, qui abritent des plantes et des animaux rares. On ne doit pas les transformer en plans d’eau permanents, en les sur-creusant par exemple.
  • Absence d’entretien : l’atterrissement, l’embuissonnement et les plantes à croissance rapide (en particulier néophytes) peuvent réduire la biodiversité en peu de temps (cf. « Autres solutions »).
  • Banaliser ou uniformiser la morphologie, en rectifiant les berges sinueuses, en supprimant les rives ou en sur-creusant les secteurs d’eaux peu profondes, par exemple.
  • Toutes les sortes de construction, comme le bétonnage des berges notamment.

Autres solutions à l’entretien

Les auteurs de « The Pond Book » affirment sans ambiguïté : « L’aménagement de nouveaux plans d’eau est la meilleure méthode d’entretien des plans d’eau. »
Cette option est digne d’intérêt pour plusieurs raisons :

  • Il y avait autrefois un bien plus grand nombre de plans d’eau ; dans nos paysages exploités, leur apparition naturelle n’est aujourd’hui presque plus possible.
  • Les plans d’eau fortement atterris peuvent aussi receler une grande biodiversité et détenir une grande valeur écologique.
  • Les travaux d’entretien sont souvent menés sans connaissances suffisantes sur les populations présentes.
  • Les groupes et réseaux de plans d’eau revêtent une grande importance pour la protection de la nature.

Ce sont au final la qualité des connaissances sur le plan d’eau et les objectifs poursuivis qui sont cruciaux pour prendre une décision. Dans un groupe de plans d’eau, l’idéal est d’avoir tous les stades d’atterrissement qui se côtoient et de pouvoir ainsi garantir une biodiversité la plus grande possible (voir Notions d’écologie utiles pour la pratique). Les auteurs de « Landschaftspflegekonzept Bayern, Lebensraumtyp Stehende Kleingewässer » sont de l’avis que les petits plans d’eau naturels ne doivent pas être dragués, tandis que cette intervention se justifierait pour les petits plans d’eau anthropogènes. Ils excluent aussi de ces mesures les zones d’atterrissement par les sphaignes. En retenant l’essentiel de l’affirmation du « Pond Book », on peut appliquer le principe de « Faire l’un (entretien) sans négliger l’autre (créer de nouveaux plans d’eau) », et ainsi conserver et promouvoir la biodiversité.

Poissons

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Les poissons posent fréquemment problème dans les petits plans d’eau, notamment en consommant les œufs et larves, les plantes, et en remuant les sédiments.

Problèmes posés par les poissons

A l’état naturel, les petits plans d’eau ne comportent pas de poissons. Mais aujourd’hui nombre de plans d’eau, y compris les petits, sont peuplés de poissons, souvent non indigènes, tels que le Poisson rouge (Carassius auratus). Un grand nombre d’espèces piscicoles, y compris des cours d’eau, peuvent se reproduire dans les plans d’eau.

Les poissons sont la cause de différents problèmes : beaucoup d’espèces animales ne sont pas adaptées à la coexistence avec les poissons. Parmi elles, de nombreuses espèces qui sont présentes naturellement dans les petits plans d’eau exempts de poissons. La présence de ces derniers est pour elles un désavantage fondamental (cf. p. ex. coexistence des libellules avec les poissons. Parmi les amphibiens, il n’y a que les œufs et les têtards du Crapaud commun (Bufo bufo) qui ne sont pas consommables par la plupart des poissons. La prédation peut donc avoir un fort impact négatif sur les populations d’amphibiens. Le site internet du karch donne de plus amples informations sur le thème des amphibiens et des poissons. Il en est de même pour les macro-invertébrés. En fonction de la richesse structurale du plan d’eau et de la population de poissons, une coexistence limitée avec ces derniers est toutefois possible.

En conséquence logique des problèmes que peuvent poser les poissons :

  • Les nouveaux plans d’eau doivent toujours être exempts de poissons ;
  • Ne jamais introduire de poissons dans les petits plans d’eau !

Retirer les populations de poissons indésirables

Les populations de poissons non naturelles dans les plans d’eau existants devraient si possible être éliminées. La situation est spéciale dans les secteurs traditionnels de pisciculture et dans les projets combinant pêche et protection de la nature.
Se débarrasser des poissons indésirables n’est possible que si on peut mettre à sec ou complètement pomper le plan d’eau et le laisser s’assécher un certain temps (il faut capture les poissons). Sinon, la population de poissons peut être régulée, par exemple par des captures, mais pas éliminée. Des exemples à ce propos seront apportés ultérieurement. Ce type d’actions doit être organisé en collaboration avec les autorités compétentes (garde-pêche).
Une végétation subaquatique dense, des secteurs étendus d’eau peu profonde, et des hauts-fonds isolés offrent aux petits animaux des zones de repli et des abris face aux prédateurs comme les poissons. Ce genre de mesures d’aménagement ou la mise à disposition d’un nouveau plan d’eau offrent donc d’autres options que la capture des poissons.
Nous vous serions reconnaissants de nous faire part de votre propre expérience avec les poissons, afin que nous puissions la présenter ici (info@biodivers.ch).

Selon la loi fédérale sur la pêche, seules les espèces de poissons indigènes et adaptées à la station peuvent être lâchées. Pour de plus amples informations, voir l’article sur les poissons.

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La Carpe des roseaux (Ctenopharyngodon idella) est parfois introduite pour contrôler la croissance des plantes. C’est dommageable pour l’écosystème parce que les plantes sont un habitat essentiel de la petite faune des plans d’eau.
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Dans les 15 dernières années, cet étang a été mis à sec à deux reprises pendant plusieurs mois en automne-hiver afin de capturer les poissons rouges qui prenaient le dessus et s’en débarrasser. Cet étang dispose d’une vanne de fond, sans laquelle cette action n’aurait pas pu être entreprise. La mise à sec a eu lieu pendant la période de protection des poissons et une phase de fortes précipitations afin de ne pas porter atteinte au ruisseau en aval avec des sédiments fins (risque de colmatage). De telles actions sont coûteuses et ne peuvent pas être réalisées en cas de présence d’espèces rares sensibles à un assèchement

Gestion des néophytes et des espèces invasives

Il existe de nombreux animaux et plantes qui peuvent poser problème, soit qu’ils sont invasifs, soit des indigènes qui évincent les autres par leur dominance.

Néophytes

Il est difficile de lutter contre les néophytes invasives et presque impossible de les exterminer localement. Il faut surtout les empêcher de se répandre davantage. Le site internet de Info Flora dresse la liste des néophytes invasives et on y trouve des fiches pratiques à télécharger. Parmi les espèces de cette liste, celles qui sont présentées dans le tableau ci-dessous peuvent coloniser les plans d’eau (habitats « Plans d’eau » et « Végétation des rives et zones humides » ; BL = Blacklist, WL = Watchlist).

Art (lateinisch) Art (deutsch)
Buddleja davidii Franch. Buddléia BL
Cabomba caroliniana Gray Cabomba BL
Crassula helmsii (Kirk) Cockayne Crassule de Helm BL
Echinocystis lobata (Michx.) Torr. & A. Gray Concombre sauvage BL
Elodea canadensis Michx. Elodée du Cananda BL
Elodea nuttallii (Planch.) H.St.John Elodée de Nuttall BL
Heracleum mantegazzianum Sommier & Levier Berce du Caucase BL
Hydrocotyle ranunculoides L.f. Hydrocotyle fausse-renoncule BL
Ludwigia grandiflora (Michx.) Greuter & Burdet Jussie à grandes fleurs BL
Ludwigia peploides (Kunth) P.H.Raven Jussie rampante BL
Myriophyllum aquaticum (Velloso) Verdc. Myriophylle aquatique BL
Reynoutria japonica Houtt. Renouée du Japon BL
Reynoutria sachalinensis (F. Schmidt) Nakai Renouée de Sakhaline BL
Reynoutria x bohemica Renouée hybride BL
Solidago canadensis L. Solidage du Canada BL
Solidago gigantea Aiton Solidage géant BL
Solidago nemoralis Aiton Solidago nemoralis BL
Impatiens balfourii Hook.f. Impatiente de Balfour WL
Lysichiton americanus Hulten & H.St.John Faux arum jaune WL
Sagittaria latifolia Willd. Sagittaire à large feuilles WL

Plantes indigènes dominantes

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Un étang fortement colonisé par le Roseau commun (Phragmites australis).

Certaines plantes indigènes peuvent aussi poser problème si elles prennent le dessus. Parmi elles, le Roseau commun (Phragmites australis), la Massette à larges feuilles (Typha latifolia), les algues filamenteuses (Zygnema sp.) et les lentilles d’eau (Lemna minor). Pour chacune, nous présentons les mesures de lutte quand elles sont connues.

Roseau commun (Phragmites australis) et Massette à larges feuilles (Typha latifolia)

Le roseau est bienvenu là où il peut former une ceinture aquatique, c’est-à-dire dans des plans d’eau de plus de ¼ ha environ et d’au moins 2 m de profondeur maximale. Dans ce type de milieux, le roseau est favorable à certaines espèces animales (Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), Aeschne printanière (Brachytron pratense), p. ex.). Dans les plans d’eau plus petits en revanche, il envahit en peu de temps la surface et l’habitat perd par conséquent une grande partie de sa valeur biologique. Raison pour laquelle on doit réduire sa population ou lutter contre l’espèce, si possible dès le début. La situation est analogue pour la Massette à larges feuilles.
Le Roseau commun (Phragmites australis) peut être freiné par une fauche sous l’eau, une ou deux fois par an (fin d’été-automne, ou en juin et en automne) selon sa densité. Le risque existe de blesser ou tuer des animaux lors de la fauche. Il peut être nécessaire de procéder à un dragage dans certaines situations. Lorsque la densité est faible, on peut le sarcler.
Etant donné que la Massette à larges feuilles (Typha latifolia) ne produit que des racines superficielles, on peut l’arracher ou la sarcler. L’action de lutte doit être menée chaque année. Si la population est grande, le dragage est nécessaire.
Dans les plans d’eau où les deux espèces sont indésirables, il faut faire sienne la devise « Etouffons dans l’œuf ». Plus on intervient tôt, plus le travail est facile.

Stratiotès aloès (Stratiotes aloides)

Le Stratiotès aloès, une plante aquatique d’Europe orientale, peut complètement recouvrir un plan d’eau, avec des effets négatifs sur la flore et la faune. Comme elle est flottante et peu ou pas enracinée, on peut réduire ses populations relativement facilement.
L’article « Krebsschere (Stratiotes aloides) in Naturschutzweihern der Schweiz » (Küry, 2009) (en allemand)) donne de plus amples informations à ce sujet.

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Etang fortement colonisé par Stratiotes aloides.

Nénuphars (Nuphar sp., Nymphaea sp.)

Les populations des formes horticoles de nénuphars peuvent être réduites par arrachage. Selon la taille et la profondeur du plan d’eau, il faut plonger pour pouvoir sarcler.

Néozoaires

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L’Ecrevisse signal (Pacifastacus leniusculus) et la Palourde asiatique (Corbicula fluminea) sont deux exemples de néozoaires qui colonisent les petits plans d’eau.

Ecrevisses

Les quatre espèces d’écrevisses introduites peuvent coloniser les plans d’eau. D’autres espèces pourraient arriver dans un futur proche. Il est important que ces espèces ne puissent pas se répandre plus avant et qu’elles ne colonisent pas les petits plans d’eau, après les grands.

Autres espèces animales invasives

Quelques exemples de néozoaires envahissants :

  • La Palourde asiatique (Corbicula fluminea)
  • La Tortue de Floride (Trachemys scripta elegans)
  • Pseudorasbora (Pseudorasbora parva)

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Auteures

Texte Association biodivers info@biodivers.ch
Review Jan Ryser Pro Natura Bern
Hansruedi Wildermuth hansruedi@wildermuth.ch
Daniel Treichler SKW AG Garten und Landschaft
Traduction Sandrine Seidel Filoplume Traduction
Publication Mai 2020