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Lorsque l’entretien est adéquat, le potentiel pour obtenir des ourlets riches en espèces, et notamment en fleurs, est très élevé.
Texte Association biodivers
Review Regula Benz
Larissa von Buol
Traduction Eva Inderwildi
Publication Novembre 2022




Sommaire

Synthèse

Biotopes de bordure en bref – quelques connaissances choisies
Qu’est-ce qui fait partie des ourlets et des mégaphorbiaies ?
  • Les ourlets sont des éléments linéaires à végétation herbacée qui longent les chemins, les bosquets, les forêts, les eaux de surface, les talus ou les terres assolées. Les haies, les structures buissonnantes le long de rives et les mégaphorbiaies avec leur végétation herbacée de haute taille sur des sols humides et riches en nutriments font également partie des biotopes de bordure. Les biotopes de bordure sont des écotones (habitats de transition).
  • Les biotopes de bordure étaient des éléments très fréquents du paysage cultivé traditionnel. Ces cinquante dernières années, ils ont toutefois fortement diminué.
Qu’est-ce qui rend les biotopes de bordure précieux pour la biodiversité ?
  • Ils offrent une riche floraison pendant toute la période de végétation et une richesse structurelle tout au long de l’année.
  • Ils favorisent les auxiliaires et contribuent ainsi à la lutte biologique contre les ravageurs.
  • Ce sont des habitats importants pour de nombreux groupes d’espèces pour la recherche de nourriture, la reproduction, l’hivernation ou en tant que refuges, en particulier pour les mammifères, oiseaux, reptiles et papillons. Ils abritent aussi de nombreuses espèces de mousses.
  • Ce sont des corridors pour la dispersion des animaux et des réservoirs de graines de plantes.
  • Ils ont une fonction importante en tant que biotopes-relais pour les connexions naturelles.
  • Ils limitent l’érosion du sol entrainée par le ruissellement de l’eau.
Conservation, promotion et revalorisation des biotopes de bordure
  • Recenser (inventorier), conserver et revaloriser les biotopes de bordure existants.
  • Le potentiel pour des biotopes de bordure est énorme ! Ils peuvent surtout être revalorisés par une adaptation de l’exploitation et une augmentation de la richesse structurelle.
  • Différents biotopes de bordure peuvent être annoncés comme surfaces de promotion de la biodiversité (SPB).
Entretien des biotopes de bordure, actions requises
  • Entretenir les biotopes de bordure aussi peu que possible ; laisser sur pied des bandes refuge ; exporter le produit de la fauche ; utiliser des machines respectueuses de la faune.
  • Il faut surtout agir pour adapter l’entretien et mieux utiliser le potentiel des biotopes de bordure riches en espèces et en structures.
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Bordure de chemin riche en structures.

Introduction

Les 'biotopes de bordure sont des éléments structurants linéaires. Ils constituent une zone de transition entre deux types de milieux (écotones) ou sont introduits, au sein du paysage cultivé, comme bandes d’éléments structurants au milieu des terres assolées ou des surfaces herbagères. Dans la plupart des cas, il s’agit d’habitats créés et conservés grâce à l’utilisation humaine. Des ourlets naturels se développent sur des stations peu adaptées à la forêt, par exemple sur des rochers et le long de structures rocheuses avec des arbres clairsemés, en bordure de marais et d'éboulis, à la limite de la forêt sur des terrasses de gravier fluvial sèches ou dans les steppes rocheuses. Les ourlets d’origine anthropogène se trouvent le long des terres assolées, des haies, des eaux de surface et des chemins, mais également le long d’infrastructures routières et ferroviaires. Les chemins agricoles enherbés et les bandes d’herbe non fauchée peuvent également être comptés dans les biotopes de bordure.
Hormis dans les stations extrêmes où les arbres ne poussent plus (trop humide, trop sec, trop froid, etc.), les ourlets n'existent que grâce à l'exploitation par la fauche ou le pâturage.

Cet article traite des biotopes de bordure herbacés. Les bordures qui peuvent clairement être attribuées aux milieux prairiaux sont traitées dans cet article-là (bandes herbagères non fauchées). Les ourlets sur terres assolées seront traités dans l’article correspondant. Les bordures des boisements sont traitées dans les articles sur les haies et les petits cours d’eau. Les mégaphorbiaies sont brièvement abordées dans le chapitre « Notions d’écologie utiles pour la pratique ». Les mégaphorbiaies marécageuses sont traitées dans les zones humides, la végétation des coupes et les « ourlets forestiers internes » dans les forêts.

Dans cet article, le terme d’« ourlet » est employé en synonyme de « biotope de bordure » comme il est défini ci-dessus.

Les biotopes de bordure étaient autrefois répartis sur l'ensemble du paysage cultivé et, en raison de l'exploitation essentiellement manuelle sur de petites parcelles, ils étaient fréquents. Entre 1965 et 1990 en particulier, la taille des parcelles a fortement augmenté suite aux remaniements parcellaires et à l'intensification de l'agriculture. Cela a notamment entraîné une perte importante de différentes structures de grande valeur écologique et un fort recul des structures de lisière.

Guntern et al. (2020, p. 37) présentent un résumé des pertes en éléments structurants à l’aide d’exemples choisis dans différentes régions de Suisse. Ils mentionnent que la conservation des structures continue de jouer un rôle secondaire.

Par souci d'ordre et d'efficacité ou par ignorance, les ourlets qui ne sont pas importants pour la production sont souvent entretenus de manière non respectueuse de la biodiversité (par exemple broyés ou fauchés à un moment inopportun).

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Ourlet thermophile avec Géraniums sanguins (Geranium sanguineum)

Notions d’écologie utiles pour la pratique

Généralités

Les biotopes de bordure sont des zones de transition (écotones). Un exemple typique en est la lisière de forêt avec la succession forêt – ceinture d’arbustes – ourlet herbacé – prairie, avec dans chaque secteur les associations végétales correspondantes. Les plantes des ourlets herbacés sont influencées par les milieux qui les entourent. On y trouve ainsi des plantes des forêts, des prairies et des terres assolées. Les ourlets sont riches en plantes herbacées ayant des feuilles plus grandes que les plantes des prairies. Mais ils comportent également leurs propres espèces caractéristiques. Ces milieux ne supportent pas les interventions trop fréquentes telles que la fauche ou le pâturage. Les ourlets sont soumis à une évolution constante qui peut se dérouler plus ou moins rapidement. Le long des lisières de forêt, les ourlets ne se modifient que lentement en raison des températures basses et de la courte période de végétation. Les ourlets des haies, au contraire, s’embroussailleraient en quelques années. Néanmoins, les ourlets sont des habitats généralement assez durables et stables.

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Ecotone en lisière de forêt avec la succession milieu forestier, structure arbustive, ourlet herbacé et prairie (Source : Direction générale de la nature et du paysage & ECOTEC Environnement S.A. Ourlets, 2012: Ourlets)

Les ourlets, les haies, les talus ainsi que d’autres éléments structurent le paysage et le rendent plus intéressant visuellement et en tant qu’habitat. Les ourlets riches en espèces et entretenus de manière adéquate offrent une riche floraison pendant la saison de végétation et une richesse structurelle tout au long de l’année. Cela en fait des habitats importants pour la recherche de nourriture, la reproduction et l’hivernation ou comme refuges. Ils servent aussi de corridors de dispersion pour de nombreux groupes d’animaux tels que les oiseaux, les papillons, les syrphes et les orthoptères, parmi lesquels on trouve de nombreux auxiliaires. Ils offrent aussi du pollen et du nectar en été, lorsque les autres sources se font rares. Par une exploitation extensive et un entretien alterné entretien alterné, la nature peut se développer pendant de nombreuses années et les animaux peuvent accomplir tous les stades de leur développement.

Orties et ronces :
Les peuplements d’orties et de ronces apportent notamment de la structure aux habitats. L’Ortie dioïque (Urtica dioica) est une plante nourricière importante pour de nombreux insectes. Une cinquantaine d’espèces (en allemand) de papillons s’en nourrissent. Pour certaines espèces comme la Petite Tortue (Aglais urticae) ou la Carte géographique (Araschnia levana), les orties sont même indispensables. Les ronces offrent du nectar et des abris, et les tiges sont utilisées par certaines abeilles sauvages pour la nidification (en allemand). En taillant régulièrement les bordures, il est possible de maintenir les orties et les ronces, souvent indésirables à tort, dans la surface souhaitée.


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L’Ortie dioïque (Urtica dioica) et/ou les ronces (Rubus spp.) offrent de la nourriture et un abri pour de nombreuses espèces, p. ex. pour la Petite Tortue (Aglais urticae) et la Carte géographique (Araschnia levana).

Les ourlets, et spécialement ceux des stations maigres orientées au sud, sont très riches en espèces végétales. La diversité faunistique est également très grande si l’ourlet est riche en structures et entretenu de façon adéquate. Les biotopes de bordure sont certes généralement assez étroits, mais ils peuvent parfois s’étendre le long de cours d’eau ou de chemins sur des centaines de mètres, voir des kilomètres. Par leur linéarité, ils ont une fonction écologique importante en tant qu’éléments de mise en réseau et comme corridors de dispersion, que ce soit pour les espèces terrestres ou même les organismes aquatiques quand ils s’étendent en bordure de cours d’eau. Plus les biotopes de bordure sont maigres, ont une mosaïque fine d’habitats et sont structurés, plus ils sont riches en espèces. La richesse structurelle est favorisée par un entretien différencié et par l’installation de petits biotopes.

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Le lézard agile (Lacerta agilis) n’est présent quasi plus que sur des biotopes de bordure, surtout des talus..

Plantes et animaux

Les biotopes de bordure sont importants pour différents groupes d’espèces. Ils sont indispensables pour les petits carnivores et d’autres mammifères, tout comme pour les oiseaux, les reptiles, les papillons et les mousses. De nombreux autres groupes d’espèces profitent des ourlets (chauves-souris, insectivores, amphibiens, Coléoptères, abeilles sauvages, Orthoptères, Odonates, araignées, Myriapodes, Hémiptères, Hyménoptères, Diptères, escargots, plantes vasculaires ; voir rapport « Biodiversitätsfördernde Strukturen im Landwirtschaftsgebiet » p. 75, seulemant en allemand).

De nombreuses araignées et Coléoptères passent l’hiver dans les interstices des tiges séchées. Environ 700 invertébrés dépendent de plantes atteignant une certaine hauteur. Les biotopes de bordure sont importants pour l’alimentation d’espèces de papillons caractéristiques comme le Vulcain (plante hôte des chenilles : Ortie dioïque), le Machaon (Carotte sauvage) ou le Nacré de la sanguisorbe (Reine des prés). Les bordures sèches sont colonisées par le Grillon champêtre, le Bulime zébré (escargot), les Lézards agile et des murailles, l’Orvet fragile et la Coronelle lisse. Les Couleuvres à collier s’installent dans les bordures plus humides. Le karch souligne la grande importance des biotopes de bordure pour les reptiles dans les régions de Suisse densément peuplées et exploitées intensivement.

La fiche « Favoriser les auxiliaires de cultures » contient des informations sur l’importance des ourlets pour les araignées, les Carabidés et les syrphes.

La diversité végétale peut être considérable : Dans le cadre d’une cartographie floristique dans le nord-est de l’Allemagne (Saxe), Dengler et al. ont recensé environ un tiers de toutes les espèces de plantes vasculaires dans les associations végétales des bordures linéaires, alors que celles-ci ne couvraient que 0.0009% de la surface.

Pour les habitats « Lisières herbacées (ourlets) », « Mégaphorbiaies, coupes forestières » et « Formations buissonnantes (manteau, fourrés, haies) », la liste des espèces prioritaires au niveau national contient 489 espèces (en allemand). Quant à la liste des objectifs environnementaux pour l’agriculture (OEA), elle indique 643 espèces (habitats « Ourlets sur terres assolées » et « Lisière de forêt, ourlet de végétation », ainsi que groupes d’habitats « Haies, bosquets, ourlets forestiers et lisières » et « Jachères florales et tournantes, bandes culturales extensives, ourlets de champs cultivés »). Le rapport « Biodiversitätsfördernde Strukturen im Landwirtschaftsgebiet » (en allemand) contient des indications sur le nombre d’espèces dépendant des ourlets par groupe d’espèces.


Biotopes de bordure dans l’agriculture, surfaces de promotion de la biodiversité (SPB)

Plusieurs SPB, promues par la politique agricole, peuvent jouer un rôle en tant qu’habitat de bordure si elles sont correctement entretenues : haies (y compris ourlet herbacé), diverses SPB sur les terres assolées, prairies en bordure de cours d’eau (selon OPD, art. 55). En outre, la politique agricole demande dans le cadre des PER (prestation écologiques requises ; selon OPD, art. 21) la mise en place de bordures tampon le long des eaux de surface, des lisières de forêt, des chemins, des haies, des bosquets champêtres, des berges boisées et des surfaces inventoriées. Dans le cadre de projets de mise en réseau (selon OPD, art. 61 et 62), des bandes refuge sur les prairies exploitées extensivement constituent souvent l’une des mesures mises en œuvre. Ces bandes d’herbe non fauchée (voir article Milieux prairiaux) jouent également un rôle important en tant que biotopes de bordure (remarque : les SPB à végétation ligneuse (haies, bosquets, berges boisées) sont abordées dans l’article sur les haies).
Les biotopes de bordure ensemencés dans les terres assolées doivent reprendre la fonction des ourlets autrefois très répandus.
Les talus et les bordures des champs ne sont souvent pas annoncés en tant que SPB, alors que ces surfaces sont très nombreuses et pourraient jouer un rôle important dans la mise en réseau (voir chap. « Grandes lacunes, mais aussi grand potentiel »; voir fiche « Favoriser les auxiliaires de cultures ». Elles sont souvent entretenues avec un minimum d’efforts (broyage), sans tenir compte de l’écologie.

La brochure « Promotion de la biodiversité dans l’exploitation agricole » (Agridea 2022) offre une vue d’ensemble des SPB.

Les biotopes de bordure d’un point de vue phytosociologique

Delarze et al. distinguent les mégaphorbiaies des lisières herbacées (ourlets). Ce point de vue phytosociologique est nettement plus restreint que les biotopes de bordure traités dans cet article. Nous renonçons donc à aborder ce sujet en détail.

Mégaphorbiaies

Les mégaphorbiaies sont composées de plantes herbacées hautes à croissance rapide et à développement luxuriant. Elles poussent sur des sols riches en nutriments et bien irrigués, dans un microclimat frais et humide, offrant des conditions de croissance favorables. Les mégaphorbiaies s’installent sur des stations pouvant abriter des forêts, mais également sur des sites qui sont régulièrement perturbés comme les couloirs d’avalanche. Sous la couverture foliaire dense, les conditions sont défavorables à la germination des plantes ligneuses, ce qui peut retarder la formation des forêts ou maintenir les mégaphorbiaies dans le sous-bois des forêts humides. Selon la Liste rouge des milieux, les mégaphorbiaies ne sont pas menacées. Pour cette raison et parce qu'elles ne nécessitent pas d’entretien, elles ne seront pas abordées plus en détail. La végétation des coupes forestières est traitée dans un chapitre de l’article sur les forêts.

Associations végétales des mégaphorbiaies et des coupes forestières selon Delarze et al. 2015. Degré de menace : LC = non menacé, NT = potentiellement menacé, VU = vulnérable ; Durée de régénération (R) : R1 = < 5 ans, R2 = 5 à 10 ans, R3 = 10 à 25 ans (source : Delarze et al. 2016). Informations sur TypoCH. Text

No. Désignation Menace Durée de régénération
5.2.1 Atropion, Coupe, clairière sur sol baso-neutrophile LC 1
5.2.2 Epilobion angustifolii, Coupe, clairière sur sol acide LC 1
5.2.3 Calamagrostion, Mégaphorbiaie de montagne mésophile à graminées LC 3
5.2.4 Adenostylion, Mégaphorbiaie de montagne hygrophile à Adenostyles alliariae LC 3
5.2.5 Mégaphorbiaie à Fougère aigle (Pteridium aquilinum) LC 2

Lisières herbacées (ourlets)

Lisières herbacées (ourlets) selon Delarze et al. 2015. Les facteurs essentiels pour la classification des différentes associations d'ourlets sont les conditions thermiques, la sécheresse et la teneur en nutriments du sol. Degré de menace : LC = non menacé, NT = potentiellement menacé, VU = vulnérable ; Durée de régénération (R) : R1 = < 5 ans, R2 = 5 à 10 ans, R3 = 10 à 25 ans (source : Delarze et al. 2016). Informations sur TypoCH.

No. Désignation Menace Durée de régénération
5.1.1 Geranion sanguinei, Ourlet maigre xérothermophile VU 3
5.1.2 Trifolion medii, Ourlet maigre mésophile NT 2
5.1.3 Convolvulion, Ourlet hygrophile de plaine VU 2
5.1.4 Petasition officinalis, Ourlet hygrophile d'altitude NT 2
5.1.5 Aegopodion + Alliarion, Ourlet nitrophile mésophile LC 2


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Bord de rivière richement structuré dans le Val-de-Travers.

Conservation, promotion et revalorisation

Objectifs

La promotion des biotopes de bordure doit permettre de :

  • créer des habitats riches en plantes et en structures qui offrent une floraison sur l’ensemble de la période de végétation ;
  • laisser sur pied des plantes à longue floraison ou floraison tardive ;
  • rendre possible la mise en réseau ;
  • favoriser notamment les auxiliaires ;
  • empêcher la dérive et le ruissellement des pesticides et des nutriments vers les biotopes de valeur.

Il va de soi qu'en raison de la forte régression, la conservation des biotopes de bordure existants est une priorité élevée, surtout s'ils sont naturels.

Grandes lacunes, mais aussi grand potentiel

Comme mentionné plus haut, les biotopes de bordure sont trop rares et souvent mal entretenus (voir chap. « Introduction »).

Des études et des projets en Allemagne montrent que le potentiel pour des ourlets riches en espèces et de haute qualité écologique est grand : selon un rapport de BUND (en allemand), les bordures des champs et les rives des cours d’eau représentent 1.6% du territoire national (et de nombreux ourlets, comme ceux le long des boisements, ne sont même pas compris dans ce chiffre). Selon Deubert et al. (2016), la somme des éléments linéaires représente 4.4% des surfaces agricoles et habitées d’Allemagne !
La Suisse ayant une topographie plus riche et une exploitation sur de plus petites parcelles, on peut partir du principe que le potentiel est similaire, voire plus important. Avec une longueur de lisière de forêt de 115'000 kilomètres en Suisse, rien que la revalorisation des ourlets le long des lisières appropriées permettrait de créer plusieurs centaines de km2 de biotopes de bordure.

Bordures tampon
Selon l’Ordonnance sur les paiements directs (OPD, art. 21 Bordures tampon), des bordures d’au moins 3 m de large doivent être aménagées le long des haies, des bosquets champêtres, des berges boisées et des lisières de forêt, et des bordures d’au moins 6 m le long des eaux de surface (voir « Bordures tampon, Comment les mesurer, comment les exploiter? »). Il est interdit d’épandre des engrais et des produits phytosanitaires sur les bordures tampon (exceptions voir fiche « Promotion de la biodiversité dans l’exploitation agricole »). Les traitements plante par plante sont en partie possible pour les plantes problématiques.


Conserver et revaloriser les biotopes de bordure

Des inventaires doivent être élaborés comme base pour la conservation des biotopes de bordure, afin de connaître les valeurs existantes, les différents types d’ourlets ainsi que leur fréquence et leur répartition. A partir de là, des objectifs et un entretien concret peuvent être définis.

Par revalorisation des biotopes de bordure, on entend leur amélioration d’un point de vue écologique (sans nouvellement les créer (voir chapitre suivant)). De nombreux ourlets sont pauvres en espèces et riches en graminées et/ou sont entretenus trop souvent ou de manière inadaptée (broyage).

Les possibilités suivantes existent pour la revalorisation des biotopes de bordure (une combinaison de mesures est souvent judicieuse ; l’amélioration qualitative par l’ajout de structures doit être privilégiée par rapport à l’introduction de semences ou de plaques de végétation) :

Dans la mesure du possible, les ourlets existants devraient être élargis. Le long des lisières de forêt ou des haies, ils sont souvent particulièrement étroits, voire inexistants.

Entretien

Nous abordons ici l’entretien régulier. Pour l'entretien nécessaire lors de la phase de développement après la création de nouveaux biotopes de bordure, nous renvoyons aux articles sur les terres assolées et les milieux prairiaux.

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Talus avec une seule tache de couleur, en comparaison avec ...
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… une riche floraison.

Entretien des biotopes de bordure proches de l’état naturel le long des bosquets, des eaux de surface et des talus

Préceptes de bases pour l’entretien :

  • L'entretien doit toujours être axé sur l'objectif d’avoir un peuplement herbacé avec une offre permanente de fleurs et de structures. Il garantit que la surface ne s'embroussaille pas.
  • Moins, c’est plus ! Les biotopes de bordure naturels n’ont pas besoin d’entretien. Les ourlets créés par l’homme doivent être entretenus aussi peu que possible, en se basant sur la pratique « originelle » du paysage cultivé traditionnel avec une fauche tous les 1 à 3 ans seulement ou un pâturage occasionnel. Les biotopes de bordure ne supportent pas les interventions trop fréquentes.
  • Fauche alternée/par secteurs : les surfaces non fauchées varient
  • Fauche échelonnée : sur les surfaces riches en nutriments, faucher une partie plus précocement, une autre partie 8 à 10 semaines plus tard.
  • Bandes refuge : même sur les surfaces riches en nutriments, toujours laisser une partie sur pied pendant une durée allant jusqu’à 3 ans, afin que les espèces d’insectes à long développement puissent terminer leur cycle de vie.
  • Laisser sur place le produit de la coupe pendant trois à quatre jours, afin que les graines puissent finir de murir et les animaux quitter le site. Puis exporter le produit de la coupe (ne pas broyer !) (à de rares exceptions près)
  • Fauche douce (p. ex. pas d’utilisation de faucheuses rotatives ; voir Milieux prairiaux, Fauche et récolte respectant et ménageant la faune.
  • Lors de l’entretien, faire attention aux structures spécifiques, p. ex. aux peuplements d’orties ou de ronces (voir ch. « Notions d’écologie utiles pour la pratique », d’orties ou de ronces
  • Contrôle et lutte contre les espèces indésirables
  • Pas d’utilisation d’engrais, ni de pesticides


Pour l’entretien, Kirmer et al. 2019 différencient selon le degré de croissance :

  • Sites pauvres en nutriments : fauche tous les 2 à 3 ans à la fin de l’été, laisser sur pied en alternance la moitié de la surface (Remarque : Les données proviennent d’une région sèche d’Allemagne centrale avec 511 mm de précipitations et 9.4° degrés de température moyenne. En Suisse, rares sont les régions avec aussi peu de précipitations. Les sites dans notre pays sont donc en majorité plus riches en nutriments).
  • Sites riches en nutriments : fauche une fois par année au début de l’été (mi-mai à mi-juin ; fauche échelonnée, ne faucher que la moitié au début de l’été, le reste 8 à 10 semaines plus tard à fin juillet - début août ; l’année suivante, inverser les traitements sur les moitiés, car une fauche tardive favorise les graminées)
  • Sites à très forte croissance : en plus, broyer en mars.

Autrefois, les biotopes de bordure étaient parfois pâturés ou fauchés. Kirmer et al. (2019) préconisent donc comme alternative de les pâturer une ou deux fois par année avec des moutons ou des chèvres. Pour le pâturage, il faut également respecter les préceptes de base concernant l’entretien.

Lors de l'entretien, il s'agit de trouver un optimum entre des interventions minimales et des développements indésirables tels que l'augmentation de la proportion de graminées, la banalisation des peuplements ou l'embroussaillement. Les arbustes peuvent être déracinés si nécessaire, mais l'apparition d'arbustes stolonifères comme l’Epine noire, les peupliers et le Cornouiller sanguin est critique. Delarze et al. (2015) notent concernant l’ourlet maigre xérothermophile (voir chapitre « Les biotopes de bordure d’un point de vue phytosociologique ») qu’il est favorisé par un pâturage très extensif et seulement occasionnel, mais qu’il est mis en danger aussi bien par une absence d’entretien que par une intensification de l’exploitation.

Tableau avec propositions d’entretien avec a) entretien optimal et b) entretien selon OPD (détails voir Agrinatur - Promotion de la biodiversité dans les exploitations agricoles).

Type Entretien optimal Conditions pour les SPB selon OPD
Biotopes de bordure le long de haies, lisières (SPB « Haies, bosquets et berges boisées (y compris ourlet herbacé) »)
  • Sur sols pauvres en nutriments : fauche tous les 2 à 3 ans
  • Sur sols riches en nutriments : une fauche annuelle, éventuellement deux sur des sites à très forte croissance.
  • Fauche alternée et échelonnée : laisser à chaque fois au moins 1/3 non fauché
  • Laisser environ 1/3 non fauché pendant l’hiver
  • Bandes refuge avec fauche seulement tous les 2 à 3 ans
  • Le cas échéant, adapter l’entretien en fonction de la pression des ligneux (p. ex. Epine noire, Cornouiller sanguin, peupliers)
  • Alternative : pâturage extensif
  • Au moins une coupe tous les 3 ans avec exportation du produit de fauche obligatoire (broyage interdit)
  • Dates de 1ère coupe et pâture d’automne : comme pour les prairies extensives
  • Dans les pâturages, utilisation pour le pacage autorisée, première utilisation au plus tôt à la date de 1ère coupe des prairies extensives
Biotopes de bordure le long de cours d’eau (SPB « Prairies riveraines d’un cours d’eau »)

Mégaphorbiaies:

  • Fauche tous les 2 à 4 ans, fauche tardive à partir de sept./oct. Pour les sites à très forte croissance, éventuellement fauche annuelle
  • Ne pas faucher la partie immédiatement au bord de l’eau (au moins 50 cm)
  • Fauche alternée : laisser à chaque fois au minimum 1/3 non fauché


Prairies sur talus plus secs :

  • Fauche 1 à 2 fois par année (selon la croissance) à partir de l’été
  • Ne pas faucher la partie immédiatement au bord de l’eau (au moins 50 cm)
  • Fauche alternée et échelonnée : laisser à chaque fois au minimum 1/3 non fauché
  • Laisser environ 1/3 non fauché pendant l’hiver
  • Bandes refuge avec fauche seulement tous les 2 à 3 ans
  • Alternative : pâturage extensif
  • 1 coupe annuelle au moins
  • Pâture d’automne autorisée du 1er septembre au 30 novembre, si l’état du sol le permet et sauf convention contraire.
Biotopes de bordure le long de chemins et de talus (y compris le long d’infrastructures routières ou ferroviaires)
  • Fauche 1 à 2 fois par année
  • Fauche alternée et échelonnée
  • Laisser certaines parties non fauchées pendant l’hiver
  • Bandes refuge avec fauche seulement tous les 2 à 3 ans
  • Alternative : pâturage extensif


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Exemple de différents modes d’entretien. Le gradient d’intensité dépend de la productivité du site. (Source : Direction générale de la nature et du paysage, ECOTEC Environnement S.A., 2012. Ourlets)

Entretien des ourlets sur terres assolées

noch übersetzen: Die Anlage neuer Säume durch Umbrechen des Bodens wird im Artikel zum Acker behandelt --> 

Création de nouveaux biotopes de bordure

L’entretien des ourlets sur terres assolées est traité dans l’article sur les cultures (en élaboration)..

Menaces

Les facteurs suivants menacent les biotopes de bordure (liste non exhaustive) :

  • Manque d’entretien ou entretien inadéquat, en particulier broyage, surexploitation
  • Destruction p. ex. par l’amélioration du sol, le remaniement parcellaire
  • Fumure, utilisation d’herbicides (directement ou indirectement par ruissellement ou dérive)
  • « Besoin de propreté »
  • Manque de considération

Exemples pratiques

Voici quelques exemples pratiques ayant pour objectif de favoriser les biotopes de bordure :

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Chemin avec bordures dans le Seeland bernois.

Liens généraux

Littérature

Littérature recommandée

  • Bosshard, A., Jacot, K., 2005. Projekt “Säume für den ökologischen Ausgleich in der Schweiz”, Schlussbericht.
  • Kirmer, A., Jeschke, D., Kiehl, K., Tischew, S., 2019. Praxisleitfaden zur Etablierung und Aufwertung von Säumen und Feldrainen, 2. Auflage.
  • Kollmann, 2019. Renaturierungsökologie. Springer Berlin Heidelberg.

Autres sources utilisées

  • Agridea, 2022. Biodiversitätsförderung auf dem Landwirtschaftsbetrieb - Wegleitung (Merkblatt Nr. 1403).
  • Agridea, 2019. Blühstreifen für Bestäuber und andere Nützlinge (Merkblatt Nr. 2616).
  • Agridea, 2018. Artenreicher Saum - Wertvoller Lebensraum und Vernetzungselement im Ackerbau (Merkblatt Nr. 1188).
  • Agridea, 2018. L’ourlet riche en espèces – habitat précieux et élément de réseau parmi les cultures (No. 1188).
  • Agridea, 2012. Nützlinge in den landwirtschaftlichen Kulturen fördern (Merkblatt Nr. 1520).
  • Amt für Raumplanung des Kanton Zürich, 1994. Der Krautsaum biologische Bedeutung und Bewirtschaftung.
  • Bosshard, A., Jacot, K., 2005. Projekt “Säume für den ökologischen Ausgleich in der Schweiz”, Schlussbericht.
  • Brönnimann, A., Süsstrunk, P., 2014. Botanische Qualität in Säumen auf Ackerflächen.
  • Bund für Umwelt und Naturschutz (BUND) (Ed.), 2019. Wegraine und Gewässerrandstreifen als Teil des kommunalen Biotopverbundes: ein Analyseleitfaden zur Kartierung und ökologischen Aufwertung landwirtschaftlich übernutzter Saumbiotope.
  • Bundesamt für Landwirtschaft (BLW), 2022a. Nützlingsstreifen, Zusammensetzung der Saatmischungen 2023.
  • Bundesamt für Landwirtschaft (BLW), 2022b. Saum auf Ackerfläche, Zusammensetzung der bewilligten Saatmischungen 2022.
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