Orthoptères

De Biodivers
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Le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum) est un habitant des prairies humides et des bas-marais..
Texte Association biodivers
Review Prof. Dr. Peter Detzel, Dr. Axel Hochkirch, Roy Kleukers & Florin Rutschmann
Traduction Sandrine Seidel
Publication Juillet 2017



Résumé

Notre faune comprend plus de 100 espèces d’orthoptères, dont les aptitudes à voler, creuser et striduler sont étonnantes. La diversité de leurs formes et de leurs couleurs est également surprenante. Les orthoptères sont des espèces synanthropes – c’est-à-dire liées aux habitats créés par l’être humain – et thermophiles. Les prairies et pâturages, tant secs qu’humides, abritent la plupart des espèces. Quelques espèces vivent dans les forêts claires ou sur des surfaces pionnières comme les zones inondables et les éboulis. Du fait de leur rayon d’action de moins d’un kilomètre en moyenne, de nombreuses espèces d’orthoptères sont tributaires d’un habitat présentant une structure diversifiée à petite échelle. Les exigences des œufs concernant l’humidité et la température déterminent l’habitat des orthoptères. Le maintien d’habitats ouverts est primordial pour toutes les espèces.

La restauration de la dynamique naturelle ou l’exploitation extensive régulière des surfaces occupées est donc décisive. La fauche doit être pratiquée de façon à ménager une mosaïque de bandes refuges et de zones fauchées à des moments différents. Lors d’un enherbement, choisir des parcelles à proximité de surfaces déjà occupées par les orthoptères et enherber de façon clairsemée. 40% des plus de 100 espèces d’orthoptères indigènes figurent sur la Liste Rouge. Les espèces des surfaces pionnières en particulier ont grand besoin de notre soutien.

Systématique

Les orthoptères sont classés en deux groupes faciles à distinguer. Les sauterelles (Ensifera) ont des antennes de même longueur ou plus longues que le corps, comportant au moins 30 articles, tandis que les criquets (Caelifera) ont des antennes plus courtes que le corps. Les femelles des sauterelles possèdent pour la plupart un ovipositeur bien visible, au contraire de celles des criquets qui ont des pièces génitales plus petites. La courtilière est la seule espèce sans longues antennes ni grand ovipositeur qui fait toutefois partie du groupe des sauterelles. Détails de la systématique des Ensifera et Caelifera

Eléments d’écologie pour la pratique

Habitats

Les orthoptères occupent la plupart des habitats terrestres jusqu’à une altitude de 3100 m. On les trouve dans les prairies et pâturages extensifs, les jachères, les vignobles, les forêts, les zones humides, les marais et les zones alluviales. De manière générale, on peut les décrire comme des espèces thermophiles et synanthropes, qui vivent dans des paysages fortement marqués par l’activité humaine. Gravières et carrières peuvent ainsi abriter de nombreuses espèces rares lorsque ces milieux sont maintenus ouverts et qu’ils bénéficient d’une exploitation extensive. En milieu urbain, les orthoptères trouvent une multitude de micro-habitats dans les friches industrielles et les grandes gares de marchandises, sur les places en gravier et les surfaces rudérales. Les parcs, jardins et toits plats ont moins d’importance pour les espèces rares, mais peuvent servir de biotopes relais pour la colonisation de nouveaux habitats.

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Prairies maigres, sites marécageux, forêts claires et éboulis comptent parmi les habitats les plus importants pour les orthoptères.


Comme presque tous les orthoptères sont hélio- et thermophiles, ils ont besoin d’habitats présentant des surfaces ouvertes et une couverture végétale clairsemée. Ce sont moins les associations végétales précises que la structure et le microclimat qui définissent le lien entre une espèce d’orthoptère et son habitat. La densité et la hauteur de la végétation sont déterminantes, de même que la température et l’humidité. Une mosaïque d’habitats présentant une structure diversifiée est optimale pour la diversité des orthoptères. Les transitions entre habitats, comme les ourlets forestiers avec prairie humide, et les haies le long de prairies extensives, abritent un nombre particulièrement élevé d’espèces. Lorsque la dynamique naturelle n’existe plus, des travaux d’entretien réguliers sont nécessaires pour maintenir des surfaces ouvertes et une bonne diversité structurale.

Les espèces d’orthoptères suisses peuvent se répartir en quatre groupes selon leur habitat (tiré de : Liste rouge des espèces menacées en Suisse : Orthoptères (2007)

  1. Espèces des prairies et pâturages secs (43 espèces)
  2. Espèces des bas-marais et tourbières (11 espèces)
  3. Espèces forestières et semi-forestières, surtout aux altitudes inférieures (24 espèces)
  4. Espèces pionnières des zones alluviales, affleurements rocheux, pierriers ou karst (25 espèces)

Caractéristiques et reproduction

La forme, le comportement et la coloration des orthoptères en font des animaux bien adaptés à leur habitat et leur procurent souvent un bon camouflage. La couleur du corps de nombreux orthoptères peut varier fortement au sein d’une même espèce et, de ce fait, ne constitue le plus souvent pas un critère d’identification. La couleur n’est pas toujours déterminée génétiquement, mais peut changer au cours du développement et s’adapter à la couleur du milieu. Les adultes ne peuvent par contre plus changer de couleur ; ils ne peuvent qu’éventuellement devenir plus foncés.

Les orthoptères connaissent un développement hémimétabole (métamorphose incomplète). Après l’éclosion, la larve a déjà une allure d’orthoptère, et elle ressemble un peu plus à l’adulte après chaque mue. Jusqu’à 12 mues sont nécessaires aux grillons pour atteindre le stade adulte, 5 à 7 pour les sauterelles, et 4 à 5 pour les criquets. Ce n’est qu’après la dernière mue que seront achevées les ailes et les pièces génitales. La plupart des orthoptères vivent une année, leurs larves éclosant du printemps à l’été. On trouve les adultes en été et en automne, leur apparition dépendant surtout de l’altitude et des conditions microclimatiques. Seuls les grillons (Gryllidae) et les criquets de la famille des Tetrigidae passent l’hiver au stade de larves ou d’adultes et, par conséquent, apparaissent tôt au printemps suivant.

L’accouplement a lieu quelques jours ou quelques semaines après la dernière mue, la ponte débutant quelques jours plus tard déjà. Chez la plupart des orthoptères, les femelles pondent leurs œufs dans le sol ou à la base des plantes. Grâce à leur ovipositeur, les sauterelles peuvent déposer leurs œufs plus profondément dans le sol que les criquets. D’autres espèces pondent dans les écorces fissurées et les parties de plantes riches en moelle, ou fixent les œufs sur les tiges ou les feuilles. Le développement des œufs de la plupart des espèces indigènes, de la ponte à l’éclosion, s’étend de l’automne au printemps suivant, voire sur plusieurs années pour quelques espèces.

Les exigences des œufs concernant l’humidité et la température déterminent l’habitat de chaque espèce. Les espèces des milieux humides ne peuvent souvent pas survivre si leurs œufs ne sont pas assez humides en hiver. Elles ont besoin d’une période d’inondation. Le développement des œufs des acridiens (Acrididea) des habitats secs est plus long après l’hiver et ces espèces ont besoin de sols plus chauds. La température nécessaire est atteinte grâce au rayonnement solaire qui réchauffe les surfaces de sol nu. D’autres espèces, qui vivent dans une végétation plus haute et plus dense, parviennent à achever le développement de leurs œufs malgré un rayonnement plus faible. On trouve ainsi quelques spécialistes parmi les orthoptères, avec des exigences très spécifiques concernant leur habitat. Le Criquet des iscles (Chorthippus pullus), par exemple, vit en Suisse exclusivement sur les bancs de gravier pauvres en végétation des grands cours d’eau alpins.

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De gauche à droite : Le Barbitiste des bois (Barbitistes serricauda) pond ses œufs dans l’écorce fissurée des plantes ligneuses. Le Criquet des iscles (Chorthippus pullus) n’est présent que le long des grands cours d’eau alpins. Les ailes atrophiées de la Miramelle des moraines (Podisma pedestris) la rendent inapte au vol. La Grande sauterelle verte (Tettigonia viridissima) est une grande migratrice au sein des orthoptères.


Taille des populations et dispersion

La taille des populations peut fortement varier d’une année à l’autre. Une vague de froid ou une longue période de pluie au début du printemps peuvent suffire à faire chuter les effectifs. Des observations isolées montrent que même des populations comptant moins de 50 individus peuvent survivre plusieurs années si la qualité de l’habitat ne diminue pas.

La plupart des espèces d’orthoptères sont sédentaires et ne se déplacent que dans un rayon de quelques mètres à 1 km au maximum. Les ailes de nombreuses espèces sont atrophiées (p. ex. chez la Miramelle des moraines (Podisma pedestris)). Il existe cependant quelques espèces migratrices, comme la Grande sauterelle verte (Tettigonia viridissima) qui peut parcourir une distance de plusieurs kilomètres en un été. De grandes densités de population peuvent favoriser la dispersion d’espèces sédentaires ; en effet, la mobilité croît lors de stress lié à la densité et des individus macroptères, aux ailes beaucoup plus longues que d’habitude, peuvent apparaître. Cette augmentation de la taille des ailes permet de parcourir de plus longues distances, y compris à des espèces qui normalement ne volent pas. La propagation des œufs et des individus par transport passif (p. ex. cours d’eau, trafic ferroviaire, transport avec le foin ou les animaux de pâture) n’a pas été suffisamment étudiée. Pour plusieurs espèces, ce mode de dispersion semble toutefois bien fonctionner, car il arrive régulièrement de trouver des individus isolés ou des petites populations initiales loin des populations connues.

Fauna Indicativa

La Fauna Indicativa est un ouvrage de consultation et en même temps un outil pour l’évaluation de données faunistiques. Il visualise sous forme tabulaire les préférences écologiques et les propriétés biologiques de toutes les espèces de d’orthoptères.

Conservation et promotion

Mesures générales

Espèces des milieux prairiaux et des zones humides

  • Exploiter les prairies et pâturages de façon extensive et renoncer aux machines lourdes, en particulier dans les zones humides
  • Renoncer à l’épandage d’engrais artificiels et de biocides, en particulier insecticides
  • Promouvoir les surfaces de promotion de la biodiversité (SPB) présentant un niveau de qualité QII
  • Renoncer à l’irrigation des prairies maigres et des steppes
  • Lutter contre l’embroussaillement des prairies et pâturages maigres et contre leur transformation en jachère
  • Renoncer au drainage des zones humides et restaurer le régime hydrique naturel
  • Conserver les pâturages, qui, en règle générale, présentent une structure plus hétérogène et sont plus riches en espèces, sauf en cas de fauche annuelle
  • Protéger et restaurer les zones humides
  • Aménager et entretenir les plans d’eau, en favorisant les rives en pente très douce

Espèces forestières et semi-forestières

  • Créer des lisières étagées avec strate herbacée et valoriser celles qui existent
  • Conserver les vieux peuplements, arbres-biotopes et haies avec leurs ourlets
  • Eclaircir les forêts et talus pour favoriser leur ensoleillement
  • Entretenir les talus et bords de chemin de façon extensive
  • Pratiquer une sylviculture adaptée au site, renoncer aux monocultures (d’épicéas p. ex.)
  • Transformer les monocultures en forêts naturelles à plusieurs essences
  • Renoncer aux engrais et aux biocides

Espèces pionnières des rives des cours d’eau

Repris de : Liste rouge des espèces menacées en Suisse : Orthoptères (2007)

  • Revitaliser les cours d’eau, en priorité les sites occupés par des espèces pionnières
  • Renoncer au remblayage et à l’endiguement des surfaces riveraines occupées par des orthoptères
  • Renoncer à toute destruction de bancs de sable, de gravier ou de pierres situés sur des surfaces occupées, et immédiatement en amont resp. en aval de celles-ci
  • Permettre des crues régulières et assez fortes pour assurer l’érosion naturelle des bancs couverts de végétation dans les zones alluviales
  • Assurer le dépôt régulier de sédiments dans les sites occupés pour garantir la régénération des bancs de sédiments dans les zones alluviales
  • Revitaliser le plus grand nombre possible de cours d’eau pour favoriser la recolonisation des régions abandonnées en créant des sites potentiellement favorables
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La richesse structurale de ces surfaces offre aux espèces des milieux prairiaux un habitat idéal.

Protéger les surfaces à structure diversifiée et en créer de nouvelles

Pour les orthoptères, les petits biotopes qui diversifient la structure – tas de branches ou de pierres par exemple – jouent un rôle secondaire par rapport aux surfaces de sol nu (importants pour la ponte notamment) et aux éléments qui stockent la chaleur, comme les zones rocheuses, les surfaces de gravier, les creux humides et les flaques temporaires. Les structures nouvellement aménagées doivent mesurer au moins 20 m2 par hectare. Il faut protéger les surfaces ouvertes naturelles et les zones richement structurées comme les moraines, les éboulis, les surfaces graveleuses et les zones d’atterrissement des plans d’eau ; elles ne doivent pas être comblées ni reboisées.

Concepts de fauche et évacuation de la matière coupée

De nombreux orthoptères menacés sont tributaires d’un pacage extensif ou d’une fauche régulière pour freiner la densification de la végétation. Le moment optimal pour la coupe dépend de l’espèce. Pour les espèces qui pondent leurs œufs dans le sol, les mois de mai à août sont défavorables. Pour celles qui pondent sur ou dans des végétaux, faucher avant mai ou après août est problématique. L‘exploitation en elle-même peut causer des dommages. Les pertes sont dues par exemple à la faucheuse-conditionneuse ou à l’andainage et à l’évacuation du produit de la coupe. Afin de réduire les pertes pour toutes les espèces, les points suivants doivent être respectés de façon générale lors de la fauche :

  • De façon générale, il faut réduire au minimum le nombre de coupes, une coupe par an représentant l’intensité optimale
  • Fauche précoce : pas sur toute la surface ; fauche tardive : après la floraison de la plupart des plantes
  • Un entretien différencié donne les meilleurs résultats, c’est-à-dire une mosaïque de surfaces fauchées à des moments différents et de bandes refuges fauchées seulement une année sur deux.
  • La hauteur de coupe doit mesurer au moins 10 cm
  • Les faucheuses à barre de coupe occasionnent le moins de dégâts, les faucheuses à disques sont les plus nocives ; faucher à la faux est la technique la plus respectueuse
  • Pour permettre aux animaux de se disperser, laisser sécher le foin sur place et l’évacuer en tous les cas
  • Les faucheuses-conditionneuses sont à proscrire

Liens

Informations de base

Etude sur les exigences écologiques et la répartition des orthoptères sur des prairies exploitées plus ou moins intensivement.
La fiche thématique montre les impacts des différentes techniques de fauche et de récolte sur la diversité des espèces et fournit des recommandations pour une fenaison la plus respectueuse possible de la faune.

Conserver les jachères tournantes et les bandes herbeuses

Lorsqu’on aménage des jachères tournantes et des bandes herbeuses non fauchées, il faut veiller à ce que les environs immédiats abritent des orthoptères, car ceux-ci ne peuvent souvent se disperser que sur de courtes distances. A chaque coupe, on épargne 10% de la prairie, qui servent alors de zones refuges.

Liens

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A gauche et au milieu : Le Phanéroptère porte-faux (Phaneroptera falcata) et le Conocéphale bigarré (Conocephalus fuscus) apprécient la végétation haute des jachères florales. A droite : Le Criquet des clairières (Chrysochraon dispar) profite des bandes herbeuses non fauchées.

Pacage

Le pacage doit privilégier les races traditionnelles ou les animaux légers. De manière générale, l’élevage de moutons avec berger semble être particulièrement favorable aux orthoptères. La densité de bétail ne doit pas être trop élevée. La charge annuelle ne devrait pas dépasser 150 unités de gros bétail1 par hectare (UGB/ha). La pratique du pacage en enclos est recommandée – elle permet d’obtenir un effet analogue à la fauche tournante.
1L’intensité de pacage est le produit de la charge en bétail, en unités de gros bétail par hectare, multipliée par le nombre de jours de pâture (UGB/ha*jj). La valeur exacte change selon la taille et l’âge des animaux, et peut être obtenue avec le calculateur UGB de l’Office fédéral de l’agriculture.

Enherbement direct et herbe à semences

L’enherbement direct et la technique de l’herbe à semences sont préférables à l’ensemencement, car les insectes et les œufs peuvent être transportés en même temps que le matériel végétal lors de ces deux processus. Cela revêt une importance particulière pour les espèces qui disposent d’un faible potentiel de dispersion. Pour conserver la diversité génétique régionale des espèces animales et végétales, les semences et l’herbe doivent provenir de parcelles sources situées dans les environs, c’est-à-dire être indigènes. Pour le succès de la colonisation, les parcelles receveuses doivent se situer à 1 km au maximum, ou mieux seulement 500 m, de surfaces déjà occupées par des orthoptères. L’apport de pierres ou de sédiments fins lors de l’enherbement peut permettre de maintenir à long terme des petits secteurs de sol nu.

Informations de base

Cette analyse montre que des prairies extensives nouvellement créées peuvent être rapidement colonisées par des espèces menacées d’orthoptères et de papillons de jour.

Informations générales

Informations exhaustives concernant l’enherbement direct de prairies et pâturages.
Guide pratique pour l’utilisation de semences régionales dans les surfaces de promotion de la biodiversité.
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Les berges des rivières et des plans d’eau sont des corridors importants pour la dispersion et doivent être entretenues en alternance.

Zones humides et sites secs

Entretenir les milieux rudéraux et les ourlets des zones humides

De nombreuses espèces déposent leurs œufs dans la tige des végétaux au bord des rivières et plans d’eau. Les berges sont des corridors jouant un important rôle de dispersion pour la faune. L’entretien extensif des zones humides et des fossés tout au long de l’année est par conséquent essentiel :

  • Alternance de la fauche sur les berges, laisser la végétation intacte 1 à 2 ans sur une berge
  • Echelonner la fauche des ourlets d’une même berge et évacuer la matière coupée
  • Ne pas broyer sur place la matière coupée (mulch)
  • Par le pâturage extensif ou la fauche, perturber régulièrement les milieux rudéraux par secteurs afin d’empêcher l’embuissonnement et de créer des surfaces à structure diversifiée
  • Lutter contre les plantes invasives, en particulier les renouées (Fallopia) et l’impatiente glanduleuse (Impatiens glandulifera)

Débroussaillage des sites secs

La couverture par la végétation arborée et arbustive ne doit pas dépasser 25% sur les sites de grande taille, 10% sur les sites plus petits. La pâture extensive ou la fauche conviennent bien au maintien à long terme de PPS ouverts. Les mesures de valorisation des sites secs seront traitées ultérieurement.

Milieu urbain

Entretien extensif des surfaces en gravier et des friches industrielles

Une riche faune orthoptérologique peut se développer en bordure de milieu urbain et sur les sites industriels, pour peu qu’ils comptent de grandes surfaces de terrain nu. Ce sont par exemple les zones en gravier et les friches industrielles où la végétation est éparse. Ces parcelles doivent être entretenues extensivement (cf : concepts de fauche). On peut en accroître la richesse structurale en les entretenant par secteurs plus petits et en y ajoutant des petits éléments de structure.

Enherbement et entretien des toits plats

Les toits plats peuvent servir de biotopes relais à quelques espèces d’orthoptères, comme l’Oedipode aigue-marine (Sphingonotus caerulans) ou l’Oedipode turquoise (Oedipoda caerulescens). Jusqu’à présent, aucune colonisation durable par une population n’y a été constatée. Lors de l’aménagement des toits, il faut prêter attention aux points suivants :

  • N’utiliser que des plantes et semences indigènes
  • Maintenir des zones non végétalisées et en créer régulièrement de nouvelles en enlevant la couche supérieure du sol
  • Utiliser sable, gravier et caillasse de différentes granulométries
  • Entretenir la végétation de façon extensive et par secteurs
  • Assurer la richesse structurale au moyen de tas de gravier, bois, etc.

Liens

Informations générales

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Les toits plats peuvent servir de biotopes relais pour la colonisation de nouveaux habitats par l’Oedipode turquoise (Oedipoda caerulescens) et l’Oedipode aigue-marine (Sphingonotus caerulans).

Aménager et entretenir des prairies fleuries et des zones arides

En tenant compte des points suivants, on peut favoriser la présence d’orthoptères relativement exigeants dans les parcs et jardins :

  • N’utiliser que des semences indigènes
  • Semer de façon clairsemée et ne pas fumer
  • Laisser des surfaces de sol nu
  • Au maximum 2 fauches par an, avec faucheuse à barre de coupe ou à la faux, et de façon échelonnée
  • Entretenir de façon échelonnée les friches, bandes herbeuses non fauchées et ourlets autour des buissons et arbustes de 5 à 10 m afin de prévenir l’embroussaillement
  • Evacuer le produit de la coupe

Informations générales

Aménagement et entretien de milieux pionniers secondaires

Du fait que leurs habitats originels – plaines alluviales, zones incendiées, etc. – ont largement disparu, les milieux pionniers créés par les humains sont devenus de précieux habitats secondaires pour les orthoptères. La conservation de ces milieux pionniers nécessite des actions d’entretien régulières pour contrer l’accumulation de litière, la création d’un « tapis » de végétation et son enchevêtrement (« Verfilzung »), ainsi que l’embroussaillement. Les orthoptères trouvent de précieuses surfaces pionnières :

  • Dans les carrières et gravières
  • Dans les vignes
  • Dans les sablières, glaisières et marnières
  • Dans les gares et sur les voies de chemin de fer
  • Dans les friches industrielles

Réintroduction d’animaux

Dans l’optique de la protection de la nature, on ne doit envisager la réintroduction d’orthoptères disparus qu’en dernier recours. En effet, c’est toujours la protection des populations existantes qui figure au premier plan, et une réintroduction ne se réalise qu’à grands frais. Le succès d’une telle entreprise dépend de l’élaboration soigneuse d’une stratégie de réintroduction et du strict respect des lignes directrices de l’UICN pour les réintroductions. La réintroduction d’orthoptères est sujette à autorisation et doit être menée par des spécialistes, raison pour laquelle nous n’en traitons pas plus en détail ici.

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L’Ėphippigère des vignes (Ephippiger diurnus) occupe les prairies sèches clairsemées et les lisières. Elle fait partie des espèces fortement menacées.

Protection des espèces

Du fait de leurs exigences en matière d’habitat, de nombreuses espèces d’orthoptères ont besoin de mesures de conservation tout à fait spécifiques. L’ordre de priorité des espèces menacées, établi selon leurs besoins de conservation, est présenté dans la Liste des espèces prioritaires au niveau national (2011).

Il existe peu de connaissances tirées de la pratique concernant la protection ciblée d’espèces d’orthoptères. En Suisse, on ne trouve à l’heure actuelle qu’un résumé des meilleures pratiques de la conservation spécifique et un concept de protection du canton de Zurich, tous deux pour l’oedipode turquoise (Oedipoda caerulescens). Dans les pays voisins, les publications suivantes concernant les mesures de conservation sont disponibles :

France

Allemagne

Autriche

Pays-Bas

Menaces

Presque 40% des 105 espèces d’orthoptères étudiées pour la Liste rouge des espèces menacées en Suisse : Orthoptères (2007) sont menacées. Les plus fortement menacées sont les espèces pionnières le long des cours d’eau et celles des bas-marais et tourbières. Conserver les dernières populations de ces espèces-là est donc de première importance. Les plus grandes menaces qui pèsent sur tous les orthoptères sont présentées ci-dessous :

  • Perte et fragmentation des habitats suite au changement de l’utilisation du paysage, comme la transformation des milieux prairiaux en terres arables, l’urbanisation ou l’industrialisation
  • Intensification de l’exploitation, en particulier emploi de faucheuses et de faucheuses-conditionneuses, fumure et augmentation du nombre de coupes par année, ainsi qu’augmentation de la charge en bétail sur des petites surfaces
  • Manque de processus (naturels) maintenant des paysages ouverts et un sol par endroits nu, et homogénéisation du paysage
  • Densification de la végétation due à l’eutrophisation
  • Usage d’insecticides

Les autres menaces qui sont, quant à elles, propres aux habitats particuliers sont les suivantes :

  • Espèces des milieux prairiaux : pacage intensif ou fauche fréquente, prolifération des strates arbustive et herbacée due à la transformation en jachère, appauvrissement de la diversité végétale, fumure des prairies et pâturages
  • Espèces des zones humides : modifications du régime hydrique des zones humides, exploitation agricole plus intensive des prairies humides
  • Espèces forestières et semi-forestières : étagement insuffisant de la lisière (strates arbustive et herbacée), élimination des haies, des petits éléments structuraux et des zones rocheuses, intensification de la sylviculture, emploi de biocides, monoculture, usage touristique (surtout ski et VTT)
  • Espèces pionnières : endiguement des cours d’eau et atteintes au régime de charriage des sédiments, modifications du régime et de la dynamique hydriques, prolifération des strates arbustive et herbacée dans les milieux ouverts

Ce qu’on ignore encore

Les lacunes dans les connaissances à disposition ne sont pas une fatalité et concernent en particulier la conservation.

  • Succès de la conservation des espèces rares
  • Taille minimale des populations viables
  • Connectivité des populations d’orthoptères de différentes espèces et cortèges d’espèces
  • Conséquences de l’exploitation des surfaces herbagères sur chaque type d’habitat : les connaissances acquises sur les pelouses sèches sont-elles transposables aux prairies humides par exemple ?
  • Effet barrière des routes à plusieurs voies (autoroutes)
  • Conséquences du changement climatique, en particulier des longues périodes de sécheresse ou des fortes pluies

Exemples pratiques

Pour les orthoptères, nous n’avons trouvé qu’un seul exemple concret qui décrive en détail les mesures réalisées et qui comprenne une étude de suivi. Nous attendons donc avec plaisir vos retours d’expériences et vos propositions par e-mail.

Création d’un couloir de migration pour le Criquet des iscles au Bois de Finges, et observation de son utilisation.

Liens généraux

Glossaire et autre liens d’un intérêt particulier

Littérature recommandée

Littérature concernant la pratique

  • Detzel, P. (1998). Die Heuschrecken Baden-Württembergs. Stuttgart Hohenheim, Ulmer.
A ce jour le meilleur livre traitant des orthoptères sous l’angle de l’écologie pratique et des mesures de conservation. Les mesures d’amélioration sont présentées par espèce et habitat. Elles en font un guide général très valable, mais il manque les instructions pour la mise en œuvre. Dans l’ensemble un bon livre pour débuter, mais il est indispensable de développer le sujet.
  • Ingrisch, S. & Köhler, G. (1998). Die Heuschrecken Mitteleuropas. Vol. Bd. 629. Magdeburg, Westarp Wissenschaften.
Livre très complet et général sur la biologie, la dynamique des populations et les habitats des orthoptères, moins sur la valorisation des habitats et les mesures de conservation. Malgré sa date de parution, il reste intéressant et informatif.
  • Schlumprecht, H. & Waeber, G. (2003). Heuschrecken in Bayern. Stuttgart Hohenheim, Ulmer.
Atlas de détermination très complet comportant de nombreuses informations sur le mode de vie et l’habitat de chaque espèce. Menaces et protection sont traitées dans des exemples provenant de Bavière, et on y trouve des conseils pour la valorisation espèce par espèce.
  • Maas, S., Detzel, P. & Staudt, A. (2002). Gefährdungsanalyse der Heuschrecken Deutschlands  - Verbreitungsatlas, Gefährdungseinstufung und Schutzkonzepte. Bonn-Bad Godesberg, Bundesamt für Naturschutz.
Atlas détaillé des orthoptères d’Allemagne, avec analyses des menaces, et informations sur les habitats, la biologie et la répartition de chaque espèce. Les données sur la valorisation des habitats sont concises.
Des articles sur la conservation d’orthoptères paraissent régulièrement dans la revue de la Société allemande d’orthoptérologie (DGfO). Des articles plus anciens peuvent être téléchargés en format PDF.

Ouvrages de détermination

  • Baur, B., Bauer, H., Rösti, C., & Rösti, D. (2006). Die Heuschrecken der Schweiz. Bern, Haupt Verlag.
Clé de détermination intuitive des orthoptères de Suisse avec de très beaux dessins de détail. Contient des cartes de répartition et des explications sur les critères les plus importants.
  • Fischer, J., Steinlechner, D., Zehm, A., Poniatowski, D., et al., éd. Bayerische Akademie für Naturschutz und Landschaftspflege (2016). Die Heuschrecken Deutschlands und Nordtirols. Bestimmen - Beobachten - Schützen. Wiebelsheim Hunsrück, Quelle & Meyer.
Ce livre sort du lot. Il contient des photos de détail des critères de détermination des adultes et des larves, une présentation de la période principale d’activité de toutes les espèces, et bien plus encore.
  • D’autres livres de détermination nationaux et internationaux sont listés sur Orthoptera.ch.

Auteurs

Texte Association biodivers info@biodivers.ch
Review Prof. Dr. Peter Detzel Gruppe für ökologische Gutachten
Dr. Axel Hochkirch Université de Trèves
Roy Kleukers Naturalis Biodiversity Center
Florin Rutschmann Pro Natura Aargau
Traduction Sandrine Seidel Filoplume Traduction