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Milieux prairiaux/Ecologie utile pour la pratique

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=Habitats des milieux prairiaux=
Le chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base#Origine_des_milieux_prairiaux Origine des milieux prairiaux] traite de plus près la naissance, l’histoire et le développement des milieux prairiaux. Dans cet article, nous employons, pour les types d’habitats non fertilisés et ceux qui ne sont pas anthropogènes, la classification de Delarze et al. (2015) ; pour les herbages fertilisés (prairies et pâturages gras), nous utilisons celle de Bosshard (2016). Les zones humides, les marais, les clairières forestières, les surfaces rudérales et la végétation pionnière sont traités dans d’autres articles du présent site. Les friches à graminées ne sont pas abordées ; comme il s’agit souvent d’associations rudérales, elles se verront traitées plus tard dans un autre article, le cas échéant.
Le tableau suivant (d’après Delarze et al. 2015) montre les habitats du domaine « milieux prairiaux » qui, selon notre évaluation, nécessitent des mesures de promotion (voir chapitre [https://www.biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Conservation_et_revalorisation_par_l%E2%80%99optimisation_de_l%E2%80%99exploitation Conservation et revalorisation par l’optimisation de l’exploitation] (oui/non). Cette évaluation se base sur les indications concernant la « situation en Suisse » et sur la faisabilité de la promotion par l’être humain (création par l’être humain possible). Les habitats marqués d’un « P », pour habitats primaires, sont ceux qui ne dépendent pas d’une influence anthropogène, et ceux avec un « (P) » ne nécessitent généralement pas d’exploitation par les humains pour exister au-dessus de la limite de la forêt (source : Delarze et al. 2015). Degré de menace : LC = non menacé, NT = potentiellement menacé, VU = vulnérable, EN = en danger. Degré de régénération (R) : R2 = 5 à 10 ans, R3 = 10 à 25 ans, R4 = 25 à 50 ans, R5 = 50 à 200 ans (source : Delarze et al. 2015). Pour les prairies et pâturages gras, c’est la classification de Bosshard (2016) qui est reprise (n° 4.5, marqué d’une *). n.d. = non disponible.
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=Facteurs déterminants=
D’une part, la flore et la faune présentes dans un habitat dépendent de facteurs liés à la station et des interactions écologiques ; d’autre part, la forme que prennent les habitats dans les milieux prairiaux (à l’exception des habitats primaires) dépend fortement de l’utilisation qu’en font les humains. Elle varie selon le type d’exploitation passé et actuel. Les bases théoriques qui sous-tendent le rapport entre les facteurs pédologiques de la station, les conditions climatiques, le régime hydrique et le cycle des nutriments avec la végétation sont présentés plus en détail dans [https://www.biodivers.ch/fr/index.php/Plantes l’article sur les plantes vasculaires].
Historiquement, une majorité des prairies d’Europe centrale est issue de pâturages extensifs. Les surfaces non exploitées en cultures arables étaient utilisées pour une [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Conservation_et_revalorisation_par_l%E2%80%99optimisation_de_l%E2%80%99exploitation#Fauche_et_p.C3.A2ture_combin.C3.A9es.2C_p.C3.A2ture_pr.C3.A9coce_de_printemps première pâture de printemps (mise à l’herbe)] et fauchées seulement plus tard dans l’année, une fois que la végétation avait repoussé. Il s’ensuivait un amaigrissement des surfaces intrinsèque au système et, pendant une longue période, la situation sur le plan des nutriments fut le facteur qui limitait l’exploitation. Le chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base#Origine_des_milieux_prairiaux Origine des milieux prairiaux] traite plus en détail l’histoire de cette évolution.
Au cours des siècles, diverses espèces animales (oiseaux des prairies nichant au sol, certains papillons de jour) ont vu leur reproduction s’adapter aux systèmes d’exploitation de l’assolement triennal qui avait alors cours. Les plantes développèrent des caractéristiques déterminées génétiquement et s’adaptèrent aux conditions locales de leur station et au type d’exploitation : c’est ainsi que se formèrent ce qu’on appelle des écotypes, aux propriétés particulières concernant le moment de la floraison, la tolérance à la pâture et à la fauche, la résistance à la sécheresse, etc.
Outre l’exploitation intensive, l’abandon de l’exploitation des habitats prairiaux dont la pérennité dépend de l’intervention humaine pose aussi problème du point de vue de la biodiversité. Que l’exploitation disparaisse ou soit inadéquate, la succession écologique se poursuit plus ou moins rapidement (voir chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base#Succession_et_importance_des_milieux_prairiaux Succession et importance des milieux prairiaux]. Une exploitation inadéquate ou trop fréquente conduit au feutrage de la végétation, celle-ci est trop haute en hiver, le sol reçoit donc moins de lumière et la germination en pâtit au printemps. La composition de la végétation s’en trouve modifiée ; les espèces héliophiles déclinent. S’ils ne sont plus du tout exploités, les herbages autrefois utilisés situés en-dessous de l’étage alpin s’embroussaillent puis retournent à la forêt (à l’exception des habitats primaires). Lors de ce processus, les graminées, les espèces à port élevé et celles qui peuvent constituer des réserves importantes ou qui forment des stolons souterrains prennent le dessus. La recolonisation forestière est accélérée lorsque la végétation est clairsemée, dans les stations productives, en présence de ligneux sur ou près de la surface, ainsi que de ligneux à stolons ou à graines légères et supportant la lumière, comme les bouleaux et les peupliers par exemple (Dipner & Volkart 2010).
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De plus, une partie de la biomasse animale est éliminée lors du transport du produit de coupe. L’ensilage provoque à cet égard une destruction beaucoup plus massive que les foins ou les regains.
Faucher est nécessaire pour maintenir les milieux ouverts, contribue à la richesse de la flore, et crée un habitat pour une faune diversifiée. Cependant, les impacts négatifs directs et indirects mentionnés plus haut représentent une atteinte sévère pour beaucoup d’espèces animales, et le nombre d’espèces diminue nettement avec l’augmentation de la fréquence des coupes. Les espèces qui ont plusieurs générations par an sont moins sensibles à la fauche que celles qui n’en ont qu’une, car elles peuvent boucler un cycle de développement complet entre deux coupes (Walter et al. 2007).
Le chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Conservation_et_revalorisation_par_l%E2%80%99optimisation_de_l%E2%80%99exploitation#Conservation_et_revalorisation_par_la_fauche Conservation et revalorisation par la fauche] présente comment on peut procéder aux différentes étapes de la fauche et de la récolte en respectant la biodiversité.
==Impacts de la date de coupe sur la flore et la faune==
Le site [http://gruenlandleitfaden.offenlandinfo.de/management/massnahmen-und-wirkung/beweidung/ Grünlandleitfaden (en allemand)] donne des informations générales sur les effets de la pâture sur le sol, la flore et la faune. <br />
Tout comme la fauche, la pâture exerce un effet sélectif sur les cortèges d’espèces présents. Si la fréquence d’utilisation est élevée (prairie mi-intensive), la végétation est maintenue basse par la pâture, et les strates de végétation proches du sol reçoivent plus de lumière. Le piétinement et l’abroutissement sélectif dus aux herbivores ont un effet similaire : ils créent localement des niches différentes et des zones où les plantes peuvent germer. Les zones de sol nu sont attrayantes pour les arthropodes et la végétation qui reste sur pied leur offre un habitat et des quartiers d’hiver. Bosshard (2016) présente plus en détail au chapitre 2.4.3 les effets particulièrement significatifs de la fauche sur la biodiversité en comparaison de ceux de la pâture. Jusqu’à un certain seuil de pression de pâture minimale, la diversité faunistique est d’autant plus élevée que l’intensité de pâture est faible. Les structures telles que le bois, les tas de pierres, les zones de sol nu, les flaques, les sources et les ruptures de terrain sont très importantes pour la faune (Martin et al. 2018).<br />
La [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Conservation_et_revalorisation_par_l%E2%80%99optimisation_de_l%E2%80%99exploitation#Conservation_et_revalorisation_par_la_p.C3.A2ture pâture extensive] favorise l’hétérogénéité locale et la dispersion active des plantes par le bétail. Outre les conditions liées à la station, le type et l’intensité de la pâture sont décisifs pour la flore : sur une surface soumise à une pâture extensive, les espèces végétales résistant à la pâture – plantes ligneuses, à forte odeur, toxiques, poilues ou à épines, par exemple – peuvent bien se maintenir ou sont même favorisées. Sur des prairies maigres riches en espèces et pauvres en nutriments, le pâturage est cependant déconseillé, car les plantes sensibles au piétinement et à l’abroutissement, en particulier annuelles et bisannuelles, en souffrent passablement. Pour y remédier, on peut clôturer les surfaces sur lesquelles ces espèces sont présentes et les soumettre à un entretien particulier. En général, les prairies de fauche de valeur ne doivent en aucun cas être pâturées. Pour la promotion de la biodiversité, il est crucial que la gestion du pacage et l’entretien par la pâture soient adaptés à la station.<br />La végétation ne doit pas devenir trop haute en hiver sur les prairies de fauche sous peine de conduire à une accumulation de nutriments et d’influencer négativement la diversité spécifique par la formation d’un feutrage. On peut contrecarrer cela par une pâture d’automne. Les effets écologiques et l’usage d’un pâturage précoce de printemps sont décrits plus en détail dans le chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base#Origine_des_milieux_prairiaux Origine des milieux prairiaux].
L’illustration suivante donne un aperçu schématique des différentes qualités d’habitat en cas de fauche respectivement de pâture (Briemle et al. 2014). A noter ici qu’une fauche en mosaïque peut aussi faire s’approcher une surface de fauche des caractéristiques d’un pâturage, et qu’on peut obtenir une bonne diversité structurale également dans les prairies de fauche.