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Milieux prairiaux/Ecologie utile pour la pratique

123 octets ajoutés, 5 mars 2023 à 18:43
Plantes et animaux des milieux prairiaux
=Habitats des milieux prairiaux=
Le chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base#Origine_des_milieux_prairiaux Origine des milieux prairiaux] traite de plus près la naissance, l’histoire et le développement des milieux prairiaux. Dans cet article, nous employons, pour les types d’habitats non fertilisés et ceux qui ne sont pas anthropogènes, la classification de Delarze et al. (2015) ; pour les herbages fertilisés (prairies et pâturages gras), nous utilisons celle de Bosshard (2016). Les zones humides, les marais, les clairières forestières, les surfaces rudérales et la végétation pionnière sont traités dans d’autres articles du présent site. Les friches à graminées ne sont pas abordées ; comme il s’agit souvent d’associations rudérales, elles se verront traitées plus tard dans un autre article, le cas échéant.
Le tableau suivant (d’après Delarze et al. 2015) montre les habitats du domaine « milieux prairiaux » qui, selon notre évaluation, nécessitent des mesures de promotion (voir chapitre [https://www.biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Conservation_et_revalorisation_par_l%E2%80%99optimisation_de_l%E2%80%99exploitation Conservation et revalorisation par l’optimisation de l’exploitation] (oui/non). Cette évaluation se base sur les indications concernant la « situation en Suisse » et sur la faisabilité de la promotion par l’être humain (création par l’être humain possible). Les habitats marqués d’un « P », pour habitats primaires, sont ceux qui ne dépendent pas d’une influence anthropogène, et ceux avec un « (P) » ne nécessitent généralement pas d’exploitation par les humains pour exister au-dessus de la limite de la forêt (source : Delarze et al. 2015). Degré de menace : LC = non menacé, NT = potentiellement menacé, VU = vulnérable, EN = en danger. Degré de régénération (R) : R2 = 5 à 10 ans, R3 = 10 à 25 ans, R4 = 25 à 50 ans, R5 = 50 à 200 ans (source : Delarze et al. 2015). Pour les prairies et pâturages gras, c’est la classification de Bosshard (2016) qui est reprise (n° 4.5, marqué d’une *). n.d. = non disponible.
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=Facteurs déterminants=
D’une part, la flore et la faune présentes dans un habitat dépendent de facteurs liés à la station et des interactions écologiques ; d’autre part, la forme que prennent les habitats dans les milieux prairiaux (à l’exception des habitats primaires) dépend fortement de l’utilisation qu’en font les humains. Elle varie selon le type d’exploitation passé et actuel. Les bases théoriques qui sous-tendent le rapport entre les facteurs pédologiques de la station, les conditions climatiques, le régime hydrique et le cycle des nutriments avec la végétation sont présentés plus en détail dans [https://www.biodivers.ch/fr/index.php/Plantes l’article sur les plantes vasculaires].
Historiquement, une majorité des prairies d’Europe centrale est issue de pâturages extensifs. Les surfaces non exploitées en cultures arables étaient utilisées pour une [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Conservation_et_revalorisation_par_l%E2%80%99optimisation_de_l%E2%80%99exploitation#Fauche_et_p.C3.A2ture_combin.C3.A9es.2C_p.C3.A2ture_pr.C3.A9coce_de_printemps première pâture de printemps (mise à l’herbe)] et fauchées seulement plus tard dans l’année, une fois que la végétation avait repoussé. Il s’ensuivait un amaigrissement des surfaces intrinsèque au système et, pendant une longue période, la situation sur le plan des nutriments fut le facteur qui limitait l’exploitation. Le chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base#Origine_des_milieux_prairiaux Origine des milieux prairiaux] traite plus en détail l’histoire de cette évolution.
Au cours des siècles, diverses espèces animales (oiseaux des prairies nichant au sol, certains papillons de jour) ont vu leur reproduction s’adapter aux systèmes d’exploitation de l’assolement triennal qui avait alors cours. Les plantes développèrent des caractéristiques déterminées génétiquement et s’adaptèrent aux conditions locales de leur station et au type d’exploitation : c’est ainsi que se formèrent ce qu’on appelle des écotypes, aux propriétés particulières concernant le moment de la floraison, la tolérance à la pâture et à la fauche, la résistance à la sécheresse, etc.
Outre l’exploitation intensive, l’abandon de l’exploitation des habitats prairiaux dont la pérennité dépend de l’intervention humaine pose aussi problème du point de vue de la biodiversité. Que l’exploitation disparaisse ou soit inadéquate, la succession écologique se poursuit plus ou moins rapidement (voir chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base#Succession_et_importance_des_milieux_prairiaux Succession et importance des milieux prairiaux]. Une exploitation inadéquate ou trop fréquente conduit au feutrage de la végétation, celle-ci est trop haute en hiver, le sol reçoit donc moins de lumière et la germination en pâtit au printemps. La composition de la végétation s’en trouve modifiée ; les espèces héliophiles déclinent. S’ils ne sont plus du tout exploités, les herbages autrefois utilisés situés en-dessous de l’étage alpin s’embroussaillent puis retournent à la forêt (à l’exception des habitats primaires). Lors de ce processus, les graminées, les espèces à port élevé et celles qui peuvent constituer des réserves importantes ou qui forment des stolons souterrains prennent le dessus. La recolonisation forestière est accélérée lorsque la végétation est clairsemée, dans les stations productives, en présence de ligneux sur ou près de la surface, ainsi que de ligneux à stolons ou à graines légères et supportant la lumière, comme les bouleaux et les peupliers par exemple (Dipner & Volkart 2010).
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De plus, une partie de la biomasse animale est éliminée lors du transport du produit de coupe. L’ensilage provoque à cet égard une destruction beaucoup plus massive que les foins ou les regains.
Faucher est nécessaire pour maintenir les milieux ouverts, contribue à la richesse de la flore, et crée un habitat pour une faune diversifiée. Cependant, les impacts négatifs directs et indirects mentionnés plus haut représentent une atteinte sévère pour beaucoup d’espèces animales, et le nombre d’espèces diminue nettement avec l’augmentation de la fréquence des coupes. Les espèces qui ont plusieurs générations par an sont moins sensibles à la fauche que celles qui n’en ont qu’une, car elles peuvent boucler un cycle de développement complet entre deux coupes (Walter et al. 2007).
Le chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Conservation_et_revalorisation_par_l%E2%80%99optimisation_de_l%E2%80%99exploitation#Conservation_et_revalorisation_par_la_fauche Conservation et revalorisation par la fauche] présente comment on peut procéder aux différentes étapes de la fauche et de la récolte en respectant la biodiversité.
==Impacts de la date de coupe sur la flore et la faune==
Le moment auquel on exploite l’herbage a une influence majeure sur la quantité et la qualité du fourrage et sur la composition du peuplement végétal. La plupart des plantes des prairies ont une phénologie très bien adaptée aux délais de fauche traditionnels, tolèrent une première coupe en juin et parviennent régulièrement à la floraison ainsi qu’à la production de graines ; c’est le cas des espèces qui peuvent se reproduire par la voie végétative et de celles qui peuvent fleurir et grainer après une repousse. Les délais de coupe habituels sur les surfaces de promotion de la biodiversité peuvent être consultés dans la brochure de [https[Media://www.agridea.ch/old/fr/publications/publications/production-vegetale-environnement/aspects-legaux-et-administratifs/promotion-Agridea 2023 Promotion de-la-biodiversite-dans-lexploitation-agricole/ Caillet-Bois et al1200dpi. pdf|Agridea (20172023) éditée par Agridea« Promotion de la biodiversité dans l’exploitation agricole »]]. Une fauche très précoce ou une utilisation trop fréquente peut dépasser la capacité de régénération des plantes de prairies, ce qu’on ne remarque souvent qu’après quelques années.
Outre le moment de la coupe, l’intervalle entre les utilisations détermine si des espèces peuvent se reproduire, et, le cas échéant, lesquelles : s’il s’écoule au moins six à huit semaines entre la première coupe et la deuxième, de nombreuses espèces d’une prairie à deux coupes peuvent encore parvenir à maturité. Si, par contre, ce délai est raccourci de deux semaines ou plus, plus que la moitié d’entre elles parviennent en une année à la maturité (Poschlod 2011).
Si la première coupe a lieu après la formation des fruits (graines) mûrs, la plupart des espèces n’atteignent pas une deuxième fois le stade des fleurs ou des fruits – raison pour laquelle les prairies fauchées tardivement peuvent apparaître, en plein été et à la longue, tout aussi pauvres en fleurs que les jachères (en fonction de la composition de la végétation et des conditions thermiques de la station concernée). Les délais de coupe tardifs dans les prairies pauvres en nutriments mènent souvent à un embroussaillement et à une prairie haute, l’horizon de germination reçoit moins de lumière, ce qui évince les espèces peu concurrentielles à port bas. Ce sont les changements survenant lors de la première pousse qui déterminent l’évolution à long terme des herbages. Une prairie riche en nutriments qui est exploitées tard, peu ou pas du tout a tendance à voir la part de mauvaises herbes augmenter (Schmid et al. 2007).
Le site [http://gruenlandleitfaden.offenlandinfo.de/management/massnahmen-und-wirkung/beweidung/ Grünlandleitfaden (en allemand)] donne des informations générales sur les effets de la pâture sur le sol, la flore et la faune. <br />
Tout comme la fauche, la pâture exerce un effet sélectif sur les cortèges d’espèces présents. Si la fréquence d’utilisation est élevée (prairie mi-intensive), la végétation est maintenue basse par la pâture, et les strates de végétation proches du sol reçoivent plus de lumière. Le piétinement et l’abroutissement sélectif dus aux herbivores ont un effet similaire : ils créent localement des niches différentes et des zones où les plantes peuvent germer. Les zones de sol nu sont attrayantes pour les arthropodes et la végétation qui reste sur pied leur offre un habitat et des quartiers d’hiver. Bosshard (2016) présente plus en détail au chapitre 2.4.3 les effets particulièrement significatifs de la fauche sur la biodiversité en comparaison de ceux de la pâture. Jusqu’à un certain seuil de pression de pâture minimale, la diversité faunistique est d’autant plus élevée que l’intensité de pâture est faible. Les structures telles que le bois, les tas de pierres, les zones de sol nu, les flaques, les sources et les ruptures de terrain sont très importantes pour la faune (Martin et al. 2018).<br />
La [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Conservation_et_revalorisation_par_l%E2%80%99optimisation_de_l%E2%80%99exploitation#Conservation_et_revalorisation_par_la_p.C3.A2ture pâture extensive] favorise l’hétérogénéité locale et la dispersion active des plantes par le bétail. Outre les conditions liées à la station, le type et l’intensité de la pâture sont décisifs pour la flore : sur une surface soumise à une pâture extensive, les espèces végétales résistant à la pâture – plantes ligneuses, à forte odeur, toxiques, poilues ou à épines, par exemple – peuvent bien se maintenir ou sont même favorisées. Sur des prairies maigres riches en espèces et pauvres en nutriments, le pâturage est cependant déconseillé, car les plantes sensibles au piétinement et à l’abroutissement, en particulier annuelles et bisannuelles, en souffrent passablement. Pour y remédier, on peut clôturer les surfaces sur lesquelles ces espèces sont présentes et les soumettre à un entretien particulier. En général, les prairies de fauche de valeur ne doivent en aucun cas être pâturées. Pour la promotion de la biodiversité, il est crucial que la gestion du pacage et l’entretien par la pâture soient adaptés à la station.<br />La végétation ne doit pas devenir trop haute en hiver sur les prairies de fauche sous peine de conduire à une accumulation de nutriments et d’influencer négativement la diversité spécifique par la formation d’un feutrage. On peut contrecarrer cela par une pâture d’automne. Les effets écologiques et l’usage d’un pâturage précoce de printemps sont décrits plus en détail dans le chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base#Origine_des_milieux_prairiaux Origine des milieux prairiaux].
L’illustration suivante donne un aperçu schématique des différentes qualités d’habitat en cas de fauche respectivement de pâture (Briemle et al. 2014). A noter ici qu’une fauche en mosaïque peut aussi faire s’approcher une surface de fauche des caractéristiques d’un pâturage, et qu’on peut obtenir une bonne diversité structurale également dans les prairies de fauche.
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| bilddatei = konold briemle fr.png
| text = Quelques aspects de la qualité d’habitat dans un régime de fauche et dans un régime de pâture extensive. <br/> Source : Briemle et al., 2014 : Wiesen und Weiden. chapitre Chapitre XI-2.8 dans Konold, 1999. Handbuch Naturschutz und Landschaftspflege : Kompendium zu Schutz und Entwicklung von Lebensräumen und Landschaften. Wiley-VCH, Weinheim.
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'''Informations complémentaires'''
* Le rapport « Recommandations pour les contrats pâturages LPN » (Martin et al. 2018) décrit les principales recommandations concernant la pâture et son optimisation ; y figurent également les [https://infohabitat.ch/wp-content/uploads/2019/03/Empfehlungen-NHG-Weidevertraege_180925_f.pdf prescriptions pour les pâturage SPB et les prescriptions de l’OPD pour les pâtures d’estivage en général].
* Le [httphttps://wwwdocplayer.poel.ch/pdforg/Weidebericht_relais24956821-Themenbericht-extensive-weiden.pdf html rapport thématique « Pâturages extensifs » (Schmid 2003)] explique l’effet écologique de la pâture en lien avec la pratique, caractérise les différents types de bétail (bovins, chevaux, moutons, chèvres, autres), indique quelles formes d’exploitation et systèmes de pâture sont adéquats, et quelle gestion de pâturage convient selon l’habitat.
=Plantes et animaux des milieux prairiaux=
* La [https://www.agroscope.admin.ch/agroscope/fr/home/themes/environnement-ressources/biodiversite-paysage/biodiversitaetsindikatoren/oeko-fauna-datenbank-auen.html banque de données éco-faunistique] contient des informations sur l’écologie des espèces de onze groupes d’animaux différents et sur le statut des espèces indicatrices des prairies sèches.
* Objectifs environnementaux pour l’agriculture (OEA) : la [https://www.agroscope.admin.ch/agroscope/fr/home/themes/environnement-ressources/biodiversite-paysage/compensation-ecologique-fonctions/les-objectifs-environnementaux-pour-l-agriculture.html liste des espèces OEA] renseigne aussi sur leur présence dans différents types d’habitats (prairie extensive, pâturage extensif).
* La [https://www.biodivers.ch/fr/index.php/Informations_g%C3%A9n%C3%A9rales#Esp.C3.A8ces Flora Indicativa] compile les caractéristiques écologiques et biologiques de quelque 5500 espèces de plantes vasculaires, 600 espèces de mousses et 200 espèces de lichens de la flore de Suisse et des Alpes. La [https://www.wsl.ch/floraindicativade/index_DE metanavigation/services-und-produkte/software-websites-und-apps/flora-indicativa.html base de données] qui va de pair permet aussi de soumettre des requêtes concernant les habitats.
* La [https://www.biodivers.ch/fr/index.php/Informations_g%C3%A9n%C3%A9rales#Esp.C3.A8ces Fauna Indicativa] compile les préférences écologiques et les caractéristiques biologiques de toutes les espèces de libellules, orthoptères, carabes et papillons diurnes indigènes de Suisse.
* [https://www.infoflora.ch/fr/milieux/phytosuisse/classificationrecherche.html Classification Phytosuisse] : cet ouvrage de référence décrivant brièvement chaque association végétale (classification selon Delarze et al.) est en cours d’élaboration. Pour l’instant, seules des données sur l’unité IV « Pelouses, prairies et combes à neige » sont disponibles dans les groupements des milieux prairiaux.
* Pour les prairies de fauche du canton de Lucerne, Schmid et al (2007) donnent les espèces indicatrices et les espèces caractéristiques de la flore et de la faune pour différents types de prairies. Les [https://lawa.lu.ch/Natur/arten/grundlagen/leitarten espèces caractéristiques (en allemand)] sont décrites pour les habitats du canton de Lucerne.
* Le rapport final sur le Réseau écologique national REN définit des guildes d’espèces cibles pour différents groupements d’habitats (Berthoud et al. 2004).
* [https://www.biodivers.ch/fr/index.php/Milieux_prairiaux Introduction et Résumé]
* [https://www.biodivers.ch/fr/index.php/Milieux_prairiaux/Conservation_et_revalorisation_par_l%E2%80%99optimisation_de_l%E2%80%99exploitation Conservation et revalorisation par l’optimisation de l’exploitation]
<!--* [https://www.biodivers.ch/fr/index.php/Milieux_prairiaux/Revalorisation_et_cr%C3%A9ation_de_prairies_riches_en_esp%C3%A8ces_par_enherbement_direct_et_ensemencement Revalorisation et création de prairies riches en espèces par enherbement direct et ensemencement]-->
* [https://www.biodivers.ch/fr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base Informations de base]
<!--* [https://www.biodivers.ch/fr/index.php/Milieux_prairiaux/Exemples_pratiques Exemples pratiques]-->
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| Review|| Andreas Bosshard|| [http://www.agraroekologie.ch/ueber-uns/team/ Ö+L GmbH]
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| || Jean-Yves Humbert || [https://www.cb.iee.unibe.ch/about_us/pd_dr_humbert_jean_yves/index_eng.html Universität Bern, Conservation Biology]
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| || Heiri Schiess ||