Petits biotopes

De Biodivers
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Un paysage riche en petits biotopes, comportant buissons et murgiers.
Texte Association biodivers
Publication Mars 2022
Traduction Sandrine Seidel



Synthèse

Synthèse Petits biotopes – l'essentiel en bref
Les arguments choc en faveur des petits biotopes
  • Les petits biotopes structurent le paysage, sont des éléments de liaison, et augmentent sa valeur.
  • Les petits biotopes favorisent les organismes auxiliaires et les espèces rares ; ils offrent tout à la fois des terrains de chasse, des sites de reproduction, des lieux pour prendre le soleil, des quartiers d’hiver et des abris.
  • La plupart des petits biotopes sont simples et peu coûteux à mettre en place et ne nécessitent que peu d’espace (à l’exception des murs en pierres sèches et des grands arbres isolés).
  • Les petits biotopes peuvent aussi être installés en zone urbaine, par exemple avec des classes, et contribuent ainsi à l’éducation à l’environnement.
Planification, installation, et entretien des petits biotopes – il est très important d’avoir à l’esprit les éléments suivants :
Bases
  • Le terme « petits biotopes » regroupe des éléments très différents (tas de branches, murs en pierres sèches ou nichoirs en sont quelques exemples).
  • Il existe des petits biotopes ligneux, humides, secs, pierreux et herbeux.
  • Les petits biotopes complètent des habitats eux-mêmes précieux (haies ou prairies maigres p. ex.). Ils sont inadaptés comme mesures de revalorisation isolées.
  • A quelques exceptions près, les petits biotopes doivent toujours être accompagnés d’un ourlet herbeux.
  • La qualité du paysage cultivé actuel est insuffisante. Il faut multiplier par deux ou trois la densité des petits biotopes.
Planification des petits biotopes
  • La planification est très simple pour la plupart des petits biotopes. Elle est plus exigeante pour les murs en pierres sèches et les niches pierreuses.
  • Il faut prendre en compte autant que possible les exigences biologiques des espèces que l’on veut favoriser (hérisson, petits mustélidés, reptiles, p. ex.)
  • Les petits biotopes ne doivent pas altérer des surfaces précieuses existantes.
  • Les biotopes doivent s’intégrer dans le paysage, être bien ensoleillés, et ne pas se situer dans les zones de crue des cours d’eau.
Aménagement de petits biotopes
  • Le travail requis pour l’aménagement de petits biotopes et leur localisation adéquate diffèrent selon leur type. Nombre d’entre eux sont faciles à réaliser et bon marché, comme les tas de branches ou de feuilles p. ex.
  • Dans la mesure du possible, utiliser les matériaux locaux pour la création des petits biotopes.
  • Les biotopes doivent être de bonne qualité.
  • La réalisation de murs en pierres sèches demande beaucoup d’expérience et un savoir-faire spécialisé.
Entretien
  • Les petits biotopes doivent être aussi peu entretenus que possible (entretien extensif).
  • Les ourlets herbeux autour des biotopes, d’une grande importance, doivent être fauchés peu souvent et de façon échelonnée ; laisser des secteurs non fauchés durant l’hiver.
  • Les petits biotopes doivent être gardés exempts d’ombrage dense (exception : les tas de branches et de feuilles pour les hérissons, qui sont à placer de préférence à l’ombre.)
  • Utiliser des outils de coupe respectueux lors de l’exploitation.
  • Prendre en compte le calendrier annuel des mesures d’entretien.

Introduction

Les petits biotopes sont, comme leur nom l’indique, petits, mais ils revêtent une importance de taille ! On a tendance à les oublier ou à leur accorder trop peu d’attention, pourtant leur existence ne tient pas du second rôle. Quand elle n’est pas influencée par l’être humain, la nature regorge de petits biotopes. Le lit d’une rivière comporte des amoncellements de branches, des arbres tombés, des pierres, des surfaces de sable, des petites flaques, des talus, des berges escarpées, etc. Dans un marais, on trouve des souches, des touradons et des cuvettes, des arbres morts, des ruisselets, etc. Un paysage cultivé est quant à lui parsemé d’arbres isolés, de tas de branches, de murgiers, de murs, de clôtures, de haies et de buissons. Tous ces petits éléments structurent le paysage et lui donnent un « visage ». Ils sont l’habitat d’innombrables animaux et font partie d’un réseau qui comprend des biotopes relais et des couloirs de migration. Ils étaient autrefois une production secondaire du paysage agricole traditionnel, alors qu’aujourd’hui on les recrée de façon consciente pour meubler le paysage. Les petits biotopes prennent peu de place et sont simples à aménager. Ils se prêtent bien à la promotion des organismes auxiliaires comme les petits mammifères et les abeilles sauvages. Il est important de (continuer à) créer des petits biotopes pour augmenter la valeur de zones déjà précieuses sur le plan écologique et enrichir les paysages « propres en ordre ». Dans le deuxième cas, il faut faire preuve de persuasion et avancer les bons arguments aux agriculteurs. Dans cet article, nous vous proposons une vue d’ensemble d’un large éventail de petits biotopes. Il existe déjà de très nombreuses brochures sur ce thème, raison pour laquelle l’article renvoie avant tout à celles que nous jugeons les meilleures. C’est de tolérance pour la vie sauvage, sous la forme miniature d’un tas de feuilles pour le hérisson dans son jardin par exemple, dont nous, Suissesses et Suisses épris d’ordre et de propreté, avons le plus besoin !


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Le Hérisson commun (Erinaceus europaeus) dépend des petits biotopes pour passer l'hiver.
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Les abeilles sauvages, comme ici l'Osmie cornue (Osmia cornuta), tirent un grand bénéfice des petits biotopes présents dans le paysage.
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Les petits biotopes peuvent aussi être habilement intégrés dans un environnement urbain.

Notions d’écologie utiles pour la pratique

Types de petits biotopes

De par leur hétérogénéité, les petits biotopes sont difficiles à « ranger dans des cases ». Il s’agit d’un terme générique pour des éléments du paysage ponctuels ou linéaires. La liste suivante compile tout ce qui est présenté comme petits biotopes dans la littérature et de nombreuses brochures. On peut au besoin les regrouper, par exemple en petits biotopes humides, secs, ligneux, herbeux. Le plus important toutefois est qu’ils soient typiques du paysage (voir ci-dessous). La liste n’est pas exhaustive. En bleu, les éléments pour lesquels il existe des informations complémentaires, en vert ceux qui seront traités (plus tard) dans un autre article. Les petits biotopes aquatiques ne figurent pas dans la liste. Nous complèterons ce point ultérieurement.

Bandes herbeuses non fauchées Saules têtards
Tas de branches "Nichoirs hôtels à abeilles sauvages"
Tas de feuilles (et branches) Cavités
Troncs et souches d’arbres Flaques et gouilles (tout petits plans d’eau)
Fissures de talus et de berge Suintements
Fourrés d’orties "Surfaces rudérales, sol nu"
Taillis (de ronces) Perchoirs
Lierre sur les arbres Tas de pierres
Arbres isolés Gabions
Affleurements rocheux Niches pierreuses
Blocs rocheux / blocs erratiques Lisières de forêts bien structurées
Buissons / haies "Arbres morts, bois mort"
Fossés (avec ou sans eau) "Tas de paille, d’herbe, de compost, meules de foin"
Mégaphorbiaies Murs en pierres sèches
Tas de bois Souches
Piquets en bois

Importance écologique

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Un tas d'herbe en complément d'une haie est un site d'éclosion idéal pour divers reptiles et amphibiens.
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Les petits biotopes les plus connus et qui marquent fortement le paysage sont les murs en pierres sèches.
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Un lézard des souches (Lacerta agilis) prend le soleil sur un murgier.

Les petits biotopes ont les fonctions et caractéristiques suivantes, que nous exposons sommairement plus bas :

  • Eléments de connexion, biotopes relais
  • Habitats riches en espèces
  • Importants pour la régulation des « nuisibles »


Les petits biotopes offrent un abri (sécurité face aux prédateurs), des terrains de chasse, des places pour se réchauffer, des sites de nidification ou des quartiers d’hiver à des espèces animales très diverses. Ils forment des micro-habitats et ont un microclimat propre. Quelques illustrations de la richesse en espèces des petits biotopes :

  • Un chêne isolé abrite jusqu’à 400 espèces d’invertébrés.
  • 50 espèces de lichens peuvent peupler les murs en pierres sèches. Les arbres avec un diamètre à hauteur de poitrine d’au moins 38 cm sont importants pour les lichens rares (voir l'article sur les Lichens).
  • Dans la région de Stuttgart, 223 espèces de coléoptères ont été attestées sur 37 saules têtards [1] Ils offrent en plus des niches pour les oiseaux et les chauves-souris cavernicoles, ainsi que de la nourriture pour un bon millier d’insectes. [2]

Il devrait toujours se trouver un ourlet herbeux autour des petits biotopes. Cet ourlet a des fonctions semblables à celles du petit biotope lui-même (dispense couvert, ensoleillement, nourriture). La densité de buissons que devraient montrer les biotopes ligneux et pierreux est variable et dépend surtout des espèces cibles. La promotion des amphibiens, des reptiles et des insectes nécessite beaucoup de chaleur et le degré d’embuissonnement devrait en conséquence rester faible, s’agissant de ces espèces (pour les reptiles par exemple, un degré de couverture arbustive de 10 à 25 % est idéal (voir l'article sur les Reptiles)). Les murs en pierres sèches ne devraient en principe pas comporter d’éléments ligneux, parce que les racines peuvent démolir le mur. Des petits buissons (de roses) au-dessus d’un mur peuvent l’enrichir, par exemple.

Les petits biotopes servent de relais et de couloirs migratoires. Le réseau qu’ils forment doit présenter un maillage le plus fin possible. Les petits mustélidés ont beau être agiles et mobiles, lorsque leur repaire est éloigné de plus de 20 mètres de leur terrain de chasse [3], ils ont, eux aussi, besoin de pouvoir régulièrement se mettre à l’abri (dans les haies, les ourlets ou les surfaces non fauchées par exemple). Les déplacements fréquents des crapauds communs dépendent de ces structures : lors de leur migration entre leurs quartiers d’hiver et les milieux aquatiques, pour leur mobilité journalière dans leur habitat estival et dans la phase de dispersion, lorsque les animaux migrent individuellement sur de longues distances. Une bonne structure des habitats est également fondamentale pour les reptiles (voir l'article sur les Reptiles).

Nous avons compilé la littérature et les brochures les plus variées pour présenter les petits biotopes en fonctions des groupes d’espèces pour lesquels ils sont particulièrement importants et précieux.

Promotion des auxiliaires dans l’agriculture

On peut favoriser les auxiliaires en installant des petits biotopes. La brochure « Mesures pour favoriser les petits mustélidés en zone agricole » présente en détail comment on peut favoriser les petits mustélidés pour réduire les dégâts causés par les campagnols.

Le FiBL et la Station ornithologique recommandent d’aménager des petits biotopes également à l’intérieur des cultures, et pas seulement sur leurs bords, pour soutenir la biodiversité, la régulation des organismes nuisibles, la promotion des organismes auxiliaires et la pollinisation. [4] Les surfaces qui s’y prêtent bien sont surtout les secteurs de parcelles dans lesquels l’exploitation est compliquée, comme les fossés, les talus ou les affleurements rocheux, de même que les secteurs qui ne peuvent pas être utilisés en raison de la construction d’infrastructures.

Nécessité des petits biotopes

Fin 2020 est paru le rapport « Biodiversitätsfördernde Strukturen im Landwirtschaftsgebiet. Bedeutung, Entwicklung und Stossrichtungen für die Förderung » (éd.: Forum Biodiversité Suisse (SCNAT), uniquement en allemand). A la page 51 figurent les valeurs recommandées de nombre, densité et distance des différents types de structures favorisant la biodiversité.

Planification, installation, entretien et revalorisation

Selon « Surface requise pour la conservation de la biodiversité et des services écosystémiques en Suisse » [5] , les petits biotopes et les tout petits plans d’eau sont des denrées rares dans notre paysage actuel. La qualité du paysage cultivé est jugée insatisfaisante en ce qui concerne les biotopes. Leur densité doit être multipliée par deux ou trois.

Planification et installation

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Un petit coin tranquille avec un empilement de bois mort.

L’effort à fournir pour planifier et aménager des petits biotopes est très variable. Les opérations sont très simples par exemple pour les tas de branches, plus coûteuses en revanche pour les murs en pierres sèches et les niches pierreuses. Les petits biotopes peuvent être aménagés presque partout. Les points suivants sont à respecter :

  • Eviter de nuire aux surfaces précieuses (prairies maigres, marais, p. ex.), directement ou indirectement par des apports de nutriments dus à de la matière en décomposition.
  • Le biotope doit être typique du paysage. Les murs en pierres sèches conviennent dans les endroits où il y en a déjà, de même un tas d’épierrage a sa place à côté d’un champ parsemé de pierres. Il est inadéquat de « meubler » un paysage traditionnellement ouvert par des arbres et des haies (voir aussi dans l’article sur les haies) ou de placer des murgiers dans des marais, par exemple.
  • Eviter les zones de crues des cours d’eau.
  • Préférer les emplacements ensoleillés (pour les insectes, les amphibiens, les reptiles).

Lorsque c’est possible, prendre en considération les aspects biologiques, à savoir installer des petits biotopes en particulier pour les espèces et groupes taxonomiques que l’on souhaite favoriser.

Les petits biotopes ne devraient pas constituer des obstacles à l’exploitation par des machines.

Dans la mesure du possible, utiliser du matériel provenant des environs. Lorsqu’on aménage une partie sous terre, comme c’est souvent le cas pour les biotopes comprenant des pierres, il importe que l’eau ne puisse pas stagner dans les dépressions ! Sans quoi l’intérieur de la structure reste mouillé, ce qui ne permet plus aux animaux d’y passer l’hiver, voire leur est fatal. Les coûts de nombreux petits biotopes sont minimes. Pour les arbres isolés, ils dépendent de la grandeur de l’arbre. La construction de niches pierreuses, de murs en pierres sèches et de gabions est plus coûteuse. Le tableau donne des informations détaillées.

Qualité

Nous synthétisons ici les exigences qualitatives que doivent remplir les structures, exigences présentées à la page 54 du rapport « Biodiversitätsfördernde Strukturen im Landwirtschaftsgebiet. Bedeutung, Entwicklung und Stossrichtungen für die Förderung » (éd. : Forum Biodiversité Suisse (SCNAT) (uniquement en allemand)) :

  • Plus les biotopes sont grands, mieux c’est.
  • Il faut que la majorité des biotopes soient bien ensoleillés.
  • Les biotopes ne doivent pas être éclairés pendant la nuit.
  • Les biotopes doivent être intégrés à leur environnement pour qu’ils puissent développer leur potentiel.
  • Plus on compte de microstructures, mieux c’est (valable surtout pour les arbres).
  • L‘hétérogénéité favorise la diversité.
  • Compléter les biotopes par des ourlets d’au moins trois mètres de large.
  • Disposer différents types de biotopes proches les uns des autres.
  • Interconnecter les biotopes.

Entretien

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Les murs en pierres sèches demandent un peu d'entretien de temps à autre.

Les petits biotopes doivent être entretenus le moins possible. Faucher les ourlets herbeux autour des biotopes de manière échelonnée, et le moins souvent possible. Toujours en laisser au moins une partie sur pied durant l’hiver. Débroussailler régulièrement les petits biotopes qui doivent bénéficier d’un bon ensoleillement (tailler les buissons ou arracher ceux à croissance rapide). Utiliser des machines et outils ménageant la faune pour l’entretien (barres de coupe ; pas de broyeuse, de faucheuse à aspiration, de faucheuse à fléaux ni de faucheuse rotative). Exécuter les travaux manuellement autant que possible. Tenir compte de la saison (voir tableau). Selon le groupe taxonomique, le moment de la journée joue aussi un rôle. Pour les reptiles, il faut, par beau temps, faucher avant le lever du soleil, alors que par temps couvert on peut le faire toute la journée, par exemple.

La brochure « Techniques de récolte des prairies et biodiversité des espèces » d’Agridea (2011) présente des recommandations pour ménager la petite faune. L’essentiel en est résumé dans l’article sur les reptiles.

Nous avons compilé dans le « Calendrier des mesures d’entretien des petits biotopes » les moments adéquats pour créer de nouveaux petits biotopes et pour entretenir ceux qui existent déjà.

Création : Le calendrier dresse la liste des moments les plus judicieux pour aménager des petits biotopes.
Pas de perturbation Il ne faut pas toucher aux tas de paille, aux tas d’herbe et aux tas de branches pendant la période de ponte des reptiles (dès juin, lorsque les conditions, telles que température et humidité, sont idéales) ni pendant leur repos hivernal. Les bons moments pour intervenir sont avril/mai et octobre.
Débroussaillage :

(des biotopes ligneux et pierreux)

En automne (octobre), afin de ne pas perturber/mettre en danger la survie des animaux et des pontes durant l’hiver.
Fauche : Faucher le moins souvent possible les tas de branches, murgiers, murs en pierres sèches, gabions et piles de bois, utiliser des outils ménageant la faune (cf. ci-dessus; attention au risque de blesser les animaux)
Taille des ligneux : Durant la période de repos de la végétation de novembre à mars (voir aussi article haies )
Nettoyage des nichoirs : De novembre à mars pour les nichoirs pour les oiseaux ; les nichoirs à chauves-souris et ceux à abeilles sauvages ne nécessitent pas d’entretien (autre qu’un contrôle fonctionnel périodique). Les organismes de protection des chauves-souris sont heureux de recevoir vos annonces d’observation de chauves-souris dans des nichoirs.
Restructuration des tas de compost : Ni en hiver ni au printemps !
Contrôle de la stabilité des murs en pierres sèches : En tout temps

Les petits biotopes un par un

Il existe une grande diversité de fiches pratiques sur les petits biotopes, qui mettent l’accent sur des aspects différents, et présentent une exhaustivité variable. Nous renvoyons ci-dessous à celles qui nous semblent les plus importantes (idéalement à une seule par sujet).

Tas de branches

Exigences générales, avec accent sur les reptiles :

Spécifique pour les petits mustélidés :

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Un tas de branches constitué de déchets de bois.
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On peut aussi construire un tas de bois en empilant des tronçons de troncs d'arbres.

Tas de feuilles (et branches)

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Les tas de feuilles et branches pour les hérissons doivent comporter une cavité stabilisée qui les abritera durant leur hibernation. >
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La cavité est ensuite recouverte de feuilles et de branches fines.

Souche d’arbre et plateau racinaire

On devrait scier le plus haut possible les arbres qu’on abat (parfois pour des raisons de sécurité), afin de conserver une souche de grande taille – surtout lorsqu’ils sont vieux. Les souches subsistant après une tempête ne devraient pas être débitées. Chaque fois que c’est possible, laisser les plateaux racinaires et ne pas éliminer l’arbre tombé au sol.

Buissons (de ronces)

Les ronciers ne sont pas appréciés mais ils sont de grande valeur écologique. Les fleurs offrent un nectar abondant, les rameaux épineux protègent les animaux des prédateurs (chats notamment). La moelle tendre des tiges est utilisée par les abeilles sauvages comme site de nidification. La croissance rapide des rameaux peut cependant envahir d’autres habitats précieux. Les ronces nécessitent donc une attention particulière et un entretien adapté (tailler les pousses ou déterrer les tiges).

La Ronce d'Arménie (Rubus armeniacus) est une néophyte envahissante , qu'il faut éliminer.

Piles de bois

Fiche pratique du karch.

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Une belle pile de bois offre un abri à de nombreux petits animaux.
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La valeur des piles de bois augmente avec leur âge et lorsqu'elles sont recouvertes de mousse, comme ici.

Murgiers (tas de pierres)

On distingue deux types de tas de pierres : ceux avec excavation, qui conviennent également comme quartiers d’hiver pour les animaux, de ceux sans excavation.

Spécifique pour le Lézard des souches (Lacerta agilis) :

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Un murgier comme petit biotope complétant la valeur d'une haie.
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Un murgier peut aussi constituer un biotope relais précieux dans un milieu ouvert.

Gabions

Fiche pratique du karch.

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Les gabions sont souvent utilisés pour stabiliser les talus.

Niches pierreuses

Fiche pratique du karch.

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Cette niche pierreuse représente un biotope supplémentaire dans le vignoble. L'essentiel de la structure est enterré dans le sol.

Murs en pierres sèches

La fiche pratique de BirdLife Suisse donne un aperçu du sujet. La construction dans les règles de l’art de murs en pierres sèches qui restent en place durant des décennies exige de l’expérience et des connaissances, qui ne peuvent être communiquées par une fiche. Il vaut donc la peine de faire appel à des spécialistes et de fréquenter un cours de construction de murs en pierres sèches. Les livres listés plus bas sont vivement conseillés.

Matériel (tiré de WWF Suisse, 2009. Aktionsanleitung Gemeinden - Lebendige Grenzen mit Trockenmauern (notice) :

  • Les entreprises d’extraction proposent des pierres de toutes tailles (schiste, calcaire ou grès) à un meilleur prix que le commerce de matériaux de construction.
  • Bien vérifier lors de l’achat qu’il s’agit de roches typiques de la région.
  • Utiliser du gravier, des gravillons ou du tout-venant pour le remplissage des murs.

Offre de cours :

Spécialistes externes :

Livres :

Les livres suivants sont de bonnes sources d‘informations si l’on souhaite construire soi-même un mur en pierres sèches ou approfondir ses connaissances :

Informations complémentaires :

Trockenmauern alt 018 zg 96 dpi.jpg
Les paysages en terrasse offrent souvent des murs en pierres sèches sur plusieurs niveaux.
Trockenmauer alt 003 zg 96 dpi Marco Bertschinger.JPG
Le côté au soleil d'un mur en pierres sèches représente simultanément un abri et un endroit où se réchauffer pour les reptiles et la petite faune.
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La construction d'un mur en pierres sèches isolé est un plus grand défi que celle d'un mur de soutènement.

Saules têtards

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Réveil printanier de vieux saules têtards le long du fossé parcourant cette prairie.

Arbres isolés

Les arbres acquièrent une valeur écologique de plus en plus grande avec l’âge : ils deviennent arbres-habitats ou arbres biotopes avec leurs branches trouées, leurs cavités, leurs fourches, leur écorce fissurée, etc. Les arbres morts de grand diamètre encore debout et richement structurés sont particulièrement précieux. Le bois mort passe par les différents stades de la décomposition du bois – frais, dur, pourri, en décomposition, vermoulu p. 4, – qui sont mis à profit par différents insectes. Les saules et leur bois sont à ce titre de grande valeur, car ce bois ne forme pas de nœud. Il reste tendre à l’intérieur et n’est pour ainsi dire pas équipé pour se défendre contre la pourriture ni contre la voracité des insectes [6]. Les vieux arbres, en particulier, sont importants pour les mousses, les lichens et les champignons. Certaines mousses peuvent par exemple être favorisées en conservant les érables de montagnes isolés sur les alpages et les vieux arbres solitaires peuvent constituer des habitats précieux pour les lichens ayant besoin de beaucoup de lumière. La plantation d’arbres fonctionne de la même façon que celle des arbustes d’une haie. La fiche pratique de Labiola (en allemand) – présente une liste des arbres adéquats (voir la colonne tout à droite).

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Comme ce tilleul, les arbres isolés forment des structures importantes dans le paysage.

Perchoirs

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Les perchoirs sont souvent utilisés par les rapaces comme postes de guet pour repérer leurs proies - micromammifères par exemple.

Fiche pratique de la Station ornithologique.

Nichoirs

Pour les oiseaux :

Pour les chauves-souris :

Pour les abeilles sauvages :

Tas de paille, d’herbe de compost, meules de foin

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Meules de foin dans une zone marécageuse - témoins d'une exploitation et d'un habitat traditionnels.

Le karch et le Canton de Lucerne (en allemand) ont publié des fiches pratiques sur les tas de paille, avec accent sur la promotion de la Couleuvre à collier (Natrix natrix). S’il existe déjà un site de ponte connu à proximité, un site de ponte nouvellement créé a de bonnes chances d’être adopté. L’expérience gagnée dans le canton de Lucerne permet de donner les indications suivantes :

  • Il n’y a que les tas de roseaux non hachés qui ne conviennent pas à la Couleuvre à collier. On n’a encore jamais trouvé de pontes de cette espèce dans ce type de tas. (cf. expériences de l’association de protection de la nature de Deitingen ; voir ci-dessous)
  • Les tas mixtes conviennent bien. Les tas comprenant une grande part de laiches semblent très favorables.
  • On peut créer des tas avec les résidus hachés de la coupe de prairies.
  • Un apport annuel sur le côté du tas est très favorable. On crée ainsi des secteurs de consistances variées facilement accessibles pour les couleuvres.
  • Cette espèce dépose ses œufs le plus souvent dans la partie inférieure du bord extérieur (et non au milieu du tas).
  • Les Couleuvres à collier sont très fidèles aux tas qui leur conviennent.

L’association de protection de la nature de Deitingen aménage depuis des années des tas de roseaux qui sont d’excellents sites de reproduction pour la Couleuvre à collier. Sa façon de faire est décrite dans l’article sur les reptiles.

Litière en tas mise à disposition comme sites de ponte pour la Couleuvre à collier (Natrix natrix). Les tas sont composés de roseaux qui sont raccourcis immédiatement après la fauche (coupés en 3 ou 4). Après une année ou deux, la matière est suffisamment décomposée et devient un site de reproduction idéal. Selon le karch, il s’agit du site de ponte de Couleuvre à collier (Natrix natrix) au plus fort taux de réussite que l’on connaisse. 200 à 600 animaux y voient le jour chaque année. La proportion des œufs qui éclosent approche 100 pourcent.

Les tas de compost abritent souvent des Orvets (Anguis fragilis) qui y chassent des escargots et des vers. Ils sont aussi colonisés par la Couleuvre à collier et, dans les régions les plus chaudes du pays, par d’autres espèces de serpents qui les utilisent comme sites de ponte.

Les cantons de Suisse centrale ont réalisé une fiche pratique sur la confection des meules de foin (en allemand). On ne dispose que de très peu d’expérience quant à l’importance des meules comme quartiers d’hiver et comme sites de ponte pour les animaux (nous avons interrogé le karch et plusieurs herpétologues). Comme elles sont conçues pour rester les plus sèches possibles, elles ne sont probablement pas favorables à la formation d’un substrat de ponte adéquat. Cependant, en cas d’utilisation avérée d’une meule par des Couleuvres à collier (par exemple), il faut la traiter avec égard.

Liens sur les petits biotopes traités dans les autres articles :

  • Bandes herbeuses
  • Buissons / haies
  • Flaques et gouilles
  • En cours d'élaboration : Mégaphorbiaies, cavités de nidification, zones fontinales / de suintement, surfaces rudérales / sol nu, lisières forestières richement structurées, arbres morts / bois mort

Promotion des petits biotopes en zone agricole

Dans le cadre des contributions pour la biodiversité, selon l’ordonnance sur les paiements directs (OPD), les petits biotopes doivent en partie aussi remplir les exigences posées par les critères de qualité et d’interconnexion. La fiche « Structures favorisant la biodiversité dans l’agriculture » (Agridea 2017) compile les conditions et dispositions auxquelles doivent répondre les structures favorisant la biodiversité au sens de l’OPD, et donne des conseils pour une application qui soit écologiquement de valeur. Le document s’adresse aux paysannes et paysans, aux services de conseil, et à toute personne intéressée. Les petits biotopes sont abordés dans plusieurs chapitres du guide pratique Biodiversitätsmaßnahmen in der Agrarlandschaft (en allemand).

Le rapport agricole 2021 présente un article sur les structures favorisant la biodiversité, qui se base sur le rapport « Biodiversitätsfördernde Strukturen im Landwirtschaftsgebiet. Bedeutung, Entwicklung und Stossrichtungen für die Förderung » (en allemand).

Promotion des petits biotopes en zone urbaine

La plupart des petits biotopes listés plus haut peuvent être favorisés en zone urbaine, en particulier les tas de branches et de feuilles (pour le Hérisson), les arbres, les buissons et les haies, les piles de bois et les nichoirs. Si la place est suffisante, s’y ajoutent les petits plans d’eau et les surfaces rudérales.

L’article sur les mammifères présente à plusieurs reprises l’importance des petits biotopes, par exemple pour favoriser la Musaraigne pygmée (Sorex minutus) ou le Hérisson(Erinaceus europaeus).

Le site donne aussi des indications spécifiques concernant la planification, la protection des arbustes et la revalorisation des haies.

On peut favoriser les mousses et les champignons en milieu urbain avant tout au moyen de biotopes pierreux et d’arbres.

Promotion des petits biotopes le long des cours d’eau

Les structures, grandes ou petites, sont essentielles pour la diversité des espèces des cours d’eau.

La fiche « Petites structures et promotion de la biodiversité le long des cours d’eau » montre avec quels petits biotopes on peut redonner de la valeur à l’habitat que constituent les berges. Elle explique où et comment les petits biotopes doivent être aménagés ou favorisés et quelles espèces animales et végétales en profitent. Elle s’adresse aux agriculteurs et agricultrices exploitant des surfaces de promotion de la biodiversité (SPB) le long des cours d’eau, aux services de conseil et à toute personne intéressée.

Menaces

  • Homogénéisation du paysage
  • Sens excessif de l’ordre
  • Intensification et rationalisation de l’agriculture
  • Exigences esthétiques
  • Succession naturelle et manque d’entretien

Exemples pratiques

La création des petits biotopes joue un grand rôle dans les projets présentés ci-dessous. Ce choix est aléatoire et d’autres exemples sont les bienvenus, n’hésitez pas à nous en faire part. Dix organisations de protection de la nature se sont associées pour lancer le projet « Natur neben dem Gleis » (en allemand). L’objectif est de revaloriser les talus ferroviaires le long des 26 kilomètres de la ligne reliant Zurich-Altstetten à Knonau. De nombreuses mesures visent l’amélioration de l’offre de petits biotopes, et, par là, à favoriser de manière ciblée les reptiles au centre de l’opération.

Dans le projet Obstgarten-Farnsberg dans le canton de Bâle-Campagne, les vergers et leurs environs sont revalorisés, dans une étroite collaboration impliquant les paysans, les associations locales de protection de la nature et des oiseaux, le centre agricole Ebenrain et BirdLife Suisse. De nombreux petits biotopes ont été créés à cette occasion.

BirdLife Suisse (en allemand) a appelé ses quelque 450 sections et les autres personnes intéressées à présenter chacune une idée pour un projet de promotion de la nature en milieu urbain. On peut filtrer les résultats sur le site selon les « petits biotopes » notamment, ce qui donne un large aperçu de mesures appliquées, et fait office de boîte à idées pour ses propres créations.

Liens et littérature

Les fiches et les ouvrages pertinents sur les petits biotopes sont mentionnés ci-dessus pour chacun d’entre eux, avec les liens, raison pour laquelle ils ne sont pas présentés une nouvelle fois ici.


  1. Konold, 2014 : Handbuch Naturschutz und Landschaftspflege, Kap. XIII-7.17, S. 6
  2. BirdLife Suisse, 2003 : Petits biotopes - Fiche pratique n°5 : saules têtards
  3. De Boschi, C., Krummenacher, J., 2014 : Mesures pour favoriser les petits mustélidés en zone agricole (fiche pratique). Réseau Hermine, (REHM), Agrofutura, Gränichen/Frick
  4. Graf et al., 2016 : La biodiversité sur l’exploitation agricole. Guide pratique. 1re édition. FiBL Institut de recherche de l’agriculture biologique et Station ornithologique suisse de Sempach. Frick/Sempach. P. 137.
  5. Guntern et al. 2013 : Flächenbedarf für die Erhaltung der Biodiversität und der Ökosystemleistungen in der Schweiz. Hrsg.: Forum Biodiversität Schweiz, Akademie der Naturwissenschaften (SCNAT), Bern. 234 Seiten.
  6. Wehrli, A. 1999 : Kopfweiden. Planen, pflanzen, pflegen. Pro Natura, BirdLife Schweiz/SVS, Basel, Zürich. S.9