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L’Eucère noirâtre (Eucera nigrescens) dépend de grandes populations de Vesce des haies (Vicia sepium).
Texte Karin Loeffel
Review Dr. h.c. Felix Amiet & Dr. Paul Westrich
Traduction Sandrine Seidel
Publication Juillet 2017


Sommaire

Résumé

Fort de plus de 600 espèces en Suisse, le groupe des abeilles sauvages présente une grande diversité, et ses membres fournissent des services écosystémiques conséquents grâce à leur rôle de pollinisatrices. Les abeilles sauvages ont des modes de vie extrêmement variés et on les trouve surtout dans les biotopes ouverts relativement chauds – zones de gravier ou de sable, bordures de zones alluviales, lieux incultes et surfaces rudérales, prairies maigres à flore variée, lisières de forêt et milieux de transition.

Fondamentalement, les abeilles sauvages ont, d’une part, besoin de plantes nourricières en abondance, qui doivent être disponibles en qualité et quantité suffisantes du début du printemps jusqu’à la fin de l’été. D’autre part, elles ont besoin de sites de nidification et de matériaux pour leurs nids. Une grande diversité structurale dans des sites ensoleillés et tranquilles, couplée à des sources de pollen présentes en quantité suffisante et disponibles en permanence, permet à une grande diversité d’abeilles sauvages de prospérer.

Il faut en priorité conserver et promouvoir les habitats naturels des abeilles sauvages. L’article cite des mesures de conservation efficaces pour les habitats les plus importants de ce groupe d’espèces. En zone agricole, on peut promouvoir les abeilles sauvages en aménageant des bandes fleuries, et par une exploitation qui respecte leurs besoins ; en milieu urbain, en offrant des sources de pollen et du matériel de nidification indigènes et adaptés à la station. Comme les abeilles sauvages ont des exigences écologiques complexes et un rayon d’action limité, il est indispensable de connecter étroitement entre eux les différents secteurs de leur habitat.

Systématique

Le terme « abeilles sauvages » recouvre toutes les espèces sauvages d’abeilles, y compris les bourdons, à l’exception de l’Abeille européenne (Apis mellifera), c’est-à-dire l’abeille domestique. Les abeilles font partie de l’ordre des hyménoptères (Hymenoptera), groupe d’insectes comprenant de très nombreuses espèces. A l’intérieur de cet ordre, les abeilles forment la famille des Apidae, qui est réunie avec certains groupes de guêpes (Spheciformes, Pompilidae et Vespidae p. ex.) et avec les fourmis dans le groupe des aculéates (Aculeata). Les femelles des aculéates possèdent un dard venimeux dérivant d’un organe de ponte – la tarière des Ichneumonidae. Plusieurs familles de guêpes utilisent ce dard pour paralyser leurs proies ; il ne sert qu’à se défendre chez les abeilles, et n’est que rarement employé par les abeilles sauvages, de tempérament très pacifique. Certains genres d’abeilles sauvages possèdent des noms vernaculaires : andrènes ou abeilles des sables (Andrena), osmies (Osmia), xylocopes ou abeilles charpentières (Xylocopa), etc. La Suisse abrite environ 615 espèces. Des informations supplémentaires sur la systématique des abeilles sauvages sont disponibles sur les sites suivants :

Eléments d’écologie pour la pratique

Habitat et régime alimentaire

Les abeilles sauvages ont des modes de vie extrêmement diversifiés et dépendants de l’espèce, et occupent de nombreux milieux. Les biotopes naturels importants pour elles sont les surfaces de gravier et de sable, les bordures de zones alluviales, les lieux incultes, les surfaces rudérales, les prairies maigres à flore variée, les lisières de forêt et les milieux de transition. L’importance des zones humides ne doit pas non plus être sous-estimée : si le nombre d’espèces qui les fréquentent est relativement faible, en revanche celles-ci sont hautement spécialisées. Toutes les espèces d’abeilles ont en commun le fait que le régime alimentaire des adultes et des larves est purement végétal, sous forme de nectar et de pollen. Deux espèces indigènes du genre Macropis récoltent aussi l’huile florale contenue dans les fleurs des lysimaques (Lysimachia). Presqu’un quart des espèces d’abeilles ont un régime alimentaire spécialisé : elles récoltent uniquement le pollen de certaines plantes précises –espèces, genres ou familles – pour leur descendance, et sont dites « oligolectiques », i.e. butineuses spécialisées. Le degré de spécialisation par rapport aux sources de pollen est différent d’une espèce à l’autre ; les espèces spécialisées peuvent, jusqu’à un certain point, faire preuve de flexibilité en se rabattant sur d’autres sources de pollen en cas d’insuffisance des ressources adéquates. Fondamentalement, les abeilles sauvages ont besoin d’une grande richesse de plantes nourricières, qui doit perdurer en qualité et quantité durant toute leur période de vol et leur durée de vie.

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Les bordures des zones alluviales, les surfaces rudérales et les prairies maigres fleuries en lisière de forêt font partie des habitats les plus importants pour les abeilles sauvages.

Reproduction et dispersion

Un certain nombre d’espèces d’abeilles sauvages sont sociales ou ont des mœurs intermédiaires, avec des ébauches de division du travail et de soins à la descendance. En définitive, les mœurs sociales sont marquées chez les bourdons, chez quelques espèces du genre Halictus et chez celles du genre Apis. La majorité des abeilles sauvages sont cependant solitaires : La femelle construit un nid et s’occupe seule de la descendance. Le rôle du mâle est de s’accoupler. Les éléments de base d’un nid d’abeille sauvage sont les « cellules », dont le volume correspond à la taille des abeilles qui s’y développent. Souvent, plusieurs cellules sont disposées en ligne les unes derrières les autres et recouvertes d’une sécrétion. Des réserves de nourriture pour les larves sont placées dans les cellules, sous forme d’un mélange de pollen et de nectar – le miel – ou un mélange de pollen et d’huile florale pour quelques espèces. La femelle pond un seul œuf sur le stock de nourriture, et construit une paroi de séparation avec la cellule voisine. Après l’éclosion, les larves se nourrissent des réserves à disposition. Normalement, une majorité des espèces hiverne au nid à l’état larvaire ou adulte, et ne sort que l’année suivante. Chaque espèce d’abeille sauvage peut être observée à l’état adulte à une période précise, et la plupart ne survivent que quelques semaines sous cette forme. Même dans des conditions favorables, elles montrent un taux de reproduction comparativement faible. Une femelle ne construit que 10 à 30 cellules durant sa vie. Les mâles ont une période de vol de quelques jours à quelques semaines, la plupart du temps plus courte que les femelles (5 à 11 semaines).

L’emplacement choisi pour construire le nid diffère beaucoup d’une espèce à l’autre : cavités existantes, tiges de végétaux creuses ou contenant de la moelle, bois mort, coquilles d’escargots, fissures dans les pierres ou dans le bois sont autant de possibilités. De nombreuses mégachiles et abeilles maçonnes utilisent ce genre de cavités pour construire leur nid. Quelques espèces façonnent même des nids, en dehors de toute cavité, en mortier minéral ou résine végétale, qu’elles fixent aux pierres ou aux plantes. Environ la moitié de nos espèces d’abeilles sauvages nichent dans des terriers qu’elles creusent elles-mêmes dans le sol, souvent sur des surfaces où la végétation est clairsemée. Il existe beaucoup d’espèces nichant dans le sol qu’on ne trouve que dans des sols sablonneux. Les habitantes des parois raides nichent le long des berges naturelles des cours d’eau. Des matériaux spécifiques sont utilisés pour construire et boucher les cellules : terre, mortier végétal (bouts de feuilles mâchés), soies végétales, bouts de feuilles, petits cailloux, argile, résine. De plus, environ un quart des espèces d’abeilles sauvages sont des parasites – et sont de ce fait appelées abeilles coucous : elles ne construisent pas de nids mais pondent leurs œufs dans les nids d’autres abeilles sauvages. Chaque espèce d’abeille coucou a ses hôtes de prédilection, la plupart du temps 1 à 3 espèces.


L’écologie complexe et exigeante des abeilles sauvages a pour conséquence que les endroits susceptibles d’accueillir ces insectes doivent remplir simultanément des conditions différentes :

  • Conditions microclimatiques, généralement possibles seulement dans des paysages ouverts ou semi-ouverts, beaucoup d’espèces sont même extrêmement thermophiles
  • Sites pour les nids, car chaque espèce a ses exigences, la plupart du temps très précises
  • Plantes nourricières offrant pollen et nectar en quantités suffisantes, que ce soit pour approvisionner les larves ou pour la consommation propre
  • De nombreuses espèces sont, de plus, dépendantes de matériaux de construction spécifiques pour les cellules (p. ex. argile, soies végétales, feuilles, petits cailloux, résine)

L’offre locale en fleurs et en sites de nidification a une influence prépondérante sur le nombre et l’identité des espèces d’abeilles présentes dans un habitat donné. En fonction du spectre des pollens qu’elles consomment, les communautés d’abeilles sauvages sont fortement inféodées au site. Pour récolter le pollen, elles demeurent si possible dans la même zone que celle qui leur fournit les ressources pour les nids. Le remplissage des cellules nécessite jusqu’à cinquante allers et retours des abeilles entre le nid et les plantes nourricières. Les distances de vol maximales atteintes pour récolter le pollen se montent à 300 m, rarement 1500 m, pour la plupart des espèces étudiées. Les espèces dont l’habitat est fractionné en plusieurs parties – à exigences complexes tant par rapport à l’habitat duquel elles tirent leur nourriture qu’à celui où elles installent leurs nids – ont besoin que les différentes parties de leur habitat soient étroitement imbriquées. Un tableau montrant une vue d’ensemble des distances maximales de vol pour aller récolter la nourriture est présenté dans : Zurbuchen A., Müller A. (2012). Wildbienenschutz - von der Wissenschaft zur Praxis. Haupt Verlag, Bern. Bristol-Schriftenreihe 33.

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Différents types de nids d’abeilles sauvages : cellules dans une tige de plante (Ceratina cyanea), opercule fermant un nid construit dans une coquille d’escargot (Osmia aurulenta), opercule d’un nid à l’air libre composé de résine (Anthidium strigatum) et terrier creusé dans le sol (Andrena nitida).

Utilité des abeilles sauvages et pollinisation

La majorité de nos plantes dépend de la pollinisation par les animaux. A l’échelle mondiale, les abeilles représentent le groupe le plus important de pollinisateurs parmi les insectes. Comme elles ont besoin de grandes quantités de pollen et de nectar pour leur alimentation propre et pour celle de leurs larves, elles visitent les fleurs à une fréquence comparativement soutenue. Pour des raisons physiologiques, morphologiques et comportementales, les abeilles sauvages sont souvent des pollinisatrices d’égale importance ou plus efficaces que les abeilles domestiques pour certaines plantes, voire les seules. Dans les écosystèmes agricoles, le recul des abeilles a des conséquences graves pour la pollinisation des plantes cultivées. La stabilité de la pollinisation ne dépend pas seulement du nombre, mais aussi de la diversité des pollinisateurs.

Conservation et promotion

Mesures générales

L’existence d’une flore variée et abondante, à disposition durant toute la période de végétation, est essentielle pour celle des abeilles sauvages. La présence de sites de nidification et de ressources pour la construction du nid est un facteur limitant supplémentaire. Il faut donc une offre suffisante en éléments structuraux, comme du bois mort, des murs en pierres sèches, des murgiers, des tiges creuses et des surfaces rudérales.

Promouvoir l’offre alimentaire

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Les campanules (Campanula), les chardons (Asteraceae) et les trèfles (Fabaceae) font partie des sources de pollen les plus importantes pour les abeilles sauvages.

Chaque espèce d’abeille sauvage a une période de vol différente, s’étendant souvent sur quelques semaines seulement. Seule une offre en fleurs permanente, du début du printemps à la fin de l’été, permet une bonne diversité d’abeilles sauvages. Certaines plantes d’ornement exotiques ou des plantes aromatiques méditerranéennes reçoivent aussi les visites de certaines abeilles sauvages ; il faut toutefois privilégier les espèces indigènes. Mesures de conservation générales pour favoriser l’offre alimentaire des abeilles sauvages :

  • Création de bandes fleuries, promotion de structures de transition fleuries le long des champs, haies, lisières, cours d’eau et chemins. Il faut soumettre à une évaluation critique la création de bandes fleuries le long de routes très fréquentées et d’îlots routiers, ce tout particulièrement lorsque ces éléments sont situés entre l’habitat utilisé pour les nids et celui utilisé pour la recherche de nourriture. Un grand nombre d’animaux peuvent entrer en collision avec les véhicules et se faire tuer. La végétation adventice des voies ferrées joue souvent un grand rôle comme source de nourriture.
  • Plantation de plantes nourricières pour les abeilles sauvages dans les jardins et les espaces verts publics.
  • Une flore favorable aux abeilles sauvages se caractérise par sa quantité, sa diversité et sa permanence. La durabilité de l’offre sur l’année est tout aussi importante qu’une quantité suffisante en plantes nourricières appropriées. Pour ce dernier aspect, il faut surtout faire attention à assurer des sources de pollen adaptées aux espèces d’abeilles à promouvoir.
  • Les sources de pollen importantes se trouvent dans les familles végétales suivantes : fabacées (Fabaceae), brassicacées (Brassicaceae), astéracées (Asteraceae), labiées (Lamiaceae), rosacées (Rosaceae), ombellifères (Apiaceae), ainsi que parmi les campanules (Campanula), les saules (Salix) et les vipérines (Echium).

En ce qui concerne la concurrence alimentaire entre les abeilles domestiques et sauvages, il est à noter que ces dernières peuvent souffrir localement lorsque la richesse florale est faible et que la densité d’abeilles domestiques est élevée. C’est la raison pour laquelle il est recommandé de ne pas implanter ni tolérer de ruches à proximité des réserves naturelles et des habitats particulièrement riches en abeilles sauvages.

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Promouvoir les possibilités de nidification

En principe, il convient d’installer les structures qui peuvent être utilisées par les abeilles sauvages comme sources de matériaux dans les sites ensoleillés et épargnés par les dérangements. Les tas de bois mort ne doivent pas comporter de bois imprégné, verni ou collé, ni de traverses de chemin de fer (empoisonnement). Il faut toujours placer les petits éléments de structure dans ou à proximité de surfaces comprenant une flore abondante. Ci-dessous, quelques possibilités pertinentes pour mettre à disposition habitats et matériel de nidification :

  • Zones de sol nu (niches d’érosion, ruptures de pente, chemins non asphaltés, bords de chemin) et surfaces avec peu de végétation. Les abeilles sauvages qui nichent dans le sol sont diversement spécialisées quant au substrat, à la pente et à la couverture végétale ; beaucoup ont une préférence pour les sols de sable ou de loess.
  • Structures rocheuses (falaises, murs secs avec fissures et cavités de différentes tailles ou dont les fissures sont remplies d’argile, blocs erratiques). Bien ensoleillées, à couverture végétale pas trop dense.
  • Structures en bois mort, bois pourri (tronc couché ou sur pied, grosses branches, souches). On peut augmenter l’offre en sites de nidification en installant des nichoirs artificiels, par exemple en perçant des trous dans du bois sec. Des galeries d’un diamètre de 3 à 8 mm conviennent bien à la majorité de nos espèces d’abeilles sauvages qui nichent en cavité.
  • Surfaces non fauchées, présentant des tiges creuses ou à moelle. Bien ensoleillées, moelle ou cavité accessible par des cassures, pas de contact avec l’humidité du sol.
  • On peut mettre à disposition des coquilles d’escargots vides dans la rocaille de son jardin, si des abeilles maçonnes sont présentes dans les environs proches ou moins proches. C’est indiqué surtout pour l’Osmie bicolore (Osmia bicolor) et Osmia aurulenta.
  • Les nids de souris abandonnés et la couche de litière des surfaces en friches sont souvent utilisés comme sites de nidification par les espèces de bourdons menacées.

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Les bandes fleuries pluriannuelles offrent une grande richesse de ressources alimentaires aux abeilles sauvages.

Zone agricole

Mesures de conservation générales en zone agricole

En zone agricole, il est recommandé de conserver et mettre en valeur des surfaces fleuries comprenant des petits éléments structuraux pouvant servir de sites de nidification, par les mesures suivantes :

  • Augmenter la richesse floristique (diversité et quantité)
  • Conserver et créer des petits éléments de structure bien ensoleillés
  • Connecter les habitats riches en fleurs et en petits éléments structuraux
  • Aménager des talus et des bandes herbeuses extensives
  • Tolérer les bandes herbeuses avec sol non stabilisé, créer et tolérer des surfaces de sol nu
  • Créer des ruptures de niveau verticales au bord des champs ou des affleurements de terre dans les talus

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  • Une nouvelle fiche pratique du FiBL en allemand (« Wildbienen fördern - Erträge und Pflanzenvielfalt sichern ») présente des informations concises sur les moyens de promouvoir les abeilles sauvages dans la zone agricole et montre leur importance pour la pollinisation des plantes sauvages et cultivées. Le montant des services écosystémiques qu’on leur doit est estimé à 200-480 millions de francs par an.

Aménagement de bandes fleuries pour les abeilles sauvages

Pour améliorer l’offre alimentaire en zone agricole, on peut, en guise de mesure de conservation de la biodiversité, mettre en place des surfaces de promotion appelées « bandes fleuries pour les pollinisateurs et les autres organismes utiles ». On réduit ainsi l’insuffisance de l’offre alimentaire entre début juin et fin août, et on favorise les abeilles sauvages et les bourdons peu spécialisés. Le bénéfice que peuvent tirer des bandes fleuries annuelles les espèces rares de bourdons et les abeilles sauvages très spécialisées dépend beaucoup de la composition floristique de la bande fleurie, de la date de semis et des conditions locales. On teste actuellement comment les bandes fleuries pluriannuelles peuvent aussi servir à promouvoir la biodiversité et comment elles doivent être exploitées. Pour que des populations viables d’abeilles sauvages puissent s’établir, il faut idéalement que les bandes fleuries soient reliées les une aux autres et qu’elles soient mises en place pour une longue durée sur des surfaces assez grandes.

Indications pratiques complémentaires pour l’installation de bandes fleuries favorables aux abeilles sauvages :

  • Les bandes fleuries considérées comme surfaces de promotion de la biodiversité (SPB) doivent rester en place au moins 100 jours et sont annuelles.
  • A l’avenir, il faudra également mettre en place des bandes fleuries pluriannuelles pour la promotion durable des abeilles sauvages
  • Installer les bandes fleuries dans des situations ensoleillées et si possible les relier entre elles
  • Enherbement direct ou semis de mélanges de graines spécifiques
  • Pas de recours aux herbicides (y compris dans les cultures voisines), lutte uniquement mécanique contre les éventuelles plantes à problèmes
  • Une coupe de nettoyage à la fin de l’été pour favoriser la flore de l’année suivante
  • Labourer de façon échelonnée les bandes fleuries pluriannuelles
  • Pour les bourdons : surfaces fleuries comprenant une grande diversité de fabacées (Fabaceae), comme le Trèfle violet (Trifolium pratense), jusqu’au début de l’automne

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Informations générales

Enherbement direct ou mélanges de graines

Idéalement, on utilise pour l’ensemencement le foin d’une pairie fleurie proche et riche en espèces. On peut aussi utiliser des semences autochtones adaptées aux conditions de la station et représentant un mélange floral de qualité pour les abeilles sauvages. Pour les bandes fleuries dans l’agriculture, les mélanges de graines de l’Agroscope « Pollinisateur SHL Plus » ou « Pollinisateur printemps » sont recommandés. D’autres mélanges pour les semis d’automne ou des surfaces pluriannuelles sont en cours de développement.

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Exploitation favorable aux abeilles sauvages

En principe, un mode d’exploitation biologique a des effets positifs. La densité et la diversité des abeilles sauvages croissent de manière significative sur les prairies sèches extensives, dès lors qu’on laisse des surfaces résiduelles non coupées. Cette hausse est chaque fois immédiate et persiste quelques années. Laisser des surfaces comme zones refuges semblent être plus efficace pour les abeilles sauvages que reporter la coupe d’un mois sans offrir ensuite de zones refuges. Se référer à la date de fauche traditionnelle pour fixer la date de la coupe est essentiel. Les recommandations concrètes pour une exploitation agricole respectueuse des abeilles sauvages en zone agricole sont présentées ci-dessous :

  • Ne pas employer de faucheuse-conditionneuse (faucheuse à disque), mais une faucheuse à barre de coupe.
  • Fauche échelonnée dans le temps lors de la première coupe. Première coupe dans le dernier tiers de juin, c’est-à-dire lorsque les graminées ont terminé leur croissance et commencent à fleurir.
  • Création de bandes-abri pas trop étroites sur 10 à 20 % de la surface. Faucher les bandes non fauchées en même temps que la prochaine coupe, et laisser d’autres zones non fauchées ailleurs l’année suivante.
  • Régulation mécanique (et non chimique) des mauvaises herbes. Renonciation aux pesticides qui ont des effets secondaires sur d’autres organismes que ceux ciblés.
  • Renonciation aux engrais minéraux azotés. Epandre du compost en lieu et place du purin. Pas d’engrais sur une sélection de surfaces.

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Mesures de conservation dans les vergers

  • Entretien des arbres dans un sens favorable à la nature, i.e. coupe irrégulière, de façon à ce que les abeilles nichant dans le bois trouvent des possibilités, par exemple dans les galeries forées par d’autres organismes pour se nourrir.
  • Les cavités d’arbres sont des sites de nidifications attrayants pour quelques espèces de bourdons.
  • Par la fauche extensive, favoriser des herbages à grande diversité d’espèces et de fleurs sous les arbres fruitiers (prairie à fromental). Des ressources alimentaires doivent être disponibles aussi hors de la période de floraison des arbres.
  • Aménagement d’éléments supplémentaires enrichissant la structure du biotope : chemins de terre non stabilisés, surfaces argileuses ou sablonneuses, bois mort, autres petits éléments.
  • Attention à ne pas introduire de plantes pouvant servir d’hôte à des ravageurs lorsqu’on plante des arbustes favorables aux abeilles sauvages.

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Bois mort et grosses pierres au jardin sont autant d’éléments naturels favorisant la reproduction des abeilles qui ne nichent pas dans le sol.

Milieu urbain

Mesures de conservation générales en milieu urbain

Dans les agglomérations, on trouve surtout des espèces fréquentes d’abeilles sauvages. On peut cependant aussi offrir des habitats adéquats aux espèces rares et menacées, dans la mesure où on tient compte des exigences propres à chaque espèce. Grâce au microclimat plus chaud, à la structure diversifiée à petite échelle et aux ressources en partie abondantes, le potentiel des zones urbaines est considérable. Connecter les jardins privés riches en fleurs et bien structurés, les parcs et les zones industrielles est une mesure prometteuse pour la promotion des abeilles sauvages. Mesures de conservation générales :

  • Régime de fauche extensif dans les espaces verts publics rarement parcourus
  • Promouvoir les massifs de buissons et les haies d’essences indigènes, et ne pas les tailler chaque année, ni tous en même temps
  • Favoriser les plantes indigènes dans les espaces verts
  • Créer des jardins privés proches de l’état naturel
  • Réduire l’usage de fertilisants et de pesticides
  • Végétaliser les façades et les toits

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Valoriser les chemins, les places et les zones de bordure

Les zones de terre à végétation clairsemée ou absente constituent des petites structures importantes pour les abeilles sauvages en milieu urbain. Elles sont particulièrement précieuses si elles sont bien ensoleillées et abritées de la pluie et qu’elles comportent du sable. On peut éviter l’étanchéification du sol par l’usage de matériaux de revêtement alternatifs (dalles espacées sur sol sableux) ou carrément renoncer à tout revêtement. On peut également valoriser certaines zones de bordure : ourlets, bords de chemin, talus, allées, remblais. Les mesures présentées dans le chapitre Promouvoir l’offre alimentaire peuvent aussi être mises en place sur ces surfaces. Il faut cependant faire très attention à ne pas choisir des surfaces qui peuvent occasionner un surcroît de mortalité ! Les bordures de voies de circulation à grand trafic (autoroutes et routes principales) ne conviennent pas comme habitat de substitution pour les abeilles sauvages.

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Valoriser les parcs et les jardins privés

Les recommandations générales concernant les ressources alimentaires et matérielles pour la nidification présentées dans le chapitre Promouvoir l’offre alimentaire sont utiles aux abeilles dans les espaces verts publics et privés. La plantation d’essences indigènes adaptées à la station et la renonciation aux produits phytosanitaires et aux fertilisants sont essentielles. Voici d’autres mesures pour la promotion des abeilles sauvages dans les espaces verts publics :

  • Appliquer un régime de fauche extensif pour l’entretien du plus grand nombre possible de surfaces maigres : faucher deux fois permet l’établissement à moyen terme de prairies fleuries riches en espèces si la végétation prairiale est déjà diversifiée. La première coupe doit être effectuée dans le dernier tiers de juin, la deuxième entre fin août et octobre (en fonction de la météo). Faucher les espaces verts de façon échelonnée dans le temps et dans l’espace. Faucher avec faucheuse à barre de coupe, laisser brièvement sécher l’herbe coupée sur la surface pour permettre aux invertébrés de s’échapper et aux plantes de disséminer leurs graines, puis l’évacuer. Laisser en place des îlots de fleurs sur 10 à 20% de la surface totale, en guise de refuges.
  • Sur les sols riches et argileux, on peut créer les conditions pour un nouveau semis riche en fleurs en décapant la couche supérieure du sol (sur 30 à 40 cm de profondeur) et par un apport de sable et gravier calcaires en surface.
  • Maintenir l’étanchéification au strict minimum et favoriser un sol dégagé : utiliser sur les chemins et les places un revêtement perméable et permettant aux végétaux de pousser.

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Mesures pour favoriser les abeilles sauvages dans les jardins privés

Entre 50 et 130 espèces d’abeilles sauvages peuvent élire domicile dans les jardins naturels. Nombre d’entre elles sont hautement spécialisées et ont besoin de ressources bien précises pour nicher, en plus d’une grande richesse en fleurs.

  • Les plantes suivantes sont des sources de pollen et de nectar importantes pour les abeilles sauvage en milieu urbain : végétaux à floraison précoce tels que saules (Salix) et Epine noire (Prunus spinosa), lotiers (Lotus) et trèfles (Trifolium), esparcettes (Onobrychis), vipérines (Echium), Moutarde des champs (Sinapis arvensis) et Moutarde blanche (Sinapis alba) et d’autres brassicacées à grandes fleurs (Brassicaceae), campanules (Campanula), Epiaire droite (Stachys recta), Epiaire officinale (Betonica officinalis), chardons (Asteraceae) et centaurées (Centaurea), Chicorée sauvage (Cichorium intybus) et autres Cichorioideae, Tanaisie commune (Tanacetum vulgare).
  • En cas de semis avec des mélanges de semences, n’utilisez que ceux portant la mention « CH-Formes sauvages » ou « Qualité CH » ou « 100% écotypes indigènes » (cf semis de mélanges de graines spécifiques).
  • Faucher les prairies fleuries une ou deux fois par an, un sol pauvre est une condition sine qua non pour la biodiversité des espèces. Coupe après la floraison de la plupart des espèces, ou fauche au début de l’été avec deuxième coupe à la fin de l’automne.
  • Mettre des sites de nidifications à disposition, par exemple murs secs, tiges des plantes laissées sur pied en automne, surfaces de sol nu, zones sablonneuses, chemins naturels non étanchéifiés, bois mort pourri, grandes pierres, etc. Voir Promouvoir la nidification et Nichoirs pour les abeilles sauvages ne nichant pas dans le sol
  • Eclaircir et créer des surfaces de sol nu ou à couverture végétale éparse sur terrain plat ou dans les talus ensoleillés.

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Trois abeilles sauvages et leurs plantes nourricières en milieu urbain (de gauche à droite) : Eucera nigrescens avec Bugle rampante (Ajuga reptans), Osmia brevicornis avec Cardamine des prés (Cardamine pratensis) et Osmia adunca avec Vipérine commune (Echium vulgare).

Végétalisation des toits

Un toit végétalisé consiste généralement en une protection anti-racine, une couche de drainage, le substrat (terre) et la couche de végétation. Les études actuelles sur la faune des abeilles sauvages des toits végétalisés d’Allemagne et de Suisse montrent que le cortège d’espèces n’est pas grand sur ces toits en raison de leur surface, la plupart du temps trop petite pour représenter un habitat. Les toits végétalisés extensifs accueillent une diversité d’espèces plus faible que les biotopes de plain-pied comparables et ne peuvent de ce fait pas remplacer les prairies maigres ou les surfaces rudérales. La majorité des espèces d’abeilles sauvages ne recherche les toits qu’à des fins alimentaires et leur site de nidification se trouve à proximité. La hauteur des toits a une influence sur la diversité spécifique lorsque les conditions de vent régnant sur les toits situés à plus grande hauteur rendent leur utilisation par les butineurs plus difficile. Le potentiel des toits végétalisés peut être amélioré dans quelques cas en offrant des ressources pour la nidification et en augmentant la diversité structurale sur les toits de faible hauteur.

  • Structurer les toits plats en créant une mosaïque dans la densité du substrat. Si des ressources alimentaires suffisantes sont présentes, il peut, dans des cas exceptionnels, être bénéfique d’offrir des possibilités de nidification.
  • Offrir des surfaces couvertes de sable, pauvre en éléments nutritifs et un peu lié, d’au minimum 15 à 20 cm d’épaisseur, d’inclinaison variable, mais principalement sur les zones plates.
  • Eviter les situations où l’eau stagne. Offrir des structures verticales, des micro-ruptures de pente, des pierres isolées structurées, du bois mort, des tiges creuses ou contenant de la moelle.
  • Enherbement extensif avec végétalisation proche de l’état naturel sans irrigation ni apport en nutriments.
  • Un minimum de fleurs est nécessaire ; il peut être judicieux de se limiter à quelques sources de pollen, mais d’en assurer une quantité suffisante.
  • Ne pas installer de nichoirs à bourdons (les populations surchauffent vite et cela engendre une hausse de mortalité).

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Informations générales

Nichoirs pour les abeilles sauvages ne nichant pas dans le sol

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Les nichoirs artificiels favorisent surtout l’Osmie rousse (Osmia bicornis) et l’Osmie cornue (Osmia cornuta).

On peut enrichir l’offre urbaine en sites de nidification pour les abeilles qui nichent en cavités mais pas dans le sol en installant des nichoirs artificiels. Cependant, ces derniers sont utiles avant tout pour quelques espèces seulement, souvent fréquentes, raison pour laquelle la priorité reste de favoriser les sites de nidification naturels et, surtout, d’améliorer l’offre alimentaire. Les études montrent que presque 90% des nichoirs artificiels installés dans les fameux « hôtels à insectes » sont colonisés par les deux espèces que sont l’Osmie rousse (Osmia bicorna) et l’Osmie cornue (Osmia cornuta). Avec des nichoirs artificiels réalisés de façon professionnelle, au maximum un quart des espèces d’abeilles sauvages présentes dans les jardins peuvent être favorisées ; la majorité des espèces nichent toutefois dans des cavités creusées dans le sol par leurs soins.

Fabriquer, commercialiser et installer des nichoirs à abeilles est à la mode en ce moment. Il est vrai que ces mesures sont précieuses en milieu urbain sur le plan pédagogique, mais elles n’ont que peu d’impact sur les communautés d’abeilles sauvages. Il est recommandé de mettre à disposition des nichoirs artificiels fabriqués de façon professionnelle, ce surtout dans les agglomérations. Un soin particulier doit être apporté au choix des sites : les endroits abrités du vent et des intempéries, secs, ensoleillés, et orientés d’est au sud-est sont idéaux. Ils doivent être disposés horizontalement, à au moins 1 m au-dessus du sol et leur accès frontal doit être laissé libre. Il faut les installer en hiver ou au début du printemps et les laisser en place pendant l’hiver afin que les insectes n’arrivent pas trop tôt à maturité.

Indications pratiques pour installer des nichoirs artificiels en faveur des abeilles nichant en cavité :

  • Bois sec non traité de feuillu tel que frêne (Fraxinus), hêtre (Fagus), chêne (Quercus) ou arbres fruitiers. Tout morceau de bois de 7 à 15 cm d’épaisseur convient.
  • Percer des trous, non dans le bois de bout, reconnaissable aux cernes annuels, mais dans le bois de fil (où se trouvait l’écorce). Laisser 1 cm d’espace entre les trous d’un diamètre inférieur à 6 mm, 2 cm entre ceux de 6 à 8 mm de diamètre, et percer sur 5 à 15 cm de profondeur. L’idéal est une combinaison de trous de différents diamètres entre 3 et 8 mm. Poncer ensuite la surface au papier de verre pour éviter que des esquilles ne gênent l’accès aux futurs nids.
  • Couper des bambous mesurant 3 à 10 mm de diamètre interne en tronçons d’env. 20 cm de long (à la scie à ruban ou à la scie à main – ils ne doivent pas casser ni s’ébrécher). La cloison arrière de chaque galerie est formée par les nœuds naturels des bambous. Enlever la moelle en raclant l’intérieur des bambous avec une alène, un fil, une fraise ou une brosse à bouteille pour obtenir des parois les plus lisses possible.
  • En complément, on peut disposer côte-à-côte sur la tranche des tuiles à emboîtement en laissant entre elles des cavités de 5 à 8 mm, ou en inclure une pile dans un mur sec
  • On peut aussi installer des tiges coupées ou cassées contenant de la moelle : mûriers, framboisiers, églantiers, molènes ou chardons, par exemple en les fixant sur deux fils tendus à l’horizontale.
  • Entretien : Seules les espèces qui volent dès mi-mai nettoient les nids abandonnés et les réutilisent. Les abeilles sauvages plus précoces n’acceptent quant à elles que des galeries non encore utilisées, raison pour laquelle il faut de temps à autre remettre du matériel frais à disposition.

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Les sources suivantes légitiment une position plutôt critique par rapport aux nichoirs artificiels et montrent les erreurs à éviter :

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Les surfaces rudérales sont précieuses pour les abeilles sauvages lorsqu’elles bénéficient d’un bon ensoleillement et de zones sablonneuses.

Création de surfaces rudérales et pionnières pauvres en éléments nutritifs

Les surfaces rudérales sont des biotopes de substitution importants pour les abeilles sauvages peuplant à l’origine les bancs de gravier le long des rivières. Ces sites graveleux et/ou sablonneux, souvent peu végétalisés, offrent lorsqu’ils sont ensoleillés des habitats adéquats aux abeilles sauvages pour se nourrir et se reproduire. Les surfaces rudérales sont des milieux pionniers et, à ce titre, évoluent d’une année à l’autre. Indications pratiques pour créer des surfaces rudérales et pionnières :

  • Situation ensoleillée, sol perméable sableux, graveleux ou marneux. Choisir des surfaces les plus grandes possible, à l’écart des routes à grand trafic. Créer des surfaces plus petites à proximité d’habitats riches en fleurs.
  • Enlever les revêtements durs ou la couche de terre riche en éléments nutritifs le cas échéant. Recouvrir les sols bruts d’une couche d’au moins 25 cm de tout-venant, combinée avec du sable ou de la marne.
  • Semis clairsemé de plantes rudérales et de prairies maigres adaptées à la station.
  • Entretien : coupe partielle tous les 2-3 ans. Recréer périodiquement un stade pionnier sur une partie de la surface (à la pioche).
  • Les néophytes invasives qui apparaîtraient sur les zones ouvertes doivent êtres combattues (arrachage).

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Cours d’eau, zones alluviales et zones humides

Concernant les habitats naturels, la création et la valorisation des zones alluviales sont bénéfiques pour les abeilles sauvages : élargir les cours d’eau et autoriser le régime naturel des crues permet l’apparition périodique de nouvelles zones de sable et de gravier ainsi que la création de ruptures de terrain et d’une couverture végétale irrégulière. Ce sont en particulier les abeilles sauvages qui nichent dans le sol (p. ex. abeilles des sables) et celles qui les parasitent qui en profitent. Les zones humides abritent quelques espèces d’abeilles sauvages étroitement liées à ce milieu : parmi elles on compte des espèces qui sont spécialisées sur des plantes hygrophiles (Macropis europeae sur les lysimaques ou Melitta nigricans sur les salicaires) ainsi que quelques espèces du genre Hylaeus. Les abeilles sauvages sont présentes dans les roselières comportant des peuplements clairsemés de roseaux et y nichent dans des galles. Les secteurs où des galles sont présentes ne doivent être fauchés que tous les 4 ans.

Liens

  • Schmid-Egger, C. (2000). Die Wildbienen- und Wespenfauna der oberrheinischen Trockenaue im südwestlichen Baden-Württemberg (Hymenoptera: Aculeatea; Evanioidea). In: Vom Wildstrom zur Trockenaue. Natur und Geschichte der Flusslandschaft am südlichen Oberrhein. LfU Baden-Württemberg (Hrsg.). S. 257-306. Verlag Regionalkultur, Karlsruhe.
  • Herrmann, M. (2006). Wildbienen und Wespen in Feuchtgebieten (Hymenoptera Aculeata)

Zones d’extraction

Les sablières, marnières et gravières peuvent constituer des habitats de substitution importants en lieu et place des zones riveraines naturelles. Il ne faut donc pas les combler mais les garder ouvertes le plus longtemps possible.

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Lisières et forêts claires

Pour la promotion des abeilles sauvages en forêt, la structure de la lisière doit être diversifiée et les plantes à fleurs présentes en abondance. La lisière doit présenter un étagement et un bord irrégulier, une largeur minimale de 6 m et être connectée aux herbages voisins, qui doivent montrer une valeur écologique plus élevée que la moyenne (prairies et pâturages maigres extensifs, garides, réserves naturelles, etc.). Les interventions doivent être pratiquées de façon échelonnée dans le temps et dans l’espace. Les forêts claires présentent, elles aussi, un cortège typique d’abeilles sauvages. Des mesures d’entretien constantes (éclaircissements) favorisent durablement les plantes et les insectes héliophiles. Au cas où le pacage fait aussi partie des mesures d’entretien d’une forêt claire, le régime de pâture doit être le plus extensif possible. Il faut mettre la forêt à pâturer par secteurs, et pas chaque année, pour maintenir une offre en fleurs suffisante.

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Promotion des paysages riches en abeilles sauvages

Comme présenté dans les chapitres précédents, les différentes parties de l’habitat des abeilles sauvages doivent être connectées entre elles et composer un réseau dans le paysage afin d’abriter une communauté abondante et diversifiée de ces insectes. La distance entre les sites de nidification, ceux où elles trouvent les matériaux et ceux où poussent les plantes nourricières a une influence fondamentale sur leur succès de reproduction ; les distances courtes sont favorables. Les éléments avantageux comme les surfaces riches en fleurs et les éléments structurants ne doivent pas être éloignés de plus de 100 à 300 m les uns des autres. Plusieurs petites surfaces sont souvent plus précieuses qu’une grande. Cependant, dans le paysage agricole, les friches, haies, milieux de transition, chemins non stabilisés, etc. doivent présenter une taille suffisante. Le paysage cultivé traditionnel est précieux pour se faire une idée d’une bonne mise en réseau des paysages : En plus de l’exploitation souvent extensive, la diversité des types d’utilisation à petite échelle et l’absence de séparation nette entre la forêt et les milieux ouverts – tout comme entre les agglomérations et le paysage cultivé – étaient de remarquables qualités du paysage cultivé traditionnel.

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AK 08241 Andrena agilissima Paarung auf Sisapsis arvensis.jpg
On peut favoriser Andrena agilissima en semant de la moutarde, ici un couple sur un plant de moutarde des champs (Sinapis arvensis).

Protection des espèces

Le besoin de mesures de conservation est fort pour de nombreuses espèces d’abeilles sauvages. Elles ne figurent toutefois pas encore dans la Liste des espèces prioritaires au niveau national (2010), car on manque encore de connaissances à leur sujet. La Liste Rouge des abeilles sauvages est actuellement en cours de révision ; elle devrait paraître en 2020.

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  • Le service de la protection de la nature du canton de Zurich (FNS, ALN) a publié les premières évaluations pour sept espèces d’abeilles sauvages dans un plan d’action : Aktionsplan Wildbienen (2004). On dispose de premières expériences de mesures de conservation pour Andrena agilissima (semis de moutarde), Osmia tridentata (sites de nidification sous forme de tiges à moelle) et Megachile parietina.
    • Andrena agilissima
    • Andrena florea
    • Andrena hattorfiana
    • Andrena pandellei
    • Lasioglossum costulatum
    • Megachile parietina
    • Osmia tridentata

Neozoaires
L’espèce originaire d’Asie Megachile sculpturalisa été observée pour la première fois en Suisse et en Allemagne en 2015. Il sera intéressant de voir au cours des prochaines années si l’espèce poursuit sa progression et s’établit chez nous.

Menaces

Environ 45% des espèces d’abeilles sauvages sont menacées en Suisse. Les spécialistes supposent que la situation s’est encore aggravée depuis la parution de la Liste Rouge (1994). Un projet pilote pour saisir la situation des menaces qui pèsent sur les abeilles sauvages est en cours sur tout le territoire national (mise à jour de la Liste Rouge), ainsi que pour surveiller l’évolution de leurs effectifs. Nos connaissances sur la situation des abeilles sauvages en Suisse seront actualisées d’ici 2020. Les facteurs de menace et les causes du déclin des populations sont d’ordre varié : destruction des habitats, fragmentation du paysage, disparition des petits éléments structuraux tels que surfaces enherbées, tas de bois et de branches, arbres morts et prairies riches en fleurs. La disparition des habitats et l’isolement des surfaces de valeur restantes entraîne pour les abeilles sauvages des distances de vol de plus en plus longues entre les habitats de reproduction et ceux utilisés pour se nourrir. Le nombre de cellules qui peuvent être alimentées par unité de temps est ainsi plus faible, les abeilles vieillissent plus vite à cause de leur activité de vol plus intense, et elles meurent plus tôt. De surcroît, les nids (ouverts) restent plus longtemps sans surveillance, ce qui augmente la pression de prédation et favorise l’invasion par les parasites.

De nombreux habitats maigres extensifs riches en fleurs et en petites structures ont été détruits au cours de l’intensification de l’agriculture ou par des reboisements de substitution. L’abandon de l’exploitation des sites à rendement marginal les fait tomber en friche et se boiser. L’emploi d’engrais minéraux et d’herbicides et le passage des prairies à foin aux prairies à ensilage ont conduit à des paysages pauvres en fleurs et monotones. De plus, on sait que les insecticides systémiques comme les néonicotinoïdes et les pyréthroïdes ont plusieurs effets sublétaux, en plus des effets directement mortels. On peut imaginer que leur impact sur les abeilles sauvages est néfaste et celui-ci est considéré comme coresponsable de leur déclin.

Ce qu’on ignore encore

  • Présence et répartition des abeilles sauvages en Suisse, menaces actuelles les concernant
  • Possibilités pratiques de promotion des habitats et des ressources indispensables à la nidification en zone agricole
  • Développement à long terme des populations et des cortèges d’espèces d’abeilles sauvages et de leurs parasites dans les nichoirs artificiels
  • Préférences en matière de pollen des espèces polylectiques menacées et besoins quantitatifs en pollen des espèces menacées
  • Préférences en matière de substrat pour les espèces menacées nichant dans le sol et exigences de ces espèces concernant les propriétés microclimatiques et physiques des sites de nidification
  • Limitation par les structures paysagères des distances de vol parcourues par les espèces menacées d’abeilles sauvages pour butiner

Exemples pratiques

On connaît les exemples pratiques suivants concernant la conservation des abeilles en milieu urbain :

Le projet comprend de nombreuses espèces cibles, notamment les aculéates.
De grands paradis pour abeilles sauvages sont mis en place pour des firmes et institutions, ainsi que sur des surfaces publiques, par des entreprises locales de jardiniers-paysagistes.

Liens généraux

Littérature recommandée

Littérature concernant la pratique

Bourdons

  • Von Hagen E., Aichhorn A. (2014). Hummeln. Bestimmen, ansiedeln, vermehren, schützen. Fauna Verlag, Nottulm.
Le livre décrit les mesures de conservation et de promotion, contient des portraits de bourdons en pleine page et décrit les principales plantes mellifères utilisées par les bourdons.
  • Westrich P. (2015). Wildbienen – Die anderen Bienen. Verlag Dr. F. Pfeil, München.
Le livre donne également des mesures de conservation importantes pour favoriser les bourdons.

Ouvrages de détermination

« Apidae 3 » et « Apidae 4 » peuvent être téléchargés gratuitement. On peut se procurer les autres ouvrages auprès du Shop CSCF.

  • Amiet, F. (1996). Apidae 1; Allgemeiner Teil, Gattungsschlüssel, die Gattungen Apis, Bombus und Psithyrus. Insecta Helvetica Fauna 12.
  • Amiet, F., et al. (1999). Apidae 2 - Colletes, Dufourea, Hylaeus, Nomia, Nomioides, Rhophitoides, Rophites, Sphecodes, Systropha. Fauna Helvetica 4.
  • Amiet, F., et al. (2001). Apidae 3 - Halictus, Lasioglossum. Fauna Helvetica 6.
  • Amiet, F., et al. (2004). Apidae 4 - Anthidium, Chelostoma, Coelioxys, Dioxys, Heriades, Lithurgus, Megachile, Osmia, Stelis. Fauna Helvetica 9.
  • Amiet F., et al. (2007). Apidae 5 - Ammobates, Ammobatoides, Anthophora, Biastes, Ceratina, Dasypoda, Epeoloides, Epeolus, Eucera, Macropis, Melecta, Melitta, Nomada, Pasites, Tetralonia, Thyreus, Xylocopa. Fauna Helvetica 20.
  • Amiet F., et al. (2010). Apidae 6 - Andrena, Melitturga, Panurginus, Panurgus. Fauna Helvetica 26.

Auteurs

Texte Karin Loeffel faunatur
Review Dr. h. c. Felix Amiet
Dr. Paul Westrich Wildbienen.info
Traduction Sandrine Seidel Filoplume Traduction