Sites d’extraction

De Biodivers
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Les sites d’extraction sont des habitats particuliers à bien des égards, et hébergent à ce titre de nombreuses espèces végétales et animales rares.
Texte Association biodivers
Review Samuel Bachmann, Beat Haller & Doris Hösli, FSKB
Traduction Sandrine Seidel
Publication Août 2022



Synthèse

Les sites d’extraction en bref – quelques connaissances choisies
Les 5 éléments clés à propos des sites d’extraction
  • Les sites d’extraction les plus répandus en Suisse sont les carrières et les gravières. Leur substrat pauvre en nutriments et leur topographie (secteurs raides, en pente et plats) en font des lieux offrant une grande diversité d’habitats abritant des espèces variées, et des structures jouant un important rôle de connexion dans le paysage.
  • Faire la distinction entre les sites en exploitation et les sites désaffectés, respectivement entre l’affectation et la réaffectation, a toute son importance. La réaffectation est toujours fixée au début de la planification de l’exploitation.
  • Les exigences écologiques fixées dans l’autorisation et leur mise en œuvre sont cruciales pour l’importance du site au regard des habitats et des espèces. L’exploitation du site doit être accompagnée tout au long des différentes phases par des spécialistes compétent-es.
  • Une planification judicieuse et une approche adéquate concernant les habitats créés artificiellement permettent que les sites d’extraction apportent une contribution majeure à la conservation de la biodiversité.
  • Du point de vue de la protection de la nature, tant que le rythme de la revitalisation des cours d’eau en Suisse - qui présentent des habitats très semblables aux sites d’extraction - reste aussi lent qu’aujourd’hui, il faut laisser beaucoup plus de sites d’extraction ouverts une fois que l’exploitation est terminée.
Planification des mesures, aménagement et entretien – aux yeux de l’Association biodivers, les points suivants sont particulièrement importants :
Principes de base
  • Les sites d’extraction sont des zones qui présentent des habitats à la dynamique prononcée, qui changent constamment. Elles ont des caractéristiques semblables à celles de paysages fluviaux naturels autrefois largement répandus.
  • Les sites d’extraction présentent une grande diversité d’habitats sur une petite surface, ce qui a pour conséquence une diversité d’espèces élevée. Cela fait d’eux des objets naturels intéressants.
  • L’efficience et la rationalisation entraînent un rythme élevé d’extraction et de remblayage, donc une forte pression sur les habitats. L’espace pour les surfaces favorables à la nature se réduit.
  • L’obligation de remblayer a pour conséquence que les sites d’extraction sont en général remblayés avec les matériaux excavés et remis à disposition de l’agriculture. Les stations et les biocénoses écologiquement précieuses disparaissent dans ce processus.
Planifier des mesures dans les sites d’extraction
  • Les exploitants des sites d’extraction sont légalement tenus de veiller à des mesures de remplacement ou de restauration pour la compensation écologique.
  • Cette obligation est diversement gérée selon les cantons, certains d’entre eux (dont Berne et Argovie) ayant conclu des accords de branche avec les exploitants.
  • La planification, l’exploitation et la réaffectation sont à mener en respectant les bases légales cantonales. Une EIE est obligatoire pour les projets d’extraction concernant plus de 300 000 m3.
  • Les mesures de compensation, de remplacement et de restauration à mettre en œuvre sont définies dans l’autorisation d’extraction.
Réaliser des mesures dans les sites d’extraction
  • Les activités d’extraction doivent se dérouler en étroite collaboration et accompagnées par les conseils de spécialistes en écologie, qui coordonnent, accompagnent et évaluent les mesures.
  • La réalisation des mesures doit être orientée sur les habitats et espèces cibles.
  • Les mesures sont par exemple l’aménagement de petits biotopes pour les reptiles, de plans d’eau artificiels et de petits étangs pour les amphibiens, de sites de nidification pour les oiseaux et les insectes, de secteurs dédiés à une succession et une dynamique favorables aux espèces végétales menacées ou à la délimitation de zones non perturbées.
  • Grâce aux nombreuses machines présentes sur les sites d’extraction en exploitation, les mesures peuvent être réalisées en peu de temps.
Entretenir les structures créées par les mesures dans les sites d’extraction
  • L’entretien doit se faire en fonction des objectifs. Et se faire de façon différenciée à cause de la grande diversité des habitats.
  • L’entretien doit être réalisé selon les consignes et sous la conduite de personnel spécialisé et formé.
  • La propagation des espèces exotiques (néobiontes) doit être endiguée.

Introduction

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Une carrière en exploitation à gauche, et à droite, une gravière désaffectée présentant des habitats diversifiés et de très grande valeur écologique.

Comme conséquence de la régulation et de l’aménagement de nombreux cours d’eau, les sols non végétalisés ainsi que les bancs et surfaces de graviers et de galets ont subi une forte régression et sont devenus rares. Des habitats similaires ou comparables sont créés dans les sites d’extraction, l’effet des crues annuelles étant dans ce cas contrefait par l’action des machines. Ces sites offrent une grande diversité d’habitats dans un petit espace, tant comme refuges pour des espèces rares que comme éléments de liaison, et ils sont de ce fait d’une grande importance pour la biodiversité. Ils représentent de plus pour des espèces animales et végétales menacées des zones de repli où les dérangements sont rares, dans les paysages agricole et urbain qui ont le plus souvent perdu leur richesse structurale.

Lorsqu’on s’intéresse aux sites d’extraction, il importe d’opérer une distinction entre ceux qui sont exploités et ceux qui sont désaffectés. Dans une optique de conservation de la nature, une bonne collaboration avec les exploitants des sites est une condition sine qua non pour que le succès soit au rendez-vous. L’activité d’extraction est aujourd’hui nettement plus importante qu’il y a encore quelques décennies. Le comblement commence souvent encore pendant la phase d’exploitation, et les sites d’extraction comportent souvent des surfaces relativement grandes sur lesquelles on entrepose les matières produites ou recyclées. La pression est donc forte pour garder un espace suffisant pour les surfaces précieuses sur le plan écologique. Le présent article traite de l’importance écologique des sites d’extraction, de leur conservation et de leur entretien, ainsi que des aspects juridiques et de planification.

On distingue les types de sites suivants :

  • Gravier : les gravières sont les sites d’extraction les plus nombreux en Suisse. La matière brute extraite est très hétérogène et doit d’abord être triée selon ses composants. Cette hétérogénéité offre une grande diversité d’habitats dans la gravière même. Les surfaces de sable et de graviers sont maigres et offrent un habitat aux oiseaux nicheurs spécialisés et aux insectes aimant la chaleur. Les falaises sont des sites de nidification précieux pour l’Hirondelle de rivage et le Guêpier d’Europe.
  • Argile/marne/glaise : les glaisières et les carrières d’argile se distinguent par un sous-sol imperméable. Elles sont particulièrement appropriées pour les habitats aquatiques, utilisés par les amphibiens, les libellules et les insectes aquatiques.
  • Carrière : dans les carrières, le matériau extrait est la roche. La géologie du lieu définit la matière première. Les habitats des carrières sont fondamentalement semblables à ceux des gravières. Ils sont précieux notamment pour les espèces d’oiseaux qui nichent en falaises, les amphibiens et les reptiles.
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On trouve dans les sites d’extraction des habitats très semblables à ceux présents dans les cours d'eau.

La Suisse compte environ 600 gravières, la plupart sur le Plateau. Il y avait en 2016 environ 100 sites d’extraction dans le canton de Berne, représentant une surface totale de 7,7 km2 de surface exploitée nue. Environ un tiers peut être considérée comme des surfaces de grande valeur écologique, qui se répartissent comme suit : surfaces rudérales (32.9%), prairies maigres (18.7%), mégaphorbiaies (18.3%), forêt pionnière (16.7%), plans d’eau permanents (6.6%), forêt (4.5%), haies (1.8%) et plans d’eau temporaires (0.5%). 1

1 Kontrollbericht der Periode 2012-2016 (en allemand), p. 8/9

Notions d’écologie utiles pour la pratique

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La forte dynamique qui prévaut sur les sites d’extraction fait naître des habitats variés.

Une dynamique forte, avec une fréquence et une intensité (durée et forme) de perturbation variées et changeantes, marque les sites d’extraction en activité. Les espèces pionnières des habitats soumis à une dynamique naturelle (plaines alluviales fluviales p. ex.) y trouvent des conditions qui leur conviennent. Les sites d’extraction présentent un climat particulier : leur position souvent « en creux » dans le paysage les protège du vent et les températures y sont souvent extrêmement élevées. Sur les bords des fosses d’exploitation ou sur les falaises, se créent souvent des petits ruisseaux qui forment des zones humides et alimentent des petits plans d’eau. L’activité des machines compacte le sous-sol et l’eau reste plus longtemps dans les ornières. Certains amphibiens profitent de ce type de petits habitats, notamment le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) et le Crapaud calamite (Epidalea calamita). En plus des plans d’eau, les zones de gravier, de sable et de galets sont également des habitats des plus attractifs. Ici apparaissent des surfaces sèches et peu végétalisées offrant de la nourriture et de nombreuses possibilités de s’abriter à une foule d’espèces animales, comme les abeilles sauvages. Diverses espèces de reptiles profitent aussi des secteurs de gravats ouverts et bien ensoleillés, tels le Lézard agile (Lacerta agilis) et la Couleuvre à collier (Natrix natrix). Les falaises de sable ou de gravier des zones d’extraction peuvent être occupées par des spécialistes comme l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia) ou le Guêpier d’Europe (Merops asiaster), qui, pour nicher, y creusent leurs galeries. Les sites d’extraction sont donc des zones de refuge particulières pour de nombreuses espèces animales et végétales menacées.


Facteurs biotiques

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Les sites d’extraction sont hétérogènes et présentent une mosaïque d’habitats sur une petite surface, ce qui les rend très précieux sur le plan écologique.

Valeur écologique et biodiversité

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On peut trouver plusieurs centaines de plantes sur les sites d’extraction et, parmi elles, une grande part d’espèces rares et protégées.

Au vu de la grande diversité des espèces, conséquence de la diversité élevée des stations et des structures qu’elles présentent, les carrières et gravières ont été très tôt reconnues comme des habitats précieux du point de vue de la protection de la nature. Il existe une série de facteurs jouant un rôle prépondérant dans la diversité spécifique des fougères et des plantes à fleurs des sites d’extraction :

  • La géologie et la roche formant la matière première
  • Le stade de l’exploitation et l’âge du site
  • La taille des surfaces
  • Les alentours du site d’extraction

Les paragraphes qui suivent sont tirés de Konold2 (1999) : Des recherches conduites sur des sites d’extraction en Allemagne (Bavière) ont permis de montrer que les sites avec roche-mère à haute teneur en bases sont plus riches que ceux dont la teneur en bases de la roche-mère est faible. En plus de la disponibilité en bases, le type d’extraction joue un rôle essentiel pour la diversité des espèces. Les sites avec roches dures semblent de manière générale plus riches en espèces que ceux à roches meubles.
Le statut de la zone en ce qui concerne son exploitation est important pour la diversité des espèces. Les recherches menées dans les carrières montrent que la biodiversité des sites exploités est en général nettement plus grande que celle des sites désaffectés. La raison pourrait en être qu’on n’exploite jamais simultanément toute la surface, surtout dans les grandes carrières, et qu’il en résulte des structures et des stades de succession plus diversifiés et qui se renouvellent.
La taille des surfaces joue également un rôle pour le nombre d’espèces et ce facteur est valable de façon générale aussi pour les sites d’extraction. On a pu mettre en évidence des relations significatives entre le nombre d’espèces et l’aire des carrières. Le nombre moyen d’espèces passe d’à peine 150 plantes vasculaires dans les carrières de moins de 3 ha à 260 espèces dans les carrières de plus de 12 ha. Les alentours des surfaces exploitées jouent aussi un grand rôle pour la colonisation de ces dernières par les plantes. Un environnement riche en espèces mène dans la plupart des cas à un site d’extraction également riche. L’immigration se fait pour l’essentiel par trois voies : l’immigration spontanée à partir des environs immédiats, le transport de graines par les véhicules, et l’apport de graines par le vent et les animaux.
Les résultats d’un monitoring biologique dans une gravière de 30 ha dans la plaine du Rhin supérieur (Hardtwald Durmersheim) livrent les chiffres suivants : 230 espèces de plantes vasculaires, 78 espèces de mousses et 106 espèces de lichens ont été recensées, dont respectivement 22 (10%), 22 (28%) et 38 (36%) sont menacées à l’échelle du Land ou du pays. L’étude a recensé 527 espèces dans les huit groupes animaux étudiés (oiseaux, amphibiens, abeilles sauvages, guêpes, coléoptères, papillons diurnes, orthoptères et libellules), dont 216 (41%) figurent sur les Listes rouges ou dans des listes préventives. 69 (13%) de ces dernières espèces sont fortement menacées, extrêmement rares ou « menacées d’extinction ». 3 [1]

2 Werner Konold, 1999. Handbuch Naturschutz und Landschaftspflege : Kompendium zu Schutz und Entwicklung von Lebensräumen und Landschaften. Wiley-VCH, Weinheim.
3 Schiel, F.-J., Rademacher, M., 2008. Artenvielfalt und Sukzession in einer Kiesgrube südlich Karlsruhe. Naturschutz und Landschaftsplanung 40 (3), S. 87-94.

Les habitats des sites d’extraction

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Profil d’une gravière désaffectée : 1 Falaise constituée de moraine, de gravier et de couches sableuses accueillant les galeries de l’Hirondelle de rivage - 2 Etang creusé par les machines, présentant des secteurs profonds et un fond argilo-pierreux, colonisé par les Characées. Zone de ponte pour les tritons, la Rainette verte, la Grenouille verte et le Crapaud commun. Habitat d’invertébrés aquatiques. - 3 Zone riveraine plate accueillant les pionniers de l’atterrissement : potamots, flûteaux, Roseau commun, massettes. Habitat d’insectes aquatiques et de larves d’amphibiens. - 4 Zone riveraine à humidité fluctuante, avec nappe phréatique affleurante : habitat des prêles, des joncs et des laîches. - 5 Sol graveleux sec accueillant les pionniers des zones arides : représentées ici, des espèces de chardons et de plantains ; habitat des insectes et araignées xérophiles. - 6 Tas de pierres dépourvus de végétation : cachettes pour le Lézard agile et les petits invertébrés. - 7 Tas de sable secs avec jeunes pins : sites de nidification de nombreux insectes fouisseurs. - 8 Flaques peu profondes : zones de ponte pour le Crapaud calamite et le Sonneur à ventre jaune. - 9 Rochers ensoleillés (blocs) : sites de nidification pour les abeilles maçonnes et les guêpes solitaires. - 10 Escarpement exposé au sud présentant des zones abritées de la pluie sous les racines ; blocs isolés et parterres d’épilobes : habitat des fourmilions, des hyménoptères et d’autres insectes. - 11 Pinède sèche : sol et strate herbacée ensoleillés accueillant orchidées et autres espèces botaniques rares. (Tiré de Krebs et al. 1976)

Zones graveleuses
La « durée de vie » et l’abondance des surfaces de gravier qui, en général, couvrent une grande superficie durant la phase d’extraction, dépendent de la vitesse de creusement et de comblement consécutif, et d’une éventuelle autre utilisation des surfaces - les exploitants y déposent fréquemment divers composants et matériau de sol.

Importance écologique des zones graveleuses

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Les surfaces de gravier dans les sites d’extraction sont des biotopes de substitution colonisés notamment par le Petit Gravelot (Charadrius dubius).

Les sols en gravier ouverts et sans végétation sont importants pour les espèces pionnières qui peuplent à l’origine les surfaces graveleuses des rivières dont le cours est resté libre. Les cours d’eau sont cependant souvent fortement aménagés et domestiqués sur le Plateau, et les bancs de gravier bordant les rivières rares (la situation change à nouveau petit à petit maintenant, avec la revitalisation des cours d’eau). Les espèces spécialistes de ces habitats sont, par exemple l’Oedipode turquoise (Oedipoda caerulescens) ou l’Oedipode aigue-marine (Sphingonotus caerulans), et le Petit Gravelot (Charadrius dubius). Elles se rabattent aujourd’hui largement sur les gravières, où l’action de la pelleteuse imite celle de la dynamique fluviale et crée des bancs de gravier. La plupart des espèces pionnières animales privilégient les zones de gravier plates et complètement dépourvues de végétation ou très faiblement colonisées seulement. Ces surfaces offrent des conditions extrêmes avec des grands écarts de température et un sol qui s’assèche rapidement. Les surfaces de gravier changent vite : les plantes pionnières qui germent à partir des graines arrivées par les airs initient une succession qui va de pair avec un changement de la faune. Les conditions deviennent rapidement inadéquates pour les oiseaux inféodés à un habitat pauvre en végétation, tandis que les insectes sont plus tolérants et peuvent se rabattre sur des talus ouverts et graveleux de faible pente. Les pentes plus raides d’inclinaison uniforme sont quant à elles évitées. La situation des terrasses bien marquées et des falaises qui s’érodent est encore différente. Les fissures raides et les zones plates y offrent espace et habitat aux espèces spécialisées. Les zones de gravier accueillant chaque année des oiseaux qui reviennent y nicher devraient toujours offrir, dès le mois de mars, au moins deux secteurs relativement grands de chacun 20 à 30 m de long.

Zones sablonneuses

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Le sable constitue un précieux substrat pour de nombreuses espèces qui peuvent y creuser leurs galeries de nidification. La photo montre l’abeille Andrena vaga.

Le sable naît du processus de traitement. Il est un composant important dans la fabrication du béton. Il est tamisé et stocké dans des dépôts temporaires. L’existence de ces collines de sable est brève et leur surface s’écroule en permanence. Les surfaces sablonneuses plus grandes qui persistent plus longtemps sans être perturbées sont plutôt rares dans les gravières. Quand les tapis roulants amènent du tout-venant à l’installation de traitement, il peut arriver que du sable s’échappe et que, tombant sur des pierres saillantes, sur des souches, le long de murs ou d’avant-toits, il forme des structures précieuses.

Importance écologique des zones sablonneuses
Les sols sablonneux offrent un habitat au même type d’espèces que les sols graveleux. Chez les animaux dominent les espèces fouisseuses, comme dans les lentilles sablonneuses verticales des falaises. Ce sont surtout les abeilles et les fourmis qui aménagent des systèmes de galeries dans le sable. Il existe aussi des insectes qui se contentent de très petites surfaces, par exemple les ammophiles (Ammophila sp.) et le fourmilion (Myrmeleon formicarius). Les secteurs sablonneux ensoleillés et secs, plats ou légèrement inclinés, sont particulièrement précieux pour les insectes. De mars à octobre, ils ne devraient pas être éliminés ni parcourus en véhicule, et ils devraient rester aussi pauvre en végétation que possible. Le Crapaud calamite (Epidalea calamita) et le Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans) aiment aussi s’enfouir dans le sable et le Lézard agile (Lacerta agilis) pond dans le sable.

Falaises

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Schéma d’une falaise (tiré de « Natur im Kiesabbau »).

L’activité d’extraction crée sans cesse de nouvelles falaises. En l’absence d’extraction, elles s’érodent à des vitesses différentes en fonction des propriétés du sol (sable, gravier, limon, argile, etc.). Au pied des falaises apparaissent des éboulis, qui sont colonisés par la succession naturelle. Les premiers à pousser sont des arbrisseaux nains et des herbacées annuelles et bisannuelles, puis arrivent de plus en plus de ligneux, et pour finir également des arbres plus grands.

Importance écologique des falaises

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Les falaises sont des structures précieuses pour les espèces comme l’Hirondelle de rivage. Celles qui atteignent au moins 3 mètres de haut, qui sont légèrement surplombantes et qui comprennent des couches faciles à creuser comme du sable sont idéales.

Les falaises et fissures verticales sont colonisées par des espèces spécialisées, habiles grimpeuses, telles que des araignées et des lézards. L’Hirondelle de rivage (Riparia riparia) et le Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis) y creusent leurs galeries pour nicher. Les parois ensoleillées d’au moins 3 m de haut et les plus larges possibles comprenant des niches de matériau facile à creuser sont d’une grande importance. Une inclinaison verticale ou légèrement surplombante est favorable, ainsi que des zones d’éboulis suffisamment larges au pied de la paroi. Les falaises exposées au sud sont des sites de nidification idéaux pour les insectes thermophiles, qui s’installent volontiers dans les endroits ensoleillés et abrités du vent environ deux mètres sous le sommet, là où le substrat est le plus sec. Des petits trous trahissent leurs galeries. Lorsqu’une falaise est colonisée par des espèces rares comme l’Hirondelle de rivage, il faut faire attention que les prédateurs comme le renard n’y aient pas accès. Selon les circonstances, il faut parfois éliminer l’éboulis.

Étangs (plans d’eau)

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Un petit plan d’eau aménagé pour les Sonneurs à ventre jaune.

Les étangs sont des habitats importants et très précieux dans les zones d’extraction. Une part non négligeable des populations du Crapaud calamite (Epidalea calamita), du Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans) et du Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) sont inféodées aux sites d’extraction. L’article sur les plans d’eau présente des informations complètes sur l’écologie, la conservation et l’entretien de ces biotopes.

Bassins de décantation et étangs limoneux

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Les bassins de décantation, dans lesquels s’accumule l’eau utilisée pour laver le gravier, sont des plans d’eau permanents précieux. De nos jours, on utilise généralement des compacteurs de boue pour le lavage, ce qui ne nécessite (malheureusement) plus de bassins de décantation.

Importance écologique des bassins de décantation et des étangs limoneux 4
L’eau des étangs limoneux contient beaucoup de particules en suspension. Elle est donc fortement troublée et le manque de lumière empêche la croissance des algues et des plantes supérieures. Seul le Roseau commun (Phragmites australis) est en mesure de coloniser cet habitat. La Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) s’y installe volontiers. Le sous-sol de la zone de transition accueille des gastéropodes aquatiques, des larves d’insectes, des vers et de petites écrevisses. Les limicoles (échassiers) apprécient la nourriture qu’ils en extraient de leur bec - qu’ils ont souvent long - surtout lors de leur migration automnale ou printanière. Les bassins de décantation et leur eau claire sont quant à eux des plans d’eau riches en espèces qui peuvent comporter une ceinture en phase d’atterrissement, des plantes flottantes, et une dense végétation subaquatique. Lorsqu’on aménage ces mares et étangs, il faut veiller à ce que leurs berges soient longues et incurvées, qu’il y ait des zones de transition plates entre l’eau et la terre, et que des secteurs de différentes profondeurs soient disponibles.

Les étangs limoneux sont soumis à autorisation. De nos jours, la boue de lavage des graviers est traitée principalement avec des compacteurs à boue et l’eau directement renvoyée dans le processus de traitement. Souvent, les bassins de boue et de compensation intéressants sur le plan écologique viennent donc à manquer dans les sites d’extraction.

4 Tiré de « Natur im Kiesabbau »

Prairies et pâturages secs
Les prairies maigres et sèches et leur végétation caractéristique si précieuse sur le plan écologique se développent sur les graviers naturels ou sur les déblais pauvres en nutriments et perméables. Elles nécessitent en général un entretien régulier (fauche ou pâture).

L’article sur les milieux prairiaux présente des informations détaillées sur le thème des prairies et pâturages secs.

Haies et bosquets (haies)
Haies et bosquets jouent un important rôle d’interconnexion dans les sites d’extraction diversifiés. Ces structures apparaissent toutes seules sur les surfaces relativement âgées et non exploitées. Dans les gravières, ce type de succession est tout à fait souhaité à certains endroits, il faut cependant veiller à ce que les surfaces boisées ne prennent pas le dessus, et à maintenir une mosaïque de milieux dans laquelle les habitats ouverts dominent. Il faut éviter que les bosquets se transforment en forêt, car cette évolution réduit les possibilités d’aménagement. On plante souvent des haies en guise de protection visuelle le long du périmètre du site. Nous ne traiterons pas plus avant les haies dans cet article. Vous trouverez de plus amples informations à ce sujet dans l’article qui leur est consacré.

Petits biotopes

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Les petits biotopes présents dans les gravières sont avant tout constitués de gravier.

Les sites d’extraction offrent de nombreuses possibilités d’aménager des petits biotopes.

Talus
Les talus jouent le rôle de protection visuelle et contre le bruit. Ils délimitent le site d’extraction par rapport aux terres agricoles environnantes, aux routes, aux chemins ou aux zones d’habitation, ou ils subdivisent le site lui-même. Ils sont la plupart du temps constitués de matériel de recouvrement ou d’excavation plus ou moins riche en nutriments et sont généralement façonnés de manière uniforme, avec une pente homogène.

Importance écologique des talus
D’un point de vue écologique, les démarcations de forme allongée sont des éléments importants. Ils servent de corridors de déplacement, de surface de transition et de connexion entre le site d’extraction, la forêt et les terres agricoles. Des espèces de plantes menacées telles que les camomilles (Matricaria sp., Anthemis sp.), les pavots (Papaver sp.) et la Cardère sauvage (Dipsacus fullonum) y trouvent refuge. Il convient de diversifier les matières et les formes des talus. Les bosquets et les groupes de buissons augmentent la diversité et offrent un couvert aux animaux. Les petits biotopes améliorent l’habitat pour les insectes et les reptiles. Des matériaux de recouvrement, c’est-à-dire du matériau morainique, ou du matériel d’excavation, sont fréquemment utilisés. Les talus sont souvent utilisés comme lieux de dépôt du sol. Cela signifie que les couches supérieures du sol (horizons A ou B), qui doivent de toute façon être stockées dans un dépôt intermédiaire, sont appliquées sur les talus.

Déblais / remblais
Dans la plupart des cas, les gravières sont rapidement remblayées après l’arrêt de l’exploitation et préparées en vue de leur réaffectation comme surface forestière ou agricole. Les remblais sont colonisés plus ou moins rapidement selon le type de matière utilisée.

Importance écologique des déblais / remblais
La valeur écologique des remblais et du recouvrement augmente lorsqu’ils ne sont pas créés tous en même temps avec le même matériau et qu’ils restent longtemps non perturbés. Le matériau amené est le plus souvent hétérogène. Les remblais peuvent ainsi représenter un habitat diversifié en particulier pour les plantes pionnières inféodées à un substrat plutôt riche en nutriments (flore de bordure de champs), et offrir un abri et de la nourriture pour les animaux. Un substrat varié mène à une colonisation végétale et animale également variée et à des stades de développement de la végétation différents. Souvent, des plans d’eau intéressants apparaissent spontanément. Il faut saisir la chance de créer des nouveaux habitats précieux, surtout lorsque les remblayages s’étalent sur une longue période.

Autres habitats

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En raison de leur teneur en nutriments et de l’obligation d’enherbement, les dépôts d’humus sont généralement moins intéressants. Ils peuvent contribuer à la biodiversité en combinaison avec un plan d’eau, comme sur la photo.

Chemins, pistes, places de dépôt :
Les chemins en gravier, en sable ou en ballast sont des voies de communication idéales pour les animaux (et les plantes) au sein des sites d’exploitation ainsi qu’entre les sites et les surfaces alentours. Les animaux comme l’Hermine (Mustela erminea) et le Lièvre brun (Lepus europaeus) utilisent volontiers ces chemins et les surfaces ouvertes, dans la mesure où leurs bords et les talus offrent un bon couvert. Leur valeur dépend grandement de l’intensité avec laquelle ils sont utilisés. Les trous dans les chemins peuvent accueillir la reproduction du Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) s’ils restent exempts de perturbations pendant suffisamment longtemps.

Dépôts intermédiaires de sol :
Avant qu’on puisse extraire le gravier, le sol doit être décapé et stocké quelque part, pour autant qu’il ne puisse pas être réutilisé directement en parallèle dans une remise en culture. Les dépôts intermédiaires de sol (les dépôts d’humus surtout) doivent être semés/enherbés pour respecter les exigences de la protection des sols. En raison de leur richesse en nutriments, les dépôts intermédiaires de sol n’ont pas de valeur écologique particulière.

Espèces des sites d’extraction

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On trouve un grand nombre d’espèces rares dans les sites d’extraction. Le Crapaud calamite (Epidalea calamita), le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), l’Oedipode turquoise (Oedipoda caerulescens), et l’Epilobe romarin (Epilobium dodonaei) en sont quelques-unes.

Les sites d’extraction offrent un habitat à de nombreuses espèces, dont certaines très rares, qui ne trouvent souvent plus de milieu approprié dans notre paysage fortement exploité. Les espèces et groupes taxonomiques qui peuvent se retrouver particulièrement menacés sont brièvement présentés ci-après. La liste n’est pas complète.


Oiseaux



Amphibiens
Seules les trois (ou quatre) espèces en tête de liste peuvent être favorisées dans les sites d’extraction en activité, vu qu’elles s’adaptent très bien (et sont même inféodées) aux habitats soumis à une forte dynamique. Site internet du karch livre des informations détaillées sur chaque espèce, et le Crapaud calamite dispose même de son propre rapport issu d’un atelier.

  • Crapaud calamite (Epidalea calamita) (n’existe pas en français)
  • Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata)
  • Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans)
  • Rainette verte (Hyla arborea)
  • Triton crêté et Triton lobé (Triturus cristatus et Lissotriton vulgaris)
  • Grenouille agile (Rana dalmatina)


L’Inventaire fédéral des sites de reproduction de batraciens d'importance nationale (IBN) constitue une base importante pour la protection et la conservation. On distingue des objets fixes et des objets itinérants. Les objets itinérants qui se trouvent dans les sites d’exploitation peuvent être déplacés. 5 Une fiche du karch indique les moyens de désamorcer les pièges que constituent les systèmes d’évacuation des eaux.

5 [2]

Reptiles

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Les gravières offrent des habitats favorables au Lézard agile (Lacerta agilis).

On trouve ici des informations détaillées sur les reptiles. Ils dépendent en particulier de la présence de structures.

  • Lézard agile (Lacerta agilis)
  • Couleuvre à collier (Natrix natrix)
  • Coronelle lisse (Coronella austriaca)



Libellules

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L’Orthétrum réticulé (Orthetrum cancellatum) - ici un mâle juvénile - colonise volontiers les étangs des gravières.
  • Orthétrum brun (Orthetrum brunneum)
  • Orthétrum réticulé (Orthetrum cancellatum)
  • Agrion nain (Ischnura pumilio)
  • Anax napolitain (Anax parthenope)



Orthoptères



Papillons diurnes
L’article sur les papillons de jour donne des exemples d’espèces qui sont présentes dans les sites d’extraction.

Abeilles sauvages et autres Hyménoptères

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Les habitats naturels de l’abeille maçonne Megachile parietina sont, en montagne, les plaines alluviales présentant une dynamique de crue naturelle et des versants rocheux. Dans les paysages cultivés, ce sont les versants secs avec des formations rocheuses et, sporadiquement, les carrières et gravières. Véritable œuvre d’art, leur nid est construit sur des rochers, des blocs de pierre ou des murs.

La fiche d’information « Favoriser les abeilles sauvages dans les gravières » indique comment créer des sites de nidification et favoriser l’offre en fleurs, et quelles sont les herbacées et arbustes les plus importants.

Sur le site de l’association wildBee ou ici on trouve des documents intéressants (en allemand) et des vidéos (en allemand aussi) sur les abeilles sauvages qui habitent le gravier et le sable :



Plantes et mousses

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Plante rudérale typique, la vipérine commune (Echium vulgare) trouve des conditions idéales dans les sites d’extraction.

Plantes vasculaires et mousses présentes dans les sites d’extraction :

  • Petite centaurée élégante (Centaurium pulchellum)
  • Epilobe romarin (Epilobium dodonaei)
  • Galéopsis à feuilles étroites (Galeopsis angustifolia)
  • Vulpin fauve (Alopecurus aequalis)
  • Chénopode à feuilles de figuier (Chenopodium ficifolium)
  • Chénopode glauque (Chenopodium glaucum)
  • Crépide fétide (Crepis foetida)
  • Souchet brun noirâtre (Cyperus fuscus)
  • Cardère poilue (Dipsacus pilosus)
  • Linaire bâtarde (Kickxia spuria)
  • Miroir de Vénus (Legousia speculum-veneris)
  • Minuartie hybride (Minuartia hybrida)
  • Renouée amphibie (Polygonum amphibium)
  • Réséda des teinturiers (Reseda luteola)
  • Schoenoplectus de Tabernaemontanus (Schoenoplectus tabernaemontani)
  • Massette de Shuttleworth (Typha shuttleworthii)
  • Céraiste à pétales courts (Cerastium brachypetalum)
  • Céraiste à cinq étamines (Cerastium semidecandrum)
  • Vélar giroflée (Erysimum cheiranthoides)
  • Diplotaxis des murailles (Diplotaxis muralis)
  • Porelle piquante (Porella arboris-vitae subsp. arboris-vitae)


Liste des espèces-cibles
Le canton de Berne a publié une liste des espèces-cibles dans le cadre de l’accord de branche , et le canton de Soleure en a inclus une dans son aide-mémoire. (en allemand)


Listes générales des espèces On doit à A. Krebs et H. Wildermuth deux articles sur les sites d’extraction, plus anciens mais néanmoins tout à fait dignes de lecture, qui comprennent des listes d’espèces détaillées (en allemand) :

  • Krebs, A., Wildermuth, H., 1983. Die Bedeutung von Abbaugebieten aus der Sicht des biologischen Naturschutzes. Veröffentlichungen für Naturschutz und Landschaftspflege in Baden-Württemberg Beiheft 37, 105–150.
  • Wildermuth, H., Krebs, A., 1976. Kiesgruben als schützenswerte Lebensräume seltener Pflanzen und Tiere. Mitteilungen der Naturwissenschaftlichen Gesellschaft Winterthur, Heft 35 = Jg. 1973/75, S. 19-73.

Facteurs abiotiques

Remarque : le contenu de ce chapitre se base pour l’essentiel sur Konold et al. 2007 XI-2.24, p. 2, (Werner Konold 1999), et pour une partie sur Gilcher et Bruns, 1999.
Les sites d’extraction peuvent être très différents selon la roche-mère, les techniques et les produits d’extraction. Elles possèdent cependant une série de caractéristiques stationnelles typiques qui favorisent certains groupes taxonomiques précis et créent les conditions pour une grande biodiversité.

  1. Sols bruts : les sols bruts créent des conditions spécifiques, comme un microclimat extrême, la pauvreté en nutriments, et une concurrence moindre lors de la colonisation.
  2. Dynamique causée par des perturbations mécaniques : la forte dynamique et parfois la grande intensité des perturbations sont des caractéristiques essentielles et ont comme conséquence que seules des espèces spécialisées parviennent à coloniser ces milieux. (Gilcher et Bruns 1999 dans Konold et al. 1999).
  3. Pauvreté en nutriments : les sols bruts se distinguent par une extrême pauvreté en nutriments disponibles pour les plantes. Ce n’est que lorsqu’un sol initial se forme, avec la fixation de l’azote atmosphérique par les algues bleues et les rhizobactéries et par l’apport dans l’eau et dans l’air, que ces stations deviennent peu à peu plus riches en nutriments.
  4. Faible teneur en pesticides : il n’y a en général pas d’apport de pesticides dans les gravières.
  5. Gradient environnemental : les sites d’extraction présentent chacun une grande diversité de conditions, en particulier en ce qui concerne l’humidité, la lumière et les nutriments.
  6. Conditions climatiques : les sites d’extraction présentent le plus souvent un climat qui diffère de celui des alentours. Le climat local extrême est provoqué surtout par l’exposition et la déclivité des falaises créées par l’exploitation, par la localisation dans des cuvettes étanches, ainsi que par la bonne capacité de la roche à conduire la chaleur. Les carrières montrent un climat plus extrême et plus continental. Il peut se former des lacs d’air froid pendant la nuit. Les plans d’eau présentent quant à eux les plus faibles variations de température sur 24 heures et ont un effet régulateur.

Géologie

On trouvera deux articles intéressants sur la géologie sur le site internet de la Fondation paysage et gravier. (en allemand)

Vidéos

Conservation, promotion et entretien

Ce chapitre est consacré à la promotion et à l’entretien des habitats présentés dans le chapitre « Notions d’écologie utiles pour la pratique ». Dans les lignes qui suivent, nous distinguons les sites exploités des sites désaffectés, car cette différence est déterminante pour les mesures de promotion et d’entretien. Les conseils et l’accompagnement compétents d’un-e spécialiste sont essentiels pour la mise en œuvre des mesures de compensation et de remplacement.

Phase d’exploitation

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Les oiseaux nicheurs profitent d’une certaine protection. Il est interdit de perturber leur nidification. Le site internet de BirdLife Suisse donne d’autres informations à ce sujet.

La protection et la promotion des espèces et habitats rares sont intégrées dans le concept d’exploitation. Le but est de favoriser la diversité des habitats et une bonne diversité de structures et petits biotopes.

Mesures générales

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Les sites d’extraction comprennent généralement de nombreuses possibilités pour aménager des petits biotopes.

Mesures de promotion générales

  • Aménagement de zones tranquilles peu ou pas utilisées ni perturbées. A cette fin, on recommande de protéger les secteurs qui ne sont pas nécessaires aux activités d’extraction en y disposant de grosses pierres pour éviter qu’on y circule.
  • Activités d’extraction changeantes
  • Création ciblée de zones inondable ou à humidité variable et de plans d’eau temporaires, et aménagement et optimisation ciblés de secteurs comme les bassins de décantation, les étangs limoneux, les falaises rocheuses et les éboulis (voir chapitres séparés).
  • Création généreuse de petits biotopes.
  • Enlever les néophytes qui apparaîtraient et les éliminer correctement.
  • Les mesures devraient dans la mesure du possible être appliquées de façon à permettre un entretien mécanique.

Les surfaces graveleuses

Mesures sur les surfaces graveleuses

  • Les carrières qui voient revenir des oiseaux nichant au sol d’une année à l’autre devraient toujours comporter, dès le mois de mars, au moins deux grandes surfaces graveleuses de chacune 20 à 30 mètres de long.
  • La valeur écologique des talus en gravier qui s’érodent augmente si on y aménage des terrasses.
  • Des tas mélangés de sable et gros cailloux augmentent la valeur écologique des surfaces graveleuses ouvertes (voir aussi « Mesures de promotion générales »). Attention : si le Petit Gravelot (Charadrius dubius) est présent sur les surfaces graveleuses, il ne faut pas y aménager de structures !
  • Pour augmenter l’offre en sols graveleux ouverts, il faut dès que possible mettre à l’air libre la couche de gravier sur les futures surfaces d’extraction.

Entretien

  • Il faut régulièrement perturber les surfaces en gravier afin de préserver leur caractère pionnier et garder ainsi des zones de sol nu. Ces perturbations peuvent être créées mécaniquement en parcourant les surfaces avec des véhicules ou des machines, ou en travaillant à la pelle mécanique les secteurs qui se sont végétalisés. La matière organique doit être enlevée de la surface.
  • Enlever cycliquement les essences pionnières qui apparaissent sur les surfaces de gravier, en les arrachant à la main ou en retirant mécaniquement la couche qui contient les racines. On peut aussi recouvrir la surface de gravier maigre neuf.

Les surfaces sablonneuses 6

Mesures sur les surfaces sablonneuses

  • Les surfaces sablonneuses ont une grande valeur écologique en particulier sur les stations exposées au sud, ensoleillées et chaudes.
  • Les surfaces de sable ne devraient pas être exportées ni parcourues entre mars et octobre, et ne montrer que peu de végétation. Ces surfaces accueillent souvent des espèces végétales spécialisées.
  • Si de grandes quantités de sable sont engendrées par les activités d’extraction, il est judicieux de les étaler sur les secteurs secs, ensoleillés et chauds, ou d’en faire des tas.
  • Les surfaces sablonneuses d’une certaine taille (5-10 m de long, 2-3 m de large, 30-50 cm de profond) doivent être équipées de structures qui protègent de la pluie comme des souches et/ou des grosses pierres.
  • Ne pas enlever le sable qui s’écoule des tapis roulants mais l’étaler sur place.
  • Le sable en dépôt qui n’est pas utilisé pendant une longue période perd sa valeur comme composant du béton à cause de la colonisation par les plantes. Ces tas de sable doivent donc être laissés tels quels. La matière qui s’écoule crée sans cesse de nouvelles surfaces non colonisées.

Entretien

  • Comme les surfaces sablonneuses se végétalisent et s’embuissonnent sur la durée, il faut enlever (ou recouvrir) régulièrement la repousse végétale.

Falaises 6

Mesures sur les falaises

  • A la place de talus, on peut créer des falaises dans les sites d’extraction, qu’on laisse s’éroder naturellement (si la sécurité le permet). Laisser une bande de 2-3 m de large sans humus au sommet de la falaise, pour ne pas que la matière qui en tombe amène de la terre riche en nutriments à son pied. (Remarque : on y constate souvent l’établissement de néophytes envahissantes, contre lesquelles il est très difficile de lutter pour des raisons de sécurité.)
  • Le pied de la falaise doit s’étendre sur 5-10 m. La matière qui s’écoule crée ici aussi des nouvelles surfaces pionnières non végétalisées et en pente. Il faut les marquer avec des grosses pierres pour empêcher qu’on roule dessus. Toujours enlever les éboulis se trouvant au-dessous des colonies d’Hirondelle de rivage occupées ; ils offrent un accès facilité aux prédateurs (Renard roux Vulpes vulpes p. ex.).
  • Renoncer à l’exploitation entre mi-avril et fin août, pendant la nidification et l’élevage des jeunes, dans les parois qui comptent des galeries de nidification (d’Hirondelle de rivage Riparia riparia p. ex., ou de Martin-pêcheur d’Europe Alcedo atthis).
  • Le Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis) niche aussi dans des fronts de taille ombragés de moins de 1 m de haut. Il privilégie une arrivée à son nid masquée par des buissons. Les sites de nidification du Martin-pêcheur doivent subir aussi peu de dérangements que possible. Il faut les en protéger le cas échéant.

Entretien

  • Garder les falaises qui accueillent la reproduction d’insectes et d’Hirondelles de rivage (Riparia riparia) libres de végétation.
  • Eliminer le cône d’éboulis au pied des falaises dans lesquelles nichent des Hirondelles de rivage (Riparia riparia) avant le début de la saison de nidification afin que la paroi ne soit pas accessible aux renards et autres prédateurs.
  • Pour le reste, on peut laisser les falaises au processus d’érosion naturel.

Etangs

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Les étangs et les mares sont fréquents dans les sites d’extraction. Ceux-ci ont donc un rôle à jouer pour la conservation et la promotion des amphibiens. La photo montre la création d’un nouvel étang dans une gravière du canton de Berne.

L’article sur les plans d’eau présente des informations complètes sur la promotion et l’entretien des étangs. Il faut en priorité créer des plans d’eau sans imperméabilisation artificielle : on trouve le plus souvent des endroits où l’eau s’accumule, et qui conviennent à l’aménagement de plans d’eau temporaires ou permanents (voir aussi les indications dans la partie sur les talus). Lorsqu’il s’avère nécessaire d’imperméabiliser le fond, on créera, dans les sites d’extraction, avant tout des étangs sur bâches, des étangs de béton (ou une combinaison des deux), ou des étangs d’argile. Pour ces derniers, nous souhaitons renvoyer explicitement aux risques.


Pour les étangs d’argile, la Fondation paysage et gravier procède ainsi
On utilise de la terre glaise pour créer un fond de 1 m, ou mieux 2 m d’épaisseur. La construction se fait en 2 ou 3 couches que l’on compacte l’une après l’autre. La terre glaise présente idéalement une teneur en argile élevée. Puis on modèle la cuvette. L’épaisseur de la couche empêche un effet drainant qui serait causé par des racines et des fissures formées lorsque la terre sèche. Elle facilite l’entretien qui permettra de redonner un caractère pionnier au plan d’eau s’il s’atterrit fortement : la couche supérieure peut être retirée à la pelle mécanique. Sur des surfaces de terre glaise de relativement grande étendue, on peut créer périodiquement des nouveaux plans d’eau et en remblayer de plus anciens.
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Etang en béton maigre dans une gravière du canton de Berne - vidé en hiver et rempli début avril - pour la promotion du Crapaud calamite.

Entretien
noch übersetzen: Vous trouverez des informations sur l’entretien des plans d’eau ici

Etangs limoneux et bassins de décantation

  • Modeler les berges de sorte à ce qu’elles soient les plus allongées possibles. Les criques et les zones de transition peu inclinées sont précieuses. Il convient de renoncer aux berges trop raides, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité pour les humains et les animaux.
  • Les souches et les grosses pierres dans la partie supérieure des talus valorisent l’habitat.
  • L’eau contenue dans le béton doit être éliminée dans des bassins séparés prévus à cet effet.
  • Lorsque les bassins limoneux s’assèchent à l’occasion de période de sécheresse, on peut creuser des cuvettes. Celles-ci offrent une zone de repli aux animaux aquatiques durant l’assèchement. Considérer toutefois les besoins des espèces (-cibles). Si elles préfèrent les plans d’eau temporaires, un assèchement occasionnel est bénéfique.
  • Lorsqu’un plan d’eau existant doit être comblé ou délocalisé, il faut créer un plan d’eau de remplacement 1 à 2 ans déjà avant le remblayage. Le drainage et le remblayage des anciennes mares et étangs sont à réaliser idéalement entre mi-septembre et début décembre. Les bassins de décantation doivent rester à sec pendant longtemps avant de pouvoir être comblés.
  • Ne pas introduire de plantes ni d’animaux, en particulier pas de poissons.

Prairies et pâturages maigres

Vous trouvez des informations détaillées à ce sujet dans l’article sur les milieux prairiaux.

Haies et bosquets

Vous trouvez des informations détaillées dans l’article à ce sujet.

Petits biotopes

Vous trouvez des informations détaillées dans l’article à ce sujet.

Talus

Mesures

  • Si possible façonner digues et talus en matériau de différente qualité. A côté de portions contenant de l’humus, on peut aussi former des secteurs avec des substrats maigres. Cela augmente la diversité présentée par la station.
  • Les digues avec structures sont plus favorables que celles à forme et hauteur homogènes. Des failles transversales et longitudinales, des creux et des bosses sur le sommet de la digue contribuent à une valeur écologique plus élevée.
  • En principe, il faut renoncer à ensemencer les digues et talus. A proximité des terres cultivées cependant il faut prendre en compte l’apparition des « mauvaise herbes ». Le cas échéant, il faut les éliminer. Dans le cas où on ne peut pas renoncer à un ensemencement, il faut procéder à un enherbement direct avec du foin d’une prairie maigre ou d’une surface rudérale situées à proximité
  • Les talus doivent être façonnés de manière à ce qu’ils puissent être gérés par des machines.
  • Si on plante des buissons, les disposer par groupes et non en une haie continue.
  • Le long du pied des digues, là où l’eau s’accumule, on peut aménager des cuvettes profondes de 40-60 cm - pour plus de diversité. Si l’espace manque, les ornières creusées par les lourdes machines de chantier suffisent déjà.
  • Les surfaces ouvertes doivent être fauchées ou pâturées, et la végétation fauchée doit être enlevée ou entassée toujours au même endroit. Sur sol maigre, une fauche en automne ou l’élimination de la végétation sèche au printemps suffit. Laisser dans tous les cas des bandes de vieille herbe sur pied.
  • Tailler périodiquement les haies et les bosquets sur les talus.


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Les ornières emplies d’eau sont des sites de ponte idéaux pour le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), si les têtards disposent d’un à deux mois pour se développer.

Autres habitats 6

Mesures pour les chemins, pistes et places de dépôt

  • Les pistes des terrains d’extraction ne doivent pas montrer une largeur plus grande que celle nécessaire au croisement de deux véhicules. Les bordures et les places de dépôt non utilisées pour circuler sont à protéger du trafic par des grandes pierres, des poutres ou un autre marquage.
  • Si la place manque pour des bandes latérales d’au moins 3 m de large, on peut creuser un fossé de 40-60 cm de large et autant de profondeur.
  • Les traces de roues humides dans les secteurs latéraux sont généralement des habitats et des sites de ponte bienvenus. La pose temporaire de barrières sous forme de pierres ou de poutres entre avril et septembre tient les véhicules de chantier éloignés.
  • Le revêtement en dur des voies d’accès au chantier doit rester une exception. Si possible conserver une large bande latérale en gravier, qu’on se gardera de semer.
  • Le bois de construction non traité qui n’est plus utilisé est à mettre en tas ou en piles. Ces dépôts forment un habitat important pour les insectes foreurs, déchiqueteurs, lignivores, et pour leurs larves.
  • D’un point de vue écologique, on peut dire que le matériel déposé sur le site forme à la base des structures importantes et de ce fait qu’elles peuvent présenter une grande valeur écologique lorsqu’elles sont placées dans des endroits clairs et chauds.


Mesures pour les dépôts de sol intermédiaires et les dépôts d’humus

  • Les dépôts de sol intermédiaires et les dépôts d’humus doivent être installés à une distance suffisante des stations maigres pour éviter les apports de nutriments.
  • Il faut éviter que de l’humus ou des infiltrations de nutriments arrivent dans les plans d’eau des gravières.
  • Les dépôts de sol intermédiaires et les dépôts d’humus à proximité des forêts doivent si possible être installés de façon à ce que la faune sauvage puisse avoir accès aux plantes nourricières qui y poussent (pas de clôture).
  • Utiliser des semences adaptées et de bonne qualité écologique pour l’ensemencement des dépôts de sol intermédiaires et des dépôts d‘humus. Si elles contiennent des plantes nourricières, c’est un avantage pour la faune sauvage des alentours. La rapidité à couvrir le sol et la capacité à produire des racines sont deux points à prendre en compte lors du choix du mélange de semences.
  • Ne pas ensemencer les dépôts de sol ou d’humus s’ils comptent comme surfaces de compensation écologiques.

Conservation des espèces

Ce thème est abordé dans les différents chapitres sur les groupes taxonomiques.

6 Tiré de « Natur im Kiesabbau »

Comblement

Qu’un site d’extraction désaffecté soit remis en culture ou laissé ouvert, le facteur essentiel qui intervient à ce stade est l’absence de dynamique, et par conséquent la reprise d’une succession ne subissant plus de perturbations ou presque.

Remblais 6

En règle générale, l’aménagement final est prescrit par le plan d’aménagement. Les zones remblayées sont soumises à une forte dynamique, et on peut difficilement y mettre en œuvre des mesures.

Mesures pour les remblais en pente (talus)

  • Si possible, ne pas couvrir les bords du site avec le même matériau sur toute sa longueur. Déposer les divers composants par secteurs pour former une mosaïque.
  • Remblayer chaque secteur jusqu’à la fin du processus avant de recouvrir les talus voisins plus anciens et possiblement déjà végétalisés (rotation).
  • La couche supérieure de remblai devrait si possible être maigre, ou être prioritairement composée de substrats maigres.
  • Les talus remblayés doivent à la fin être aménagés de manière à ce que les machines puissent facilement les emprunter (entretien).
  • Les cuvettes compactées sur la face interne des talus en terrasses récoltent l’eau de ruissellement et forment des mares à humidité variable.
  • Au pied de la pente également, on peut aménager des fossés d’env. 40 à 60 cm de largeur et autant de profondeur. L’eau qui ruisselle s’y accumule, formant des petites mares. Avec la végétation qui s’y développe au fil du temps, ce pied de talus sert de corridor migratoire à diverses espèces animales.
  • Les petits biotopes tels que les tas de pierres et les tas de branches, les blocs de rocher et les disques racinaires sont de précieux éléments.

Mesures pour les remblais à plat

  • Pour les surfaces à remblayer plates qu’on ne touche plus pendant un certain temps, il faut faire attention à ce que les matériaux contenant de l’humus, du limon ou des pierres soient déposés dans des secteurs distincts.
  • Pour les surfaces sur lesquelles il n’est pas possible d’aménager à court terme un secteur refuge pour les pionniers, il faut laisser une partie de la surface intacte jusqu’à ce que de nouveaux habitats soient disponibles.
  • Des cuvettes peu profondes creusées dans les substrats limoneux peuvent héberger temporairement de précieux sites de ponte. Le sol peut, de plus, être prudemment compacté à la pelle mécanique.

Entretien

  • Les remblais sont de nature temporaire, le contrôle et la lutte contre les néophytes sont importants.

6 Tiré de « Natur im Kiesabbau »

Désaffection et réaffectation

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Surfaces de revalorisation écologique récemment façonnées - ici des mares qui ont été aménagées dans une ancienne glaisière.

Les sites d’extraction qu’on ne remblaie pas et qu’on laisse à la nature ou à sa protection sont intéressants sur le plan écologique. Avec l’abandon de la dynamique due à l’affectation du site, se pose la question des objectifs biologiques. Quels habitats et quelles espèces méritent d’être conservés et soutenus ? Il vaut la peine d’élaborer un concept (de développement) et/ou un plan de gestion. Il faut décider si on maintient la dynamique (d’extraction) originelle ou si on laisse plutôt la succession se dérouler. Ou alors : est-il possible de combiner les deux stratégies ? Pour une réaffectation privilégiant le maintien de la dynamique, des mesures similaires à celles mises en œuvre sur les sites exploités s’imposent. Pour une réaffectation orientée sur la succession (habitats comme les haies, les buissons, la forêt ouverte, les prairies maigres notamment), les indications et informations nécessaires sont mises à disposition dans d’autres chapitres de cette plateforme.

Il faut inclure les éléments suivants dans la planification :

  • Conservation de la diversité structurale
  • Pas de lissage des surfaces érodées
  • Laisser la végétation se développer spontanément
  • Si un ensemencement est prévu, employer des semences et du matériel végétal autochtones
  • Créer des zones de sol brut par déblaiement


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Petits biotopes dans une gravière désaffectée : 1 Etang créé par la pelleteuse, de différentes profondeurs et aux berges de différentes déclivités. - 2 Flaques peu profondes d’eau de pluie ou d’infiltration. - 3 Falaise de taille, raide et avec des inclusions géologiques. - 4 Blocs de rocher. - 5 Tas de pierres. - 6 Surfaces de gravier et de cailloux sans végétation. - 7 Tas de sable : sans végétation ou occupés pas des petits pins et des graminées clairsemés. - 8 Surfaces de gravier colonisées par la végétation pionnière. - 9 Groupe de ligneux à bois tendre (saules, peupliers, trembles). - 10 Lisière de forêt ensoleillée avec des souches à l’air libre. - 11 Buissons d’argousiers et de tamaris. - 12 Tapis d’orties sur dépôts de gravats terreux : lieux de nourrissage des chenilles de diverses espèces de papillons diurnes. - 13 Fourrés de ronces : sites de nidification pour les guêpes et autres insectes pondant dans les tiges. - 14 Colonie d’épilobes. - 15 Plantes hélophytes et aquatiques : végétation pionnière des plans d’eau calcaires, modérément riches en nutriments. - 16 Vieilles souches : biotope des insectes lignicoles. - 17 Galeries de nidification de l’Hirondelle de rivage. - 18 Nichoirs pour passereaux cavernicoles. - 19 Panneaux de protection de la nature. - 20 Tas de bois et de branchages : cachette pour les micromammifères, les couleuvres à collier, les orvets, les escargots ; site de nidification pour les passereaux nichant dans les arbustes. (Tiré de Krebs et al. 1976).

Vidéo

Création d’un plan d’eau et de petits biotopes dans mini-production de la SRF (RTS). (en allemand)

Menaces

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Les néophytes comme le Buddléia de David (Buddleja davidii) se répandent facilement dans les sites d’extraction.
  • Manque d’entretien
    • Embuissonnement et poursuite de la succession
  • Néophytes : la Fondation paysage et gravier a publié sur les principales plantes à problèmes dans les gravières et la lutte contre ces espèces une synthèse (en allemand) sur les principales plantes à problèmes dans les gravières et la lutte contre ces espèces.
  • Vidéo de la Fondation paysage et gravier sur les néophytes les plus fréquentes et typiques. (en allemand)
  • Loisirs :
    • Canalisation du public insuffisante
    • Perturbations par les humains des secteurs sensibles
  • Perte d’habitats précieux par le remblayage et l’utilisation comme dépôt
  • Accompagnement et conseil insuffisants

Informations de base

Planification et bases légales


L’autorisation délivrée encadre les mesures de remplacement et de compensation ainsi que la restauration et la réaffectation du site. Ainsi, avant même que les pelles mécaniques n’entrent en action, l’importance écologique du site pour les années suivantes est déterminée et fixée.

Les bases légales qui s’appliquent sont la loi sur la protection de la nature et du paysage et la loi sur la protection de l’environnement. On trouve une compilation des bases légales concernant les mesures de compensation et de remplacement écologique par exemple dans le document « Ökologische Ausgleichs- und Ersatzmassnahmen in Kiesgruben, Arbeitshilfe» (en allemand). La loi sur la protection de l’environnement et son ordonnance règlent l’obligation de réaliser une EIE. Les procédures au regard de la planification et du droit diffèrent selon les cantons (plan directeur, plan d’affectation, plan d’affectation spécial, procédures d’autorisation). Il faut donc prendre en compte les législations cantonales. En règle générale, un projet d’extraction se déroule selon les étapes suivantes :

  • Inscription au plan directeur
  • Elaboration et dépôt du projet par l’exploitant ; une étude d’impact sur l’environnement (EIE) est obligatoire à partir de 300 000 m3.
  • Examen du projet et délivrance de l’autorisation par les autorités (en général des services cantonaux). L’autorisation contient notamment les exigences concernant les mesures de compensation et remplacement écologique ainsi que la restauration et la réaffectation. Selon les cantons, différentes procédures s’appliquent (plan d’aménagement, plan d’affectation, plan d’affectation spécial).
  • La mise en œuvre des exigences est très hétérogène. Dans certains cantons, il existe un accord de branche (voir plus bas).

Du point de vue de la protection de la nature, tant que le rythme de la revitalisation des cours d’eau en Suisse - qui présentent des habitats très semblables aux sites d’extraction - reste aussi lent qu’aujourd’hui, il faut laisser beaucoup plus de sites d’extraction ouverts une fois que l’exploitation est terminée. Ou alors, il faut garantir l’existence de ces habitats en dehors des sites d’extraction. Voir à ce sujet les solutions mises en place par les cantons de Soleure et d’Argovie. L’existence de ces surfaces doit être assurée (plan de zones / contrat / arrêté de protection). Comme l’affectation future est définie au moment de la planification et de l’autorisation déjà, il importe d’être actif dès le début du projet.

Collaboration, solutions sectorielles

Les cantons de Berne et d’Argovie disposent chacun d’une « solution sectorielle » : un accord de branche, qu’ils ont conclu avec les organisations professionnelles respectives. Elles règlent la délimitation des surfaces de compensation écologique dans les sites d’extraction et sont contraignantes.

L’accord de branche du canton d’Argovie

L’accord de branche du canton de Berne

Littérature recommandée et liens

Littérature recommandée

  • « Natur im Kiesabbau. Handbuch für die Naturarbeit im Kiesgewerbe », Krummenacher et al., 1996, (en allemand) :
    cet ouvrage vise à faciliter la mise en œuvre pratique des directives de l’ASGB « Protection de la nature et extraction du gravier ». Il présente les habitats des sites d’extraction et montre comment les mesures de promotion de la nature peuvent être mises en œuvre pendant l’activité d’extraction avec les machines et matériaux liés à l’exploitation. Il indique de plus comment intégrer les intérêts de la nature dans la planification de l’extraction. (évt. épuisé)

Liens

  • « Fondation paysage et gravier », (en allemand) : ce site internet donne de nombreuses informations sur l’extraction de gravier respectueuse de la nature et sur la sensibilisation à l’environnement dans les gravières. Le site permet de réserver des excursions et des travaux. La Fondation est active principalement dans le canton de Berne.

9.3 Liens supplémentaires

Le système d’information sur les matières premières « Rohstoffinformationssystem Schweiz » (RIS) est un portail librement accessible concernant la répartition des matières premières minérales en Suisse et leurs lieux d’extraction. Vous trouvez de plus amples informations ici (en allemand et anglais).

Divers

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Les gravières désaffectées sont souvent des lieux passionnants de découverte de la nature et d’apprentissage pour les enfants, les groupes, les classes d'école et les adultes.

Littérature

  • Amt für Raumentwicklung Kanton St. Gallen, 2007. Abbaukonzept für Steine und Erden (Kanton St. Gallen). (en allemand)
  • Angehrn, W., Annen, B., Durrer, W., Egolf, P., Jud, U., Keller, E., Küttel, M., Müller, P., Rutz, H.U., Suhner, H., 1993. Protection de la nature et gravières: Directives pour les travaux de protection de la nature dans les gravières.
  • ASGB, 2008. Stratégie : la nature dans les sites d’extraction
  • Bachmann, S., Haller, B., Lötscher, R., Rehsteiner, U., Spaar, R., Vogel, C., 2008. « Guide de promotion de l’hirondelle de rivage en Suisse. Conseils pratiques pour la gestion des colonies dans les carrières et la construction de parois de nidification » : ce guide s’adresse aux exploitants de sites d’extraction, aux protectrices et protecteurs de la nature et des oiseaux, aux autorités et aux autres acteurs impliqués dans la planification et la mise en œuvre de projets de protection de l’Hirondelle de rivage. Il fournit des recommandations pour la conservation et la promotion des colonies dans les gravières et présente les connaissances actuelles et l’expérience acquise dans la construction de parois de nidification artificielles pour l’Hirondelle de rivage.
  • Bregenzer, I., Kiesgruben und Steinbrüche. Pro Natura. (non publié ; en allemand)
  • Fondation paysage et gravier, 2019. Die wichtigsten Problempflanzen in Kiesgruben und deren Bekämpfung. (en allemand)
  • Gilcher, S., Bruns, D., Gaede, M., 1999. Renaturierung von Abbaustellen, Praktischer Naturschutz. Ulmer, Stuttgart. (en allemand)
  • Grob, J., Isler, S., Krebs, R., von Rohr, G., Roth, A., Salm, C., Teutsch, R., Vökt, U., 2001. Directives ASG pour la remise en état des sites : Directives pour une manipulation appropriée des sols. Bern.
  • Krebs, A., Wildermuth, H., 1976. Kiesgruben als schützenswerte Lebensräume seltener Pflanzen und Tiere. Mitteilungen der Naturwissenschaftlichen Gesellschaft Winterthur, Heft 35. (en allemand)
  • Krummenacher, E., Spatteneder, H., Schelbert, A., Schweizer Fachverband für Sand und Kies, 1996. Natur im Kiesabbau: Handbuch für die * Naturarbeit im Kiesgewerbe. FSK - Schweiz. Fachverband für Sand und Kies, Bern. (en allemand)
  • Nobs et al. 1991. «Kiesgrube im Jahreslauf. Anregung für den Naturkundeunterricht, Frühling, Frühsommer, Sommer, Herbst», Nobs et al. 1991, (en allemand) : il s’agit d’une série de quatre classeurs consacrés au déroulement des saisons dans une gravière. Les habitats correspondants, les liens écologiques, les espèces végétales et animales typiques et les missions de l’industrie du gravier et du béton y sont expliqués de façon claire et accessible. Les classeurs s’adressent au corps enseignant et aux amateurs qui entreprennent par exemple une excursion dans un site d’extraction et souhaitent préparer des modules d’enseignement à ce sujet. Ces classeurs ne contiennent toutefois pas d’informations sur les moyens de promouvoir la nature.
  • Schiel, F.-J., Rademacher, M., 2008. Artenvielfalt und Sukzession in einer Kiesgrube südlich Karlsruhe. Naturschutz und Landschaftsplanung 40 (3), S. 87-94. (en allemand)
  • Service de la promotion de la nature du canton de Berne, Fondation paysage et gravier, 2015. Branchenvereinbarung Freiwillige Naturschutzleistungen in Kiesgruben und Steinbrüchen. (en allemand)
  • Verband der Kies- und Betonwerke Aargau, Kanton Aargau, Abteilung Landschaft und Gewässer, 2013. Branchenvereinbarung betreffend Branchenlösung für den Systemwechsel beim Ausscheiden von ökologischen Ausgleichsflächen beim Kiesabbaustellen. (en allemand)
  • Werner Konold, 1999. Handbuch Naturschutz und Landschaftspflege: Kompendium zu Schutz und Entwicklung von Lebensräumen und Landschaften. Wiley-VCH, Weinheim. (en allemand)
  • wildbee.ch (éd.), 2017. «Erdnistende Wildbienen. Anlegen von offenen Bodenflächen, Sandhaufen, Randkanten, überhängenden Abrissen und Steilkanten» (en allemand) : une « fiche » très détaillée de l’association WildBee sur la promotion des espèces d’abeilles sauvages terricoles. Elle recèle des conseils pratiques très concrets pour la promotion des abeilles sauvages qui habitent préférentiellement le sol brut, ainsi que des informations sur la création et l’entretien de sites de nidification, ainsi que le choix et la commande de matériaux.
  • Wildermuth, H., 1978. Natur als Aufgabe: Leitfaden für die Naturschutzpraxis in der Gemeinde. Schweizerischer Bund für Naturschutz, Basel. (en allemand)
  • Wohlgemuth, T.M., Jentsch-Beierkuhnlein, A., Seidl, R., 2019. Störungsökologie, 1. Auflage. ed, UTB. Haupt Verlag, Stuttgart. (en allemand)

  1. Article 3 de l’ordonnance sur la protection des sites de reproduction de batraciens d’importance nationale (Ordonnance sur les batraciens OBat)