Milieux prairiaux/Revalorisation et création de prairies riches en espèces par enherbement direct et ensemencement

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Divers procédés permettent de transformer en relativement peu de temps un peuplement monotone en une prairie riche en fleurs et en espèces. Cet article présente les différentes méthodes de revalorisation des prairies. Illustrée ici, la fauche matinale de la végétation humide d'une surface donneuse.

Sommaire



Introduction

La création ou la restauration de prairies riches en espèces est l’une des mesures les plus efficaces pour la promotion de la biodiversité. Une prairie riche en espèces peut abriter de 30 à plus de 60 espèces de plantes sur un seul mètre carré.1 Il n’existe aucun autre habitat au monde où autant d’espèces végétales peuvent coexister dans un si petit espace. Et un principe écologique empirique affirme qu’on trouve 10 espèces animales pour une espèce végétale établie. Même avec quelques mètres carrés, on peut donc faire énormément pour la biodiversité en créant une prairie riche en espèces. Ce chapitre décrit les diverses méthodes permettant de créer un tel habitat, leurs avantages et inconvénients respectifs, et les sites dans lesquels on peut aspirer de façon réaliste à tel ou tel type de prairie plus ou moins riche en espèces. Les explications développées ici s’adressent au premier chef aux praticiens et praticiennes qui ne se contentent pas d’appliquer des recettes, mais souhaitent aussi comprendre les liens écologiques.

1 Tandis qu’au maximum une grosse dizaine d’espèce sont présentes dans les prairies intensives ou les surfaces de gazon, à titre de comparaison.


Semis standard et enherbement direct – explications

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Semence autochtone riche en espèces.

Des termes spécialisés – peu connus du grand public – sont employés dans le cadre de la promotion et la création de prairies riches en espèces. Les plus importants d’entre eux sont expliqués ci-après, ce d’autant plus que certains sont encore « jeunes » et que leur emploi ne fait pas encore l’unanimité, ce qui peut conduire à des malentendus.

Description des types de semences et des origines des semences
Jusqu’il y a quelques années, la semence habituelle utilisée pour l’ensemencement des prairies riches en espèces était la semence standard : chaque espèce est cultivée en culture pure afin de produire des graines, et celles-ci sont ensuite mélangées selon une recette particulière. On parle donc aussi de semences de multiplication. La semence d’origine provient soit de plantes sauvages (nommée semence de base), ou de variétés sélectionnées ou du commerce.
Si un mélange de semences est composé exclusivement d’espèces dont la semence de base provient de plantes sauvages récoltées dans une région donnée, et que ce mélange est commercialisé dans la même région, on parle de semence régionale.
A l’opposé des semences standard, on trouve les techniques d’enherbement direct. La semence est ici prélevée directement sous forme de mélange sur les prairies donneuses adaptées, et transférée sans reproduction intermédiaire sur les surfaces à ensemencer, ou receveuses. La méthode est de ce fait aussi décrite comme un procédé de « copie de prairie ». A cette fin, on peut utiliser différentes techniques de récolte et de transfert : transfert de foin, moisson de prairie, ou transfert de mottes. Les semences impliquées dans les méthodes d’enherbement direct sont nommées semences autochtones ou locales, ce qui les distingue des semences régionales présentées ci-dessus.
Les autres termes spécialisés cités dans cet article sont chaque fois expliqués dans le texte, ou leur signification est facile à déduire du contexte.

Création de prairies riches en espèces : bref historique d’un développement dynamique

C’est dans les années 1960 qu’on a pour la première fois créée des milieux prairiaux riches en espèces à grande échelle à des fins de protection de la nature (cf. Bosshard & Klötzli 2003 2). A cette époque, l’intérêt était tout entier focalisé sur les stations pauvres en nutriments situées dans les réserves naturelles. Les moyens employés étaient la colonisation naturelle par des espèces des environs, mais des transferts de foin, des plantations et des transferts de mottes commençaient également à être utilisés. Il n’existait alors pas encore dans le commerce de mélanges de semences avec les espèces indigènes souhaitées. Les mélanges à disposition provenaient tous de l’étranger. Ils étaient composés d’espèces non-indigènes voire de variétés issues de sélection, en complète contradiction avec les objectifs de protection de la nature poursuivis.

2 Bosshard A. & F. Klötzli 2003: Restoration Ecology. in : Bastian O. & U. Steinhardt (eds) : Development and Perspectives in Landscape Ecology : conceptions, methods, application. Kluwer. ISBN 1-4020-0919-4.

De nouveaux mélanges de semences synonymes de succès

Ce n’est qu’à la fin des années 1980 que la protection de la nature a élargi son attention – jusqu’alors focalisée sur les réserves naturelles – et qu’on a réalisé que la biodiversité ne pouvait être conservée que si des mesures de protection de la nature pouvaient déployer leurs effets sur une plus grande surface, et donc que de nouvelles surfaces riches en espèces pouvaient être créées également hors des réserves naturelles. Les zones du paysage exploitées par l’agriculture – et avec elles les surfaces plus riches en nutriments – ont ainsi gagné leur place au cœur des efforts de revalorisation. Comme il n’existait presque plus de biotopes très riches en espèces dans la zone cultivée de plaine, des projets planifiant et mettant en œuvre des revalorisations écologiques ont été lancés en collaboration avec les exploitations agricoles dans différentes régions de Suisse et dans d’autres pays européens. Au début des années 1990, l’un de ces projets, « Landwirtschaft und Naturschutz aus Bauernhand »3 – projet pilote bénéficiant d’un large soutien politique et institutionnel – a développé et testé des mesures pour la future politique agricole sur neuf exploitations du canton de Zurich.


3 Landwirtschaft und Naturschutz aus Bauernhand. Schlussbericht des CH91-Pilotprojektes auf 9 Bauernhöfen im Kanton Zürich 1989-1991. Zürcher Vogelschutz, Zürcher Naturschutzbund, WWF Sektion Zürich und Zürcher Bauernverband, Zürich. 58 p. (en allemand)

Une biodiversité élevée est-elle possible sur des sols riches en nutriments ?

Ces mesures comprenaient également les premiers essais avec différents types de prairies riches en fleurs pour tester les semences alors nouvellement disponibles. En effet, à cette époque déjà, l’on était conscient, sur la base de nombreuses recherches, que les graines de la plupart des espèces des prairies ne survivent que peu de temps dans le sol. Cela signifie qu’une utilisation intensive pendant 3 ou 4 ans seulement fait déjà disparaître les espèces végétales des prairies riches en fleurs. Il ne suffit pas simplement de repasser à une exploitation extensive pour les ramener – même après des années d’attente. Elles doivent être réintroduites, c’est-à-dire semées. On ignorait cependant tout de la capacité des espèces ainsi introduites à s’établir sur les sols riches. Cela contredisait en tout cas la théorie écologique de l’époque. Il n’empêche que, dès la deuxième année des semis tests dans le projet pilote zurichois, une végétation prairiale basse, riche en espèces et rappelant les prairies maigres s’est développée sur des surfaces assolées qui étaient auparavant exploités de manière intensive. Ce succès inattendu a donné lieu à une thèse de doctorat. D’innombrables surfaces d’essai ont été semées de mélanges variés de graines de fleurs, légumineuses et graminées de prairies, sur plus d’une dizaine d’hectares répartis sur de nombreuses exploitations agricoles de Suisse orientale (Bosshard 19994). Les premiers essais ont cependant conduit à des peuplements végétaux instables, qui après quelques années de succès, se sont fait envahir et ont à nouveau perdu la majorité des espèces semées. En améliorant la composition des espèces, en particulier celle des graminées, on est finalement parvenu à établir une végétation de prairie fleurie stable sur le long terme, y compris sur des sols qui étaient auparavant utilisés de manière intensive. La thèse de doctorat a abouti à recommander quatre mélanges de semences – aujourd’hui bien établis sur le marché suisse et connus sous les noms de Salvia, Humida, Broma et Montagna – avec lesquels des centaines voire des milliers d’hectares de prairies riches en espèces ont été entretemps ensemencés, et qu’on continue d’utiliser, surtout dans l’agriculture mais aussi de plus en plus en zone urbaine.

4 Bosshard A. 1999 : Renaturierung artenreicher Wiesen auf nährstoffreichen Böden. Ein Beitrag zur Optimierung der ökologischen Aufwertung der Kulturlandschaft und zum Verständnis mesischer Wiesen-Ökosysteme. Dissertationes Botanicae Band 303 Stuttgart. 201 S. (en allemand) Version en ligne

Large choix de semences, mélanges à succès

On doit tout cela au travail de pionnier mené avec enthousiasme par différents semenciers qui, dès le milieu des années 1990, ont mis à disposition des nouveaux mélanges en Suisse un choix toujours plus grand d’espèces de prairies typiques d’origine suisse. Depuis quelques années, on trouve également un vaste choix d’écotypes indigènes pour les graminées à destination de ces mélanges. Le taux de réussite des ensemencements riches en espèces dans l’agriculture atteint actuellement plus de 90%, mesuré au niveau de qualité botanique QII (voir chapitre suivant). Des séries étendues de données montrent que le nombre d’espèces et la part des fleurs ont tendance à augmenter au fil des ans sur les stations sèches, tandis qu’ils baissent plutôt sur les stations humides ou ombragées dans les mélanges de fleurs de prairies existants. Ce taux de réussite élevé ne dépend cependant pas que de semences optimales ; il est aussi tributaire d’un ensemencement effectué correctement, surtout dans les sols relativement riches en nutriments (voir chap. "Origine des semences : recommandations, standards et prescriptions légales"). Même si on ne dispose pas d’analyses systématiques à ce jour, les taux de réussite dans les cantons où il existe un service de conseil ou d’accompagnement pour la revalorisation des prairies, ou dans ceux où un tel accompagnement est obligatoire, (LU, AG, TG, par exemple), semblent nettement plus élevés que dans les autres régions.

5 voir Brönnimann & Minloff 2015 ainsi que les résultats non publiés des monitoring de plusieurs cantons.

Système pour promouvoir les prairies fleuries dans l’agriculture suisse

Le moteur principal de l’ensemencement de prairies fleuries sur les surfaces agricoles est l’incitation financière par le système des paiements directs. Dans le sillage de la réforme agraire, les « contributions à la qualité écologique » ont été introduites dès 2001 (appelées dès 2014 « contributions pour les surfaces de promotion de la biodiversité de qualité QII », abrégées « SPB QII »). Elles sont versées à la condition qu’au moins 6 espèces des plantes d’une liste d’environ 45 plantes indicatrices soient attestées par un relevé effectué sur une surface de 3 m de rayon dans une prairie écologique inscrite comme telle. Ces dernières années, ces contributions à la qualité n’ont cessé d’augmenter, tandis que les « contributions de base à la biodiversité » ont diminué dans la même proportion, augmentant par là l’attractivité des ensemencements. Il n’est pas rare que les coûts d’un réensemencement soient amortis après 1 à 2 ans déjà grâce aux contributions à la biodiversité.

Portée écologique des méthodes d’enherbement direct

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Bande fraisée ensemencée par de la semence autochtone.

Les mélanges pour prairies fleuries contenant des écotypes d’origine suisse ont été bientôt utilisés en si grand nombre que cette évolution a fait l’objet d’une critique de plus en plus forte du côté de l’écologie et de la protection de la nature. En effet, toutes les prairies nouvellement semées présentaient la même apparence dans tout le pays, montrant presque toujours la même composition d’espèces et se basant toutes sur le même petit nombre d’écotypes issus des semences d’origine des semenciers, que ces prairies se situent en Valais, dans le Seeland, dans le Randen ou aux Grisons. Cette standardisation contraste avec l’énorme diversité des différents types de prairies naturelles de Suisse, qui se distinguent fortement d’une région à l’autre par leur cortège floristique spécifique.
Par ailleurs, un nombre croissant d’études ces dernières années a montré qu’il existait une grande diversité génétique à petite échelle au sein même de chaque espèce végétale. Plus les régions d’origine d’individus de la même espèce sont éloignées géographiquement et climatiquement l’une de l’autre, plus les différences génétiques entre ces individus sont manifestes 6. Cela se reflète aussi dans le comportement écologique. Beaucoup d’espèces des prairies étudiées poussent mieux si les plantes proviennent de la région. Ainsi, les plantes d’origine régionale ont formé en moyenne 10 pourcent d’inflorescences en plus que leurs congénères provenant d’autres régions, par exemple 7.
Les plantes montrent des adaptations et différences génétiques d’une vallée à l’autre, et même d’une prairie à l’autre – qu’on appelle des écotypes. Cette diversité génétique interne à l’espèce est souvent difficile à percevoir extérieurement, mais revêt une grande importance sur le plan écologique. Elle est en effet synonyme de l’adaptation des plantes aux visages très variés que prennent les différentes stations et formes d’utilisation, et constitue ainsi une condition essentielle de la stabilité des écosystèmes. Les études ont montré que le degré de couverture était plus élevé et par conséquent le succès de l’ensemencement plus grand lorsqu’on avait utilisé des écotypes régionaux au lieu de semences de zones plus éloignées. Réciproquement, moins d’espèces non souhaitées et non semées (néophytes p. ex.) pouvaient s’établir (Weisshuhn et al. 2012 8). C’est un indice clair que ces plantes sont adaptées aux conditions régionales. Elles se développent donc mieux à proximité de leur lieu d’origine. D’autres études montrent en outre que la consanguinité des semences autochtones est moindre que celle des semences issues de la multiplication 9.

6 Durka, W. et al. (2016) p ex. : Genetic differentiation within multiple common grassland plants supports seed transfer zones for ecological restoration. – Journal of Applied Ecology 54/1, 116-126. PDF.

7 Durka W. et al. (2019) : Regionales Saatgut von Wiesenpflanzen: genetische Unterschiede, regionale Anpassung und Interaktion mit Insekten. Natur und Landschaft 94/4, 146-153. PDF

8 Weisshuhn K., Prati D., Fischer M., Auge H. (2012) : Regional adaption improves the performance of grassland plant communities. Basic and Applied Ecology 13/6, 551-559. résumé

9 Aavik T., Bosshard D., Edwards P., Holderegger R., Billeter R. (2014) : Genetische Vielfalt in Wildpflanzen-Samenmischungen. Agrarforschung Schweiz 5 (1): 20–27. PDF

Origine des semences : recommandations, standards et prescriptions légales

En 1998 déjà, la commission suisse pour la conservation des plantes sauvages CPS, qui fait aujourd’hui partie d’Info Flora, a publié des recommandations pour tenir compte de la diversité génétique au niveau de l’écotype. Elles réclament que les semences et les plants utilisés pour les prairies fleuries proviennent de la même région biogéographique que la parcelle receveuse. Pour les espèces fréquentes et taxonomiquement peu différenciées, il faut tenir compte des 6 divisions principales de la Suisse – à savoir Jura, Plateau, versant nord des Alpes, Alpes occidentales, Alpes orientales et versant sud des Alpes (voir illustration ci-dessous). Pour les espèces taxonomiquement difficiles et à répartition irrégulière, il faut respecter les 11 subdivisions. En outre, les recommandations préconisent de tenir compte des différences dépendant de la station et de la région telles que l’altitude, les conditions édaphiques et l’exposition. Ce n’est qu’à ces conditions que la surface à enherber peut répondre aux exigences écologiques des espèces qu’on introduit. Les recommandations indiquent aussi que les espèces menacées ne doivent pas être commercialisées dans les mélanges de graines. Des directives spécifiques s’appliquent à ces espèces.
Les directives d’Info Flora correspondent à ce qui est par ailleurs stipulé par différentes lois et ordonnances, en particulier la loi sur la protection de la nature et du paysage qui exige la protection de la faune et de la flore indigènes ainsi que de leur diversité biologique et de leurs habitats naturels 10.
Dans les faits, les directives de Info Flora ne sont malheureusement respectées que de façon très limitée. Une partie du problème se situe du côté du commerce. Même si les entreprises productrices de semences connaissent l’origine des plantes et procèdent séparément à la multiplication, ces origines ne sont hélas pas marquées sur les étiquettes – pour des raisons logistiques et de coûts liés. Lorsqu’il achète de la semence standard, l’utilisateur se trouve donc dans l’impossibilité de respecter les recommandations, puisque les origines sont mélangées dans les emballages de semences du commerce. Certains cantons ont passé des accords avec les producteurs de semence pour les ensemencements agricoles, et obtiennent des mélanges spécifiques de et pour leur région, adaptés aux habitats – mais c’est malheureusement l’exception.
D’autre part, les directives ne sont très souvent pas encore parvenues jusqu’aux utilisateurs. En pratique, on voit ainsi souvent les recommandations de Info Flora ne pas être suivies par manque de connaissance ou par suite d’une inscription incorrecte, dans les régions même où la semence adéquate serait disponible. C’est en particulier le cas dans le domaine des transports (enherbement de talus, etc.) où des centaines d’hectares sont enherbés chaque année.


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Les régions biogéographiques de Suisse
(source : Gonsetz, Y.; Wohlgemuth, T.; Sansonnens, B.; Buttler, A. (2001): Les régions biogéographiques de la Suisse – Explications et division standard. Cahier de l’environnement n° 137. Office fédéral de l’environne- ment, des forêts et du paysage Berne. 48 pages).

Au vu de l’uniformisation et de l’altération11 de la flore à large échelle du fait de l’utilisation de mélanges de semences non conformes aux directives, la pression s’est faite plus forte pour utiliser des semences autochtones de provenance locale là où leur origine est traçable dans le détail (voir à ce sujet le tableau 1). En 2014, l’ordonnance sur les paiements directs a été complétée avec une précision stipulant, pour l’ensemencement de prairies fleuries dans le cadre agricole, l’usage de l’enherbement direct dans les limites des disponibilités (OPD art. 58 al. 8). L ‘Allemagne fait un pas de plus en exigeant, dès 2020, l’emploi généralisé de semence régionale lors de la création de prairies en paysage ouvert (BNatSCHG §40).
Ce changement de mentalités et l’adaptation partielle de la législation qui l’a accompagné ont donné un élan certain à la pratique de l’enherbement direct. C’est ainsi qu’on effectue de plus en plus souvent des transferts de foin en Suisse, et le succès est systématiquement au rendez-vous lorsque le procédé est appliqué correctement12. Comme les transferts de foin ne peuvent souvent être réalisés que de manière limitée, notamment pour des raisons logistiques, différentes techniques ont été développées ces 10 dernières années pour récolter des semences autochtones (voir chapitre Méthodes d’enherbement direct)>. Les semences peuvent être ainsi séchées, nettoyées et mises en sac sur les surfaces donneuses. De cette façon, les semences peuvent donc être utilisées avec exactement la même flexibilité que les semences standards en ce qui concerne tant la technique que la date d’ensemencement.


10 Voir la synthèse complète et l’interprétation des bases légales dans les « Leitfaden für naturgemässe Begrünungen », pages 11-15 (en allemand).

11 Voir encadré 1 pour une explication et des exemples.

12 Voir l’étude Pro Natura/Ö+L 2017 (lien ici) (en allemand).

Le goulet des surfaces donneuses

Les surfaces donneuses adéquates sont si rares cependant – surtout sur le Plateau et dans certaines régions des Préalpes – que la production de semences autochtones ne peut de loin pas couvrir les besoins potentiels. Dans ces régions, les semences standards avec écotypes régionaux vont continuer à représenter un pilier essentiel pour la renaturation de prairies riches en espèces – ce d’autant plus que c’est pour le Plateau que la disponibilité des espèces est justement la plus grande pour la semence standard. Dans les régions de montagne et sur le versant sud des Alpes au contraire, la semence standard adéquate est pour ainsi dire inexistante, tant en raison de la grande diversité des conditions qui varient avec la station et l’altitude, que de la disponibilité très limitée des espèces poussant dans ces régions biogéographiques. Par conséquent, les surfaces donneuses existent très souvent en grand nombre dans ces régions, de telle sorte que l’emploi de semence autochtone pourrait à l’avenir y être privilégié. Les services responsables et les autres acteurs doivent abandonner la pratique qui avait cours jusqu’à aujourd’hui et qui consistait à utiliser, dans ces régions, des mélanges contenant des écotypes du Plateau.


Qu’est-ce que « l’altération de la flore » ?
Par « altération de la flore », on entend la dégradation de la biodiversité des plantes indigènes par l’introduction d’espèces botaniques étrangères ou d’écotypes étrangers.

Les effets dommageables sur la biodiversité peuvent advenir par deux processus :

a) Les espèces ou les écotypes indigènes sont évincés par les espèces ou les écotypes introduits. On connaît l’impact des néophytes envahissantes, c’est-à-dire d’espèces botaniques provenant d’autres continents qui se répandent de façon agressive, telles que le Solidage du Canada (Solidago canadensis) ou la Renouée du Japon (Reynoutria japonica). Certaines espèces indigènes peuvent elles aussi se montrer envahissantes, comme le Roseau commun (Phragmites australis) et le Rhinanthe velu (Rhinanthus alectorolophus). L’évincement des populations locales du roseau commun par l’écotype européen dans une grande partie de l’Amérique est un bon exemple d’une invasion par un écotype (voir Kowarik 2003).

b) Les écotypes locaux se croisent avec les écotypes introduits et perdent par là leurs adaptations écologiques et physiologiques spécifiques, parfois marquées, aux conditions locales (climat, station, exploitation). En faisant disparaître l’écotype concerné, le croisement fait aussi disparaître un élément de la biodiversité.

Le processus b) est probablement beaucoup plus significatif que le a), mais il est aussi beaucoup plus difficile à observer et à démontrer. Les deux processus ont un impact négatif également sur la faune, en plus de la flore.

Source : document Bosshard, A., Mayer, P., Mosimann, A., 2015. Leitfaden für naturgemässe Begrünungen in der Schweiz. p. 21. (en allemand)


La disponibilité des semences d’écotypes régionaux a constitué un progrès fondamental par rapport aux « semences à bas prix » importées précédemment de l’étranger qui, outre des écotypes de nombreux autres pays, contenaient aussi parfois des formes sélectionnées ou des espèces absolument pas indigènes en Suisse. La Pimprenelle (Sanguisorba muricata), très ressemblante à la Petite Pimprenelle (Sanguisorba minor), indigène, en est un exemple. Le Trèfle des prés (Trifolium pratense), le Lotier corniculé (Lotus corniculatus) et la Fenasse (Arrhenatherum elatius), dont on utilisait régulièrement des formes sélectionnées jusqu’il y a encore quelques années, sont d’autres exemples.

Où peut-on installer quels types de prairies riches en espèces ?

Les prairies riches en espèces peuvent être installées presque partout, à condition que la méthode d’ensemencement et la semence soient appropriées pour la station et qu’on ait défini et entériné l’utilisation future de la surface. Des types de prairies différents se développent en fonction de la station et de l’utilisation, présentant un cortège d’espèces et une biodiversité différente.
Les terrains les plus importants pour l’installation de prairies riches en espèces sont les réserves naturelles, les anciennes terres assolées, les prairies appauvries et jusque là intensives de la zone agricole, les ouvrages de protection contre les crues et les espaces des cours d’eau, les talus des voies de communication, les surfaces de pelouse dans les parcs et les jardins, les alentours récemment créés des lotissements, ainsi que des objets plus petits tels que les îlots routiers et de petits bouts de jardin.
Les prairies des stations relativement pauvres en nutriments avec une utilisation extensive – à savoir des surfaces qu’on ne fertilise pas et qu’on fauche une ou, au maximum, deux fois par an – deviennent particulièrement riches en espèces (ill. 2). Plus la teneur en nutriments et la fréquence des coupes augmentent, plus le nombre d’espèces baisse. En procédant correctement et avec une exploitation adéquate, des types de prairies riches en fleurs peuvent pourtant être installées à long terme avec succès sur les sols riches en nutriments, auparavant soumis à une utilisation intensive. De nombreuses espèces de fleurs très intéressantes pour les insectes peuvent s’établir durablement même sur les pelouses coupées jusqu’à six fois par an ; c’est le cas de la Sauge des prés (Salvia pratensis), de la Marguerite (Leucanthemum vulgare), de la Brunelle commune (Prunella vulgaris), du Thym serpolet (Thymus serpyllum) et d’autres.
Dans des conditions très pauvres en nutriments (sols nus p. ex.), on trouve un peu moins d’espèces et la floraison est un peu moins intense, raison pour laquelle l’établissement d’espèces menacées réussit mieux sur ces stations.
L’évaluation du type de prairie riche en espèces qui peut être créé sur une station donnée est décisive pour le succès ultérieur. Mais cette évaluation n’est souvent pas facile. Il vaut dont la peine de faire appel à un ou une spécialiste pour cette première étape cruciale. Cette personne peut fournir les indications les plus importantes concernant le type de prairies qu’on peut viser, la préparation correcte du sol, la méthode de semis, les semences adéquates et le type d’exploitation et d’entretien qu’il faut mener, pour la situation en question.

Les types de prairies les plus importants et les stations dans lesquelles on peut les implanter pour obtenir des prairies riches en espèces

Les 5 types de prairies qui suivent sont globalement les plus appropriés pour la création de prairies riches en espèces jusqu’à 1000 m d’altitude (voir chapitre « Typologie des milieux prairiaux »). Ils sont présentés dans la série ci-dessous selon un gradient d’humidité (de sec à humide) et de teneur en nutriments (de pauvre à riche en nutriments).

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Ecogramme des types de prairies les plus importants qui entrent en ligne de compte pour la création de prairies riches en espèces. Les endroits très secs présentent une disponibilité en nutriments très limitée, raison pour laquelle il n’y a pas de prairies dans le coin supérieur droit du graphique.

1. Pelouse sèche médio-européenne13 (Xerobromion) : ce type de prairie ne se forme que sur des stations très ensoleillées et chaudes à sol très maigre (sols nus tels que surfaces sableuses ou graveleuses, p. ex.). Ces pelouses sèches sont clairsemées, très riches en espèces, mais souvent un peu moins fleuries que les pelouses mi-sèches. Les pelouses sèches ne sont souvent fauchées qu’une fois tous les deux ans, de sorte à permettre également à des buissons ligneux bas, comme différentes espèces de genêts, de se développer.
2. Pelouse mi-sèche à brome dressé13 (Mesobrometum) : type de prairie fleurie riche en espèces répandue sur les stations ensoleillées et avec humus, pauvres (ou au moins à faible teneur) en nutriments. On y fait les foins chaque année en juillet et elles sont fauchées une deuxième fois en automne, selon leur vigueur. Les espèces caractéristiques sont le Brome dressé (Bromus erectus), qui forme des peuplements, et, chez les espèces autres que les graminées, le Thym serpolet, l’Esparcette à feuilles de vesce (Onobrychis viciifolia), la Sauge des prés notamment, ainsi que l’Origan (Origanum vulgare) et la Bugrane (Ononis sp.) en cas d’exploitation faible.
3. Prairie à fromental sécharde (Arrhenatheretum salvietosum) : prairie relativement riche en espèces, très riche en fleurs, sur laquelle on fait généralement les foins dans la deuxième moitié de juin, puis les regains 1 à 2 fois par la suite. Elle se forme sur des sols plutôt riches en humus, souvent intensivement fertilisés auparavant, dans des situations ensoleillées. La Sauge des prés, le Salsifis des prés (Tragopogon pratensis) et la Marguerite sont des espèces caractéristiques.
3a. « Pelouse fleurie » : lorsque la fréquence de coupe est très élevée, des pelouses au sens horticole du terme se forment sur les stations à prairies à fromental – à savoir des stations sèches ou moyennes à sol bien approvisionnés en nutriments. Sur une pelouse coupée toutes les semaines ou toutes les deux semaines, seul un petit nombre d’espèces survit, la plupart étant des graminées basses formant des stolons, quelques espèces de trèfles, et quelques autres. En réduisant la fréquence de coupe à 5 à 6 maximum par année et en cessant de fertiliser, on donne une chance de s’établir et de se reproduire à de nombreuses espèces des prairies à fromental et parfois aussi des pelouses mi-sèches à brome dressé. Ce « type de prairie » est en général appelé pelouse fleurie et se répand de plus en plus dans les agglomérations.
4. Prairie à fromental fraîche (Arrhenatheretum cirsietosum oleracei) : relativement riche en espèces et en fleurs. Exploitation / entretien comme pour (3). Elle se forme sur des sols plutôt riches en humus, souvent intensivement fertilisés auparavant, dans des situations relativement ombragées et/ou fraîches à humides. Les espèces caractéristiques sont le Silène fleur de coucou (Silene flos-cuculi) et le Cirse jaunâtre (Cirsium oleraceum). Si l’utilisation est extensive (fauche tous les 2 ans ou chaque année en fin d’automne), des ourlets de mégaphorbiaies (Filipendulion, 4b) se développent sur les stations ombragées ou humides, avec des espèces colorées telles que la Reine de prés (Filipendula ulmaria), les lysimaques (Lysimachia sp.) et la Salicaire commune (Lythrum salicaria).
5. Prés à litière (Molinion, Caricetum davallianae, entre autres) : les stations maigres humides à inondées sont plutôt rares pour la création de prairies et elles naissent surtout de mesures de construction réalisées à cette fin dans des projets de protection de la nature, par la remise en eau ou la création d’étangs par exemple. Des types de prés à litière bas souvent très riches en espèces se forment dans ce genre de conditions. Ils sont généralement fauchés une fois par an en fin d’automne.

13 Le terme « pelouse » est ici utilisé dans son sens phytosociologique et signifie « végétation basse d’herbacées ».

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Relation entre l’intensité d’exploitation, le rendement et la diversité (densité d’espèces) d’espèces végétales dans les prairies naturelles, représentée schématiquement ; valeurs indicatives pour les prairies des stations sèches et mésiques des étages collinéen et montagnard de Suisse. La fumure et la fréquence d’utilisation augmentent de la gauche vers la droite. MS = matière sèche. Le domaine portant le chiffre 1 correspond aux pelouses mi-sèches à brome dressé des altitudes inférieures, celui portant le chiffre 2 aux prairies à fromental. Source : Bosshard 2016, complété.

Evaluation de la station et de la végétation

Une évaluation correcte de la station14 et de la végétation présente est une condition essentielle pour la réussite des semis de prairies riches en espèces. Ces deux étapes déterminent si une action d’ensemencement peut être menée, si oui laquelle, quelle semence choisir pour que l’opération soit couronnée de succès, ainsi que l’endroit où un ensemencement est le plus judicieux, si plusieurs variantes sont possibles.

14 Ou la création artificielle des conditions correspondantes, en décapant/remblayant le sol par exemple, voir chapitre « Revalorisation par l’amaigrissement »

Les cas où un ensemencement n’est pas nécessaire mais où la patience et un entretien adéquat suffisent

On peut souvent renoncer à un ensemencement des surfaces qui abritent déjà quelques fleurs des espèces souhaitées, indépendamment d’un diagnostic de la station. Les prairies naturelles pauvres en espèces présentent souvent encore des restes des espèces cibles, dans leurs bords par exemple, ou sur les zones de sol peu profond. Par ailleurs, les prairies naturelles15 sont généralement précieuses notamment parce que les espèces qui y ont survécu sont représentées par des écotypes anciens et locaux ; on doit donc faire preuve en général d’une grande retenue lorsqu’on transforme les anciennes prairies naturelles. Elles peuvent retrouver petit à petit une grande diversité d’espèces si on cesse de les fertiliser et qu’on réduit la fréquence de la fauche – une coupe deux fois par an suffit la plupart du temps.
Les anciennes surfaces de pelouse qui n’ont pas été fertilisées pendant longtemps, accueillent souvent encore par endroits une diversité étonnante de fleurs de prairies telles que marguerites, lotiers et sauges. Si ces espèces sont encore régulières, il est suffisant de réduire fortement le rythme de coupe (à maximum 6 fois par an) pour qu’une prairie fleurie plus ou moins riche en espèces fasse son retour d’elle-même en quelques années.
La fiche d’Agridea « Pour obtenir des prairies riches en espèces » (téléchargement ici) est utile pour déterminer s’il est nécessaire d’ensemencer ou s’il suffit simplement d’attendre.

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"Pour obtenir des prairies riches en espèces" .

15 Les prairies naturelles sont des prairies qui n’ont plus été tournées ni semées depuis au moins 30 ans.

Revalorisation botanique par semis des prairies naturelles appauvries

Si une prairie s’est appauvrie sur le plan botanique, suite à une utilisation intensive par exemple, et qu’elle ne montre plus de reliques de l’association végétale recherchée, la diversité botanique ne revient souvent pas toute seule, même avec une extensification de l’utilisation et même après des décennies – comme le montrent de nombreuses études (Bosshard 1999, Kiehl 201016 p. ex.). D’une part, la plupart des espèces de prairies ne se dispersent que lentement, de l’autre, la végétation en place empêche efficacement l’établissement des nouvelles espèces, et il manque le stock grainier de la majorité des espèces prairiales qu’on espère puisque les graines de la plupart ne survivent que quelques années dans le sol.

Pour enrichir un peuplement appauvri, il n’y a donc pas d’autres solutions que de réintroduire les espèces manquantes par des mesures appropriées17. On dispose fondamentalement de trois possibilités pour ce faire – qui toutes nécessitent d’adapter l’utilisation (pas de fumure, régime de coupe adéquat, notamment) :

  1. Méthode du sursemis : les prairies naturelles envahies par les graminées et pauvres en fleurs, dont la composition en graminées les range encore dans une certaine mesure dans la catégorie des prairies à fromental au sens strict, ne devraient pas être tournées/sarclées ni ensemencées. Une revalorisation par un simple sursemis dans le peuplement existant, comme cela se fait dans les prairies intensives avec les mélanges fourragers, ne fonctionne pas avec la semence de prairie fleurie. Il existe en revanche deux méthodes de sursemis nécessitant un peu plus de travail qui fonctionnent sans retourner le sol. La première de ces méthodes pour installer des espèces de prairie fleurie consiste à semer à la volée une sélection d’espèces de la région de manière ciblée sur les zones « de faiblesse » (secteurs de végétation endommagée, taupinières, ouvertures provoquées intentionnellement, etc.) durant plusieurs années. L’autre méthode consiste à faire sécher plusieurs années de suite sur la surface à revaloriser l’herbe fraîchement coupée de prés riches en fleurs (prairies à fromental). Les graines qui en tombent conduisent à une augmentation notable de la diversité des espèces et des fleurs après quelques années. Il faut toutefois disposer, sur l’exploitation ou dans le voisinage, d’un pré à foin qui puisse jouer le rôle de prairie source. Ces deux méthodes permettent de ne pas perturber inutilement la couverture et la structure de la végétation et du sol, et de conserver les écotypes encore présents dans la prairie naturelle existante. Elles exigent cependant beaucoup de patience et un travail relativement important, et ne fonctionnent que dans les stations avec une teneur en nutriments plutôt faible.
  2. Semis en bandes : cette méthode est relativement simple et sûre et permet aussi de réinstaller les espèces souhaitées dans le peuplement sans que toute la prairie naturelle existante doive être éliminée. On procède en passant un motoculteur ou une herse entraînée par prise de force (herse rotative p. ex.) dans la prairie existante, sur des bandes de 3 à 6 m de large espacées de 15 à 20 m. Il est souvent nécessaire de répéter trois fois l’opération à 2 semaines d’intervalle jusqu’à ce que l’ancienne végétation soit complètement morte. Au printemps, les bandes exemptes de végétation et bien séparées les unes des autres peuvent être ensemencées avec des graines adéquates ou un enherbement direct. Plus les bandes sont larges, plus on limite les dégâts causés par les gastéropodes. Les espèces qui s’établissent dans les bandes ensemencées peuvent à partir de là essaimer dans le peuplement environnant, pour autant qu’on laisse le foin sécher au sol et qu’on le répartisse sur toute la surface à la faneuse rotative.
  3. Ensemencement sur toute la surface : si la situation de départ n’est pas celle d’une prairie naturelle méritant d’être conservée, il est conseillé d’éliminer complètement la végétation existante sur toute la surface en labourant puis en hersant, ou en hersant seulement mais plusieurs fois de suite avec une herse rotative entraînée par prise de force (ou machine similaire). Voir chapitre Evaluation de la station et de la végétation pour les détails de la préparation du lit de semence et de l’ensemencement.

16 Plant species introduction in ecological restoration : Possibilities and limitations. Basic and Applied Ecology 11/4, 281-284

17 Voir à ce sujet en particulier la fiche d’Agridea « Pour obtenir des prairies riches en espèces » ainsi que Huguenin-Elin et al. 2012.

Quelles surfaces conviennent (ou pas) pour des ensemencements ?

Les ensemencements permettent de rétablir des prairies stables riches en espèces dans presque toutes les stations (sol, exposition, altitude, etc.) – à condition de semer correctement les bonnes espèces et les bons écotypes et d’adapter ensuite l’entretien au peuplement végétal.

Règle générale : les stations maigres ensoleillées sont propices au développement d’un plus grand nombre d’espèces végétales et animales et à des espèces plus rares que les surfaces plus riches en nutriments ou plus ombragées. Sur les sols secs très pauvres, la diversité d’espèces redevient plus faible (voir l'illustration concernant la richesse en espèces) et l’ensemencement est souvent difficile, surtout sur les sols nus graveleux avec peu ou pas de grains fins (sable, limon, argile).

Les situations convenant moins ou dans lesquelles il est difficile d’ensemencer des prairies riches en espèces sont les suivantes :

  • Stations ombragées. Ces stations sont par nature plus pauvres en espèces et moins fleuries que les prairies de situations ensoleillées. De plus, l’action des gastéropodes peut particulièrement affecter les plantules dans ces stations, surtout celles des fleurs. Ce facteur, parfois sous-estimé, est encore accentué si les surfaces ensemencées sont petites ou étroites et qu’elles peuvent ainsi facilement être gagnées depuis les bords par ces animaux. Conseil : les surfaces à ensemencer entourées de prairies ou de bosquets ne devraient pas être plus étroites que 6 m ni pus petites qu’un are (10x10m).
  • Marais asséchés. Sur ce genre de sol, la dégradation de la tourbe a libéré une telle quantité de nutriments qu’on assiste rapidement à la domination de quelques espèces au détriment de la plupart des espèces semées. Dans ces conditions (rares), répandre des semences de prairie riche en espèce ne sert généralement à rien. Une remise en eau permet toutefois de leur redonner une valeur écologique.
  • Surfaces envahies de « mauvaises herbes ». La prudence est requise dans les stations auparavant envahies de Rumex à feuilles obtuses (Rumex obtusifolius). Les graines de rumex enfouies dans le sol gardent leur pouvoir germinatif pendant des années. Même si aucun rumex n’est visible avant l’ensemencement, les graines de cette plante, produites lors d’un envahissement antérieur, peuvent germer en grand nombre après un labour ou un hersage. La lutte contre cette espèce problématique peut être très laborieuse18. Les Cirses des champs (ou chardons des champs Cirsium arvense) et quelques néophytes envahissantes – en particulier les solidages et la vergerette annuelle (Erigeron annuus) – sont également des plantes à problème. L’espèce de cirse mentionnée, qui produit des stolons, et dont les fleurs sont par ailleurs très attirantes pour les abeilles et les papillons, disparaît le plus souvent d’elle-même avec une fauche régulière. Les néophytes mentionnées en revanche doivent être systématiquement éliminées (arrachées) dès le début. Si l’entretien est correct, quasiment aucune autre espèce communément considérée comme mauvaise herbe ne pose problème pour le développement du peuplement que l’on souhaite. En particulier les espèces qui apparaissent souvent en masse l’année du semis, comme les chénopodes (Chenopodium sp.) ou différentes graminées (Echinochola pied de coq (Echinochloa crus-galli), sétaires (Setaria spp.), millets (Panicum spp.)), disparaissent toutes d’elles-mêmes deux ans après le semis déjà.

18 Nous ne pouvons pas détailler ici la façon de procéder avec les surfaces montrant une pression élevée de rumex.

Influencer la station

Si, dans un projet d’ensemencement, on a la possibilité d’influencer les propriétés du sol, on peut envisager les mesures suivantes pour créer des conditions – en général – plus pauvres en nutriments (dans l’ordre décroissant d’efficacité et croissant de coûts) :

  1. Décaper la couche supérieure du sol (la plupart du temps horizon A, le cas échéant également horizon B),
  2. Remblayer avec un substrat pauvre en nutriments ou l’incorporer dans le sol (gravier ou sable le plus souvent – ce qui nécessite généralement une couche d’au moins 30 cm pour le remblayage,
  3. Amaigrir, par exemple en cultivant une plante à gros besoins nutritifs telle que le maïs ou le ray-grass. L’efficacité de cette méthode fait toutefois débat. Une réduction nettement plus importante des nutriments disponibles est obtenue par le simple fait de ne plus tourner ni remuer le sol autant que possible (ce qui empêche la mobilisation oxydative des nutriments, voir Bosshard 1999). Cela est possible sur les surfaces arables peu envahies de mauvaises herbes, en faisant directement succéder l’ensemencement à un stade de friche avec chaumes.

Il est également toujours possible de « configurer » à neuf le sol partout où il est travaillé, par exemple dans les projets de construction, de façon à ce qu’il convienne au mieux à la végétation visée.

On peut influencer d’autres facteurs liés à la station pour favoriser le type de prairie visée, en redessinant le terrain (exposition, influence de la nappe phréatique, etc.) ou en réduisant l’influence de l’ombre (étagement de lisière, rabattage de haie, etc.) par exemple.


Tableau : Arbre décisionnel simplifié pour le choix de l’ensemencement adapté dans les stations en dessous de 1000 m (Source : Inspiré de Bosshard 2000, Blumenreiche Heuwiesen aus Ackerland und Intensiv-Wiesen. Eine Anleitung zur Renaturierung in der landwirtschaftlichen Praxis. Naturschutz und Landschaftsplanung 32/6, 161-171(en allemand). Voir le chapitre « Typologie des milieux prairiaux » pour déterminer le type de prairies.

Type Description
1a sol relativement profond à très profond, à utilisation jusque là moyennement intensive à très intensive (ou teneur en phosphore supérieure à 100 ppM), avec bilan hydrique équilibré : → végétation visée = prairie à fromental typique (Arrhenatheretum). Voir le texte pour les détails.
1b sols peu profonds ou perméables (graveleux, sableux), ou station très sèche, ou pauvre en nutriments en raison de la végétation existante (rendement < 30 dt/an) ; situation ensoleillée :
1b1 sol calcaire ou pH > 6 : → végétation visée = pelouse mi-sèche à brome dressé (Mesobrometum). Voir le texte pour le choix du semis.
1b2 teneur en calcaire essentiellement faible ou pH < 6 : → végétation visée = prairie à fétuque rouge et agrostide (Festuca-Agrostion), év. pelouse maigre acide (Nardion) (au-dessus de 600 m) ; enherbement direct, il n’existe pas de semence standard adaptée.
1c comme 1b, mais situation ombragée :
1c1 station plutôt sèche (exposition surtout nord, ombre due à la forêt p ex.) : → prairie à fétuque rouge et agrostide (semence voir 1c1).
1c2 comme 1c1, mais avec précipitations > 1200 mm/an et au moins un peu de calcaire dans le sol ou pH > 6 : → prairie à fétuque rouge et agrostide (voir 1c1) ou variante maigre d’une prairie à fromental humide avec un enherbement direct ou la semence standard Humida.
1d sols à tendance hydromorphe (à assèchement périodique) :
1d1 sols plutôt profonds et/ou plutôt riches en nutriments : → végétation visée = prairie à fromental fraîche, ensemencement par enherbement direct ou par la semence standard Humida.
1d2 sol maigre ou peu profond : → associations de pré à litière par des méthodes d’enherbement direct (pas de semence standard adaptée sur le marché). Clarifier en détail la phytosociologie avant de choisir la surface donneuse adéquate (Molinion, Caricion, entre autres).
1e sol mouillé ou à inondation périodique : comme 1d2.
1f sol nu : → végétation visée : flore rudérale ou pelouse clairsemée à brome dressée (voir texte) ; selon la situation, renoncer à l’ensemencement, ensemencer avec un mélange de flore rudérale, ou (si le sol est calcaire) procéder à un enherbement direct avec pelouse mi-sèche médio-européenne (Mesobrometum) ou pelouse sèche médio-européenne (Xerobrometum), pour autant qu’on en ait à disposition. Petites surfaces : tester la plantation de plants individuels.

Semence : composition d’espèces et provenance correctes

Le succès de la création et de la restauration des prairies riches en espèces dépend très fortement de l’origine géographique et des caractéristiques de la station, de la qualité et de la composition de la semence. La composition et l’origine de la semence jouent un rôle majeur du point de vue de la biodiversité également.

Dans ce chapitre, nous décrivons les différents types de semence avec leurs avantages et inconvénients ainsi que les fournisseurs qui existent en Suisse. Le tableau décisionnel ci-dessous constitue un premier outil simple pour décider où semer quel type de semence. Le chapitre 6 du document « Leitfaden für naturgemässe Begrünungen », (p. 39 et suiv.) (en allemand) donne des informations complémentaires sur chaque type de semence et ses utilisations possibles.

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Tableau décisionnel pour le choix des semences pour un enherbement effectué en Suisse. La sélection des semences selon ce tableau garantie le respect de la Lois sur la protection de la nature (LPN) et de la Convention sur la biodiversité (CBD). Les méthodes citées en premier sont prioritaires du point de vue écologique. Méthodes figurant entre parenthèses : la disponibilité des semences diffère en fonction de la région. A = graines ou biomasse végétale autochtones (provenant d’un semis d’herbe à semences, d’un transfert de mottes ou d’autres méthodes d’enherbement direct). W = semences commerciales régionales, Z = semences commerciales standard.
Source (en allemand) : Leitfaden für naturgemässe Begrünungen in der Schweiz - Mit besonderer Berücksichtigung der Biodiversität, Bosshard A., Mayer P., Mosimann A., 2015

Méthodes d’enherbement direct

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Comparaison des techniques d'enherbement. Source: Bosshard, A., Mayer, P., Mosimann, A., 2015. Leitfaden für naturgemässe Begrünungen in der Schweiz. Mit besonderer Berücksichtigung der Biodiversität. Ö+L Ökologie und Landschaft GmbH.

Les méthodes d’enherbement direct sont en général nettement meilleures pour la conservation de la biodiversité que l’utilisation de semence standard. Pour les ensemencements sur les surfaces vouées à la protection de la nature, il faut en général préférer les enherbements directs – à savoir le transfert de foin ou l’emploi de semence autochtone en sacs – et n’utiliser la semence standard qu’en cas exceptionnel (p. ex. pour un réseau de surfaces extensives qui ne sont pas directement des surfaces de protection de la nature).

La méthode de l’enherbement direct, c’est-à-dire un ensemencement qui implique la semence dite autochtone, est souvent décrite comme une méthode de « copie de prairie ». Au lieu de reproduire les espèces individuelles, de les cultiver en monocultures et de le mettre ensuite sur le marché dans des mélanges définis, les graines produites chaque année dans les prairies riches en espèces, appelées prairies donneuses (ou prairies sources), sont utilisées directement, sans multiplication intermédiaire. Le semis de ces graines sur la surface receveuse (ou prairie cible), doit avoir lieu dans un rayon le plus court possible, idéalement à l’échelle locale, c’est-à-dire à une distance de 15 km par exemple. C’est ainsi qu’on parle également de semence locale. 19.

Tout aussi important que le principe « De la région pour la région », le principe de la station équivalente doit également être suivi : la surface donneuse et la surface à ensemencer doivent se ressembler le plus possible, c’est-à-dire montrer un type de sol, une altitude, une exposition, un type d’entretien ou d’utilisation similaires (voir à ce sujet l’aide à la décision de Regio Flora).

Les méthodes d’enherbement direct ont connu un développement et une amélioration notables ces dernières années en Suisse et à l’étranger20, de sorte qu’ils sont désormais fiables et donnent de bons résultats si on procède correctement.

A l’heure actuelle, certaines entreprises proposent de la semence autochtone pour la plupart des régions de Suisse21. La plateforme Regio Flora, initiée par Pro Natura et mise en place en collaboration avec Info Flora, Agridea et plusieurs cantons, décrit les méthodes d’enherbement direct, donne des références bibliographiques et contient aussi une compilation de différents fournisseurs de graines et de spécialistes. Regio Flora soutient aussi une base de données de surfaces sources – cependant encore lacunaire selon les régions – qui doit aider les utilisateurs à trouver une surface donneuse adéquate.

Une bonne collaboration avec les propriétaires et surtout avec les exploitants des surfaces sources est décisive pour les procédés d’enherbement direct. C’est en effet grâce à eux que la diversité des espèces recherchée existe encore sur ces surfaces. L’utilisation d’une prairie comme surface donneuse signifie souvent pour les exploitants qu’ils lui accordent une valeur particulière. La reconnaissance de cette valeur demande plus que simplement utiliser la prairie. Pour obtenir l’autorisation de récolter, il est opportun de dédommager les exploitants pour le travail plus important que ce résultat implique.

19 Note : c’est valable également pour le transfert de mottes, qui compte aussi parmi les méthodes d’enherbement direct. Dans ce procédé, on transfère des portions de végétation entières, y compris la couche supérieure du sol, au lieu des graines.

20 Voir liste bibliographique complète chez Regio Flora et HoloSem p. ex.

21 Informations complètes concernant l’offre sur www.floretia.ch, qui présente aussi l’assortiment de semences régionales issues de multiplication, en plus de semences autochtones.

Les différentes techniques d’enherbement direct en détail

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Comparaison des méthodes autres que le transfert de foin. Source : " Enherbement direct de prairies riches en espèces dans l'agriculture" (Agridea, 2015)

Transfert de foin, aussi appelé technique de l’herbe à semences :

La surface donneuse est fauchée 22 au moment de la maturité optimale des graines de la majorité des espèces (stade pâteux mou), par conditions humides, et tout le matériel végétal est transféré sur la surface à ensemencer, à raison d’un rapport 1/1 la plupart du temps. La technique de l’herbe à semences est décrite en détail dans la fiche « Enherbement direct de prairie riches en espèces dans l'agriculture » (Agridea 2015) (voir aussi le film du FiBL ici). L’avantage de cette méthode consiste dans le fait que toutes les exploitations agricoles possèdent les machines nécessaires, et que son coût est relativement faible si l’agriculteur peut réaliser le travail lui-même. En outre, des espèces de la petite faune et des mousses sont transférées en même temps sur la surface receveuse, et la couche de végétaux qu’on dépose constitue une première protection contre l’érosion et améliore les conditions de germination.

Les inconvénients sont la logistique qui est souvent difficile, un investissement en temps relativement grand et, surtout, la nécessité d’étendre la végétation immédiatement après l’avoir coupée. D’une part, l’été n’est souvent pas le meilleur moment pour semer, d’autre part de nombreuses surfaces ne sont souvent pas prêtes à recevoir des semences à la période où la matière végétale est récoltée et doit être étendue (lors des projets de construction par exemple). Le fait que différents moments de récolte et différentes surfaces donneuses ne puissent se combiner que de manière limitée et moyennant un travail plus important est un autre inconvénient de la méthode.

22 La faucheuse à barre de coupe et la faux sont idéales. Selon l’accessibilité et la praticabilité de la surface, on peut aussi utiliser un broyeur-aspirateur, qui coupe et aspire l’herbe en un seul passage. Toutefois ce procédé tue la majeure partie de la petite faune, si bien que le bénéfice mentionné d’un transfert d’animaux est annulé.

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Transfert de foin.

Moisson de prairie

Les semences sont récoltées sur la surface source avec une moissonneuse-batteuse spécialement réglée pour cette tâche. Cette méthode ne fonctionne cependant que sur un terrain plat alors que la plupart des surfaces non semées – et qui peuvent donc convenir comme prairies donneuses pour l’enherbement direct – sont en pente. De plus, certaines espèces particulières ne sont quasi pas récoltées. Les avantages résident dans le rendement de surface relativement grand. Les semences de différentes prairies récoltées à des moments différents peuvent en outre être mélangées, et les graines semées au moment voulu et jusqu’à 2 ou 3 ans (selon le stockage) après la récolte. On a peu d’expériences en Suisse avec cette méthode ; on les doit surtout à la haute école d’agronomie HAFL de Zollikofen près de Berne qui a mené des essais. Depuis 2019, Regiosaat.ch est la première entreprise à mettre sur le marché des semences autochtones obtenues par moisson de prairies.

Il existe une variante de la moisson de prairie : la technique Heudrusch®. Développée et pratiquée en Allemagne par Joe Engelhardt, elle consiste à récolter l’herbe humide comme pour un transfert de foin, mais au lieu de la transférer directement, on la fait sécher et on la bat avec une infrastructure spéciale.

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Récolte de la semence à la moissonneuse-batteuse.

Brossage

Les graines sont récoltées directement sur les plants avec des outils à brosses spéciaux. Cette méthode est moins efficace que la moisson de prairie, mais permet, avec des outils de dernière génération, de récolter les semences sur des surfaces donneuses raides, inondées ou à la topographie difficile. De plus, selon l’outil employé, on peut « personnaliser » la récolte en choisissant ou en excluant certaines espèces23. Une végétation trop dense ou trop haute limite l’emploi de cette technique, comme cela peut être le cas dans des prairies à fromental ou mégaphorbiaies très riches en nutriments. Comme pour la moisson de prairie, on peut combiner facilement différentes surfaces sources et différents moments de récolte et ainsi optimiser la composition des espèces. De même, le moment de l’ensemencement est flexible. La méthode est actuellement proposée en Suisse uniquement par Ö + L. Cette entreprise a développé un outil spécifique à cette fin, l'eBeetle.

23 Il va de soi que cela ne vaut que si les toutes les surfaces donneuses que l’on combine sont situées dans une même région de petite taille et appartiennent au même type de prairies de stations comparables.

Autres techniques

En plus des trois méthodes principales mentionnées ci-dessus, il en existe d’autres pour l’enherbement direct, qui sont toutefois nettement moins efficaces et par conséquent applicables seulement à petite échelle, ou en complément des méthodes citées. Parmi elles :

Récolte à la main
les espèces souhaitées peuvent bien entendu également être récoltées à la main dans les surfaces donneuses. Ce procédé permet certes une cueillette très ciblée et individualisée de chaque espèce à maturité optimale (qui intervient en général au stade pâteux mou), mais il demande beaucoup de temps et n’est réaliste que pour de petites surfaces. La récolte manuelle peut cependant jouer un rôle important en complément de la moisson de prairie ou du transfert de foin, puisqu’on peut compléter efficacement la récolte des graines de certaines espèces qui, pour différentes raisons (période de maturité, présence très isolée, etc.) ne sont pas transférées ou pas récoltées mécaniquement.

Récolte avec petites machines portatives
il existe sur le marché des aspirateurs et d’autres techniques portatives avec lesquelles on peut récolter les graines de la surface donneuse sur la végétation sur pied. Ces méthodes sont cependant peu efficaces, et là aussi ne conviennent qu’à de petites surfaces. Par rapport à une récolte manuelle elles n’offrent de réels avantages que dans des cas particuliers. Ce genre d’outils n’est utilisé que très ponctuellement en Suisse.

Fleur de foin
cette méthode était usuelle pour améliorer les prairies et en créer de nouvelles jusqu’au milieu du siècle dernier. Elle consiste à ramasser les graines tombées au sol dans la grange et à les semer directement. Comme il n’existait jusque dans les années 1950 presque que des prairies riches en espèces (Bosshard 201624), cette méthode a autrefois remarquablement fonctionné. Aujourd’hui la fleur de foin est composée avant tout de graines de prairies grasses et intensives pauvres en espèces, et contient souvent de nombreuses espèces indésirables telles que les rumex et chardons, de sorte que cette méthode est en général à déconseiller absolument.

Transfert de mottes
dans les cas où une prairie riche en espèces doit être détruite et restaurée ensuite, la méthode du transfert de mottes ou du replacement de mottes est particulièrement adaptée. La végétation d’origine est stockée en grandes dalles au moyen d’une pelleteuse et replacée après les travaux sur la surface à enherber. C’est le canton des Grisons qui dispose de la plus grande expérience de cette méthode, car le transfert de mottes y fait aujourd’hui partie du procédé principalement utilisée dans la construction routière et les projets d’améliorations foncières.

Enherbement spontané
partout où les proches alentours présentent encore des surfaces riches en espèces comprenant les espèces cibles, et partout où on peut s’attendre à les trouver dans la banque de graines du sol, l’enherbement spontané entre aussi en ligne de compte. Cette méthode consiste à ne rien semer, mais simplement à attendre que les espèces convenables s’établissent à nouveau d’elles-mêmes. Cette méthode est conseillée surtout pour les régions de montagne, pour autant que seules des petites surfaces, ou des surfaces de quelques mètres de large seulement, doivent être enherbées, et que des prairies riches en espèces soient présentes dans les environs immédiats (distance < 20 m).

24 Das Naturwiesland der Schweiz und Mitteleuropas. Bosshard A. 2016. Haupt-Verlag, Berne. 265 p. Sommaire, résumé et échantillon de lecture p. 1-34 (en allemand).

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Récolte de la semence à l'eBeetle.

Une planification rigoureuse incontournable

Les méthodes « Transfert de foin » à «Récolte à la main» requièrent une planification soigneuse. Comme les récoltes ne sont effectuées que dans un cadre local, la semence adéquate n’est souvent pas disponible en stock, mais elle est produite spécifiquement, « sur demande », surtout en cas de besoins relativement importants. Cela signifie qu’au plus tard en mai, on doit être au clair sur les besoins de semences et sur les localités et conditions concernées par l’enherbement. Ainsi, si on souhaite semer au printemps – période optimale pour les semis – la récolte doit être déjà terminée l’été d’avant.

Informations complémentaires sur les méthodes d’enherbement direct

Emploi et acquisition de semence standard de prairies fleuries

Dans les régions où il existe trop peu de surfaces sources de qualité, ou dans celles où, pour d’autres raisons, il n’est pas possible de procéder à des enherbements directs, les semences de prairies fleuries riches en espèces contenant les écotypes des régions biogéographiques concernées (voir ill. 1) sont une bonne option.

En Suisse, les entreprises suivantes proposent de la semence standard de prairies fleuries contrôlée : Ufa, Hauenstein, Sativa, Schweizer. Les deux premières ont le plus vaste assortiment, la troisième propose des semences bio. Quelques-uns des mélanges proposés changent presque chaque année, il est donc conseillé de consulter les pages actualisées du site internet des entreprises concernées, ou leurs prospectus abondamment illustrés, pour déterminer le mélange de fleurs le plus approprié à l’application prévue. Il faut absolument faire attention à l’origine biogéographique de la semence lors de l’achat. L’information selon laquelle le mélange est composé d’écotypes suisses ne suffit pas, car ce genre de semences est souvent le résultat d’un mélange de graines originaires de régions biogéographiques différentes. On trouve encore d’innombrables mélanges sur le marché qui ne mentionnent que la part des fleurs d’écotype indigène, alors que la part des graminées n’est pas spécifiée – elle représente souvent bien plus de 90 % du mélange – et que celles-ci viennent généralement de l’étranger et comprennent parfois même des variétés de sélection. Ce genre de semences est nettement meilleur marché mais, pour les raisons exposées au chapitre Introduction, elles sont déconseillées, voire non conformes au droit selon le domaine d’utilisation.

La plupart des mélanges de semences riches en espèces sont composés d’écotypes de la région biogéographique du Plateau. Ce genre de mélange ne doit pas être utilisé dans le Jura, en montagne ou au Tessin. Pour ces régions, à défaut d’une offre en semence standard adéquate, il n’y a que la semence autochtone qui entre en ligne de compte pour la majorité des utilisations.

Quelques cantons (LU et AG p. ex.) ont développé des mélanges à prairies fleuries pour l’agriculture adaptés au contexte cantonal en collaboration avec le commerce. Leur composition floristique diverge parfois légèrement des mélanges courants, et parfois la semence de base de certaines espèces est originaire du canton concerné. On peut acquérir ces mélanges en partie via le commerce et en partie via le canton et les services chargés de cette tâche.

Garantie de qualité

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Talus récemment ensemencé selon le standard HoloSem.

Les recommandations d’Info Flora et Regio Flora mentionnées dans le chapitre Origine des semences en ce qui concerne le choix de la semence de base et des surfaces donneuses, et la répartition spatiale des semences, concernent autant la semence standard que les enherbements directs.

Pour la semence standard, les entreprises semencières de Suisse ont élaboré, dans les années 1990, une convention qui tient compte des recommandations de Info Flora (à l’époque la CPS) ; cet accord est le résultat d’un processus de plusieurs années, mené conjointement avec l’Association pour le Développement de la Culture Fourragère et l’Institut de recherche de Reckenholz. Les entreprises semencières se sont déclarées prêtes à n’utiliser que des écotypes suisses indigènes pour leurs mélanges à prairies fleuries, à annoncer aux organismes de recherche les champs prévus pour la récolte avec les indications demandées (provenance de la semence d’origine, taille des parcelles, p. ex.), et à faire inspecter les multiplications par échantillonnage. Cette convention n’est cependant respectée que pour la composition en fleurs de la semence, la part de graminées est quant à elle encore souvent d’origine étrangère et non certifiée, surtout pour les mélanges utilisés dans les projets touchant les voies de communication.

En plus des recommandations de Info Flora / RegioFlora, il existe pour les enherbements directs un standard de qualité développé par la branche elle-même : le standard Holosem. Ce dernier existe depuis 2014 et définit quelles exigences concernant la qualité et la station doivent être respectées lors de la récolte de la semence, fixe la distance maximale de dispersion de la semence autochtone à 15 km, tout en tenant compte en plus de la région biogéographique de la station et de l’altitude, notamment. Ce standard comprend aussi des exigences quant à la documentation, et au choix des surfaces donneuses, entre autres. Il est de plus en plus utilisé dans les processus de soumission, afin d’assurer une qualité minimale homogène des enherbements directs.

La qualité de l’accompagnement et de l’activité de conseil des acteurs impliqués (exploitants des surfaces par exemple), qui peuvent également réaliser eux-mêmes le transfert de foin, est tout aussi importante et efficace qu’un standard. Un conseil spécialisé peut augmenter de façon substantielle la réussite et la qualité des surfaces ensemencées. On peut le voir par exemple dans le canton d’Argovie, où les paysans intéressés peuvent faire appel gratuitement à ce genre de conseil et où le succès des transferts de foin est examiné au travers d’un monitoring. La page internet de regioflora.ch offre aussi une aide précieuse pour le déroulement correct des transferts de foin : les informations y sont présentées de façon détaillée et compréhensible.

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Illustration 5 : vue d’ensemble des méthodes d’enherbement les plus importantes et périodes optimales, pour une altitude jusqu’à env. 1000 m. L'ouvrage mentionné présente en page 31 un tableau qui traite également les altitudes plus élevées. Source : Bosshard, A., Mayer, P., Mosimann, A., 2015. Leitfaden für naturgemässe Begrünungen in der Schweiz. Mit besonderer Berücksichtigung der Biodiversität. Ö+L Ökologie und Landschaft GmbH (en allemand)

Réalisation pratique des semis et entretien des prairies riches en espèces27

Les semences riches en espèces sont trop coûteuses pour ne pas les mettre en place de façon optimale. Car même en utilisant la meilleure semence, le succès ne sera au rendez-vous qu’en procédant au semis dans les règles de l’art et en mettant en place un entretien ou une exploitation adaptée.

27 Source : Holosem (en allemand)

Préparation du lit de semences

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La préparation de ce lit de semences a consisté en un labour puis en plusieurs hersages espacés d'environ trois semaines.

L’un des prérequis important pour le succès de l’ensemencement est d’avoir un lit de semence exempt de végétation, fin et bien appuyé. Le sol peut être débarrassé de sa végétation par un labour ou par plusieurs passages de la herse, dans des cas particuliers également en le recouvrant d’une feuille noire ; il est déconseillé de pulvériser de l’herbicide. Semer dans des prairies existantes (sursemis) sans éliminer l’ancienne végétation ne fonctionne qu’au prix d’un travail important (voir « Méthode du sursemis »)!

Un « sol bien appuyé » signifie qu’il s’est écoulé au moins trois à quatre semaines depuis le dernier travail profond du sol (labour hersage, apport d’une couche de sol). En effet, si le sol est trop lâche lors du semis, le contact entre la terre et les graines n’est pas optimal et les jeunes pousses risquent de ne pas pouvoir s’enraciner correctement ; en outre, l’approvisionnement en eau depuis le sous-sol est insuffisant, ce qui peut provoquer de grands déficits en cas de sécheresse. Immédiatement avant le semis, le sol peut, si nécessaire (« culture de mauvaises herbes »), être encore hersé ou fraisé très superficiellement (sur env. 3 cm de profondeur).

Moment du semis

Dans la mesure du possible, les semis devraient avoir lieu en avril ou mai. Ne vaut pas pour les transferts de foin, qui doivent être réalisés lorsque les graines de la prairie source sont mûres, donc en général en juin ou juillet. Les semis plus tardifs peuvent être sensiblement compromis par les périodes de sécheresse ou de canicule (surtout les graminées). Les pertes durant l’hiver pour les semis d’automne sont en général aussi considérables (surtout pour les fleurs – par opposition aux graminées). Si les semis ne peuvent pas avoir lieu en avril ou en mai, par exemple en raison de la protection contre l’érosion, mettre en place des cultures dérobées ou des cultures couvrantes est une option. Les conseils d’un ou une spécialiste sont alors recommandés.

Semis

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Semis hydraulique de semence autochtone.

Les semences, dans la quantité prescrite, sont disséminées en surface à la main ou avec les machines adéquates (Hydroseeder, semoir, épandeur à engrais) selon la situation et le parc de machines. Ne pas enfouir les graines dans le sol ! Pour les plus petites surfaces, il est conseillé de semer à la main, en disséminant d’abord la moitié des graines en croix (c’est-à-dire de gauche à droite, puis d’arrière en avant), pour assurer un semis régulier. Il faut passer le rouleau immédiatement après le semis sur les sols meubles (p. ex. surfaces agricoles). Les rouleaux articulés (rouleaux Cambridge p. ex.) conviennent bien. Les petites surfaces peuvent aussi être « frappées » ou « damées ».

Entretien des surfaces réensemencées dans l’année

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Le transfert de foin a aussi transporté des escargots depuis leur prairie sèche d'origine.

Presque toutes les plantes des prairies riches en espèces germent quelques semaines après le semis et ne se développent ensuite que très lentement. Les « mauvaises herbes », par contre, germent pour la plupart tout de suite après le dernier travail du sol, puis elles commencent immédiatement à pousser. Les plantes annuelles peuvent massivement proliférer après peu de temps déjà, surtout sur les sols riches en humus.

Il s’agit alors de garder son sang-froid : ce phénomène est normal et ne met en aucune façon le futur développement de la prairie en péril. Il est toutefois important de ne pas attendre trop longtemps pour effectuer la « coupe d’entretien », afin que les jeunes pousses des espèces semées ne meurent pas sous une épaisse couverture végétale par manque de lumière.

Règle générale : après le semis, dès que le sol est densément couvert de « mauvaises herbes » au point qu’il n’est plus visible par endroit, une coupe d’entretien doit être effectuée :

  • Couper haut (5-10 cm).
  • Le produit de la coupe doit être exporté.
  • Répéter éventuellement la coupe d’entretien dans l’année du semis si les espèces annuelles se développent rapidement encore une fois.
  • Même dans les cas où une coupe d’entretien n’était pas nécessaire durant la saison d’été, il convient d’effectuer une telle coupe en automne, avant l’hivernage, idéalement dans la première moitié de septembre.

Il est important de jeter encore un coup d’œil à la végétation en automne : elle ne devrait pas être plus haute qu’un poing à l’entrée dans l’hiver, afin que les jeunes plantules ne soient pas recouvertes par un « tapis » de végétation écrasée par la neige. C’est la raison pour laquelle la première, ou simplement la dernière de deux coupes d’entretien, est indiquée idéalement pour la première moitié de septembre.

Si des rumex (Rumex obtusifolius) ou des néophytes envahissantes se développent, il est recommandé de les arracher ou les couper déjà dans l’année du semis. Pour toutes les autres « mauvaises herbes », désherber ne sert à rien, au contraire cela serait contreproductif, la coupe d’entretien suffit tout à fait.

A noter que pendant l’année du semis, on ne voit encore pratiquement rien des espèces semées et il est difficile de juger si un ensemencement est réussi ou non. Aucun jugement hâtif ne devrait donc être émis sur sa réussite.

Entretien les années suivantes

Ce n’est que l’année suivant le semis qu’on peut voir s’il évolue dans la bonne direction. Le visage de la future prairie commence à se dévoiler de plus en plus. Selon la station et les espèces semées, il faut cependant souvent au moins une année supplémentaire jusqu’à ce que toutes les plantes se soient bien établies et qu’un peuplement stable puisse se constituer. Comme pour un bon vin, la patience est de mise pour les réensemencements ! Grand bien ne vient pas en peu d’heures…

L’année qui suit l’ensemencement est cependant déjà adéquate pour commencer avec un entretien ou une utilisation réguliers d’une à deux coupes annuelles. La fauche doit absolument être adaptée au peuplement végétal visé et donc aux espèces semées. Il est difficile d’émettre ici des recommandations universelles. Mais de façon générale, les points suivants sont à respecter (« Conservation et revalorisation par la fauche ») :

  • Il n’est en aucun cas nécessaire d’effectuer plus de deux coupes par an dans les prairies non fertilisées. Au contraire, cela nuit à la diversité des espèces et provoque inutilement du travail et des coûts, et consomme des ressources en vain.
  • La fauche devrait avoir lieu généralement environ 1 à 2 semaines après l’essentiel de la floraison afin de permettre que les graines atteignent leur maturité. Dans de nombreux cas, le moment optimal de coupe se situe en plaine dans la deuxième moitié de juin ou la première de juillet.
  • Là où il n’existe pas de directives pour la date de la première coupe (surfaces de compensation écologiques dans l’agriculture p. ex.), une variation annuelle du régime de fauche est bénéfique à la biodiversité (faucher une fois plus tôt, une fois plus tard, etc.).
  • Toujours laisser sur pied de petits secteurs afin de permettre aux animaux de se réfugier dans les structures qui restent, et aux espèces à floraison tardive de poursuivre leur développement jusqu’à la maturité des graines. Le mieux est de laisser à chaque coupe 10% de la surface non fauchée sous forme de bandes refuges, à des endroits différents chaque fois. On peut aussi conseiller d’échelonner la fauche (dates de coupe différentes par petites surfaces avec au moins 3 semaines d’intervalle), là où c’est possible au regard du surplus de travail que cela nécessite.
  • Si possible laisser sécher l’herbe sur place pendant 2 à 3 jours sans précipitations (foin séché au sol) afin que les graines puissent mûrir et tomber.
  • Exporter le foin en tous les cas. Le broyage réduit en général rapidement la diversité botanique.
  • Si le Rumex à feuilles obtuses ou des néophyte envahissantes telles que les solidages américains ou la Vergerette annuelle se développent, il faut les éliminer régulièrement, et autant que possible dès le début. Plus on agit tôt et sérieusement, plus on s’épargne du travail plus tard.

En suivant ces recommandations, on peut apprécier une prairie fleurie colorée après une année ou deux déjà.

Si on souhaite promouvoir la biodiversité encore plus efficacement après un ensemencement réussi, il est recommandé (Mesures générales) d’ajouter encore de la valeur aux prairies fleuries avec des structures telles que des tas de branches, un mur en pierres sèches, des surfaces en gravier, un petit étang, une haie ou des arbres isolés.

Informations supplémentaires :

Information et motivation pour une tâche collective exigeante

Choisir la bonne méthode au bon moment et au bon endroit pour favoriser la biodiversité de façon optimale lors des revalorisations de prairies et de semis dans les milieux prairiaux est exigeant, et il n’est pas rare que cela occasionne un surplus de travail et fasse surgir des obstacles. Les présentes explications ne le cachent pas.

Il est donc d’autant plus important d’attirer sans relâche l’attention des nombreux acteurs impliqués dans les différentes étapes des processus décisionnels sur l’importance des revalorisations de prairies et sur les chances qu’elles offrent, et de les informer et former sur les diverses possibilités existantes et les avantages et inconvénients des méthodes à disposition.

La tâche d’information et de motivation à propos des revalorisations qu’il convient de réaliser ou pas, du lieu pour le faire et de la façon de le faire, est d’autant plus grande que des acteurs très différents sont impliqués en fin de compte : architectes-paysagistes, paysagistes, spécialistes des suivis environnementaux, responsables environnementaux, spécialistes de la protection des sols sur les chantiers, maîtres d’ouvrage, bureaux d’écologie, services publics variés du niveau communal au niveau fédéral, écoles, organismes de formation continue, etc. etc. – et last but not least agricultrices et agriculteurs. Toutes et tous ont régulièrement à décider de ce qui se passe dehors, dans le paysage situé à nos portes. Il faut souhaiter que les présentes informations (élaborées par l’association biodivers) contribuent à une maîtrise encore meilleure de ces défis à l’avenir, afin qu’on se saisisse d’une façon plus volontaire encore des innombrables occasions de revaloriser les prairies en faveur de la nature.

Littérature complémentaire

Les documents suivants présentent des informations et des outils concernant le travail et les coûts que nécessitent les mesures décrites :

  • Catalogues des semences et sites internet des fournisseurs de semences standards et autochtones cités
  • Catalogue des articles normalisés (payant)

Pour les compléments bibliographiques, voir sous Documents techniques.


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Des maisons peuvent aussi accueillir des prairies riches en espèces.

Autres chapitres sur les milieux prairiaux

Auteurs

Texte Andreas Bosshard Ö+L GmbH
Avec la collaboration de Regula Benz
Jean-Yves Humbert Université de Berne, Conservation Biology
Andrea Lips Pro Natura
Winu Schüpbach quadra gmbh
Traduction Sandrine Seidel Filoplume Traduction