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Le choix des mesures de conservation de la biodiversité à mettre en œuvre dans un habitat ne se fait pas en fonction des seules conditions de la station, mais aussi en fonction de son état de départ, incluant l’utilisation qui en a été faite jusque-là, et en fonction de l’état final souhaité. C’est pourquoi, outre les mesures spécifiques dans les différents types d’habitats, sont présentées ci-dessous, par thème, également des mesures globales qui peuvent être appliquées dans différents habitats.
La pérennité de la plupart des types de milieux prairiaux dépend d’une utilisation régulière, étant donné qu’il s’agit de biotopes créés par l’être humain. La façon de les utiliser et de les exploiter exerce des impacts variés sur le cortège d’espèces végétales et animales (voir chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Ecologie_utile_pour_la_pratique « Ecologie utile pour la pratique »]).
Les mesures générales les plus importantes pour la promotion de la biodiversité sont les suivantes :
==Revalorisation par l’amaigrissement==
Pour promouvoir la biodiversité, on peut restaurer des conditions pauvres en nutriments, en mettant en place un amaigrissement de la surface par la coupe ou la pâture : l’exportation de la matière végétale coupée permet de retirer des macronutriments (azote, phosphore, potassium, p. ex.) d’une station. Le processus d’amaigrissement est très lent, quoique plus rapide sur les surfaces moins productives que sur celles dont la nappe phréatique est proche de la surface et/ou qui présentent une végétation vigoureuse. C’est sur les prairies de fauche de basse altitude que cette opération a le plus de chances de succès ; dans la majorité des cas toutefois, cela prend beaucoup de temps pour que les espèces cibles souhaitées s’installent sans mesures supplémentaires. Cette méthode pour promouvoir la biodiversité est la plus susceptible de réussir dans les habitats modérément riches en nutriments. Pour restaurer les milieux prairiaux riches en espèces, il faut réduire la teneur en phosphate – moins mobile – des sols. On ignore encore largement quelles sont les teneurs en nutriments à partir desquelles une végétation riche en espèces se développe (Guntern 2016a) ; les concentrations de phosphate biodisponible dépassent souvent 80 µgPOlsen/g sur les surfaces agricoles, alors que les valeurs typiques pour des milieux prairiaux riches en espèces se situent souvent en-dessous de 10 µgPOlsen/g. <br/>
En partie sujettes à controverse, les questions de savoir si l’amaigrissement est efficace, où cette mesure peut être appliquée, quelle durée il faut prévoir selon l’histoire de l’exploitation et selon les concentrations en nutriments du sol, sont encore insuffisamment clarifiées. La capacité naturelle d’enrichissement en nutriments des sols (humifères p. ex.) est la plupart du temps plus grande que le retrait obtenu par l’amaigrissement. De nombreuses espèces végétales souhaitées ne colonisent que très lentement des nouvelles surfaces dans les paysages uniformisés – si elles le font – et ceci non à cause des nutriments, mais du fait d’une capacité de dispersion réduite et d’une concurrence trop importante de la végétation établie (A. Bosshard, comm. pers.). Exporter des nutriments par la pâture avec pour objectif la conservation de la nature est une opération difficile qui ne peut être entreprise que dans le respect de strictes conditions : le bétail ne doit pas rester sur le pâturage en milieu de journée ni la nuit (c’est-à-dire de façon générale pendant le repos des animaux), sous peine qu’une grande partie des nutriments consommés se retrouve sur la parcelle par le biais des excréments. Il faut de plus éviter toute distribution complémentaire de nourriture – le choix de l’espèce animale et de la classe d’âge est donc important. Conduire correctement une pâture – y compris l’entretien – n’est en tout cas pas moins exigeant qu’exploiter par la fauche (voir chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Conservation_et_revalorisation_par_l%E2%80%99optimisation_de_l%E2%80%99exploitation#Conservation_et_revalorisation_par_la_p.C3.A2ture « Conservation et revalorisation par la pâturage »].<br/>
Une option envisageable lors de la renaturation ou de la création d’un pâturage ou d’une prairie riche en espèces est de décaper la couche supérieure du sol riche en nutriments (nécessite une autorisation du service de la protection des sols). Le décapage de la couche supérieure du sol est une mesure établie pour la restauration de prairies maigres riches en espèces sur les sols minéraux (voir chapitre « Revalorisation et création de prairies riches en espèces par enherbement direct et ensemencement » (en cours d'élaboration)<!--[https://www.biodivers.ch/fr/index.php/Milieux_prairiaux/Revalorisation_et_cr%C3%A9ation_de_prairies_riches_en_esp%C3%A8ces_par_enherbement_direct_et_ensemencement]-->. Cette mesure ne semble pas aussi efficace sur les sols organiques (Guntern 2016a). L’un des désavantages de cette méthode sur le plan écologique est qu’une grande partie du stock grainier ainsi que la microfaune, les mousses, les lichens et les micro-organismes sont aussi exportés avec le sol.
=Réduire les apports de nutriments=
Pour conserver des milieux prairiaux de valeur du point de vue de la protection de la nature, les apports de nutriments doivent être réduits. Les principes de base y relatifs sont exposés dans le chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base#Quantit.C3.A9_et_qualit.C3.A9_.E2.80.93_et_leur_.C3.A9volution « Quantité et qualité – et leur évolution »]. <br/>
Au niveau de la surface individuelle, les mesures suivantes sont indiquées à cet effet :
* Pas de fertilisation : de manière générale, il faut s’abstenir de fertiliser les prairies riches en espèces et ne pas donner de compléments alimentaires au bétail sur des pâturages riches en espèces. Selon Bosshard (2016), on peut éventuellement pratiquer des exceptions dans certains cas dans les prairies de fauche de basse altitude. Une fertilisation légère avec du fumier (selon le potentiel de la station) toutes les quelques années, ou une fumure de fond occasionnelle au P, K et calcaire, peut s’avérer judicieuse.
Les pelouses sèches thermophiles sont un groupe d’habitats réunissant les pelouses mi-sèches liées à une utilisation agricole extensive ainsi que les pelouses sèches à proprement parler. Ces dernières sont considérées comme impossibles à régénérer, tandis que les pelouses mi-sèches sont difficiles à régénérer (15 à 50 ans). <br/>
Les pelouses et pâturages maigres d’altitude forment, à l’étage alpin, des paysages herbeux ouverts uniques qui existent indépendamment du déboisement par les humains (habitats primaires). Ils se distinguent par des espèces à port bas et formant des touffes, qui sont particulièrement bien adaptées à la période de végétation courte, à la rudesse des conditions climatiques et à l’aridité du terrain. La classification des habitats au sein de ce groupe est fonction de facteurs pédologiques (acidité, humidité et teneur en matière organique) et climatiques (bilan thermique, continentalité).<br/>
Les caractéristiques de chaque type d’habitat et les mesures les plus importantes pour favoriser et conserver ces surfaces sont présentées ci-dessous. Les types d’habitats primaires marqués d’un P dans la vue d’ensemble de la typologie [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Ecologie_utile_pour_la_pratique#Habitats_des_milieux_prairiaux du chapitre « Habitats des milieux prairiaux »] ne sont pas listés.
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==Prairies et pâturages gras peu intensifs (riches en espèces)==
Les groupes d’habitats décrits dans ce chapitre et dans les deux chapitres suivants recouvrent des unités de végétation qui poussent sur des sols fertiles et qui reçoivent de l’engrais. En dessous de l’étage alpin, il est nécessaire de pratiquer des coupes ou une pâture régulière pour enrayer le développement de la forêt. Les espèces dominantes de ces habitats possèdent une grande capacité de régénération et d’expansion, mais ne s’imposent que sur des sols dont l’approvisionnement en nutriments et en eau est suffisant.
Selon Bosshard (2016) les prairies et pâturages gras peu intensifs comprennent [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Ecologie_utile_pour_la_pratique#Habitats_des_milieux_prairiaux la prairie à fétuque rouge et agrostide, le pâturage à crételle, la prairie à fromental et la prairie à avoine doré]. Les descriptions et délimitations de ces types d’habitats sont en grande partie repris de Bosshard (2016, p. 105 ss.).
Prairies à fromental : le fromental (= Fenasse, ''Arrhenaterum elatius'') forme des peuplements dans les stations moyennes de plaine en cas de fumure régulière mais modeste (surtout par du fumier). Traditionnellement, la prairie à fromental est utilisée comme prairie de fauche à deux coupes et souvent pâturée à l’automne. Elle est adaptée à des conditions relativement riches en nutriments (fumure) et la fréquence de coupe a une influence capitale sur la composition botanique. En plus de la très productive Fenasse, d’autres graminées fourragères de valeur, ainsi qu’une foule d’herbacées et de légumineuses souvent attractives s’épanouissent dans cet habitat très coloré. <br/>
* Adapter les dates de coupe au cas par cas en tenant compte du peuplement : avancer la première coupe si nécessaire. Libre choix des dates d’utilisation mais par contre détermination du nombre d’utilisations minimal et maximal ; en tous les cas fixer la date de la dernière utilisation la plus précoce admise.
* Adapter la fumure si nécessaire, solutions individuelles.
* Favoriser les nouveaux semis dans les prairies à fromental par l’enherbement direct.<!--verlinken auf (Link noch anpassen): [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Gr%C3%BCnland/Aufwertung_und_Neuschaffung_durch_Direktbegr%C3%BCnung_und_Ansaat#Botanische_Aufwertung_von_verarmten_Naturwiesen_mittels_Einsaaten]-->
Informations supplémentaires :
| Du point de vue de la protection de la nature, la qualité écologique des prairies à fromental couvre un large spectre – des variantes quasi « sans valeur », comprenant de nombreuses espèces de praires grasses, aux prairies riches en espèces enregistrées dans l’inventaire des PPS. L’exploitation doit être adaptée au cas par cas et selon le peuplement végétal (fréquence et date de coupe).<br/>
Régime de fauche :
* fauche ménageant la faune voir chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Conservation_et_revalorisation_par_l%E2%80%99optimisation_de_l%E2%80%99exploitation#Fauche_et_r.C3.A9colte_respectant_et_m.C3.A9nageant_la_faune Fauche et récolte respectant et ménageant la faune]
* Fauche échelonnée avec dates de fauche avancées et repoussées.
* Varier les surfaces fauchées précocement.
* Fanage au sol.
* Dates de fauche (voir chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Conservation_et_revalorisation_par_l%E2%80%99optimisation_de_l%E2%80%99exploitation#Dates_et_fr.C3.A9quence_de_fauche_.28au_niveau_des_surfaces.29 Dates et fréquence de fauche]) adapter au cas par cas et selon le peuplement végétal. La date de coupe selon l’OPD est souvent trop tardive dans les stations à forte croissance. Deuxième coupe en général pas avant fin août, selon la météo.<br/>
Pâture précoce : Favoriser dans le cadre des projets de mise en réseau.<br/>
Fumure :<br/>
==Prairies et pâturages gras mi-intensifs à très intensifs==
Selon Bosshard (2016), [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Ecologie_utile_pour_la_pratique#Habitats_des_milieux_prairiaux la prairie à dactyle, la prairie à vulpin, la prairie/pâturage/prairie pâturée à ray-gras anglais et la prairie à ray-gras italien] font partie des prairies et pâturages gras mi-intensifs, intensifs et très intensifs.
En cas d’intensification modérée (fumure et coupe plus fréquente), les prairies à fromental, resp. à avoine doré dans les stations de basse altitude, se transforment – quand les conditions sont favorables – en prairies à dactyle. Elles sont exploitées de façon moyennement intensive, engraissées avec du purin et le cas échéant du fumier, et fauchées trois fois par an. Si l’exploitation est encore intensifiée dans des conditions favorables, on voit apparaître la prairie à ray-gras italien sur sols secs, la prairie à vulpin, particulièrement productive, dans les stations plus fraîches, et en cas de pâture, la prairie à ray-gras anglais.
Aux étages alpin et subalpin supérieur, le type d’herbages le plus productif et intéressant du point de vue fourrager est représenté par les pâturages gras. Comme ces herbages se situent en général dans la zone d’estivage, ils sont la plupart du temps pâturés, comme leur nom l’indique ; dans de rares cas, ces milieux sont fauchés. On n’y trouve pas d’espèces végétales rares, mais la diversité spécifique est cependant variable (Delarze et al. 2015).
Ces pâturages couvrent une surface très importante ; plus de 500000 ha d’herbages sont situés dans la zone d’estivage en Suisse (voir chapitre [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base#Quantit.C3.A9_et_qualit.C3.A9_.E2.80.93_et_leur_.C3.A9volution « Quantité et qualité – et leur évolution »]. On peut supposer qu’ils ont une importance également sur le plan de la protection de la nature, bien que ce type d’habitats ne soit pas considéré comme menacé. Une intensification de l’exploitation (eutrophisation) peut avoir pour effet un appauvrissement de la flore. Si la pâture annuelle est abandonnée, les surfaces de l’étage subalpin s’embroussaillent. Vous trouverez dans les chapitres correspondants des indications sur la possible [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base#Menaces disparition des herbages riches en espèces dans la zone d’estivage] et sur [https://biodivers.ch/enfr/index.php/Milieux_prairiaux/Informations_de_base#Ce_qu.E2.80.99on_ignore_encore_pour_la_pratique les connaissances qui manquent encore].
Informations supplémentaires :

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